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Le système productif néo-zélandais

Section 1 Une production dispersée en de multiples îlots, dédiée aux vins de qualité

Avec 13 442 ha de vignobles en 2002 (18 000 ha prévus en 2005) et entre 6 et 10 millions de caisses produites annuellement sur les cinq dernières années (0,3 % de la production mondiale de vin), l’industrie vitivinicole néo-zélandaise est d’une dimension à peu près inférieure de moitié à celle de la Bourgogne interprofessionnelle (28 300 ha, 15,8 M caisses). Ainsi, alors que la Nouvelle-Zélande est souvent citée parmi les pays néo-viticoles, entre l’Australie, l’Argentine ou encore le Chili, c’est un producteur marginal à l’échelle mondiale, loin derrière un poids lourd comme la Californie (217 M caisses). Dans les années 1990, les exportations ont toutefois crû de façon spectaculaire, de 0,79 millions de caisses en 1992 à 2,55 millions en 2002 (+ 12,5 % en rythme annuel) et plus encore en valeur, passant de 34,7 millions de NZ$ à 246,4 millions (+ 20,5 %).

L’agriculture néo-zélandaise est basée sur les produits de l’élevage (produits laitiers et carnés, laine), de façon secondaire sur les cultures spéciales (arboriculture, maraîchage), les grandes cultures jouant un rôle négligeable dans le système agraire. L’agroalimentaire au sens large représente une part importante du revenu national : les exploitations comptent pour 10,3 % du P.I.B. du pays ; on atteint 20,9 % si l’on ajoute les industries alimentaires et les services à l’agriculture (Source : New Zealand Ministry of Agriculture and Fisheries). La Nouvelle-Zélande fait ainsi partie des quelques pays développés aux exportations dominées

par les « commodities »: sur 31,1 milliards NZ$ de biens exportés en 2002, les produits de la forêt représentent 3,6 milliards (11,6 %) et les marchandises agricoles brutes ou transformées, 16,6 milliards (53,4 %, contre respectivement 12,2 % pour la France et 7,9 % pour les Etats-Unis). Le commerce extérieur du pays est en conséquence très dépendant des ressources naturelles.

En 1984, la Nouvelle-Zélande a connu une expérience de déréglementation économique radicale, marquée pour l’agriculture domestique par la suppression des subsides publiques et l’ouverture unilatérale du marché à la concurrence étrangère (Liepins et Bradshaw, 1999). Membre actif du groupe de Cairns à l’O.M.C., le gouvernement néo-zélandais se fait l’apôtre du libre-échange des denrées agricoles ; l’export y est néanmoins étroitement encadré par la puissance publique, au travers du New Zealand Trade Development Board et de Marketing Boards spécifiques. Ces derniers n’ont pas été démantelés ; ils planifient la production et disposent du monopole des expéditions. Celui des produits laitiers, le Dairy Board, est le premier organisme de mise en marché collective au monde, supervisant 89 filiales et agences, et exportant dans près d’une centaine de pays. Les filières d’export historiques s’appuient sur des exploitations agricoles modernes très efficientes et une solide organisation collective, basée sur les coopératives de producteurs.

La vitiviniculture, quantité négligeable à l’export avant les années 1980 (0,4 M NZ$ en 1980), s’est structurée de façon différente, associant récoltants indépendants et grandes entreprises privées assurant la transformation et la mise en marché. Aujourd’hui, le vin ne vient qu’en neuvième position dans les denrées agricoles exportées par la Nouvelle-Zélande, mais il s’agit d’une marchandise en plein essor et à haute valeur ajoutée.

