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Quelques considérations supplémentaires

3.  PROBLEMATIQUE ET METHODES DE LA RECHERCHE

3.3.   D EMARCHE D ’ ANALYSE DES DONNEES

3.3.3.  Quelques considérations supplémentaires

3.3.3. Quelques considérations supplémentaires  

Pour faciliter la compréhension du concept de neutralité et afin de ne pas alourdir la  lecture, nous avons décidé de ne détailler dans le texte que deux entretiens. Chez  Florent, c’est l’agencement de ces conceptions qui est à l’origine de notre choix. Pour  Jean, nous tenions à présenter sa réflexion, car elle diffère des autres. La neutralité ne  correspond en effet pas à ce qui guide son comportement. Rendre accessible le matériau  à partir duquel les analyses sont issues était pour nous fondamental, afin de permettre  aux lecteurs de se familiariser avec les manières de s’exprimer spécifiques à chaque  participant. L’analyse n’aurait pas été entière si nous n’avions pas étudié l’univers de  pensée dans lequel les enseignants se situent, par rapport à leur profession et aux  relations avec les élèves. Nous avons ainsi comparé et différencié certaines données  secondaires, qui ne sont pas liées au concept de neutralité à proprement parlé, mais  dont  les  caractéristiques  nous  permettent  de  compléter  et  d’affiner  notre  compréhension.  Cette  démarche  rejoint,  quelque  peu,  les  propos  de  Freyssinet‐

Dominjon (1997) : « Pour se faire, elle [l’analyse thématique] isole dans chaque entretien  et compare transversalement les signifiés qui, d’un entretien à l’autre, se réfèrent au  même  thème  […]»  (p.  173).  Ce  travail  s’est  révélé  absolument  nécessaire,  car  la  construction du sens de la neutralité réalisée par chaque personne interrogée s’est ainsi  amplifiée et étoffée.  

4. Présentation des résultats et analyse 

 

Les résultats obtenus sont organisés en deux parties successives. La première concerne  les définitions de la neutralité, que nous discuterons à la lumière des réponses au  questionnaire et des propos issus des entretiens. Ceux‐ci complètent, contredisent et  détaillent, en effet, les significations accordées au concept qui nous préoccupe. Nous  présenterons également les moyens utilisés par les enseignants pour être neutre, liés  aux définitions retenues de la neutralité. Dans la seconde partie, nous poursuivrons avec  un panorama fait des représentations associées à la neutralité. En effet, comme nous  avons pu le constater lors de la partie théorique de ce travail, d’autres mots émergent  lorsque l’on aborde la neutralité.  

   

4.1. Les définitions liées à la neutralité 

 

4.1.1. Les éléments issus des questionnaires  

Les premiers résultats nous permettent de dire qu’il n’existe pas chez les interviewés  une seule et unique définition de la neutralité. Cette dernière, en effet, est envisagée  selon  deux  tendances  principales  suivant  l’objet  auquel  elle  se  rapporte.  Dans  les  réponses à la question : « Que signifie pour vous le terme de neutralité, que contient‐

il? », les personnes interrogées se disent neutres par rapport à une problématique  abordée (un débat, une discussion, un problème), ou envers un autrui présent en face  d’eux (un élève, un parent, un(e) collègue). La neutralité se détermine ainsi soit par une  position  de  retrait,  en  fonction  des  sujets  ou  des  situations  traités,  soit  par  une  ouverture prenant en compte l’interlocuteur et ses opinions personnelles39. Ces deux  conceptions de la neutralité ne s’excluent pas mutuellement dans les propos recueillis et  se déclinent selon des nuances individuelles. Si, pour Florent, la neutralité se définit en  fonction  des  deux  tendances  mentionnées,  Solange,  Norbert  et  Jean  se  réfèrent  davantage à l’une ou à l’autre. Les réponses de Solange se rassemblent ainsi autour  d’une vision communément répandue de la neutralité : « être ni pour ni contre »40, qui  dans ses paroles implique plutôt un repli. Chez Jean, les différentes réponses convergent  au contraire vers la diversité, qu’il valorise tout au long de ses propos. Quant à Norbert,  ses paroles illustrent la tendance au retrait, qui pour lui signifie un désengagement de        

39 Voir tableau A 

40 Cette vision correspond au sens commun que nous avons pu retrouver lors de discussions informelles au sujet de la 

neutralité.  

soi. Il ajoute dans ses explications la notion d’utopie, qu’il associe aux difficultés d’une  réelle neutralité.  

