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Le programme comme un lieu d’épanouissement professionnel et personnel

Chapitre 5 Présentation et interprétation des données

5.6 Le programme comme un lieu d’épanouissement professionnel et personnel

ensemble qu’au fonctionnement des cours. Il semble régner dans ce programme un souci pour la formation d’enseignants aux profils diversifiés. Du cheminement au sein du

programme au choix des travaux de session, le programme laisse à l’étudiant la possibilité de donner une certaine couleur à sa formation. En effet, le programme de formation offre la possibilité aux étudiants de modifier leur cheminement pour qu’ils puissent progresser à leur propre rythme et selon leurs intérêts. Cette caractéristique donne la possibilité à l’étudiant de se définir comme enseignant de manière unique, selon une démarche personnelle et ce, en se spécialisant dans un ou plusieurs domaines qui l’intéressent particulièrement. Qu’il s’agisse de la liberté dans le choix des cours ou des évaluations, ces pratiques témoignent de l'importance accordée au développement d’une identité propre à chaque futur enseignant :

Je rencontre des étudiants de quatrième année qui ont terminé leur mémoire, mais qui n’ont toujours fait aucun stage. Inversement, j’ai rencontré des étudiants de cinquième année qui avaient fait leur stage et travaillaient présentement en milieu scolaire, sans toutefois avoir complété leur mémoire. Dans mon cours de musique, certains étudiants sont en stage en avant-midi, c’est pourquoi il leur arrive de s’absenter, alors que d’autres en sont seulement à leur deuxième année de formation. Je remarque que les étudiants semblent emprunter des chemins différents, ne pas être au même stade au même moment... Une étudiante m’a brièvement expliqué qu'ils sont libres d’organiser leur formation en établissant leur propre plan d’étude10 avec l’accord de la direction du programme. Aujourd’hui, un formateur me disait que les étudiants peuvent choisir de prioriser la formation à la recherche en réalisant les deux projets de recherche d’abord, puis les stages ensuite. Ce dernier me mentionne que dans plusieurs cas, les étudiants choisissent plutôt de faire les stages d’abord. Plusieurs terminent la formation à la recherche à temps partiel, car ils obtiennent souvent de petits contrats ou travaillent comme suppléant (tiré du journal ethnographique, 17 novembre 2013).

Au-delà de la possibilité d’organiser sa progression au sein du programme, l’étudiant a aussi la possibilité d’en choisir le contenu. En effet, la formation comprend deux mineures comptant pour un total de 75 crédits. Le choix du contenu des mineures est laissé à la discrétion de l’étudiant. Il peut alors choisir de 1) peaufiner des compétences liées à la pratique enseignante, 2) se spécialiser dans une discipline ou 3) combiner compétences enseignantes et savoirs disciplinaires. Ces différents parcours constituent une opportunité pour l’étudiant de nourrir sa curiosité intellectuelle tout en personnalisant sa formation :

10 Le plan d’étude est un document dans lequel l’étudiant prédétermine son cheminement au sein du

programme, avec l’aide d’un superviseur qui lui est attitré en début de formation. Le plan peut être révisé d’une année à l’autre afin de mieux s’adapter aux réalités de l’étudiant. Chaque étudiant possède son propre plan, qu’il établit à la fois en fonction de ses intérêts et de ses besoins. Avec l’accord de la direction du programme, l’étudiant peut cheminer à sa manière, en respectant les engagements qu’il a pris dans son plan d’étude.

Aujourd’hui, j’ai pris part au cours d’arts plastiques de niveau «avancé». J’ai eu la permission du formateur pour assister aux cinq prochains cours. En classe, je m’informe auprès de mes collègues à savoir pourquoi il s’agit d’un cours «avancé». Une étudiante m’explique qu’il n’y a qu'un seul cours d’art obligatoire dans le programme de formation et qu’il s’agit d’un cours d’introduction. Les étudiants qui aiment l’art, qui ont du talent en art ou qui cherchent à se spécialiser peuvent faire une mineure en didactique des arts plastiques. Cette mineure de 25 crédits compte cinq cours d’arts plastiques de niveau avancé. Elle me dit qu’elle avait eu envie de se spécialiser en arts, mais qu’une autre étudiante avec qui elle est amie (et que je connais d’un autre cours) avait plutôt choisi de faire la mineure en littérature finnoise. C’est pourquoi elles avaient beaucoup moins de cours ensemble cette année (tiré du journal ethnographique, 15 avril 2012).

La flexibilité offerte par le programme de formation apparaît comme une façon de permettre à chaque étudiant de personnaliser son cheminement. Cette diversité de profil présente, aux yeux des formateurs, des avantages notables sur la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles. Pour ce formateur, le cadre souple qui caractérise le programme contribue au développement d’enseignants intéressants et curieux :

Ce formateur me dit qu’elle/il a pour objectif personnel de ne pas former des enseignants «ennuyeux». Elle cherche à m’expliquer pourquoi elle laisse les étudiants libres de mener les travaux de recherche de leur choix, sans donner trop de consignes. Pour elle, imposer un type de travail (l’essai) et un nombre de pages (10-15 pages, par exemple) est suffisant. Elle préfère laisser l’étudiant explorer des sujets qu’ils n’ont pas le temps de voir en classe, car elle admet ne pas avoir tout le temps dont elle aurait besoin pour couvrir toute la matière. Pour elle, c’est aussi une manière de garder les étudiants motivés et de leur donner la chance d’apprendre sur des sujets qui les intéressent. Pour elle, cette façon de faire nourrit la curiosité des étudiants. Elle explique qu’il fut un temps où elle imposait des thèmes et que les travaux qu’elle recevait alors n’étaient pas aussi bons que ceux qu’elle reçoit aujourd’hui (tiré du journal ethnographique, 9 février 2012).

De plus, en variant l’expertise de chaque enseignant, chacun d'entre eux est vu comme un professionnel indispensable à son milieu de travail, comme le mentionne cet informateur:

J’apprends aujourd’hui par un formateur qui travaillait anciennement à la direction du programme que l’idée derrière les mineures est de donner à chaque futur enseignant une sorte «d’expertise» qu’il pourra faire bénéficier à son milieu de travail. L’exemple donné lors de l’entretien est celui de la mineure ou du programme court en histoire. Le formateur m’explique que l’idée derrière la mineure est que les enseignants en milieu scolaire puissent se fier sur celui qui a une expertise en histoire pour être une ressource pour ses collègues, de pouvoir aider au renouvellement des livres d’histoire à la bibliothèque de l’école, ou commander du nouveau matériel pédagogique par exemple (tiré du journal ethnographique, 11 mai 2012).