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La présentation de la méthodologie développée

Chapitre 5. Les fondements de la méthodologie

5.2. Les méthodes d’analyse multicritère pour une meilleure aide à la décision à la décision

5.2.2. Actions, critères, problématiques de décision

Le choix de la méthode multicritère repose essentiellement sur la définition des actions, des critères ainsi que des problématiques de décision.

5.2.2.1. Les actions

La première étape de la résolution d’un problème de décision multicritère consiste à énumérer l’ensemble des actions à évaluer. Une action est définie comme « la représentation d’une

éventuelle contribution à la décision globale susceptible, eu égard à l’état d’avancement du processus de décision, d’être envisagée de façon autonome et de servir de point d’application à l’aide à la décision » [Roy, 1985].

« Une action potentielle est une action réelle ou fictive provisoirement jugée réaliste par un

acteur au moins ou présumée telle par l’homme d’étude en vue de l’aide à la décision ; l’ensemble des actions potentielles sur lequel l’aide à la décision prend appui au cours d’une phase d’étude est notée A. » [Roy, 1985]. .

Dans le cadre de notre recherche, l’ensemble A des actions est formé, en fonction de la phase de la méthodologie, des différents tracés éligibles pour accueillir la ligne de transport ou des différentes implantations possibles pour la plateforme de transport.

Il est à noter que cet ensemble A est évolutif, c’est-à-dire qu’il est susceptible d’être modifié en cours de procédure (par opposition à stable). En effet, de nouvelles réglementations, de nouvelles contraintes peuvent apparaître entre le début et la fin des études, entraînant un changement de l’ensemble des actions. L' ensemble A est défini en extension, c’est-à-dire que l’ensemble est suffisamment restreint pour que tous ses éléments puissent être énumérés (par opposition à une définition en compréhension). En effet, dans un projet de transport, le choix du corridor permet de définir un nombre restreint de tracés possibles ; celui du tracé de la ligne permet de définir un nombre limité d’implantations possibles de la plateforme. Enfin, l’ensemble A est globalisé, c’est-à-dire que chaque élément de A est exclusif de tout autre (par opposition à fragmenté). Comme nous considérons le tracé de la ligne et l’implantation de la plateforme sur l’ensemble de la ligne, toute action est bien exclusive de toute autre.

5.2.2.2. Les critères

Selon Roy, un critère est « un outil construit pour évaluer et comparer des actions

potentielles selon un point de vue bien défini » [Roy, 2000]. Chaque critère est donc porteur

d’un système d’évaluation permettant la comparaison entre les différentes actions de A. Dans le cadre du domaine des TCSP, un critère peut être le coût du projet, l’impact de celui-ci sur l’environnement ou encore l’impact des travaux de construction.

L'évaluation des actions dépend de la précision des connaissances et de la présence de connaissances erronées. Elle peut, selon les critères utilisés, être considérée comme parfaite, comporter des incertitudes ou être liée à des impressions ou mauvaises connaissances. Trois types de critères sont distingués en fonction de la qualité de l'évaluation qu'ils permettent :

le vrai critère : qui permet une évaluation considérée comme parfaite, sans incertitude ; le décideur est toujours capable de comparer toutes les actions entre elles à l'aide de ce critère ;

le quasi critère, qui permet une évaluation dans laquelle des incertitudes persistent ; le décideur a donc la possibilité de ne pas se prononcer sur la comparaison d’actions à l'aide de ce critère ;

le pseudo critère, qui permet une évaluation liée à des impressions ou des mauvaises connaissances ; le décideur introduit alors deux seuils pour comparer deux actions à l'aide de ce critère :

• le seuil de préférence qui correspond à l’écart pour lequel une nette préférence peut être établie entre deux évaluations ;

• le seuil d’indifférence qui correspond à l’écart pour lequel aucune préférence ne peut avoir lieu entre deux évaluations.

Une famille de critères doit permettre de représenter toutes les facettes du problème multicritère. Elle est dite cohérente lorsqu’elle respecte les conditions d’exhaustivité (tous les points de vue sont pris en compte), de cohésion20 et de non redondance (la suppression d’un critère quel qu’il soit met en défaut l’une des deux conditions précédentes) [Roy, 1985].

20 La condition de cohésion peut être énoncée comme suit : si a et b sont deux actions indifférentes au sens des préférences globales et a’ et b’ deux autres actions obtenues respectivement en dégradant la préférence de a sur

Dans notre recherche, les critères sont des trois types, vrais critères, quasi critères et pseudo critères, et les familles sont construites de manière à être cohérentes afin de pouvoir exploiter au mieux les résultats obtenus par la méthode d’aide multicritère à la décision.

Pour chacun des critères, il est possible d’introduire un seuil de veto qui correspond à un écart intolérable à partir duquel il n’est plus possible de considérer qu’une action a est relativement meilleure qu’une action b, et ce, même si a présente de meilleures performances sur l’ensemble des autres critères.

5.2.2.3. Les problématiques de décision

À partir de la définition des actions et de la famille de critères, il convient de déterminer la problématique la mieux adaptée à l'accompagnement du processus de décision.

L’homme d’étude doit savoir si le décideur cherche à :

− choisir une "meilleure" action ou à élaborer une procédure de sélection (problématique du choix) ;

− trier les actions d’après des normes ou élaborer une procédure d’affectation (problématique du tri) ;

− ranger les actions par ordre décroissant de préférence ou élaborer une procédure de classement (problématique du rangement) ; le plus souvent, on souhaite que cet ordre soit complet, c’est-à-dire que deux actions puissent toujours être comparées entre elles, mais ce n’est pas toujours le cas. L’ordre est alors dit partiel, avec des impossibilités de comparaison (appelées incomparabilités) dues au caractère qualitatif des évaluations, à la présence de connaissances erronées et à des imprécisions mais aussi, dans certains cas, à la multiplication des systèmes de valeurs ;

− décrire les actions et/ou leurs conséquences de façon systématique et formalisée ou élaborer une procédure cognitive (problématique de la description).

Dans le cadre du domaine des transports publics urbains, nous nous sommes placés dans une problématique de rangement des différentes actions (figure 5.6.), en mettant en parallèle leurs points forts et leurs points faibles afin de pouvoir examiner les résultats sur l’ensemble A. En

effet, dans le cadre de notre recherche, nous cherchons à classer l’ensemble des variantes étudiées, afin de pouvoir établir un dialogue avec l’ensemble des acteurs à partir de l’intégralité du classement et pas seulement de la ou des meilleures solutions.

Figure 5.6. Représentation de la problématique du rangement