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5.2 R´eduction du bruit quantique avec une cavit´e d´esaccord´ee

5.2.1 Quadratures du champ et mouvement du miroir

Les variations de la longueur L de la cavit´e proviennent du d´eplacement xm du miroir mobile sous l’effet de la pression de radiation ainsi que de la variation apparente de longueur xsig de la cavit´e correspondant au signal `a mesurer :

L = L0+ xm + xsig, (5.14)

o`u L0 est la longueur de la cavit´e au repos. Les ´equations d’´evolution des champs intracavit´e α et sortant αouten fonction du champ entrant αinse d´eduisent des ´equations (1.80) `a (1.85) :

(γ − iψ − iΩτ)α[Ω] = p2γαin[Ω] + 2ikα(δxm[Ω] + xsig[Ω]), (5.15)

αout[Ω] = −αin[Ω] +p2γα[Ω], (5.16)

o`u Ψ est le d´ephasage moyen du champ dans la cavit´e, ´egal `a la somme du d´esaccord Ψ0 au repos et du d´ephasage non lin´eaire ΨN L li´e au d´eplacement moyen xm [´equations

(1.87) et (1.88)] :

Ψ = Ψ0 + ΨN L , Ψ0 ≡ 2kL0 [2π] , ΨN L= 4~k2α2χ[0]. (5.17)

Les champs moyens sont donn´es par les ´equations (1.89) et (1.90) : α = √ 2γ γ − iψα in , αout = γ + iψ γ − iψα in. (5.18)

Si on choisit par convention le champ α r´eel, les champs moyens incident αin et sortant αout ont des phases respectives θin et θout donn´ees par :

e−iθin = γ − iΨ q

γ2+ Ψ2

, e−iθout = qγ + iΨ γ2+ Ψ2

. (5.19)

Pour un d´ephasage Ψ non nul, les champs moyens incident et r´efl´echi ne sont plus r´eels ; les quadratures d’intensit´e p[Ω] et de phase q[Ω] d’un champ de phase θ sont donn´ees par :

p[Ω] = eα[Ω] + e−iθα[Ω], (5.20)

q[Ω] = −ieα[Ω] + ie−iθα[Ω]. (5.21)

Afin de simplifier les calculs dans la suite, on suppose que la r´eponse m´ecanique du miroir correspond `a celle d’un oscillateur harmonique de masse M , de fr´equence de r´esonance ΩM et d’amortissement Γ. On suppose ´egalement que la bande passante de la cavit´e Ωcav = γ/τ est grande devant toutes les autres fr´equences (fr´equence d’analyse Ω, fr´equence de r´esonance ΩM). On obtient alors deux ´equations coupl´ees pour la quadrature d’intensit´e intracavit´e et le mouvement du miroir :

δp[Ω] = s 2γ γ2 + Ψ2δp in [Ω] − √ 2γ γ2+ Ψ2 ξΨ (δxm[Ω] + xsig[Ω]) , (5.22) δxm[Ω] = r γ 2~ξχ[Ω]δp[Ω]. (5.23)

o`u le param`etre ξ est reli´e `a l’intensit´e du champ intracavit´e et caract´erise la force du couplage optom´ecanique entre les d´eplacements du miroir et le champ intracavit´e :

ξ = 2kαp2/γ. (5.24)

Il est int´eressant de comparer les deux situations `a r´esonance (Ψ = 0) et hors r´esonance (Ψ 6= 0). A r´esonance l’intensit´e intracavit´e δp ne d´epend que des fluctuations incidentes δpin. Le point de fonctionnement correspond au sommet du pic d’Airy et l’intensit´e est insensible `a de petites variations de longueur de la cavit´e. Ce n’est plus le cas hors r´esonance : le syst`eme est alors sur le flanc du pic d’Airy, et une variation de longueur, due au d´eplacement xm du miroir ou au signal xsig, se traduit par une variation de l’intensit´e intracavit´e. Le sens de variation d´epend bien sˆur du flanc sur lequel se trouve le syst`eme (derniers termes dans l’´equation (5.22)).

Le miroir se d´eplace alors sous l’effet de la pression de radiation [´equation (5.23)], qui se d´ecompose en trois termes. Le premier, proportionnel `a δpin (premier terme dans l’´equation (5.22), existe aussi `a r´esonance ; il est responsable du bruit de pression de radiation en sortie de la cavit´e. Il cr´ee aussi des corr´elations entre l’intensit´e et la phase du champ, ce qui se traduit par une compression du champ r´efl´echi [22].

