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L ES THÉMATIQUES LIÉES À LA NEUTRALITÉ

4.  PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSE

4.5.   L ES THÉMATIQUES LIÉES À LA NEUTRALITÉ

 

4.5. Les thématiques liées à la neutralité 

 

4.5.1. La réflexion  Les interrogations 

Elles émergent lorsque les personnes avancent dans leur réflexion et qu’il leur est  demandé de détailler leurs propos. Florent se questionne de manière globale sur la  neutralité, tandis que Norbert se concentre sur un aspect plus spécifique : l’adéquation  entre la neutralité et le fait d’être juste. Pour Solange et Jean, leurs interrogations font  plutôt échos à celles introduites par la chercheuse tout au long de l’entretien. 

 

Le doute  

Il apparaît par moment chez l’ensemble des personnes interviewées. Pour Norbert, le  doute s’exprime même tout au long de l’entretien, touchant tour à tour la neutralité et  ses significations, le niveau relationnel entre enseignant et élèves ainsi que le domaine  scolaire  et  le  programme  à  transmettre.  Ce  qui  est  intéressant,  c’est  que  lors du  questionnaire, Norbert déclare ne pas douter de ce qu’il peut dire aux élèves. Chez 

Florent, le doute apparaît, mais plutôt comme un fait avéré, sur lequel ce participant  bâtit ensuite la plus grande partie de sa réflexion. En effet, c’est parce qu’il doute de la  possibilité d’être neutre, que Florent développe ses pensées. Dans le questionnaire, il  indique ne douter que rarement de ce qu’il transmet aux élèves. Chez Jean, le doute est  davantage lié au  fait de parvenir à réaliser ce qu’il s’est lui‐même  donné  comme  obligation : « Si le monde était bien fait et que je dis exactement ce que je fais ». Des  verbes  tels  que  « tenter »  et  « essayer »  indiquent  quelques  hésitations,  qui  correspondent aux propos du questionnaire, où Jean dit : « Je doute tout le temps,  quand je ne doute pas je fais faux ». Pour Solange, l’incertitude concerne, d’une manière  générale, l’existence de la neutralité. De façon plus spécifique, le doute se rapporte,  chez cette participante, aux propos qui sont autorisés ou interdits à l’école. Ces éléments  rejoignent tout à fait les réponses données lors du questionnaire, où Solange dit ne pas  être sûre, parfois, de ce qu’elle peut ou non dire aux élèves.  

 

Les contradictions et les ajustements  

Dans tous les entretiens, nous avons noté des propos contradictoires de la part des  participants,  les  contraignant  à  opérer  des  ajustements  par  rapport  à  ce  qu’ils  maintenaient plus tôt dans la discussion. Ce phénomène apparaît surtout lorsque les  arguments avancés pour défendre une certaine position ne sont plus adéquats pour en  valider une autre. Il est important, en effet, pour les personnes interrogées, de faire  coïncider leurs convictions personnelles de la neutralité aux définitions avancées. Chez  Solange, une première contradiction apparaît lorsqu’elle oppose le fait d’être neutre à 

« être en retrait » ou à « se retirer », alors que plus loin dans l’entretien elle utilise ces  mêmes éléments comme des stratégies. Le second exemple concerne le fait que Solange  dit choisir d’être neutre, sans que les élèves ne l’y obligent. Par la suite, ses paroles  montrent  qu’elle est contrainte par  le  public  auquel  elle  s’adresse  de respecter la  neutralité. Chez Jean, l’opposition majeure que nous avons décelée concerne également  la neutralité, dissociée dans un premier temps du respect : « Le respect ce n’est pas être  neutre ». Plus tard, ce participant parle néanmoins d’une « neutralité de respect des  diversités », opposée cette fois à « l’indifférence ». Florent ajuste ses propos lorsqu’il se  rend compte qu’en tant qu’enseignant il induit et influence les élèves, ce qui contredit sa  présentation de la neutralité. Il précise, alors, que ce n’est pas grave d’induire, car cela  permet de faire avancer la discussion. Florent ne renonce donc pas à être neutre, mais  adapte ses propos. Norbert cherche, lui, la façon de pouvoir « être juste » envers tous  les élèves et faire ainsi en sorte que sa définition de la neutralité soit possible. Il essaie  ainsi  de  déterminer  les  élèves  non  plus  individuellement,  mais  comme  une  seule  entité : « le groupe élèves ». Cela ne suffit pourtant pas et Norbert module ses paroles  afin de pouvoir être neutre et donc juste, tout en donnant une attention différenciée  aux élèves.  

