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Dans cette section, nous commençons par décrire la structure des triangles métriques et des intervalles dans les graphes pontés sansK4. Nous introduisons ensuite la notions d’ensemble étoilé et décrivons la structure de l’intersection entre un intervalle et un arbre étoilé. Rappelons que, lorsque nous parlons d’un triangle métrique, c’est souvent son enveloppe convexe que nous considérons.

Le lemme 38 présente une propriété des graphes pontés sans K4 utile à la preuve du lemme39qui suivra. Pour l’énoncer, nous donnons le nom detriangle platau graphe Tk = (Vk, Ek)défini par

Vk :={uji : 0≤jket0≤ij};

Ek :={ujiuji00 :uji, uji00Vk,(j = j0 eti0 =i−1)ou(j0 = j−1eti−1i0i)}.

Un motif correspondant à un triangle plat est donné en figure8.1(gauche).

Lemme 38. L’enveloppe convexe d’un triangle métrique (u, v, w) dans un graphe ponté sans K4 contient toujours un triangle plat en tant que sous-graphe induit.

Démonstration. Posons k:= dG(v, w) et considérons un plus court chemin P entre

8.3 Propriétés

v et w. Nous renommons ses sommetsv =: uk0, uk1, . . . , ukk :=w, oùuki est le sommet à distanceide v =uk0 surP. D’après le théorème10, chaque sommet de P est aussi à distancek deu. Pour touti∈ {0, . . . , k−1}, nous pouvons appliquer la condition du triangle sur uki, uki+1 et u00 := u pour dériver un sommet uk−1iuki, uki+1 à distance k−1 de u00. Nous voulons alors montrer que :

(1) ∀i, i0 ∈ {0, . . . , k−1}, avec i < i0, uk−1i 6=uk−1i0 ; (2) ∀j ∈ {0, . . . , k−2}, uk−1juk−1j+1.

Pour montrer (1), faisons l’hypothèse absurde qu’il existe i6= i0 tels que uk−1i = uk−1i0 =: x. Alors x est adjacent à uki, uki+1, uki0 et uki0+1. Rappelons que chaque sommet de I(uk0, ukk) est à distance k de u00. En particulier, chaque sommet de I(uki, uki0+1) doit être à distance k de u00. Par conséquent,uk−1i/ I(uki, uki0+1). Il s’en suit que {uki, uki+1, uki0, uki0+1} induit une clique, et que P n’est pas un plus court chemin. La propriété (2) découle de la convexité des boules Bk−1(u00). En effet, nous avons : uk−1j 6= uk−1j+1; uk−1j , uk−1j+1ukj; et ukj/ Bk−1(u00). Nous pouvons en conclure que uk−1juk−1j+1.

Nous pouvons alors remplacer P, par le chemin P0 de longueur k −1 induit par {uk−10 , . . . , uk−1k−1} et lui appliquer les mêmes arguments. Ainsi de suite jusqu’à dériver {u00}.

Le triangle métrique (u, v, w) contient donc un triangle plat en tant que sous-graphe. Il nous reste à prouver que ce sous-graphe est maximal en nombre d’arêtes (c.-à-d., qu’il est induit). Pour cela, il suffit de montrer que pour touti∈1, . . . , k−1,

les seuls voisins deuki dans le triangle plat (généré parP et u00) sontuki−1,uki+1,uk−1i−1 et uk−1i . De même, les seuls voisins de uk0 dans ce triangle sont uk1 etuk−10 , et ceux de ukk sont ukk−1 et uk−1k−1. En effet, si un sommetuki possède un autre voisin dansP que ceux listés précédemment, alors P n’est plus un plus court chemin. Concernant les sommets sur le niveau k−1, uki ne peut pas avoir plus de deux voisins (uk−1i−1 et uk−1i ) de par la convexité de la boule Bk−1(u00) à laquelle n’appartient pas uki (c.-à-d., ajouter un troisième sommet adjacent à uki dans I(uki, u00) créerait un K4).

Enfin, tout lien entre uki et un sommet uki00 avec k0 < k−1 et i0 ∈ {0, . . . , k0}serait contradictoire avec le théorème 10.

