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L’exposition du contexte partira, pour les besoins de l’étude, des orientations respectives de la Banque mondiale (2003), de l’UNESCO-Breda (2008), de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) (2009), de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) (2004) et du Groupe de la BAD(2009).

Un des constats forts est que, un peu plus qu’avant, ces dernières décennies ont été marquées par une attention réelle et effective accordée aux problèmes des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche à travers le monde, plus particulièrement les systèmes d’enseignement supérieur et de recherche d’Afrique subsaharienne. Ce constat est partagé par les experts des organismes cités ci-dessus et surtout de celui de la Banque mondiale. La Banque mondiale (2003), dans son document intitulé Construire les sociétés du savoir : nouveaux défis pour l’enseignement supérieur, semble soutenir que, malgré les récentes avancées enregistrées, des risques de marginalisation volontaire des pays en voie de développement sont latents et grandissants.

Les deux grandes conséquences de ces risques seraient, d’une part, la grande propension à négliger, à oublier, voire à différer, le traitement des préoccupations locales et, d’autre part, la fuite des cerveaux. Cet ouvrage de la Banque mondiale, issu de l’analyse des partenaires divers que sont les acteurs gouvernementaux, les praticiens, les universitaires

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et les administrateurs, fait un tour d’horizon des problèmes récurrents du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, notamment

 l’influence de la mondialisation sur la mobilité des chercheurs et chercheuses ou des enseignants;

 la transformation des technologies de l’information et de la communication;

 la maximisation de la saine gestion et de la gouvernance des sociétés d’État, par le renforcement de compétences de gestion, la transparence, l’imputabilité et la réédition de comptes;

 les postures de différents bailleurs de fonds relatives aux préoccupations liées à l’état des finances, aux nouveaux défis et aux enjeux;

 l’établissement des principes d’une saine gouvernance des conseils d’administration des établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

Tout en rappelant, à la fin, que le principe de bonne gouvernance est souhaité et partagé, qu’il reste la mise en place des mécanismes de contextualisation par les États et les institutions.

Par ailleurs, le rapport UNESCO-Breda (2008), intitulé Réformes de l’enseignement

supérieur en Afrique : éléments de cadrage, nous renseigne sur le faible développement

des filières scientifiques et technologiques en Afrique. Certes, ce rapport met l’accent sur l’enseignement supérieur, mais cette exclusivité n’évacue pas le lien entre l’enseignement supérieur et le secteur de la recherche dans les pays africains. Il revient, par ailleurs, sur des sujets marquants tels que la nécessité de soutenir financièrement l’expansion de l’enseignement supérieur et le rôle de l’État, en sa qualité de principal financier de l’enseignement supérieur. Ce rapport vise, par conséquent, à reconsidérer la question du financement de l’enseignement supérieur. Malgré le fait que l’enseignement supérieur en Afrique aurait, ces dernières années, qualitativement marqué un pas significatif, le rapport reconnaît aussi l’inégale évolution selon les pays. De plus, il déplore la carence d’une qualification scolaire souhaitée pour sauvegarder la qualité de l’enseignement afin de préserver le leadership académique et de donner un regain à la recherche.

Les experts impliqués sont conscients du retard dans les infrastructures et la nécessité d’engager une réflexion dans le sens de la diversification des sources de financement. Ils n’hésitent pas à explorer, à cet effet, l’éventuel soutien du secteur privé et soutiennent

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que l’éducation, en général, et que l’enseignement supérieur, en particulier, seraient un facteur clé du développement économique, social et culturel de toute nation. De même qu’ils admettent que les effets potentiels directs de l’enseignement supérieur sur l’économie et la société passeraient par l’effort d’insertion des talents hautement qualifiés dans divers secteurs de la vie économique, sociale et politique. D’où l’attention portée sur le niveau de priorité accordée durant les arbitrages budgétaires à l’éducation, particulièrement à l’enseignement supérieur2.

