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PROBLÉMATISATION, HYPOTHÈSES ET MÉTHODOLOGIE

A. Problématiser la recherche

Après avoir traité des éléments de contextualisation, nous allons maintenant préciser le cheminement de pensée qui a amené à définir la problématique générale. Comme nous l’avons évoqué dans l’introduction, notre sujet a évolué au cours de notre étude. Initialement, nous avions pensé ce chapitre à l’aune du triptyque : Gouvernance, évolution des besoins et modes d’intervention. Pour plus de facilité, malgré le changement de titre, nous gardons la même démarche de réflexion. Nous le verrons, d’ailleurs, certaines orientations peuvent s’inscrire dans plusieurs courants à la fois, puisque nous avons traité ce chapitre de façon décloisonnée.

A.1. Gouvernance

Nous avons avancé ce que recouvrait pour nous la gouvernance dans le deuxième chapitre. Nous postulons qu’il existe deux dimensions à privilégier : l’une, interne ; l’autre, externe.

A.1.1. La gouvernance interne

La gouvernance interne tient en priorité aux divers contacts qui se nouent au sein de l’institution.

Tout d’abord, nous nous intéresserons aux liens entre les directions, et plus précisément, entre les services. Nous l’avons vu, le CCAS est divisé en quatre directions (Solidarités, Autonomie, Direction générale et Secrétariat général). Dès lors, comment s’articule cette organisation ? L’organigramme est-il révélateur du fonctionnement ? Quelle est la réalité du pilotage de ces services ? De même, il s’agira, à travers cet axe, d’investiguer les rapprochements existants entre les services, pour notamment observer si la transversalité est une réalité ou non. En identifiant les fonctionnements et les dysfonctionnements entre et dans les administrations, nous serons à même d’effectuer quelques propositions en vue d’accompagner la réflexion sur l’avenir de l’institution.

Ensuite, nous nous interrogerons quant aux relations entre les Élus et la Direction générale : c’est la construction de la politique sociale locale en elle-même que nous étudierons. Comment se crée le croisement du technique et du politique ? Quelles sont leurs places respectives ?

Enfin, nous nous pencherons sur le Conseil d’administration (CA). Nous l’avons abordé, le statut particulier d’établissement public autonome confère au CCAS un Conseil regroupant des élus, mais aussi des représentants désignés de la société civile. Par conséquent, quel poids a réellement ce CA dans le processus décisionnel de l’institution ? Est-ce lui qui impulse, propose, définit la politique générale, ou, au contraire, n’est-il qu’une "chambre d’enregistrement" ? Les administrateurs élus et désignés ont-ils le même rôle ? Leurs propositions sont-elles écoutées et incluses dans la ligne politique générale ?

A.1.2. La gouvernance externe

Cette facette de la gouvernance tient aux relations externes et partenariales. Nous ne considérerons pas le CCAS comme une "forteresse", comme cela a pu être présenté dans le retour sur les 40 ans. Nous jugeons cependant utile d’examiner les liens de façon objective pour mieux comprendre le milieu dans lequel évolue la structure aujourd’hui.

La première coopération sera celle liant la Mairie et l’institution. Le CCAS étant rattaché à la municipalité (le maire en est le président), quels sont les rapports entre ces deux organisations ? Le lien avec la Mairie se résume-t-il à la subvention accordée ? Quel regard

cette dernière porte-t-elle sur l’action sociale municipale ? Et quelle implication a-t-elle dans la politique que le Centre d’action sociale mène ?

À l’inverse, quelle influence le CCAS a-t-il dans la politique de la Ville ? Est-il inclus dans une vision transversale de la politique ? Certains services municipaux peuvent paraître proches des services sociaux : quels liens ont-ils réellement entre eux ? Enfin, qu’est-ce que cela implique ?

Le deuxième élément qui nous interpelle tient aux rapports avec les collectivités locales partenaires, notamment le Conseil départemental, chef de file de l’action sociale sur son territoire. Comment se définit la politique communale au regard de celle du Département ? Comment sont définis les publics et les territoires d’intervention ? Leurs rôles sont-ils bien distincts ?

Pour terminer, nous étudierons plus largement les différents partenariats : associations, Caisse d’Allocations familiales (CAF), Direction départementale de la Cohésion sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP) et Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) auront une certaine importance pour notre recherche. Quels sont les liens avec ces partenaires ? Les relations sont-elles horizontales ou verticales ? Quels sont les projets menés conjointement ?

A.2. L’évolution de l’analyse des besoins

La question de l’analyse des besoins des publics se pose de façon chronologique. L’avantage n’est pas de sérier la totalité des données que nous avons pu collecter : réaliser simplement une liste n’aurait pas de réel intérêt scientifique. C’est plutôt dans la compréhension de l’évolution des réponses apportées que notre analyse prend sens.

A.2.1. Par le passé…

Les premiers éléments du passé ont pu être analysés grâce au projet sur les 40 ans. Il s’est agi de comprendre quels étaient les besoins sociaux lorsque le CCAS a pris sa "nouvelle" appellation. L’enseignement principal relève que les besoins passés n’ont plus de commune mesure avec ceux actuels.