Le lemme qui suit nous sera utile dans les preuves qui font intervenir des sommets dans des triangles métriques. Nous nous réfèrerons directement à la structure de ces triangles, décrite dans ce lemme 39, pour exhiber des sommets où des liens entre sommets dans un triangle métrique.

Lemme 39. L’enveloppe convexe d’un triangle métrique (u, v, w) dans un graphe ponté G= (V, E) sans K4 est exactement un triangle plat.

Démonstration. Il nous suffit ici de prouver que le triangle plat T induit dans (u, v, w) par le lemme 38 est maximal en nombre de sommets. Nous montrons

u v

w u0

v0

w0

u00 uk−10

uk0

u10 u01 uk−1k−1

ukk ukk−1 uk1

Figure 8.1 – À gauche, l’illustration d’un motif présent dans chaque quasi-médian (u0, v0, w0) d’un triplet (u, v, w) de sommets d’un graphe ponté sans

K4. À droite, une aide à la preuve du lemme 38.

pour cela qu’il est localement convexe (et donc convexe). Supposons, par l’absurde, qu’il existe un sommet x dans (u, v, w) n’appartenant pas au triangle plat illustré T en 8.1. Un quasi-médian étant nécessairement connexe,x doit être connecté à un sommet y de T. Supposons que cette connexion soit une arête, (sinon nous remplaçons x par le sommetx0 sur un (x, y)-chemin tel que x0y). Puisque nous avons supposé, par l’absurde, queT n’est pas localement convexe,xdoit appartenir à l’intervalle I(y, z) pour un certain z à distance 2 dey. L’intervalle entre y et z dansT peut être des deux formes illustrées ci-dessous (en noir l’intervalle IT(y, z), en rouge la présence de x dans IG(y, z), en gris des sommets issus de la structure du triangle plat) :

y z y z

x x

Dans le dessin de gauche, la convexité de NG[y] implique quex soit adjacent aux deux voisins deydansIT(y, z), faisant apparaître unK4. Dans celui de droite,xdoit être relié à l’unique voisin dey dans IT(y, z) pour ne pas créer de C4 isométrique, mais cela crée alors un W5 (et donc un long cycle isométrique, ce qui contredit que Gest ponté).

Soient u et v deux sommets de la grille triangulaire “complète” (c.-à-d., le squelette du pavage du plan euclidien par des triangles équilatéraux de côté1).

Unegrille triangulaire rongéeest obtenue en retirant (ou non) itérativement des sommets de degré 3 dans le “parallélogramme” induit par I(u, v) (un exemple est donné dans la figure8.2). Initialement, dans la grille triangulaire complète, I(u, v) contient deux sommets de degré 2 (dans I(u, v)) et deux sommets de degré3. Ces sommets sont appelés des coins convexes. Les sommets sur les plus courts chemins reliant ces coins externes sont des bords. Les sommets restant

8.3 Propriétés

sont des sommets internes. Un sommet w de degré 3 dans I(u, v) possède un voisin wuW(u, v), un voisin wvW(v, u) et un voisin w0W=(u, v). Si w est supprimé, wu et wv deviennent des coins convexes et w0 devient un coin concave. Par la suite, lors de la suppression d’un de ses voisins, un sommet interne devient un coin concave, un coin concave devient un bord, un bord devient un coin convexe et un coin convexe devient un bord (ces évolutions de statuts sont indiquées dans la table8.1). Remarquons que le voisinage d’un sommetwretiré est toujours unP3 induit dansI(u, v)(c.-à-d., un P3 convexe deI(u, v)\ {w}).

u v m

v

u v

2

v

1

Figure 8.2 – À gauche, un exemple de grille triangulaire rongée (induite par l’intervalle entre u et v, voir lemme 40). Les coins concaves sont en vert, les convexes sont en bleu. Les bords sont en rouge et les sommets internes en noir. À droite, une autre grille triangulaire rongée pour illustrer le lemme 41.

Remarque 26. Les trois sommets rouges des dessins ci-dessous sont, en quelque sorte, des cas “dégénérés”. Notons que ce sont, de gauche à droite, un bord, un coin convexe et un bord. De plus, le sommet ude la première figure et les sommets v de la première et de la deuxième figure sont aussi des bords.

u v u v u v

Voisins retirés bord concave convexe interne

1 convexe bord bord concave

2 bord convexe convexe bord

3 convexe bord bord convexe

4 bord convexe convexe bord

Table 8.1 – Évolution du statut d’un sommet d’une grille rongée en fonction du nombre de voisins qui lui sont retirés.