Voici  les  différents  propos  des  participants  indiquant  leurs  positions  respectives    (tableau A) : 

   

Florent      Norbert      Solange      Jean 

   

  Position de retrait par rapport à une situation ou un sujet   

 

Avoir un certain recul    La Suisse  

La neutralité c’est une retenue  

La neutralité signifie aucune prise de décision, aucun engagement   C’est utopique d’être neutre, tu ne peux pas être neutre 

Etre neutre c’est être ni pour ni contre 

La neutralité, ne pas entrer dans un débat ou un conflit 

La neutralité peut être une manière d’argumenter qui ressemble plus à une analyse  objective qu’à une prise de position  

La neutralité c’est quand il n’y a pas de position personnelle   

 

Position d’ouverture à l’autre et à ses opinions   

 

Prendre en compte l’autre, sans imposer ma vision de manière unilatérale  

Une manière d’être qui enlève le côté « moi je pense que, je sais, moi ce que je pense c’est  juste » 

Regarder toutes les facettes  

Ne pas émettre de jugement pour laisser le libre choix à l’élève   C’est une ouverture pour laisser à chacun sa propre vision   Une exposition multiple d’un problème 

Elle peut comprendre les avis opposés de divers acteurs.  

Plusieurs éléments qu’il faut mettre ensemble    

 

Les éléments présentés ici se retrouvent de manière générale dans les entretiens, où ils  sont détaillés et parfois nuancés, montrant ainsi que les réflexions évoluent, entre le 

moment du questionnaire et celui de l’entretien. Pour Norbert, une nouvelle notion,  plus adéquate, pour lui, à définir la neutralité apparaît dans l’entretien : « être juste ». 

Cette proposition, comme nous le verrons plus loin, lui pose néanmoins problème41. Les  points  de  vue  se  modifient  ainsi  chez  Norbert  et  les  premières  conclusions  ne  déterminent pas encore une vision définitive de la neutralité pour cet interviewé. Chez  Solange, un élément ne sera pas repris dans l’entrevue, alors qu’il offre pour nous une  option  intéressante.  Cette  participante  établit,  en  effet,  une  distinction  entre  une  manière d’argumenter qu’elle définit comme « une analyse objective » représentant  pour elle la manière d’être neutre, et une « prise de position » qui ne l’est pas. En ce qui  concerne Jean, la diversité reste associée à la neutralité au fil de ses réflexions, même si  cette dernière n’est pas le seul critère avec lequel il pense son quotidien d’enseignant. 

La position de Florent demeure identique dans les deux moments chronologiques de  recueil  de  données,  ses  idées  principales  ayant  été  énoncées.  Dans  l’entretien,  il  approfondit cependant certaines de ses considérations.  

Toujours dans le cadre du questionnaire, d’autres résultats nous renseignent sur les  définitions de la neutralité42. Un des items du questionnaire demande aux personnes  interrogées de sélectionner parmi plusieurs possibilités : « les deux qui correspondent le  plus à votre conception  de la  neutralité ». L’éventail  de  choix  regroupe les avis de  certains auteurs  étudiés43, ainsi que nos propres  conceptions,  élaborées  au fil des  lectures. Nous souhaitions ainsi, à travers la proposition : « un processus de réflexion  éthique »,  changer  la  définition  même  de  la  neutralité  présentée,  jusqu’ici,  plutôt  comme un état44. Nous voulions l’envisager sous la forme d’un mouvement, tel un  processus se déroulant au fil du temps et qui s’associe à une analyse construite peu à  peu.  Cette  option  s’est  élaborée  par  référence  à  certaines  idées  de  l’éthique  mentionnées par Pachod (2007)45.  