4.5.2.  Les perspectives58  

Les interviewés contrastent et opposent les neutralités présentées. Les perspectives à  partir desquelles de telles distinctions sont faites, les raisons et les explications ne sont  pas identiques, même s’il existe pour tous les participants en début d’entretien des  évidences qui s’estompent pourtant au fil des situations complexes abordées. Dans les  propos de Florent, la  neutralité,  de  manière  générale,  est  d’abord  décrite  comme 

« possible ». Par contre, de façon plus spécifique, il est par exemple « impossible » en  tant  qu’enseignant  de  ne pas avoir de convictions  personnelles. Il  peut également  sembler « facile » ou « difficile » d’être neutre pour Florent, selon que les réponses à  donner aux élèves sont des « données techniques » et là « il suffit alors d’avoir des  connaissances sur le sujet en question », ou quand l’affect entre en jeu et l’adulte se  trouve submergé par les situations confiées. En ce qui concerne le fait de ne pas juger et  de ne pas induire, la perspective de Florent montre que ces deux aspects sont distincts,  le premier étant « important » alors que le suivant « n’est pas primordial ».  

Pour Norbert, l’opposition possible/impossible établit la différence entre ce qui est de la  transmission de savoir (dans ce cas l’enseignant parvient à être neutre), et ce qui se  trouve  au  niveau   relationnel, où  la  neutralité  est  irréalisable.  Ce  participant  reste  néanmoins  prisonnier  de  cette  première  perspective,  car  lorsqu’il  se  réfère  à  la  neutralité par le fait « d’être juste », il ne l’associe pas de la même façon, selon que le  contexte  touche  aux  relations  entre  les  personnes, ou  au  fait  de  transmettre des  connaissances. Norbert utilise un mot qui, pour nous, fait toute la différence : minimum. 

Penchons‐nous sur la citation suivante : « Le minimum de transmission du savoir ». Elle  nous montre que pour Norbert, être neutre ne signifie pas ici apporter à tous les élèves  des savoirs généraux sans limites, mais une base. Il est ainsi envisageable de s’y tenir. Ce  même seuil n’est cependant pas déterminé comme : « un minimum d’attention», qui  pourtant  permettrait  à  cet  enseignant  d’être  en  adéquation  d’une  part  avec  ses  convictions et de l’autre avec les propositions qu’il fait. La perspective de la neutralité  s’élargit, par la suite, lorsque cet interviewé y ajoute un aspect positif ou négatif. 

Chez Solange, la perspective « impossible » de la neutralité est mise en avant lorsque  celle‐ci est considérée dans un absolu, où elle ne peut exister. Le caractère « possible »  apparaît ensuite, lorsque Solange envisage un autre niveau, celui du quotidien, dans  lequel  il  est  concevable,  pour  elle,  d’être  neutre.  Une  seconde  perspective :  intrinsèque/obligée détermine la neutralité chez Solange, selon, par exemple, le public  auquel  l’enseignant  s’adresse  ou  les  attentes  institutionnelles.  Il  est  également  important pour elle de faire une distinction entre la façon d’être neutre dans « les  actes »  et  dans  « les  paroles »,  qui  représente  une  perspective  que  l’analyse  n’a  cependant pas pu vérifier entièrement.  

      

58 « Aspect sous lequel une chose se présente » (Le nouveau Petit Robert de la langue française, 2009) 

Pour Jean, il existe très clairement une perspective positive/négative de la neutralité,  correspondant  au  respect  des  élèves  ou  à  l’indifférence  envers  autrui.  De  cette  dichotomie se définit, en parallèle chez ce participant, la perspective engagé/désengagé  que la neutralité peut prendre et qui se développe pour Jean selon les convictions de  chaque enseignant. Cet aspect, très important chez ce participant est à mentionner, car  il n’est pas repris de manière si déterminée chez les autres participants.    