Analyser ces besoins, c’est aussi s’inspirer des solutions mises en œuvre par le passé pour penser l’action présente. De quelle façon, en prenant appui sur les observations de nos prédécesseurs, toutes proportions gardées, pouvons-nous accompagner la réflexion sur l’avenir ?

A.2.2. L’analyse des besoins aujourd’hui

Concernant les besoins actuels, nous cherchons tout d’abord à comprendre quelle perception les professionnels en ont. Ont-ils tous observé la même évolution ? Existe-t-il des différences en fonction des statuts, des métiers ou des catégories ?

Nous travaillerons aussi sur l’Analyse des Besoins sociaux (ABS). Cette analyse doit être réalisée annuellement et prendre en compte l’ensemble des besoins de la population du territoire communal. Comment ce document est-il construit et conçu ? Quelles réalités met-il en exergue ? L’ABS doit, selon la loi, être la base de la politique sociale locale : est-ce une réalité ? Permet-elle d’éclairer la décision ou justifie-t-elle en aval une politique menée ? Enfin, nous nous intéresserons à la façon dont les différents acteurs s’emparent des résultats, qu’ils soient internes (les élus de la Ville de Besançon et au sein des services), ou externes (avec les partenaires comme la CAF, la CPAM...).

A.2.3. Anticiper les besoins de demain

Pour traiter cet axe, nous n’effectuerons pas une analyse prospective des besoins de demain. Nous prendrons en compte les analyses passées et actuelles pour tenter de définir une tendance globale. Nous ne pouvons déterminer avec précision l’avenir. L’avantage de cette approche réside dans l’articulation des perceptions des différents acteurs pour établir une démarche originale.

A.3. Les modes d’intervention

Pour ce dernier point, il s’agit de s’interroger sur les mutations du travail social, même si nous ne centrerons pas notre réflexion sur cette problématique, comme le font Michel Autès, Michel Chauvière ou Jacques Ion entre autres. C’est plutôt à partir de leurs recherches que nous

baserons notre raisonnement. Nous tenterons de comprendre comment ces évolutions agissent sur les pratiques professionnelles au sein de l’institution : Touchent-elles le CCAS ? Comment les agents vivent-ils ces bouleversements ? Nous allons, pour ce faire, observer les changements et interroger les acteurs concernés pour qu’ils témoignent de leurs usages quotidiens.

De même, c’est à travers les réformes législatives et politiques que les modes d’intervention peuvent évoluer. Ces transformations jouent-elles un rôle dans la politique d’intervention à Besançon ? Quels effets cela produit-il pour les fonctionnaires ? Nous touchons à l’intervention, tout en croisant l’axe de l’évolution des besoins : si les pratiques professionnelles évoluent, c’est l’action sociale en général qui s’en trouve modifiée.

Pour terminer, nous nous interrogeons sur l’émergence de nouvelles professionnalités. Qui sont les nouveaux intervenants sociaux ? Quelle place ont-ils au sein de l’institution ? Nous observerons s’il existe, ou non, de nouvelles familles professionnelles. Puis, nous étudierons leur influence dans les nouvelles prises de décision. Répondent-ils à un nouveau besoin ? Vont- ils rebattre les cartes de la formation en travail social ?

A.4. La problématique générale

À la suite de ce développement, la problématique générale se dégage : elle englobe à la fois toutes les orientations abordées précédemment, en faisant référence au présent et au futur. Elle correspond à la manière dont nous interrogeons les phénomènes observés et étudiés.

« Construire sa problématique revient à répondre à la question : comment vais-je aborder ce phénomène ? » (Van Campenhoudt et Quivy, 2011, p. 105.)

Pour la constituer, plusieurs manières se sont offertes à nous : d’un côté, il nous était possible de « retenir une approche théorique existante, adaptée au problème étudié et dont on

a bien saisi les concepts clés et les idées principales » (ibid., p. 102) ; de l’autre, nous pouvions « fabriquer une problématique ad hoc à partir d’éléments (concepts, hypothèses, questions de recherche) puisés dans différentes approches théoriques existantes » (ibid., p. 103).

C’est cette deuxième possibilité que nous avons retenue, en considérant les propos d’Anselm Strauss et Juliet Corbin : « L’objectif principal de [la] recherche qualitative est de

de manière à ce qu’elle permette la flexibilité et la liberté d’explorer un phénomène en profondeur. » Dès lors, « même si la question initiale débute de manière large, elle devient progressivement plus étroite et plus ciblée durant le processus de recherche, au fur et à mesure que les concepts et leurs rapports respectifs sont découverts » (Strauss et Corbin, 2004, p. 65).

Notre problématique prend ainsi la forme suivante : « Dans quelle mesure le CCAS peut-

il, et pourra-t-il, s’adapter aux évolutions qui le touchent ? »

Face à ces nombreuses interrogations, plusieurs hypothèses émergent.