Lemme 40. L’intervalle I(u, v) entre deux sommets u et v d’un graphe ponté G= (V, E) sans K4 est une grille triangulaire rongée.

Démonstration. Soient u et v deux sommets de G et soit P0I(u, v) un plus court chemin entre u et v dans G (c.-à-d., P0 est une grille triangulaire rongée

minimale, ainsi qu’un potentiel intervalle minimal). Alors, soit P0 =I(u, v), soit pour toutx1 ∈ {a∈NG(b) : bP0}tel que P1 :=P0∪ {x1} ⊆I(u, v), P1 est une grille triangulaire rongée (c.-à-d., x1 est connecté aux sommets d’un P3 induit de P0). En effet, supposons queP0 (I(u, v) (sinon nous avons terminé). Soit x1 un sommet tel queP1I(u, v). Si x1 n’est connecté qu’à un unique sommet ou une unique arête de P0, alors il ne peut clairement pas être sur un plus court chemin.

Si x1 est connecté à exactement deux sommets non-adjacents de P0 ou a plus de 3 sommets, alors il crée un raccourci (et contredit queP0 soit un plus court chemin).

Donc xest connecté à exactement 3 sommets de P0, et si ces trois sommets sont non consécutifs (c.-à-d., pas dans unP3), alorsx1 crée à nouveau un raccourci.

Supposons maintenant que, pour un certaink ≥1,|I(u, v)| ≥ |P0|+k−1 et que nous ayons pu itérativement ajouter des sommetsx1, . . . , xk−1 à P0 pour obtenir une grille triangulaire rongéePk−1. Alors, soitPk−1 =I(u, v) (nous supposons que ce n’est pas le cas), soit pour tout xk tel que Pk := Pk−1 ∪ {xk} ⊆ I(u, v), Pk est une grille triangulaire rongée (c.-à-d., xk est relié à chaque sommet d’un P3 induit dans Pk−1, et aucun des sommets du P3 n’est interne, autrement dit, P3 est convexe). En effet, si xk n’est relié qu’à un ou deux sommets de Pk−1, alors il ne peut pas être dans I(u, v). Il en est de même si xk est relié à plus de trois sommets. Donc xk est relié à trois sommets. Si ces trois sommets sont un P3 non induit, alorsxk et son voisinage forment un K4, et si ce n’est pas unP3, alors xk crée un raccourci. Enfin, si le voisinage dexk est un P3 avec un ou deux sommets internes, alors Gcontient un W4, et si les trois sommets sont internes,G contient un W5. Ainsi,xk est forcément connecté à un P3 du bord de Pk−1, et Pk est donc une grille triangulaire rongée.

Remarque 27. L’enveloppe convexe des triangles métriques et les intervalles d’un graphe ponté sans K4 induisent des graphes planaires. Pour autant, les graphes pontés sansK4 contiennent tous les sous-graphes en tant que mineurs et sont donc, en particulier, non-planaires. En revanche, les graphes pontés G= (V, E) sans K4 étant 3-dégénérés, leur nombre d’arêtes est d’au plus O(|V|) (et leur densité est constante).

Un cheminP d’un arbreT (enraciné enr) est ditmontantsiP est entièrement inclus dans une branche de T (c.-à-d., ∀u, v ∈ P, soit IT(u, r) ⊆ IT(v, r), soit IT(v, r)⊆IT(u, r)). Un sous-ensembleSde sommets d’un graphe quelconque G est ditétoilé (par rapport àsS)si, pour touts0S,I(s, s0)⊆S. Cet ensemble S est appelé un arbre étoilé (enraciné en sS) si, pour tout s0S, I(s, s0) est un chemin.

Lemme 41. Soit T un arbre étoilé (enraciné en m) dans un graphe ponté G = (V, E)sansK4, et soit uV\T. AlorsI(u, m)∩T est inclus dans les deux chemins montant de m jusqu’aux premiers coins convexes non dégénérés (ces deux coins sont dits extrémaux par rapport à m).