 

4.5.3. L’enseignant   Le rôle 

Dans les propos des personnes interrogées, le rôle de l’enseignant n’est pas déterminé  une fois pour toute, mais se module au fil des exemples présentés. Pour Norbert,  l’enseignant ne peut s’arrêter uniquement à sa fonction : « Mon rôle est le suivant et je  ne sors pas de ce cadre là… mais je ne vois pas comment tu pourrais être dans une classe  comme ça». Selon les circonstances, les participants montrent qu’ils tentent de concilier  le mieux possible leurs identités de professionnel et d’être humain. L’enseignant doit  ainsi transmettre certaines compétences (scolaire, d’analyse ou d’argumentation) ainsi  que des valeurs (respect, entraide ou solidarité). Son rôle est aussi celui de tenir compte  de  ses  interlocuteurs  et  de  présenter  plusieurs  opinions  ou  facettes  d’une  problématique.  Dans  les  réponses  du  questionnaire,  cet  élément  est  d’ailleurs  unanimement choisi, lorsqu’il est demandé aux participants « Dans quelles situations  l’enseignant a le droit d’émettre une opinion, une conviction ou une vision personnelle ». 

La réponse est « oui s’il présente la situation sous plusieurs angles ». Ce qui est par  contre rejeté par tous, c’est : « s’il a raison », chacun mettant en avant, à sa façon, le fait  que  l’enseignant  ne  sait  pas  tout  et  qu’un  tel  rôle  n’est  pas  envisageable.  Deux  propositions supplémentaires apparaissent dans cet item : « Si l’élève peut aussi avoir la  possibilité de donner son opinion » (Florent) et « Pour moi ça doit être utile » (Solange),  ouvrant une réflexion quant à la réciprocité et à l’utilité des idées présentées en classe. 

Les  participants  ne  prétendent  pas  dans  leurs  propos  ne  « jamais »  donner  leurs  opinions. Ce qui est important, pour eux, c’est la manière dont celles‐ci sont introduites  et discutées. Dans un des items du questionnaire, ils expliquent les principes auxquels ils  se réfèrent. Celui qui est le plus souvent mis en avant correspond à une ouverture aux  autres, au monde et à d’autres opinions. Il y a également la « diversité », pour Jean et le 

« respect » pour Solange. 

       

L’expérience 

Les personnes interrogées mentionnent dans leurs propos l’expérience. Elle représente  un support et un outil auxquels les enseignants se réfèrent. Florent, par exemple, décrit  l’évolution qui s’est produite depuis le début  de sa carrière, en montrant que des  capacités nouvelles sont apparues au fil du temps. Pour Solange et Norbert, l’expérience  permet d’analyser les erreurs commises et d’envisager ainsi de nouvelles possibilités. 

Pour Norbert, c’est d’ailleurs en fonction de son vécu professionnel qu’il dit pouvoir  aider un(e) nouvel(le) collègue.  

 

4.5.4. Les élèves  

Le second pôle concerné par la neutralité est la figure de l’élève, qui est évoquée par les  personnes interrogées soit sous une forme individuelle, soit en tant que groupe. Pour  Norbert, l’élève possède une personnalité propre qui est à concilier avec celle de chaque  membre de la classe, afin de pouvoir établir une ambiance agréable et propice au travail. 

Pour  Jean,  l’élève  est  une  personne  unique,  qu’il  faut  accompagner  dans  son  développement et respecter énormément, car il est très influençable et peut ainsi être  endoctriné par l’adulte. Ce qui se retrouve chez Solange et Florent, c’est que l’élève a les  capacités de choisir ses opinions et de construire sa propre vision du monde, ce qui  détermine  la  façon  d’être  de  l’enseignant.  La  neutralité  se  traduit  chez  Florent  également à travers la manière dont l’adulte envisage l’élève. Une expression utilisée  dans l’entretien : « Faire cheminer l’autre » montre que, pour lui, l’élève est à considérer  comme  un  sujet  actif,  agissant  sur  ses  propres  situations,  « et  pas  simplement  spectateur  ou  consommateur  d’une  solution  qu’on  va  lui  donner ».  Pour  Jean  et  Norbert, l’accent est mis sur l’attention à avoir pour ne pas formater les élèves, sans  nier, comme pour les autres interrogés, que l’enseignant oriente forcément les élèves. 

Pour Norbert, cet élément est aussi vu positivement, lorsqu’il dit par exemple que  l’enseignant peut ainsi faire aimer une matière, ou l’école. Chez Solange, c’est plutôt  l’impact des élèves sur l’adulte qui est mentionné, l’obligeant par exemple à être neutre. 

L’ensemble  des  propos  analysés  montrent  ainsi  deux  aspects  présents  chez  les  participants. D’une part, les élèves sont étroitement liés aux enseignants et dépendent  donc de leurs paroles et comportements. De l’autre, ils ont, de manière réciproque, une  influence sur la manière d’être de l’adulte, qui ne peut travailler sans ces interlocuteurs. 