Comme le rapport UNESCO-Breda (2008), le communiqué final de la conférence sur l’enseignement supérieur de 20093 remet sur la table aussi bien la place stratégique qui

reviendrait à l’enseignement supérieur, en tant que bien public, que le niveau de responsabilité des gouvernants en son égard. Il reconnaît, par ailleurs, les fonctions essentielles (la recherche, l’enseignement et le service à la communauté) et souhaite, entre autres, leur accomplissement dans un contexte d’autonomie institutionnelle et de liberté de l’enseignement. Tout en prônant le renforcement de la reconnaissance des qualifications, de l’assurance qualité, de la gouvernance, de la recherche et de l’innovation, le communiqué final oriente davantage les acteurs concernés vers des partenariats public-privé impliquant de multiples parties prenantes. Cette diversification des sources de financement se justifierait par leur carence. Par ailleurs, au titre des appels à l’action des États membres, il a été demandé « d’élaborer des systèmes de recherche plus souples et organisés qui encouragent l’excellence scientifique, l’interdisciplinarité et le service à la société » (UNESCO, 2009, p. 7).

Le communiqué rappelle aussi que le renforcement des unités régionales devrait aller de pair avec le passage de la parole à l’acte, chez les gouvernants et les acteurs scientifiques impliqués.

2Rapport UNESCO-Breda (2008) « Réformes de l’enseignement supérieur en Afrique : éléments de

cadrages ».

3 Le communiqué final de la conférence sur l’enseignement supérieur 2009 : la nouvelle dynamique de

l’enseignement supérieur et de la recherche au service du progrès social et du développement, organisée par l’UNESCO les 5, 6, 7 et 8 juillet 2009.

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En guise de résumé, le rapport de la Banque mondiale place l’enseignement supérieur, de façon détaillée et suffisamment précise, quant à sa responsabilité sociale. Le communiqué final de la conférence sur l’enseignement supérieur de 2009 pose les jalons de l’internationalisation, de la régionalisation et de la mondialisation. L’élément marquant est la place qu’il a accordée à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique en Afrique, avant de terminer par des appels aux actions des États membres et de l’UNESCO; conformément à l’esprit des résultats et de la déclaration de la conférence mondiale sur l’enseignement supérieur de 1998 et des six conférences régionales de Carthagène des Indes, de Macau, de Dakar, de NewDelhi, de Bucarest et du Caire.

Consciente des enjeux et du contexte difficile auxquels étaient confrontés les pays africains, la CEA (2004) s’était déjà donné la mission, comme une bonne partie des pays pris en compte dans le projet global, d’établir le profil de gouvernance du Gabon : Évaluation et suivi des progrès accomplis en vue de la bonne gouvernance en Afrique.

En guise de tentative de réponse au contexte, le Groupe de la BAD, par le truchement du Projet d’appui à l’amélioration de la qualité des services publics d’enseignement supérieur et de formation professionnelle sur le Gabon, évalué en mai 2009, visait entre autres

à améliorer l’offre de formation des cadres supérieurs et moyens à travers la réforme des systèmes de formation, l’accroissement de la capacité d’accueil au niveau national et le renforcement de la qualité et la pertinence des programmes, et partant l’efficacité des ressources publiques affectées au secteur de l’éducation et la baisse progressive des dépenses en bourses d’études à l’étranger (Rapport du GBAD, p.iii).

Pour une vue d’ensemble sur cette première articulation, admettons que le cadrage idéologique de la Banque mondiale (2003), de l’UNESCO-Breda (2008), de l’UNESCO (2009), de la CEA (2004) et du Groupe de la BAD (2009), permet de retenir quelques invariants.

Au nombre de ces orientations partagées, il y a, entre autres, la priorité accordée aux réflexions sur le statut des institutions d’enseignement et de recherche ainsi que l’interpellation continue des autorités gouvernementales et étatiques face au défi

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permanent de garantir les mécanismes de bonne ou de saine gouvernance. Il ne manque pas, par ailleurs, d’attirer l’attention des décideurs étatiques et des responsables d’institutions sur les limites étatiques du financement et des efforts de diversification des sources de financement. Enfin, une place non négligeable a été réservée, aussi bien aux politiques de mobilité des acteurs du secteur qu’à la formation citoyenne de qualité, pour que l’enseignement supérieur et la recherche préservent leur leadership en matière d’aide à la communauté et de développement.

Au regard de ce qui précède, comment l’État gabonais et ses institutions apprécient-ils ces orientations des bailleurs de fonds? Et quels sont les mécanismes dont ils se dotent pour répondre à leurs exigences, tout en maintenant l’efficacité des services publics?

Telles sont les préoccupations à intégrer pour une meilleure compréhension de la lecture des dispositifs qui seront étudiés dans cette recherche.