Sur les sept suggestions mentionnées, c’est « un processus de réflexion éthique » qui a  été  choisie  par  trois  personnes sur  quatre, sans  que ces  dernières n’argumentent  réellement leurs choix. Seule Solange explicite son adhésion. Ce phénomène est d’autant  plus  intéressant  que  Jean  est  l’unique  participant  à  reprendre  la  terminologie  de  l’éthique dans l’entretien. Deux possibilités n’ont, par contre, pas été retenues : « un  silence sur ce qui n’est pas du domaine scolaire, des connaissances » et « une prise de  position partisane explicitée ». La première option s’inspire des volontés affichées par  des hommes politiques tels que Ferry et Buisson, qui ne semblent pas convenir aux        

41 Voir point 4.5.2. 

42 Voir tableau B 

43 Nous nous référons ici au point 2. 

44 Voir point 1.2. 

45 Voir point 2.3.3. 

enseignants interrogés. La seconde est en lien avec un engagement juste, sans parti  pris46, qui est la position défendue par Le Clézio (2006).  

Les positions pouvant être interprétées par les interviewés comme plus radicales ont été  rejetées, alors que les moins connotées étaient sollicitées. On comprend aisément que  pour  un  enseignant,  choisir :  « une  position  partisane  explicitée »  est  plus  délicat  qu’opter pour « un engagement juste, sans parti pris ». Cet élément met en exergue  l’impact possible du vocabulaire. En effet, les images construites par les mots utilisés  sont analysées par un système de valeur interne à chaque personne, qui détermine si la  neutralité ainsi évoquée est acceptable ou non.  

 

Voici les différentes réponses obtenues à cet item, les propositions faites aux personnes  interrogées ayant été regroupées en fonction de leur similarité (tableau B): 

   

une prise de position partisane explicitée  ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐ 

un engagement juste, sans parti pris           Florent et Norbert 

 

un silence sur ce qui n’est pas du domaine scolaire, des connaissances ‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐ 

une non‐prise de position quant à certains thèmes         Solange 

 

une attitude équitable et juste     Jean 

 

une non‐imposition des valeurs de l’enseignant  Florent 

 

un processus de réflexion éthique       Jean, Solange, Norbert 

 

4.1.2. Les éléments issus des entretiens  

Les réflexions des participants évoluent et se complexifient au fil des entrevues, car ces  derniers doivent adapter, en effet, une ligne de pensée personnelle à une situation  professionnelle. Certaines significations issues du questionnaire sont ainsi évincées, par  exemple,  parce  qu’elles  évoquent  des  aspects  de  la  neutralité  qui  dérangent.  Les  résultats obtenus au niveau des entretiens indiquent qu’il existe dans les propos de  chaque interviewé des termes incontournables concernant la neutralité, que nous avons        

46 Voir point 2.3.2. 

appelés mots‐clés47. Regroupés, ceux‐ci définissent, pour les personnes interrogées, la  manière d’être neutre et réunissent autour d’eux les moyens utilisés dans le quotidien,  que nous avons nommées stratégies48.  

 

4.1.2.1. Les conceptions de Florent : 

La réflexion de Florent se développe peu à peu, de manière régulière, en nous livrant  graduellement des éléments auxquels ce participant a déjà réfléchi, comme il nous le dit  lui‐même. Nous n’avons noté que peu d’interruptions ou de contradictions dans le  déroulement du discours tenu, et même lorsque celles‐ci ont lieu, elles ne perturbent  pas la progression des propos de Florent, nous permettant ainsi de voir de manière de  plus en plus fine comment il se représente la neutralité. C’est lui qui introduit d’ailleurs  ce terme, ou plutôt son adjectif. Lorsque Florent a recourt à des exemples spécifiques, il  s’agit  la  plupart  du  temps  de  situations  entre  élève  et  enseignant,  au  sujet  d’un  problème  à  résoudre.  Les  différentes  idées  exposées  dans  la  première  partie  de  l’entretien sont par la suite précisées et analysées.  

