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1.3 Troisième chapitre : Le système de santé en Algérie

1.3.4 Qu’en est-il des paramédicaux ?

Le corps paramédical a joué un rôle important avant et durant la guerre d’indépendance. Cependant, la pénurie du corps paramédical est bien présente. Il n’existait pratiquement pas d’infirmières diplômées algériennes. Les infirmières confirmées étaient rapidement chargées de l’organisation et de la surveillance des soins en qualité de surveillantes médicales.

Le nombre de paramédicaux par rapport à la population témoignait de l’urgence de la situation. « Au lendemain de l’indépendance, l’Algérie ne comptait qu’une quarantaine d’infirmiers diplômés d’État sur un total de 250 paramédicaux. La dite proportionnalité du nombre de paramédicaux par rapport à la population était alors frappante : en 1962, en comptait 40 mille habitants pour un paramédical. » (Hamza Cherif Ali 2009, para 02). Ces chiffres témoignent de l’urgence de la situation. Trois écoles avaient la responsabilité de former les paramédicaux en Algérie. Ces écoles étaient présentes à Alger, Oran et Constantine. Ainsi, la formation des paramédicaux était localisée.

Pour répondre aux impératifs de la situation, les structures de santé ont fait appel aux agents paramédicaux. Leur formation en matière de soins était pour la plupart empirique. Ces agents paramédicaux disposaient d’un savoir de soins obtenu auprès du personnel soignant. Certains de ces soignants avaient le niveau d’un certificat d’études.

En novembre 1962, l’État décide d’ouvrir des structures pour la formation de paramédicaux. Selon Khiati (1996), la situation précaire au niveau sanitaire nécessite des changements et une amélioration notamment concernant la formation du personnel soignant. L’État a donc établi une formation des infirmières. Cette dernière était sommaire et basée sur des acquisitions pratiques. Cette mesure est justifiée par l’absence de l’offre en matière de

soins. (M Khiati, 1996). En 1966, le ministère de la santé indique le chiffre de 4834 agents paramédicaux pour une population de 9 millions d’habitants (M. Mebtoul, 1999).

Les efforts du gouvernement ont permis d’améliorer considérablement le secteur des soins. On constate un progrès sensible dans la formation des paramédicaux qui fait un bond spectaculaire : de 250 paramédicaux en 1962 à 19676 en 1978 ce qui a provoqué une augmentation de la moyenne nationale par habitant. Cette amélioration ne répond toujours pas aux besoins de la population. (Hamza Cherif Ali 2009). L’État choisit d’apporter d’autres changements concernant la structuration du corps paramédical. Ces changements se traduisent par une deuxième réforme n° 80- 112 du 12 Avril 198029 portant sur le statut particulier des techniciens supérieurs de la santé. Elle avait un double objectif : accroître le nombre de paramédicaux et faire progresser la formation.

Il faut, en outre, rappeler que cette évolution quantitative des paramédicaux s’est accompagnée d’une amélioration substantielle de leur qualité de formation. En fait, c’est à partir de cette période que le corps paramédical a commencé à faire sa mutation (Hamza Cherif Ali 2009). Désormais, il n’était plus possible d’accéder à la formation qu’avec le baccalauréat. La réforme de la filière paramédicale a aidé à y intégrer près de 35 000 agents paramédicaux sur la base de l’ancienneté. « La part des techniciens supérieurs de santé représentait à peine 7 % de l’ensemble des paramédicaux exerçant en 1984. Par ailleurs, les techniciens et les aides soignants représentaient 32 % et 61 % respectivement… » (Hamza Cherif Ali 2009).Elle marque par ce fait la reconnaissance des acquis de ces agents.

De 1984 à 2010, une hausse du nombre des paramédicaux a été remarquée et cela d’une manière singulière passant de 25040 à 104 301 (Hamza Cherif Ali 2009). Cependant la situation des ressources humaines notamment celle des infirmières dans le système public de soins est déterminée par un déficit chronique. En ce qui concerne le personnel paramédical, le secteur public compte 5072 paramédicaux, dont 393 sages-femmes dans le secteur public et 23 affiliées au secteur privé, 2940 infirmiers diplômés d’Etat, le reste reparti entre psychologues 84, optométristes 48, et autres auxiliaires du personnel paramédical. On dénombre un paramédical pour 317 habitants (la moyenne nationale est d’un paramédical pour 370 habitants), (Hamza Cherif Ali, 2009).

On assiste à une grande maîtrise des moyens dans le faire soins, et la disparition du sens du prendre soin. Ainsi, la technicisation croissante des soins a changé le procédé des soins en un émiettement des tâches soignantes. La compétence professionnelle est vue sous l’angle de la technicité. Le bon soignant procède à la dextérité d’une expertise et l’efficacité lors des soins est soutenue par une logique des savoirs et des savoir-faire. Ce qui a conduit à la perte de la dimension relationnelle et donc existentielle du soin. Le statut général du travailleur a souligné la technicisation des soins en centralisant à outrance la production des statuts et des qualifications des professionnels de la santé. Il s’agit, ici, de penser et de conceptualiser le métier d’infirmière par l’administratif.

1.3.5 Conclusion

L’examen du système de santé algérien révèle une politique de santé conduite du haut. La segmentation et la technisation du métier d’infirmière, en agents paramédicaux désignés comme agents techniques de la santé, techniciens de la santé et techniciens supérieurs de la santé par les pouvoirs publics, influenceront la socialisation professionnelle et la pratique quotidienne de ce corps de métier. Progressivement, la déshumanisation de l’hôpital préoccupe les citoyens et les pouvoirs publics. Cette même déshumanisation est en partie la cause d’une image professionnelle dévalorisée. Elle est l’un des fondements de la crise identitaire et de la souffrance des infirmières.

Deuxième partie : La fatigue

professionnelle : quand la famille

2.1 Premier chapitre :