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La présentation de la méthodologie développée

Chapitre 5. Les fondements de la méthodologie

5.1. L’analyse de projets de transport en site propre en France L’analyse des projets de transport en site propre nous a permis d’approfondir notre L’analyse des projets de transport en site propre nous a permis d’approfondir notre

5.1.1. Le projet Mobilien

En Île-de-France, les déplacements motorisés ne cessent d’augmenter au fil du temps, notamment les déplacements banlieue-banlieue15 [DREIF, 2000]. Ce phénomène a pour

15 Les déplacements banlieue-banlieue sont les déplacements dont l’origine et la destination sont situées hors de Paris. Ils représentent actuellement 70 % des déplacements en Île-de-France. En 1970, 10 millions de déplacements banlieue-banlieue avaient lieu quotidiennement contre 16 millions en 2001 [Service

conséquence une forte congestion des axes de circulation et l’apparition de nombreuses nuisances. En application de la loi n°96-1236 sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie de décembre 1996 [Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie, 1996], le Plan des Déplacements Urbains de la région Île-de-France (PDUIF) a été signé en 2000 pour une durée de cinq ans. Il propose des mesures permettant de mieux organiser le partage de l’espace public en faveur des modes doux. La réduction de 3 % de la circulation automobile, l'augmentation de l’usage des transports collectifs de 2 % et le doublement de l’usage du vélo sont des objectifs de ce plan [DREIF, 2000].

Une des déclinaisons du PDUIF est le projet Mobilien [Gonzalez-Alvarez, 2006] : ce projet valorise le réseau de bus sur l’ensemble de la région, en le dotant d’axes forts, c’est-à-dire d’axes sur lesquels tout est mis en place pour que le transport en commun soit efficace. Ces axes deviennent donc partie intégrante du réseau principal de transport en commun, à coût beaucoup moins élevé que celui qu’aurait engendré la création de lignes de tramway ou de métro. Le réseau Mobilien permet de revaloriser le mode bus, en créant un réseau maillé, composé de lignes radiales et de lignes de rocade, organisées autour de pôles d’échanges multimodaux16 permettant au mieux les correspondances entre les différents modes de transport.

Ce réseau diffère du réseau de bus classique notamment par les performances qui sont associées à chacune de ses lignes. L’ambition du projet est d’augmenter à terme, d’au moins 20 % la vitesse commerciale des lignes de bus et également d'augmenter leur régularité en profitant de tous les aménagements effectués. La régularité est une des caractéristiques de la ligne à laquelle le voyageur est le plus sensible. Son amélioration est donc un levier important pour attirer des voyageurs vers ce mode [Christen, 2003].

Le réseau Mobilien est construit à partir, d'une part, de 150 lignes de bus, la plupart existantes, sur 120 axes de voirie et, d'autre part, de 143 pôles d’échanges multi-modaux. Il compte autant de lignes et de pôles à Paris et en proche banlieue (départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne) qu’en banlieue plus éloignée (départements de la Seine-et-Marne, des Yvelines, de l’Essonne et du Val-d’Oise) (figure 5.1.).

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Un pôle d’échanges multimodaux est un ensemble d’installations ou de lieux qui permettent aux voyageurs d’accéder à un mode de transport – plusieurs modes étant présents sur le site – et de changer de modes [Direction Régionale de l’Équipement d’Île-de-France, 2001].

Une des caractéristiques fortes de ce projet est le nombre d’acteurs qui y sont impliqués. Mené dans le cadre du PDUIF, ce projet, initialement piloté par l’État, l’est actuellement par la région Île-de-France et le Syndicat des Transports d'Île-de-France (STIF). Le rôle de ces pilotes est de faire en sorte que le projet soit mené dans les délais et dans l’enveloppe budgétaire prévus initialement [DREIF, 2002].

