• Aucun résultat trouvé

2.2 Domaine d’étude

2.2.2 Courants théoriques de l’analyse des politiques publiques

Selon Kübler et Maillard (2009), deux caractéristiques assez marquées permettent de distinguer les différents courants de l’analyse des politiques publiques. Il s’agit respectivement de celles

- qui sont attachées au canevas des champs spécifiques, voire classiques de l’analyse;

- qui se particularisent par la défense de leurs perspectives théoriques et normatives. En se référant aux différents courants de l’analyse des politiques publiques, la présente étude se rattache à ceux qui se particularisent par la défense de leurs perspectives théoriques et normatives.

Cependant, nous jugeons important de revenir sur les courants théoriques de l’analyse des politiques publiques pour essayer de mieux justifier notre choix. Ainsi, pour Knoepfel, Larrue et Varone (2001), comme pour Draelants et Maroy (2007), trois grands courants constituent l’essentiel de la pensée dans l’analyse des politiques publiques :

- le premier courant alimente la lecture de l’analyse des politiques publiques et celle de la théorie de l’État;

- le second courant explique le fonctionnement de l’action publique;

108

Autrement dit, la précédente présentation nous conduit, en termes de perspectives théoriques, vers la structuration suivante :

- l'analyse des politiques publiques centrée sur les théories de l’État39;

- l'analyse des politiques publiques centrée sur l’explication du fonctionnement de l’action publique40;

- l’évaluation des résultats et des effets de l’action publique41.

Tout en reconnaissant la place occupée par l’explication du fonctionnement de l’action publique dans les premières présentations des courants théoriques de l’analyse des politiques publiques, nous souhaitons laisser une place de choix à l’autonomisation de l’approche cognitive des politiques publiques, autrement appelée la sociologie politique de l’action publique. L’analyse cognitive peut être assimilée au dépassement des trois premières perspectives théoriques se spécifiant par le fait qu’elle analyse les politiques à partir de la grille séquentielle de Jones (1970) : la mise à agenda, la programmation de la mise en œuvre et l’évaluation. Ce qui caractérise, par conséquent, l’approche cognitive42,

(considérée comme la 4eperspective théorique) est son éloignement de la grille de Jones.

Dès lors, comment l’approche cognitive procède-t-elle?

L’objectif de l’approche cognitive de l’action publique est d’aller au-delà des controverses théoriques comme le rappelle Surel (2004). C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’approche cognitive a permis de mettre en valeur les concepts de paradigme43 (Hall, 1993; Surel dans

39 Ce courant théorique est en quête de l’essence, de l’ipséité, de la nature intrinsèque ou essentielle des

politiques publiques. Il est aussi subdivisé ensous-courants : État au guichet, analyse de l’État comme instrument au service d’une classe sociale, État porté vers la distribution des pouvoirs et les interactions entre acteurs.

40 Ce courant théorique permet de comprendre les modes opératoires ou la logique des actions publiques, de

rechercher les normes ou les règles récurrentes et transversales aux actions publiques. Il peut être aussi subdivisé en sous-courants dont celui qui estattaché au développement d’une meilleure connaissance des processus de formulation et de mise en œuvre des politiques publiques et, enfin, celui qui analyse exclusivement pour la recherche la politique (sorte de laboratoire renforçant le cadre théorique).

41 Explique des résultats de l’action publique et ses effets sur la société, au regard des buts poursuivis ou en

termes d’effets indirects ou indésirables.

42 Elle privilégie « des éléments de connaissance, des idées, des représentations ou des croyances sociales

dans l’élaboration des politiques » (Draelants-Maroy, 2007).

43 Envisage une conception de la politique comme un apprentissage social et les idées sont centrales dans la

109

Faure, Pollet et Warin, 1995), d’Advocacy Coalition Framework (ACF)44 (Sabatier et

Jenkins-Smith, 1993; Jenkins-Smith et Sabatier dans Sabatier, 1999) et de référentiel45de

Muller et ses collègues. De ces trois concepts de l’analyse cognitive des politiques publiques, nous retenons le dernier, c’est-à-dire le référentiel.

Contrairement à la structuration de Knoepfel, Larrue et Varone (2001) et de Draelants et Maroy (2007), Kübler et Maillard (2009) relèvent, dans le cadre des approches intégrées des politiques publiques, quelques approches assez démarquées de l’analyse des politiques publiques :

- les approches par choix rationnel;

- les institutions comme déterminants des politiques publiques;

- les approches par les Idées.

En se référant à cette dernière structuration des approches théoriques de courants de l’analyse des politiques publiques, notre étude se rattache donc aux approches par les Idées. À quoi renvoie-t-elle? En quoi est-elle assimilable à l’analyse cognitive de politiques publiques?

Pour Kübler et Maillard (2009), les approches par les Idées sont constituées des éléments suivants :

- les paradigmes de politiques publiques;

- les récits de la politique publique;

- l’approche par les référentiels des politiques publiques;

- l’approche par les coalitions de cause (ACF);

- la force des idées : la notion d’apprentissage.

Au regard de cette nouvelle présentation, nous retiendrons donc l’approche par les référentiels des politiques publiques pour l’opérationnalisation de notre étude.

44 Postule la compétition (systèmes de croyances, coalitions de cause, intermédiaires de politiques

publiques).

45 Il met en avant les cadres cognitifs, la société moderne, la forte division du travail entre secteurs, la

110

Nous avons donc choisi l’approche par le référentiel (Knoepfel, Larrue et Varone 2001; Draelants et Moroy 2007) ou l’approche par les référentiels des politiques publiques (Kübler et Maillard, 2009). Cette approche par le référentiel s’inscrit, comme vous avez pu le constater, dans un domaine plus large qu’est l’analyse cognitive des politiques publiques que d’aucuns appellent la sociologie politique de l’action publique.