Le deuxi`eme terme dans l’´equation (5.22) correspond `a une force proportionnelle au d´eplacement δxm du miroir. L’effet de cette force est tout `a fait similaire `a un contrˆole actif du miroir par une boucle de contre-r´eaction : le d´eplacement du miroir change l’intensit´e intracavit´e, ce qui modifie la force de pression de radiation exerc´ee sur lui. Comme pour le processus de friction froide d´ecrit dans la partie 2.2, la dynamique du miroir est modifi´ee. A partir des ´equations (5.22) et (5.23) il est facile de montrer que la r´eponse du miroir `a une force ext´erieure est d´ecrite par une susceptibilit´e χomdonn´ee par :

χ−1om[Ω] = χ−1[Ω] + ϕ

1 + ϕ22, (5.25)

o`u ϕ = Ψ/γ est le d´esaccord normalis´e `a γ. Le couplage optom´ecanique dans la cavit´e modifie donc la raideur du miroir, comme l’aurait fait un asservissement proportionnel [´equation (2.10)], selon un sens d´ependant du signe du d´esaccord. A une fr´equence Ω donn´ee, on peut donc avoir amplification ou att´enuation du mouvement du miroir selon la valeur de ϕχ[Ω].

Le troisi`eme terme dans l’´equation (5.22) correspond `a une force proportionnelle au signal xsig. Le miroir va donc se d´eplacer en r´eponse au signal, avec une dynamique caract´eris´ee par χom. A partir des ´equations (5.22) et (5.23), le mouvement δxm s’´ecrit :

δxm[Ω] = χom[Ω] ~ξ

p1 + ϕ2δpin[Ω] − ~ξ21 + ϕϕ 2xsig[Ω] !

. (5.26)

Selon le signe de ϕχom, le d´eplacement δxm est en opposition de phase avec le signal xsig, auquel cas il y a un effet de compensation du signal par le mouvement du miroir, ou alors le mouvement est en phase avec xsig, ce qui se traduit par une amplification du signal.

Les quadratures δpout et δqout du champ r´efl´echi se d´eduisent des ´equations (5.16) et (5.22),

δpout[Ω] = δpin[Ω], (5.27)

δqout[Ω] = δqin[Ω] +

p1 + ϕ2(δxm[Ω] + xsig[Ω]). (5.28)

Comme dans le cas d’une cavit´e accord´ee, pour des fr´equences petites devant la bande passante Ωcav = γ/τ de la cavit´e, les fluctuations d’intensit´e du faisceau r´efl´echi sont simplement ´egales aux fluctuations d’intensit´e du faisceau incident. Ceci traduit le fait que pour une cavit´e sans perte, les photons restent dans la cavit´e un temps moyen τ /γ et finissent par ressortir par le miroir d’entr´ee.

La phase du faisceau r´efl´echi est sensible `a la variation totale de longueur δxm+ xsig de la cavit´e. Selon que le mouvement du miroir est en phase ou en opposition de

phase avec xsig, on va avoir amplification ou att´enuation du signal. On peut d´efinir un estimateur ˆxsig de la mesure en normalisant la phase δqout au signal mesur´e. A partir des ´equations (5.26) et (5.28) on trouve :

ˆ xsig[Ω] = p1 + ϕ2 2ξ χ[Ω] χom[Ω]δq out[Ω], (5.29) = xsig[Ω] + p1 + ϕ2 2ξ χ[Ω] χom[Ω]δq in[Ω] + ~ξ p1 + ϕ2χ[Ω]δpin[Ω]. (5.30) L’estimateur est la somme du signal et de termes de bruit, qui sont les bruits ´equivalents d’entr´ee. La sensibilit´e de la mesure est donc limit´ee par ces bruits, le plus petit signal mesurable ´etant donn´e par xmin[Ω] = pSx[Ω] o`u Sx est le spectre des deux bruits apparaissant dans l’´equation (5.30). Pour un ´etat coh´erent du champ incident, ce spectre s’´ecrit : Sx[Ω] =  1 + ϕ22om[Ω]|2 + ~ 2ξ2 1 + ϕ2  |χ[Ω]|2. (5.31)

Le spectre apparaˆıt comme la somme de deux termes, associ´es respectivement aux bruits de phase et d’intensit´e du faisceau incident.