Ce projet, comme l’ensemble du PDUIF dont une synthèse est présentée en annexe 5, a été élaboré dans une optique de concertation avec la population locale. Toutes les associations qui le souhaitaient ont donc pu participer à des groupes de travail, associés spécifiquement à une ligne ou à un pôle, afin de bâtir un projet qui corresponde le plus possible aux attentes locales.

Ces groupes de travail, appelés aussi comités, sont composés au minimum des représentants des collectivités locales, des opérateurs de transport public, des gestionnaires de l’infrastructure et des représentants du monde économique et associatif local. Ils ont pour but de mener à bien le projet de ligne ou de pôle pour lequel ils se sont regroupés, depuis le diagnostic définissant la charte d’objectifs et les études de définition jusqu’à sa réalisation et son évaluation.

Les réalisations les plus visibles pour les voyageurs sont les aménagements de voirie, conçus pour partager l’espace public en faveur des modes doux et notamment des bus. Ces aménagements sont principalement des couloirs de bus protégés17 qui permettent ainsi aux bus d'éviter la congestion de la circulation générale. Les sites propres pour les bus apparaissent en région parisienne dès 1999 et leur développement s'accélère grâce au projet Mobilien.

Sur la ligne de bus 91, à Paris, première ligne de bus parisienne à avoir bénéficié du projet Mobilien, l’insertion la plus répandue est l’insertion axiale, favorisant ainsi l’exploitation de cette ligne qui relie trois des gares parisiennes (gare Montparnasse, gare d’Austerlitz et gare de Lyon). Cet aménagement axial, un des premiers en Île-de-France, illustre la volonté des autorités de rendre performant le réseau Mobilien, porteur d’innovations.

Dans la même optique de performance, des couloirs de bus à contre-sens18 sont aménagés afin de regrouper les itinéraires, facilitant ainsi la lisibilité de la ligne pour le voyageur, comme pour la ligne de bus 325, à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne (figure 5.2.).

Aménagement de la ligne 91 à Paris

Contresens sur la ligne 325 à Ivry-sur-Seine

Figure 5.2. Exemples d’aménagements réalisés dans le cadre du projet Mobilien

Ces aménagements physiques sont associés à un certain nombre d’objectifs en terme de qualité de service offert [STIF, 2007]. L’amélioration de l'accessibilité des points d’arrêt, de l’information des voyageurs et de la sécurité des aménagements est financée dans le cadre du

17 Un couloir de bus est dit "protégé" lorsqu’une délimitation physique (bordure, terre-plein…) existe entre lui et les files de circulation générale.

projet Mobilien. Les amplitudes et les fréquences des lignes sont augmentées19 afin de satisfaire le mieux possible les attentes des usagers de ces lignes structurantes qui fonctionnent désormais tous les jours, dimanches et jours fériés compris.

Au 1er janvier 2008, le projet Mobilien a permis de mettre en service, pour la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens), onze lignes de transport et trois pôles d'échanges multi-modaux. La différence entre le nombre de lignes et de pôles réalisés et le nombre prévu initialement (150 lignes et 143 pôles) s’explique en partie par la mauvaise appréciation de la durée de la concertation avec l’ensemble des acteurs ainsi que par une définition d'objectifs initiaux volontairement ambitieux. Les délais n’ont donc pas pu être respectés. Néanmoins, la mise en service des premières lignes Mobilien a permis de mesurer la satisfaction des voyageurs concernant les améliorations apportées grâce aux enquêtes menées notamment par la RATP [Alvarez-Gonzalez, 2006].

Bien que le délai prévu pour la concrétisation du projet soit écoulé, la région Île-de-France souhaite poursuivre ce projet, en lui donnant une autre dimension, en augmentant sa vitesse de réalisation et en lui donnant plus de visibilité et de cohérence au niveau de l’offre de service. Dans la version initiale, le renforcement d’offre n’était effectué qu’une fois les aménagements physiques construits. Désormais, il est mis en place le plus rapidement possible, dès la validation du projet par les différentes parties prenantes, les aménagements ne pouvant débuter qu’ultérieurement.