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PROBLÉMATISATION, HYPOTHÈSES ET MÉTHODOLOGIE

B. Hypothèses de recherche

Nous proposons une approche hypothético-déductive : après avoir constitué notre corpus bibliographique et effectué les premières observations, nous avons émis des hypothèses. Nous les mettons à l’épreuve lors de notre étude de terrain. Pour Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy, « l’organisation d’une recherche autour d’hypothèses de travail constitue le meilleur

moyen de la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l’esprit de découverte et de curiosité propre à tout effort intellectuel digne de ce nom […]. L’hypothèse traduit par définition cet esprit de découverte qui caractérise tout travail scientifique […]. Elle se présente comme une présomption non gratuite portant sur le comportement des objets réels étudiés »

(ibid., p. 127). Mais l’hypothèse ne s’en tient pas seulement à cela : « [Elle] procure à la

recherche un fil conducteur particulièrement efficace qui […] remplace la question de recherche » (ibid.)

Par ces hypothèses, nous cherchons à rendre « [intelligible] le réel » : « Dès que la

science a pris certaines distances vis-à-vis de ses propres investigations pour tenter d’en dégager les présupposés et les implications, une question très délicate se pose au sujet des interactions entre, d’une part, la "recherche" et, de l’autre, […] le "réel" […] dans lequel nous nous situons » (Ferréol et Deubel, 1993, p. 89.)

Nous reprenons, comme cela a été le cas pour la problématisation, le triptyque issu du titre initial de cette étude. À nouveau, cette séparation ne se retrouvera pas dans le

développement des deux parties suivantes, mais nous permet de classer les hypothèses en fonction des axes. Quelques-unes possèdent néanmoins des éléments correspondant à plusieurs orientations.

B.1. La gouvernance

La première hypothèse relevant de la gouvernance tient en ces termes : Le CCAS est dans un

"entre-deux" aujourd’hui vis-à-vis de ses partenaires : entre décideur et subordonné. Il n’a pas une place clairement définie, ce qui le met en tension. Cette hypothèse tient compte de la

difficulté de l’institution à bien définir sa place dans le mille-feuille administratif. C’est prioritairement une question de gouvernance externe. Nous concevons la structure comme décideur quand elle met en place de nouvelles politiques, et comme subordonnée quand elle gère certains publics pour le compte d’autres partenaires.

Cet entre-deux s’observe notamment en scrutant le passé. Nous l’avons déjà dit, la politique bisontine a pu être perçue comme très en avance en matière d’aide et d’action sociale. Le passage du faire seul au faire avec n’est pas totalement consommé et reste encore problématique à l’heure actuelle dans les modes de fonctionnement. La place n’est pas clairement définie et l’envie d’être encore la figure de proue du social peut se fait sentir. Le terme « tension » n’est donc pas surfait.

Notre deuxième hypothèse porte sur le Conseil départemental : La politique sociale du

Conseil départemental peut apparaître en conflit avec celle du CCAS. C’est la question du

"territoire pertinent" qui est posée. Ici, deux éléments sont sous-tendus. Tout d’abord, nous cherchons à confronter deux strates de politiques : communale et départementale. Nous présupposons qu’il existe une différence entre les deux, et que l’une est prépondérante sur l’autre. Ensuite, c’est le territoire que nous mettons à l’épreuve. À l’instar de certains chercheurs, nous interrogeons la possibilité de définir un territoire pertinent. Le CCAS peut-il endosser seul cet habit ? Le terme "conflit" peut s’avérer fort. Pourtant, nous supposons qu’il peut être créateur, structurant et non perturbateur. À l’instar de Jean-Yves Dartiguenave, lorsqu’il reprend l’analyse de Georg Simmel dans son intervention Médiation, négociation,

régulation (lors du colloque Médiations et régulations organisé par le C3S en mars 2015), nous

ne confondons pas "conflit" et "crise", et cherchons à en explorer le jeu d’opposition structurel (Dartiguenave, 2015). Anthony Giddens, lorsqu’il présente une théorie de la structuration,

explique : « Il est de première importance de reconnaître qu’une situation "d’absence de

choix", dans laquelle peut se retrouver un individu socialement contraint, ne doit pas être assimilée à une dissolution de l’action comme telle » (Giddens, 2005, p. 63.) C’est sur ce

principe que nous appuierons notre analyse des relations interinstitutionnelles.