Table IV.1. Les exportations de marchandises agricoles par la Nouvelle-Zélande, en 2002 (millions NZ$)

Rang Marchandise Valeur des exportations

1 Poudre de lait 3 239 2 Viande ovine 2 258 3 Viande bovine 1 820 4 Fromages 1 417 5 Beurre 1 083 6 Laine 940 7 Kiwi frais 618 8 Pommes 421 9 Vin 252 10 Animaux vifs 158

Total dix premières marchandises 12 209

Autres produits 4 413

Total toutes marchandises agricoles 16 622

Contrairement à l’Australie, la Californie ou la France méridionale, la Nouvelle-Zélande ne met sur le marché, de nos jours, qu’une proportion limitée de vins courants. L’essentiel de la production abonde les segments premium et supérieurs, à partir de variétés classiques européennes (sauvignon blanc, chardonnay, pinot noir, merlot, etc.) ; le dernier bassin de production de variétés grossières, la région de Gisborne, ne représente que 1 774 ha, à 80 % plantés en cépages nobles. La filière domestique, désormais dédiée aux vins « de qualité », compte près de 1 100 entreprises, exploitations agricoles productrices de raisin et metteurs en marché de vin réunis, dont de nombreux entrants récents. Avec 398 opérateurs, la taille moyenne des vineries néo-zélandaises, d’environ 20 000 caisses, est bien inférieure à celle des compagnies californiennes (255 000) ; néanmoins ce chiffre n’est pas éclairant, car de très petites entreprises (TPE), commercialisant moins de 5 000 caisses, et trois gros opérateurs, dépassant le million, coexistent.

Table IV.2. Données générales sur la filière vitivinicole néo-zélandaise.

Nombre de vineries 398

Nombre de récoltants 638

Volume produit (bouteilles de 750 ml) (caisses 9 l.)

118,7 millions 9,9 millions

Croissance des ventes 1994-1999 + 46,5 %

Sources : New Zealand Winegrowers (2002), Bank of New Zealand (2002)

L’activité des vineries – transformation de la matière première, élevage, conditionnement et mise en marché des vins – est en effet particulièrement concentrée, avec 75 % de la production se répartissant entre trois firmes originaires d’Auckland : Montana Wines, House of Nobilo et Villa-Maria.

Table IV.3. Répartition des opérateurs par classe de taille.

Production en caisses Nombre d’opérateurs

Plus de 10 M -

1 à 10 M 1 MONTANA WINES

500 000 à 1 M 3 HOUSE OF NOBILO,VILLA-MARIA,RAUPAURA VINTNERS* 100 000 – 500 000 13 CLOUDY BAY,SAINT CLAIR ESTATE WINE,WHITER HILLS…

50 000 – 100 000 26 ALLAN SCOTT, FORREST ESTATE, HUNTER’S WINE, SEIFRIED ESTATE,

VAVASOUR…

25 000 – 50 000 34 JACKSON ESTATE,PALLISER ESTATE…

5 000 – 25 000 84 ATA RANGI,GREENHOUGH WINERY,NEUDORF VINEYARD… moins de 5 000 237

Total Nouvelle-Zélande 398 * entreprise sous-traitante de vinification

Sources : New Zealand Winegrowers (2002), Australia and New Zealand Wine Industry Directory (2003), Note : les vineries citées ci-dessus, sauf Villa-Maria, ont été enquêtées directement.

Le vignoble néo-zélandais est dispersé, sur un archipel de la surface des îles britanniques, comptant 1 800 km entre Auckland au nord et Central Otago au sud, la région viticole la plus australe du globe.

Comme dans l’ensemble de l’horticulture néo-zélandaise, on trouve une majorité d’exploitations familiales ayant recours à des saisonniers (Perry et al., 1997). Ces trois régions administratives comptent pour 92 % du tonnage récolté en 2002. La transformation du raisin y est dominée par les trois grands opérateurs nationaux, qui vinifient près des ¾ des raisins récoltés dans le pays. La matière première alimente toute la gamme des vins de qualité, de 10 à plus de 100 NZ$ la bouteille.

Cette viticulture discontinue ne prend la forme d’une monoculture que dans le vallée de Wairau, au cœur de la région de Marlborough (Ile du sud). La vigne est également une culture importante dans les régions d’Hawkes Bay et de Gisborne (Ile du nord), où elle côtoie les productions arboricoles. A Marlborough, les récoltants sont généralement spécialisés dans la culture de la vigne, mais certains sont des propriétaires absents ayant recours à des sociétés de service pour les travaux en vignes. Sur Hawkes Bay et Gisborne, les exploitations sont plus diverses : « Les récoltants sous contrat peuvent être soit spécialisés dans la production de raisin soit des horticulteurs pour lesquels le raisin n’est

qu’une culture parmi d’autres »

(Fairweather et al, 2000 , trad. libre).