Le mot‐clé que F. mentionne tout d’abord concerne le verbe « induire », qu’il estime  contraire à la neutralité. Pour être neutre il faut donc « ne pas induire ». Florent affirme  néanmoins que dans les situations où l’élève n’arrive pas à proposer de lui‐même des  solutions à sa problématique, il peut être nécessaire de l’aider, tout en imaginant que  par la suite cela ne soit plus nécessaire : « Donc, s’il ne la [solution] trouve pas de lui‐

même,  je  pense  que  c’est  important  d’induire  pour  qu’on  ne  parte  pas  sur  une  impasse ».  

 

1er mot‐clé : « ne pas induire » 

Alors on guide quand même, on n’est pas forcément neutre dans notre manière d’apporter les  choses et de faire en sorte que l’élève trouve d’autres solutions. L’on a quand même cette  fâcheuse habitude d’induire beaucoup quand on voit qu’un élève n’arrive pas à trouver une  solution, pour aller au‐delà de son problème. On lui pose des questions pour qu’il aille un peu  plus loin, mais les questions elles sont quand même dirigées pour qu’il arrive à trouver une  solution, une solution qui nous nous paraît convenable. Quand on pose des questions pour aller  au‐delà pour aller plus loin on induit quand même. Donc c’est vrai que quand un élève ne trouve  pas par lui‐même, quand on essaie d’aller plus loin on induit ce qu’il a à dire quand même. Alors  il y en a qui trouve tout seul des solutions, où on n’a pas besoin de faire ce travail, mais quand  c’est difficile avec l’élève je crois qu’on induit quand même 

      

47 Nous avons décidé d’utiliser dans ce travail le terme de mot‐clé, même lorsqu’il s’agit d’une suite de mots. Ce choix tient au 

fait que les éléments proposés par les participants représentent, tel un mot‐clé, une notion spécifique.  

48 « Ensemble d’actions coordonnées, de manœuvres en vue d’une victoire » (Le nouveau Petit Robert de la langue française, 

2009)     

C’est là que je me dis que du moment qu’on induit une réponse que nous on a dans notre tête,  alors qu’on aimerait que ça vienne de lui et bien là on n’est plus neutre parce qu’on le guide  quand même sur le chemin qu’on aimerait ou qu’on pense être le bon.  

Réflexions sur la neutralité  

Dans la manière de conduire les médiations on arrivait quand même à mener les enfants où on  voulait  qu’ils  arrivent.  Donc  là,  quelque  part,  on  devrait  rester  en  tant  que  médiateur  parfaitement neutre, complètement neutre et puis la solution doit se dégager de ce que dit l’un,  de ce que dit l’autre, ce qu’on arrive à trouver ensemble. Mais quand ça marche pas, finalement,  le médiateur il joue un rôle quand même de : « vous ne pensez pas que » et puis là je pense  qu’on n’est pas forcément neutre 

J’ai beaucoup réfléchi depuis que j’ai eu le questionnaire sur être neutre ou pas et je crois  qu’effectivement on ne peut pas, c’est pas primordial d’être neutre et est‐ce qu’on peut vraiment  être neutre ? Je ne pense pas parce qu’on pense, on a quand même sa propre idée, on a notre  propre expérience, notre propre chemin qui a fait que si on est là, en tant qu’instituteur, c’est  parce qu’il y a plein de choses qu’on a suivi, c’est parce qu’on croit, on a des croyances, on a des  convictions et puis voilà, j’ai des convictions et je les donne ou je les esquisse aux élèves, en  prenant garde de dire que c’est une vision des choses. Voilà c’est ma manière de voir…  

On a le droit de penser autrement, et ça aussi on l’a appris principalement dans les entretiens de  parents, où on ne peut pas être neutre, mais on ne peut pas non plus juger. Chacun a le droit de  penser ce qu’il veut, mais c’est important de dire que « moi je pense quelque chose, j’ai une  position » et puis c’est vrai que finalement on n’est pas neutre je crois 

   

Le second mot‐clé, en lien avec l’action d’induire, est indirectement désigné par Florent,  car il n’y adhère pas : « On n’est pas un truc comme ça qui ne pense rien, qui ne voit  rien, qui est ouvert sur toutes les solutions ». Il introduit donc, par ces termes, une autre  vision possible de la neutralité : ne pas avoir d’opinions/de convictions personnelles, qui  malgré le fait qu’elle déplaise, existe.  