Notre troisième hypothèse tient à la gouvernance interne au sein de la collectivité. L’institution est régie par un double pilotage : politique et technique. Nous présupposons ainsi que le pilotage au sein du CCAS n’est pas équilibré. Le Conseil d’administration est perçu par

les administrateurs comme étant une "chambre d’enregistrement". Le tandem "politique- technique" n’est pas un couple naturel. Ce n’est pas un jugement de valeur, nous cherchons à

observer les faits comme ils apparaissent dans la réalité. Nous présupposons qu’un déséquilibre existe entre ces différentes composantes.

B.2. L’évolution des besoins

Notre quatrième hypothèse, relative à l’analyse de l’évolution des besoins se rattache à une observation : La prise en charge des publics répond d’un croisement entre réalités de terrain

observées et décisions politiques. Ceci explique les différences de prises en charge des publics cibles du CCAS, à travers des périodes distinctes. Cette hypothèse reprend deux logiques dont

nous avons déjà évoqué la teneur : top-down (descendante) et bottom-up (ascendante). Nous partons du postulat qu’elles s’équilibrent et que, ni l’une ni l’autre n’est avantagée : nous mettons sur le même plan l’inspiration d’un élu et l’observation d’un agent social.

L’hypothèse suivante reprend les enseignements des contextes de l’innovation, notamment sur l’évolution législative, réglementaire et normative : L’évolution réglementaire

et les actes de décentralisation jouent un rôle fondamental dans l’évaluation des besoins. Ce

ne sont pas tant les besoins en tant que tels qui sont influencés par l’évolution des lois, mais, de façon globale et générale, les processus (modes de fonctionnement, détection des besoins, pratiques professionnelles, personnes...). En reprenant les premières bribes de comparaison que nous avons pu effectuer grâce à la phase préliminaire, nous pouvons dire que les prises en charge et l’action n’ont pas été les mêmes avant et après les actes de décentralisation. Nous allons chercher à mieux détailler le fait que les lois et les évolutions réglementaires agissent sur la politique générale de l’institution.

Une autre hypothèse touche aux différences entre les politiques sociales communales et celles nationales : Un hiatus est perceptible entre les politiques sectorielles de l’État et les

politiques territoriales menées localement : elles ne se correspondent pas ou plus. Ici, il est

question de deux approches pouvant s’avérer antinomiques. L’État, par la déconcentration qu’il met en place, et par ses services installés sur les territoires, impose une vision sectorisée. À l’inverse, l’intervention communale s’inscrit maintenant dans une démarche plus centrée sur le local. Nous supposons que ce hiatus provoque un blocage du développement de nouvelles politiques.

Enfin, la dernière hypothèse de cet axe tient compte de l’Analyse des Besoins sociaux :

L’ABS, réalisée annuellement, est un document très axé sur le quantitatif et paraît, de ce fait, trop "lourd". Il ne profite pas aux divers partenaires et aux autres services de la Ville. Cette

hypothèse peut sembler excessive, mais nous postulons que l’analyse n’a pas la place qu’elle devrait avoir : un dossier participatif à visée universelle, qui permettrait aux acteurs de s’en saisir pour mener une politique commune. Ce sera, par ailleurs, la méthodologie d’élaboration de l’outil que nous mettrons à l’épreuve par cette hypothèse.

B.3. Les modes d’intervention sociale

La huitième hypothèse traite des modes d’intervention et reprend le concept de Nouvelle Gestion publique (NGP) : Les agents du CCAS sont touchés par la Nouvelle Gestion publique

qui influence directement leurs pratiques quotidiennes. La NGP s’innerve dans les collectivités

publiques, pour y imposer ses pratiques. Nous cherchons, par cette hypothèse, à signifier que les agents ressentent au quotidien ces méthodes de management : le paradigme gestionnaire s’inscrit dans leurs savoir-faire respectifs.

