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1.4 État de la question

2.1.1 Concept d’organisation

L’effort de compréhension du concept organisation illustre aussi bien sa variété que son extension sémantique. Car, la diversité de formes organisationnelles va de pair avec les spécificités environnementales, au point de soutenir que les organisations qui ne s’adaptent pas à l’environnement s’exposent à la disparition. Mais, en dépit de cet horizon élargi, seule la nécessité de préciser ou de définir le concept peut nous aider à sortir de la diversité définitionnelle.

Il nous semble utile d’énoncer que les concepts d’établissement et d’institution seront régulièrement assimilés au concept d’organisation, aussi bien pour les raisons d’études que pour coller à l’idée suivante : « La sociologie fonctionnaliste, qui considère que tout

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collectif humain, marché ou organisation (publique, privé, à but non lucratif, groupe de pression, réseau) est en fin de compte une institution, ou comprend une très grande part de caractéristiques dites institutionnelles, et doit, par conséquent, être abordé comme tel » (Amedzro St-Hilaire, 2011, p. 43).

Comme nous venons de le constater, nous comprenons aisément que cette assimilation du concept d’organisation à ceux d’établissement et d’institution est justifiée. Ce rapprochement des concepts, voire cet aspect interchangeable du concept retenu, est aussi partagé par des auteurs compétents. Le rapprochement des concepts marque ainsi l’idée que toute société est comme un tissu d’institutions, c’est-à-dire un ensemble de règles collectives de fonctionnement.

Nous pouvons admettre que toutes les entreprises sont des organisations:

Une organisation est un groupe de personnes ayant chacune un rôle attribué officiellement, qui doivent travailler ensemble en vue d’atteindre des objectifs clairement définis. Les organisations ont en commun de nombreux éléments. […][Elle serait en d’autres termes un] groupe de personnes qui mettent en commun leurs efforts pour atteindre un but; dans un autre contexte, l’organisation désigne également l’ensemble des activités de gestion associées à la définition, à la répartition et à la coordination des tâches. (Dessler, 2009, p. 4).

À l’instar des précédentes définitions, dans le Dictionnaire actuel de l’éducation, Legendre (2005 : 975) expose, entres autres, trois aspects considérables et dynamiques du concept d’organisation. Il s’agit en effet de considérer l’organisation comme

- la mise en œuvre rationnelle des moyens de production, de gestion et de coordination entre les différents organes et services d’une entreprise (1992);

- l’action ayant pour objet de créer et d’agencer les éléments d’une structure, de déterminer les relations en vue d’un rendement optimal (compte rendu de la finalité de cette structure et du comportement des personnes qui en font

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partie) et de veiller à l’adaptation et à l’amélioration de la structure par un contrôle constant (1994);

- l’utilisation judicieuse des ressources financières, humaines et matérielles mises en œuvre pour atteindre les objectifs fixés (1994).

Dans le même ordre d’idées, Zay (1981), cité par Legendre (2005, p. 975), rappelle que les caractéristiques d’une organisation sont définies par

- la division des tâches et des rôles;

- la division de l’autorité, les chaînes hiérarchiques;

- le système de communication;

- l’ensemble des critères objectifs pour évaluer et contrôler les résultats.

Pour Sicotte, Champagne et Contandriopoulos (1999), le modèle traditionnel de la théorie des organisations serait le plus utilisé par les analystes et les praticiens. Il cadre ainsi avec la vision fonctionnaliste qui reste la perspective dominante. Pour ces auteurs, Price(1972) est le maître à penser de cette conception qui stipule qu’une organisation est mise en place pour atteindre ses objectifs spécifiques et que l’évaluation de sa performance se résume à sa capacité et son aptitude à les atteindre.

Le concept d’organisation est aussi défini selon la vision des théories des organisations qui se distancent, par ailleurs, de celle de la sociologie des organisations. Le concept d’organisation est, ci-après, défini par Sicotte, Champagne et Contandriopoulos (1999, p. 39) :« La métaphore organisationnelle est ici celle de l’organisme vivant qui doit trouver dans son environnement les ressources pour survivre tout en se transformant pour s’adapter à son environnement dynamique. »

Pour Proulx (2010, p.25), l’organisation est « Comme un système ouvert, c’est-à-dire en relation dynamique avec son environnement. Le dynamisme de la relation résulte de l’interaction des sous-systèmes entre eux et de chacun d’eux avec l’environnement ».

Ces premières approches de l’organisation sont complétées, de façon déterminante, par l’approche de Kamdem qui illustre ce qui précède par le caractère vital de l’organisation. En d’autres termes, il est question du fait d’avoir donné à l’organisation la capacité d’autodestruction et d’autorégénération. L’organisation serait donc un corps social; par

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conséquent, potentiellement flexible, voire ouvert et contextuellement façonnable. Cette perception nous semble mieux expliquée lorsque Kamdem reprend partiellement Bernoux:

Cette approche constructiviste est très importante dans la mesure où elle permet de ne plus aborder l’organisation simplement sous l’angle de l’adaptation nécessaire aux contraintes extérieures produites par l’environnement, mais beaucoup plus comme un construit par des acteurs intégrant les contraintes comme éléments des stratégies (Kamdem, 2000, p. 94-95).

L’élément apparemment privilégié, par l’auteur, dans cette assertion serait de considérer l’organisation comme un produit social. Cette nouvelle façon de lire la contrainte serait fondée sur une redéfinition du prisme d’approche, sur une sorte de changement de vecteur épistémologique grâce auquel la valeur pédagogique33 de la contrainte, jusque-là

extérieure, serait stratégiquement acceptée et mise en valeur par les acteurs. Les contraintes auparavant extérieures à l’organisation deviendraient, de ce fait, des atouts capitaux dans l’émergence des stratégies organisationnelles. La capacité d’ouverture serait inéluctable et aussi gage d’anticipation. L’organisation n’est plus figée et repliée sur elle-même. Elle laisserait davantage place au décryptage des contraintes extérieures pour la définition des stratégies avant-gardistes.

Retenons qu’il y a d’abord une conception classique de l’organisation, visant à la limiter à la simple subdivision des tâches, de l’autorité, de la chaîne hiérarchique, au réseau de communication ainsi qu’aux critères objectifs d’évaluation et de contrôle des résultats. Il ya ensuite, une autre manière d’appréhender l’organisation comme un système vivant, capable d’autodestruction et d’autorégénération, ouvert, dynamique et flexible, en interactions en lui et avec son environnement.

C’est effectivement cette vision ouverte et dynamique de l’organisation qui nous conduira à établir la différence entre l’idée de politique publique et celle d’action publique.

33Cette expression nous enseigne que, dans ce contexte, la contrainte n’est plus perçue par les acteurs comme

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Au regard de ce qui précède, le CENAREST et les autres dispositifs organisationnels du secteur de la recherche scientifique et technologique sont, à notre avis, des organismes qui, par l’action de leurs acteurs, devraient trouver, dans leur milieu et en s’inscrivant dans une relation dynamique, les ressources nécessaires à leur transformation et à leur adaptation.

Après cette définition du concept d’organisation, que pouvons-nous dire sur la politique publique et en quoi ce concept est-il utile pour notre recherche?