 

2ème mot‐clé  

Je me suis même dit après que c’est important que l’enfant sache que nous on a une position, on  n’est pas un truc comme ça qui ne pense rien, qui ne voit rien, qui est ouvert sur toutes les  solutions. Et bien non, on a des idées, on a des convictions, et puis je crois qu’on a le droit de les  dire et puis les enfants ont le droit, enfin je crois qu’ils ont besoin de savoir que leur enseignant il  a des idées et puis il pense certaines choses, certaines actions et autres, en sachant et c’est là où  c’est très important, que c’est pas la vérité ou la seule vision possible, mais qu’on peut en avoir  une autre, et puis que si l’élève pense autrement, il a le droit de penser autrement, et qu’il est 

pas obligé de penser comme moi parce que moi je suis l’enseignant et puis j’ai le savoir alors  qu’on n’a pas le tout savoir  

 

Questionnement sur la neutralité  

C’est vrai que la neutralité ça m’a beaucoup questionné et j’y ai beaucoup pensé et c’est vrai  alors qu’on est pas neutre, je pense, quand on enseigne ou quand on est avec des élèves, mais  c’est important de leur montrer que si je pense quelque chose ou si j’ai une conviction, les autres  ne sont pas obligés d’avoir la même conviction que moi. Avec le recul, en ayant réfléchi, c’est que  tout est envisageable et puis il faut laisser l’opportunité et puis le choix, voilà,  mais être neutre  je pense effectivement qu’on ne  l’est pas forcément  

 Je crois que dans ces moments‐là on fait, en tout ca moi je faisais comme je pouvais, enfin là je  ne réfléchissais pas vraiment, je crois que non, je n’ai pas dû me poser la question… Je crois que  je n’y ai jamais pensé, je pense que la première fois que j’y ai pensé c’est quand vous m’avez  posé la question. C’est vrai que je n’ai jamais réfléchi à cette question d’être neutre ou pas, et  c’est vrai que ça m’a questionné mais ça ne m’a jamais effleuré, de savoir si je devais être neutre  ou pas neutre, comment j’étais par rapport à mes élèves 

 

Réflexions sur l’enseignant  

Je n’y pensais pas à ce moment, d’être neutre, d’écouter l’enfant mais de pas juger, de pas dire  ce que moi je pensais… 

 On pouvait pas dire tes parents sont vraiment à côté de la plaque, donc il fallait  quand même  qu’on garde une certaine retenue face aux enfants, parce qu’aussi toxiques que leur parents  étaient, ça restaient leurs parents, donc on n’avait pas le droit de leur dire que leur parent  avaient des attitudes inadmissibles, donc on devait quand même rester neutre. Mais c’est vrai  que je n’avais jamais pensé sous le terme de neutre ou pas, mais face à l’enfant on n’avait pas le  droit de juger de la situation  

Alors au début c’était difficile, parce qu’affectivement on rentrait beaucoup dans la situation des  ces enfants là et puis pour arriver à cette entre guillemet neutralité, il fallait sortir du plan  affectif, et c’est vrai qu’il y avait toute une notion d’affectivité qui fallait qu’on sorte, parce que si  on restait sur le plan affectif on ne pouvait que réagir face à ce qu’ils vivaient, mais ça ne leur  aurait rien apporté, ça n’aurait pas arrangé la situation, donc fallait qu’affectivement on se  détache  

A force, petit à petit on apprend à ne plus s’investir autant de manière affective. Alors on  s’investit différemment, ça ne veut pas dire qu’on se détache de l’enfant et puis qu’on est froid,  mais on a une relation de confiance, on l’établit avec l’enfant, mais affectivement on essaie de  s’en détacher, pour ne pas réagir de manière trop forte 

 

Analyses   

Parce que je me suis dit dans un premier temps « mais oui en tant qu’enseignant on doit être  neutre ». On est neutre, on essaie de vraiment l’être et puis finalement notre avis il transpire 

Parce que je me suis dit dans un premier temps « mais oui en tant qu’enseignant on doit être  neutre ». On est neutre, on essaie de vraiment l’être et puis finalement notre avis il transpire