Découlant de cette hypothèse, la neuvième relève d’un glissement en cours dans l’institution : Une contradiction s’observe entre deux modèles : la bureaucratie et le New public management. Cela crée des tensions et des paradoxes qui jouent sur les mœurs

professionnelles. À travers cette hypothèse, nous voulons souligner que l’institution se trouve

au croisement de deux modèles contraires. La bureaucratie est hiérarchisée et fermée, là où le

La dizième hypothèse tient à la perception des acteurs sur l’avenir de la structure : Les

agents s’interrogent sur l’avenir du CCAS et sur leurs pratiques respectives. Ils estiment ne pas trouver de réponses. L’avenir de la collectivité et les compétences nous ont fortement intéressé.

Nous supposons que ces mêmes agents n’ont pas connaissance de l’orientation politique générale actuelle. Cela crée un flou qui amène beaucoup de professionnels à questionner la pertinence de leurs interventions.

La onzième hypothèse porte sur l’évolution du travail social, vu sous le prisme de la formation : Il est possible de déceler un décalage entre la formation des travailleurs sociaux et

les réalités de terrain. Pour le vérifier, nous ne comparerons pas un programme de formation

avec l’expérience de terrain. Nous nous appuierons seulement sur les constats que peuvent émettre, entre autres, les travailleurs sociaux sur leurs stagiaires. Bien que cela garde une part importante de subjectivité, croiser plusieurs témoignages nous permettra de proposer une analyse pour le moins tangible.

La douzième hypothèse se rapporte à la précédente. Nous postulons qu’il existe, de la

part des travailleurs sociaux, une divergence entre les anciennes et les nouvelles perceptions de l’action. Une différence règne entre les modes d’interventions des travailleurs en poste

depuis plusieurs années et les professionnels plus récemment arrivés. Nous cherchons à mettre cela en parallèle avec l’évolution des besoins pour nous demander si ces problématiques intergénérationnelles peuvent avoir une influence sur l’accompagnement des personnes.

Pour terminer, nous postulons que de "nouvelles professionnalités" du travail social

émergent, ce qui complexifie l’intervention. Nous pensons que le schéma habituel évolue et

participe à une nouvelle vision de l’action. Au-delà des statuts usuels, tels qu’assistante sociale, éducateur spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale, ce sont de nouveaux profils qui apparaissent, et rebattent les cartes de l’intervention sociale37.

Après avoir présenté les différentes hypothèses, nous allons maintenant expliquer quelle a été la méthodologie de réalisation de l’enquête.

37 Voir à ce propos : FERRÉOL Gilles, PAGÈS Alexandre et LAFFORT Bruno (sous la dir. de) (2014), L’Intervention sociale en débats. Nouveaux métiers, nouvelles compétences ?, Bruxelles, Intercommunications.

C. Méthodologie

Pour mener à bien notre recherche, nous avons détaillé trois phases. Premièrement, un temps de lectures et de constitution d’un corpus bibliographique ; ensuite, l’étude de terrain ; enfin, la rédaction du manuscrit de thèse.

C.1. Recherche bibliographique et documentaire

Lors du projet initial 40 ans d’action sociale bisontine, nous avons pu explorer les premières références bibliographiques. N’ayant que peu de connaissances théoriques sur ce qu’était une innovation sociale, il nous a fallu sonder la littérature spécialisée pour comprendre ce qu’elle recouvrait. Ce sont les lectures autour de l’analyse systémique qui ont ainsi guidé notre réflexion. Grâce à elles, nous avons pu prendre de la hauteur et intégrer de nouveaux environnements au processus, ce qui a permis d’observer plus finement leurs interactions.

En parallèle, au croisement de la sociologie et de l’histoire, plusieurs archives ont pu être explorées. Ce sont une centaine de "boîtes" qui ont été dépouillées, grâce au concours bienveillant du service Archives contemporaines de la Ville de Besançon.

La première année de thèse a été consacrée à nouveau à la lecture d’ouvrages spécialisés. Plusieurs axes ont orienté le choix des références, aidés par les conseils avisés de notre Directeur de thèse.

Un autre exercice a consisté à faire une veille documentaire. Face à un terrain en constante évolution, il nous fallait être au fait des évolutions législatives et réglementaires, tant nationales que locales, voire même internes à l’institution (mouvements de personnels, nouvelle orientation politique...) : c’est à travers de nombreux articles, notes ou documents que ce travail a été réalisé. Le soutien du service Documentation de la structure a d’ailleurs été important, il convient de le noter.