Cela signifie aussi pour nous que la neutralité n’existe pas de manière isolée, mais  qu’elle s’insère dans un échange.  

     

4.5.5. La relation  La confiance 

Cet élément est considéré comme fondamental dans le quotidien de chaque participant. 

Chez Norbert, la confiance va de paire avec un bon fonctionnement de la classe et le fait  de pouvoir passer une année scolaire agréable. Pour Jean, elle est aussi mise en lien avec  le plaisir d’être à l’école, qui n’empêche cependant pas, tout comme pour Norbert  d’ailleurs, de faire acte d’autorité. Pour Florent, la confiance permet plutôt de maintenir  le contact avec l’élève, afin de l’aider dans les situations difficiles. Celle‐ci apporte  également l’honnêteté selon lui. Chez Solange, la confiance concerne l’enseignant : «  qu’on ne les met pas en danger avec ce qu’on leur propose », tout comme l’élève : 

« qu’ils osent me dire si quelque chose ne va pas ».  

 

Le respect  

Cette notion est également primordiale chez les interviewés et elle se développe soit  envers l’enseignant, soit en direction de l’élève. Chez Norbert, il est ainsi autant question  de respecter l’intimité des enfants en n’abordant pas certains thèmes à l’école, que  d’identifier pour les élèves les limites à ne pas dépasser. Cet aller‐retour correspond  aussi  aux  propos  de  Solange,  pour  qui  le  respect  va  de  l’élève  à  l’enseignant  et  réciproquement. Florent, quant à lui, reste davantage sur le respect que l’adulte doit  avoir pour l’élève et pour les idées que ce dernier développe. Chez Jean, le respect est  un des mots‐clés de la neutralité et il se situe davantage du côté de l’enseignant, en tant  qu’adulte, par rapport aux intentions qu’il a et qu’il développe envers les élèves.   

 

4.5.6. Le ressenti 

Cet élément nous semble tout à fait intéressant à mentionner ici, car il est présent chez  tous les participants, leur permettant de gérer un contexte de classe parfois complexe. 

Les enseignants se réfèrent à leur ressenti de manière nuancée, car ils ne peuvent  expliquer sur quoi ce dernier se base. Ils s’y fient pourtant, afin d’analyser les situations  auxquelles ils sont confrontés. Chez Florent, par exemple, le ressenti est lié aux signaux  d’alerte  que  certains  élèvent  montrent  et  qui  signifient  qu’une  limite  vient  d’être  atteinte. Il faut donc recentrer la discussion autour du travail scolaire. Le terme de 

« feeling » est cité dans deux situations distinctes : d’une part lorsqu’il est question de  définir ce qui conduit Florent à sortir du cadre mis en place et à le réintégrer, et de  l’autre lorsque le sujet concerne la relation avec les élèves : « Parce que le feeling ne  passe pas ». Chez Jean, le ressenti apparaît justement comme la base sur laquelle il  s’appuie  pour  intervenir  lors de  certaines  discussions : « Mais  je  ressentais  sur  le 

moment de dire ça, et puis voilà ». Si, par la suite, Jean détermine ce qui a réellement  guidé ses paroles, ce n’est pourtant  pas ce qui lui a permis de réagir dans un premier  temps. Le ressenti demeure ainsi une référence. Celui‐ci influence, pour Solange, le fait  d’aborder ou non une discussion : « Si je sentais qu’il valait mieux que je passe sur le  sujet et bien ça serait la décision que je prendrais ». Le ressenti agit aussi sur le contenu  de ses paroles,  favorisant certains  mots plutôt que  d’autres. Les  élèves  perçoivent  également des choses, ce qui leur permet, en ce qui concerne Norbert, de savoir si ce  que  dit  l’enseignant est  en  accord  avec  lui‐même.  Pour  Solange  il  est  néanmoins  important de cacher à la classe ce qu’elle‐même ressent et pense.   

