Processus : mémorisation, régulation, contrôle

Lorsque l’enseignante donne la lecture à domicile aux élèves, elle s’attend à ce qu’ils sachent “ plus ou moins où rechercher l’information pour que ce soit plus rapide [pour ne] pas avoir à relire tout le texte” (Entretien 2). Pour cela, les élèves doivent avoir mémorisé certaines informations concernant la chronologie de l’histoire, certains organisateurs, etc. pour s’y retrouver. Ces processus sont mobilisés par les élèves, car l’enseignante n’explicite pas vraiment comment s’y prendre pour se retrouver dans un texte, ce qui pourrait aider, même si elle voulait “mettre en avant […] leur manière de travailler” (Entretien 2). Comme il s’agit d’un questionnaire qu’ils connaissent déjà, l’enseignante s’attendait à voir des progrès dans les méthodes de travail, surtout pour les élèves en difficulté, qu’ils aient “une autocritique d’eux-mêmes de leur travail et de se dire […] qu’est-ce que je dois faire la semaine d’après pour réussir” (Entretien 2). Après avoir fait le questionnaire, l’enseignante procède à des mises en commun en mettant en avant les élèves « forts » pour qu’ils expliquent leur manière de faire. Il y a certes une discussion, mais cela ne constitue pas en un vrai moment de construction du contenu, mais plus une régulation.

Ces processus sont aussi travaillés avec les problèmes mathématiques car pour les résoudre, l’enseignante insiste sur le fait de revenir dans le texte. Cependant, elle n’explique pas comment procéder. Les élèves doivent donc mobiliser ces processus. De plus, dans certains problèmes, ils doivent se souvenir et trier les informations importantes (nécessaires pour le calcul), ils doivent donc réguler leur lecture pour comprendre ce dont ils ont besoin pour résoudre le problème, comme dans l’exemple qui suit :

Figure 8 : Fourre 2 Problèmes mathématiques

Même si l’enseignante insiste beaucoup sur ces processus, elle ne prend pas du temps pour les enseigner et expliciter comment les mettre en œuvre. Cependant, elle précise que

Ensuite on va leur donner plus de méthodes […] souligner les informations importantes et puis il y a aussi tous ces problèmes avec des informations inutiles essayer vraiment de leur apprendre à repérer les informations / la question la souligner / parce que là c’était l’introduction puis après il y aura tout le travail autour du problème comment les aider / (Entretien 2)

Nous comprenons donc pourquoi il ne s’agit ici que d’une étape où l’enseignante n’explicite pas encore des stratégies aux élèves; il y aura ensuite un travail plus approfondi sur des méthodes de contrôle de ce type de texte.

Si nous analysons maintenant les questionnaires concernant les livres de Dinomir, nous constatons qu’il s’agit de repérage d’informations, mais de questions impliquant également des inférences. En effet, comme la page où se trouve la réponse est notée à côté de la question, les élèves n’ont qu’à s’y référer et à trouver la réponse, comme nous le voyons dans la Figure 9 (fourre 3) :

Figure 9 : Fourre 3 Extrait d’un questionnaire sur un livre de Dinomir

A travers cette activité, l’enseignante veut travailler le repérage d’informations et moins la compréhension, comme elle nous le précise lors de l’entretien 2:

La recherche d’informations ils y arrivent pas du tout […] la seule chose qui nous intéressait c’était qu’ils aillent chercher qu’ils recopient bêtement l’information qu’ils aient pas parce que certains inventent des choses qui sont juste hallucinantes […] c’est écrit donc c’est vraiment faire ce travail-là […] on vous demande pas de chercher midi à quatorze heure on vous demande juste d’aller chercher l’information et de la recopier/

Les élèves doivent donc simplement chercher une information dans le texte, sans avoir forcément compris l’histoire. A travers les propos de l’enseignante, nous pouvons mettre en évidence l’importance de revenir au texte, de se baser dessus et non d’interpréter car “il y a des questions où on vous demande d’interpréter et il y a des questions où on vous demande juste de répéter ce que le texte a dit” (Entretien 2). L’enseignante montre ici qu’elle veut que les élèves apprennent à se retrouver dans le texte. Cependant, même si sur les feuilles sont notées les numéros de pages, l’enseignante n’explicite pas comment les élèves doivent retrouver l’information. Le questionnaire donne une indication de plus (la page), mais T.S. ne met pas en avant les stratégies qu’ils pourraient utiliser. En effet, les élèves peuvent ici facilement retrouver l’information grâce à la page, mais ils n’apprennent pas à comment le faire s’ils se trouvent face à un questionnaire sans indications de pagination.

Nous constatons que les processus de mémorisation, de régulation et de contrôle se retrouvent également dans l’activité sur le livre Le Père Noël est en retard. Un des exercices demandé était de résumer l’histoire lue ou du moins “écrire ce qu’ils avaient retenu de l’histoire”. Elle a donné l’exercice “comme ça brut et puis repris la fois d’après et puis il y a eu une espèce de validation de la classe de ces résumés est-ce que ça c’est juste ” (Entretien 2). L’enseignante n’a donc pas préalablement travaillé ce qu’était un résumé, mais elle en a rediscuté après avoir lu les productions des élèves

Est-ce que c’est bien dans cet ordre-là […] c’était juste de pouvoir voir ce qui était compris et puis pouvoir en discuter / qu’est-ce qui est intéressant quand on raconte une histoire déjà commencer par le début puis quand même raconter un minimum parce que sinon il y a pas d’intérêt […] (Entretien 2)

On pourrait ainsi faire l’hypothèse que, à travers cette activités, T.S. voulait mettre en évidence le contenu et la chronologie des événements. De ce point de vue, le processus de représentation des significations du texte, les représentations que fait l’élève des contenus thématiques présents et organisés dans le texte est également mobilisé dans cette activité.

Nous pouvons dire que l’enseignante aborde avec les élèves le résumé, en relevant le contenu qu’il doit y avoir. Cependant, elle n’enseigne pas comment relever et sélectionner les contenus importants lorsque nous résumons un texte. Il n’y a donc pas de construction des processus en question, mais une mobilisation.

Notons aussi que l’enseignante a comme but que les élèves “essaient de comprendre tout seuls qu’ils demandent eux-mêmes qu’ils soient dans une démarche active de je

comprends pas ce mot voilà” (Entretien 2). Elle attend donc d’eux qu’ils contrôlent leur lecture et puissent poser des questions s’ils ne comprennent pas un mot. Cette remarque de l’enseignante a été faite lorsqu’elle parle du questionnaire du Père Noël est en retard, lorsqu’elle explique qu’elle leur laissait un moment après la lecture pour poser des questions sur le vocabulaire. Il s’agit de mettre en évidence qu’elle peut être une source de vocabulaire, une référence pour leurs incompréhensions.