Carte : M. Hilal © UMR CESAER 2001

Figure IV.1. Les régions viticoles de Nouvelle- Zélande

Les trois principales régions productrices (tonnage 2002) Marlborough 47% Gisborne 23% Hawkes Bay 22% Autres régions 8%

Figure IV.2. Une production régionalement concentrée Source : Bank of New Zealand (2002)

Les autres régions totalisent chacune moins de 600 ha et, en dehors du cas particulier d’Auckland, se sont développées durant les vingt dernières années. La culture de la vigne peut y être relativement concentrée, à proximité de la capitale économique pour le vignoble d’Henderson (Auckland), de la bourgade de Martinborough pour le vignoble de la région de Wellington ou au contraire dispersée, avec des îlots qui peuvent être distants de plusieurs dizaines de kilomètres (Central Otago).

Table IV.4. Le développement spectaculaire du vignoble néo-zélandais

région 1960 1970 1982 1992 2002 Marlborough 0 2 1 214 1 902 5 731 Hawkes Bay 149 327 1 591 1 577 3 463 Gisborne 13 278 1 922 1 498 1 774 Central Otago 0 0 0 25 534 Canterbury 0 0 49 61 482 Wellington 0 1 7 160 475 Auckland 163 658 455 232 470

Sources : Workman (1993), Bank of New Zealand (2002)

C’est une industrie de « cottage » qui s’est développée dans les jeunes vignobles de Central Otago, Canterbury, Nelson et Wellington. Ces territoires se distinguent des trois grandes régions par l’importance numérique des petites vineries familiales, le plus faible nombre de récoltants fournisseurs par rapport à celui des transformateurs, et la faible

implantation des gros opérateurs nationaux. Conséquence de cette structuration, la taille moyenne des domaines y est plus faible, la valeur ajoutée des vins plus élevée avec des entreprises cultivant la rareté, orientées sur les circuits de commercialisation courts.

Table IV.5. Répartition des entreprises par région administrative.

Surface des vignobles *

Région Vineries Récoltants

Médiane Moyenne

Northland 8 0 - -

Auckland 82 12 4,8 5,6

Waikato – Bay of Plenty 13 5 3,1 7,6

Gisborne 17 108 9,3 12,9 Hawkes Bay 53 144 8,0 13,4 Wellington 45 30 3,1 5,1 Nelson 27 27 3,7 7,2 Marlborough 68 236 10,0 16,5 Canterbury 38 27 2,6 4,3 Central Otago 46 43 4,0 4,9 Autres régions 1 6 - - Total 398 638 * vineries et récoltants

Source : Bank of New Zealand (2002), New Zealand Winegrowers (2002)

Sur l’ensemble du territoire national, quinze variétés dépassent la centaine d’hectares plantés, mais deux variétés blanches et trois rouges dominent nettement l’encépagement, par ordre décroissant d’importance, sauvignon blanc, chardonnay, pinot noir, merlot et cabernet sauvignon.

Répartition du tonnage récolté en cépages blancs

(92 108 tonnes, soit 79 % de la production néo-zélandaise)

sauvignon blanc 41% chardonnay 37% riesling 5% müller-thurgau 5% sémillion 3% muscats 3% autres 6%

Figure IV.3. Chardonnay et sauvignon en blanc. Source : Bank of New Zealand (2002)

Répartition du tonnage récolté en cépages rouges

(24 518 tonnes, soit 21 % de la production néo-zélandaise)

pinot noir 43% merlot 26% cabernet-sauvignon 18% autres 13%

Figure IV.4. Pinot noir, merlot et cabernet-sauvignon en rouge. Source : Bank of New Zealand (2002)