Enfin, pour terminer, nous avons pu participer à de nombreuses journées organisées par des organismes sur des sujets divers, afin de nous familiariser avec les pratiques

professionnelles et les mouvements administratifs et législatifs. Le tableau suivant récapitule les différents thèmes :

Date Organisme Thème

4 avril 2014 UDCCAS du Doubs Droit des étrangers

11-12 septembre 2014 ANCCAS

37e Rencontres : L’action sociale de proximité au cœur du développement

durable

7 octobre 2014 IRTESS-PREFAS

Bourgogne

Gouvernance des politiques sociales pour les territoires de demain

15-16 octobre 2014 UNCCAS

67e Congrès : Les CCAS au cœur des solidarités. Observer, coordonner,

agir

13 novembre 2014 ODAS 30 ans de décentralisation. Bilan et

perspectives

21 novembre 2014 ODAS

11e Rencontres sociales : Soutien à l’autonomie : du bilan aux

perspectives

12 mars 2015 UDCCAS Comprendre la précarité énergétique

11-12 juin 2015 ANCCAS

38e Rencontres : Vers un nouveau partage de l’action sociale de

proximité

29 septembre 2015 UNCCAS Réforme territoriale, loi NOTRe…

Et maintenant ?

26 novembre 2015 UDCCAS du Doubs

L’intercommunalité sociale : Quand l’action sociale devient un enjeu de

territoire

19 janvier 2016 UNCCAS L’innovation sociale dans l’action

publique locale : Utopie ou réalité ?

9-10 juin 2016 ANCCAS

39e Rencontres : Cadre de l’action sociale : du doux rêve… aux dures

réalités

C.2. L’Étude de terrain

Nous avons exploité plusieurs outils sociologiques empiriques pour nous permettre d’observer finement notre objet.

C.2.1. Les entretiens semi-directifs

La constitution du panel

Comme pour toute recherche qualitative, plusieurs entretiens semi-directifs ont été menés. Concernant la première étude relative à l’innovation, nous avons pu en réaliser 26. Les personnes rencontrées ont été des élus de la mandature et ceux de mandatures précédentes, des directeurs actuels et anciens, des administrateurs, des travailleurs sociaux ou des représentants de syndicats. L’intérêt principal était de croiser les regards. Ces premières interviews ont pu être mises à contribution pour la phase actuelle.

Pour cette présente recherche, un panel des personnes à rencontrer a été créé. Nous avons exprimé le souhait d’interroger un grand nombre d’agents, toutes catégories confondues, sans se concentrer sur les postes de directeurs ou sur les élus de la Ville (même si ceux-ci représentent la plus grosse part avec 28 personnes, dont 18 Directeurs  actuels ou anciens  et 10 élus). Le but était d’obtenir une multiplicité de points de vue pour rendre notre analyse la plus objective possible. C’est pourquoi nous avons aussi sollicité deux agents d’accueil, trois travailleurs sociaux, trois agents de la Ville et un de la CAGB, et enfin cinq administrateurs.

En outre, et pour investiguer de nouveaux axes, nous avons intégré des agents extérieurs au CCAS et à la Ville de Besançon : par exemple, trois partenaires institutionnels (dont la CAF, la DDCSPP et la CPAM), deux responsables associatifs (La Banque alimentaire et France Bénévolat) et trois responsables syndicaux (issus de la CGT et de la CFDT). Ils ont permis d’apposer un regard plus distancié sur l’institution, grâce aux partenariats et aux collaborations dont ils ont fait état.

Dans le but d’être encore plus exhaustif, vingt personnes se rendant au CCAS (ou aux ASQ), ou locataires de L’Agora, ont aussi été rencontrées. Pour ce faire, il s’agissait de cibler nos objectifs. Le premier était avant tout de comprendre la raison de leurs visites. De même,

nous nous demandions si ces personnes avaient été orientées ou si elles étaient venues d’elles- mêmes. Enfin, leurs capacités d’"usagers-experts" a permis d’effectuer une comparaison entre les accueils des différents partenaires.

Pour ne pas biaiser cette démarche, nous avons laissé le hasard faire les choses : après avoir fixé une journée aléatoire dans le calendrier, nous avons attendu que les personnes entrent dans le service. À la Maison des Seniors et aux ASQ, nous avons souhaité que les entrevues avec les travailleurs sociaux soient terminées, pour ensuite proposer un court entretien. Cette méthode a amené à une pluralité de situations, tout en trouvant des points de convergence.