 

4.5.7. Les valeurs   

Nous mentionnons ici les valeurs, car elles sont présentes dans tous les entretiens. Elles  concernent plutôt l’enseignant, comme chez Florent, pour qui cette notion est abordée  uniquement en lien avec les « jugements de valeurs » que lui souhaite dépasser à travers  le fait de ne pas juger. Chez Jean, les valeurs apparaissent à plusieurs reprises durant  l’entretien, notamment en ce qui concerne le corps professionnel. Pour Norbert, les  valeurs sont citées tant du côté des enfants que de l’enseignant. Ce participant se base  d’ailleurs parfois sur les siennes pour régler des situations compliquées. Pour Solange,  les  valeurs  ont  une  origine  institutionnelle  ou  individuelle  et  sont  liées  au  statut  particulier  de  l’enseignant,  ce  qui  peut  parfois  provoquer  des  complications :  « La  tentation  est  souvent  grande  de  vouloir  impliquer  nos  propres  valeurs,  dans  les  moments de conflit ou des moments particuliers et délicats ».   

 

4.5.8. Les sujets abordés  

Le  domaine  du  religieux  et  des  croyances  apparaît  dans  plusieurs  discussions  accompagnant le questionnaire, alors que durant les entretiens il est rarement évoqué  par les personnes interrogées. Cet aspect est important à noter ici, à la lumière des  arguments exposés dans la partie théorique de ce travail et caractérisant la pertinence  de la neutralité. Ce phénomène est peut‐être une particularité du canton de Genève,  dans lequel aucune branche spécifique à la religion n’est inscrite au programme de  l’école primaire.  

Savoir si les personnes interrogées aborderaient n’importe quels thèmes à l’école ne  peut être défini ici clairement, car la plupart des participants ont un discours ambivalent,  selon la nature du sujet à traiter. Dans le questionnaire59, ils disent ainsi discuter en règle        

59 Nous faisons ici référence aux items 3, 11 et 12 du questionnaire 

générale de tout à l’école et garder aussi parfois le silence. Ce qui est mis en avant, c’est  de  répondre  aux  questions  formulées  par  les  élèves  et  de  développer  ainsi  une  ouverture  d’esprit,  sans  que  cela  implique  forcément  de  donner  des  opinions  personnelles. Les réponses peuvent ainsi être directes ou évasives, prenant en compte le  bien‐être  des  élèves  (Solange),  leur  vie  privée  (Norbert),  ainsi  que  le  niveau  de  compréhension, qui n’est pas encore assez fort chez les enfants, selon Jean, pour contrer  l’influence de l’adulte. Florent, lui, dit ne pas non plus éviter les questions et parler 

« avec tact ».  Il ne  donne  pas  toujours son opinion,  mais considère nécessaire  de  communiquer  d’autres  visions  d’un  même  événement.  Solange  indique  recourir  à  d’autres collègues, ou rester évasive, mais répondre aux interrogations : « Si l’enfant a  suffisamment confiance en moi pour me confier une question difficile, je ne vais pas lui  dire que ce n’est pas dans mon cahier des charges ». Dans ses propos on constate,  cependant, qu’elle ne discuterait pas de certains thèmes, tout comme Norbert, qui dit  détourner la question et retravailler le sujet en classe, mais à un autre moment. De  manière générale, les interviewés savent que leurs paroles peuvent aller à l’encontre de  ce qui est dit dans le milieu familial. Ils évitent donc certains sujets, bien que Jean dit que  parfois « tant pis » si la réponse froisse.  

 

4.5.9. Le vocabulaire 

Les mots utilisés par les personnes interrogées sont intéressants à discuter. Nous avons  par  exemple  relevé des  expressions  telles  que :  « le  plus  neutre  possible »,  « une  certaine retenue », « prendre un peu position », « plus facilement neutre» et « être un  peu en dehors ». Ces nuances indiquent que les participants ne défendent pas une  position tranchée par rapport à la neutralité, certainement car celle‐ci demeure un  thème  difficile  à  traiter.  Etre  neutre  semble  aussi  représenter  un  objectif  ardu  à  atteindre, voir impossible pour certains participants et il s’agit, ainsi, à défaut, de définir 

Les mots utilisés par les personnes interrogées sont intéressants à discuter. Nous avons  par  exemple  relevé des  expressions  telles  que :  « le  plus  neutre  possible »,  « une  certaine retenue », « prendre un peu position », « plus facilement neutre» et « être un  peu en dehors ». Ces nuances indiquent que les participants ne défendent pas une  position tranchée par rapport à la neutralité, certainement car celle‐ci demeure un  thème  difficile  à  traiter.  Etre  neutre  semble  aussi  représenter  un  objectif  ardu  à  atteindre, voir impossible pour certains participants et il s’agit, ainsi, à défaut, de définir