Au sujet des locataires de L’Agora, le directeur de la structure nous a lui-même orienté vers certaines personnes.

Fonction ou Catégorie

Nombre d’entretiens

réalisés

Cadres A du CCAS, dont :

Directeurs actuels ou anciens Autres cadres 25 14 11 Personnes accueillies 20 Comparaison territoriale 10 Élus 10 Personnel Ville/CAGB 6 Partenaires 6

Travailleurs sociaux et catégorie B du CCAS 5

Administrateurs du CCAS 5

Agents de catégorie C du CCAS 4

Syndicalistes 3

Ce panel a pu être validé et amendé tant par le CCAS que par l’Université, dont le tableau donne le récapitulatif38.

L’élaboration d’un canevas

Après avoir défini les axes d’investigation qui pouvaient convenir à toutes les parties (institution et université), nous avons élaboré un canevas d’entretien. Celui-ci n’est pas universel et a été adapté, compte tenu des différents statuts des enquêtés39.

Par exemple, les thèmes abordés avec un élu ou avec une personne accueillie ne peuvent être semblables, mais certains se recoupent néanmoins. Il en est ainsi de la perception de l’action générale.

Les questions sont volontairement très ouvertes : les enquêtés peuvent y répondre librement et argumenter. Il fallait toutefois être vigilant à un écueil : exerçant au quotidien au sein de l’institution, le risque de biaiser les réponses par des termes orientées était réel. Nous devions minimiser le plus possible cet effet.

La réalisation des entretiens

À la suite de nos demandes pour rencontrer les enquêtés, nous avons eu très peu de refus. Les personnes contactées ont paru, pour la grande majorité, très intéressées par la démarche et nous recevaient volontiers. Quelques-unes ont hésité à répondre à nos sollicitations, mais acceptaient lorsque nous précisions notre demande. Naturellement, nous avons rencontré quelques oppositions, mais de façon sporadique.

Au sujet des personnalités politiques de premier plan (Président d’une collectivité ou Directeur), nous avons bénéficié de l’appui notable de certains collègues qui ont favorisé le processus.

38 Nous utilisons le vocable "entretiens réalisés" et non "personnes rencontrées", car parfois une même personne a

pu être rencontrée plusieurs fois.

La plupart des entretiens se sont déroulés dans les bureaux respectifs des enquêtés. Les entrevues ont duré en moyenne une heure, avec certaines pouvant dépasser deux heures. En règle générale, les entretiens ont plutôt été faciles à conduire, les réponses étant argumentées sans relance excessive. Certaines personnes, plus loquaces que d’autres, ont dû être recentrées vers le sujet initial, sans toutefois être coupées pour ne pas passer à côté d’éléments importants.

La retranscription

Nous avons pris le parti de retranscrire tous les entretiens en intégralité40, et ce pour trois

raisons :

- lors de l’interview, ou ensuite pendant l’écoute de l’enregistrement, il se peut que des données importantes ne soient pas bien perçues. À la lecture, à l’inverse, il est possible de mieux percevoir les propos "entre les lignes". De plus, l’impression en version papier des retranscriptions permet une annotation manuscrite ;

- la deuxième raison, comme nous l’indiquons dans l’introduction générale, tient à la place des entretiens dans notre document. En n’ayant plus qu’à sélectionner les extraits, la rédaction du manuscrit s’en trouvait facilitée ;

- Enfin, lors d’une formation doctorale, nous avons découvert un logiciel de textométrie : TXM. Il permet de comptabiliser rapidement les termes employés dans les entretiens. Il a ainsi aidé à l’émergence de mots-clés souvent évoqués, en corrélation avec le statut et la profession de l’enquêté.

Cette tâche, à première vue fastidieuse, a finalement servi l’analyse pour la rendre plus objective et de meilleure qualité.

C.2.2. Le questionnaire

Pour compléter les entretiens semi-directifs, et sachant qu’il n’était guère possible de rencontrer tous les agents du CCAS, nous avons élaboré un questionnaire41. Celui-ci n’a pas vocation à

produire des statistiques brutes, même s’il permet de mesurer, par le biais d’échelles