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La problématisation théorique correspond à l’opération de sélection qui concerne non seulement l’objet de l’étude (les discours conversationnels sur les accommodements raisonnables), mais aussi l’angle par lequel je souhaite approcher cet objet ou pour le dire autrement, la délimitation de la situation à étudier. L’effort intellectuel au cours de cette opération consiste à éviter d’être désorientée par la richesse que m’offrent les observations du terrain général : les lieux de débats ou les arènes où se confrontent les points de vue par rapport à la thématique de l’exercice de la liberté de religion dans le contexte de la neutralité religieuse de l’État.

Comme je l’ai précisé dans l’introduction de ce chapitre, la théorisation enracinée est adoptée dans cette recherche en tant que méthode générale de recherche et non pas seulement comme une méthode d’analyse des données. Ainsi, j’ai considéré toutes les données susceptibles de m’informer sur ma thématique de recherche : le débat public autour de l’exercice de la liberté de religion dans le contexte de la neutralité religieuse de l’État. Alors que je ne savais pas encore quel cas d’étude allait occuper mon observation de la confrontation des points de vue par rapport à cette question controversée, je savais que mon objet d’étude ne pouvait être étudié sans le circonscrire dans des limites à l’intérieur desquelles je peux investiguer ou pour le dire plus concrètement, sans une focalisation sur une situation concrète de communication.

En d’autres mots, cette thématique n’est saisissable, qu’à travers des formes de discours qui lui donnent du sens. En effet, envisager une focalisation sur un problème public, c’est aussi s’intéresser aux médiatisations par lesquelles le problème social devient « public », aux discours dans lesquels il est rendu public. La spécificité de mon ancrage disciplinaire (la communication publique) et son aptitude à articuler arène et discours, pratique et dispositif, m’a amenée à m’interroger sur l’arène qui délimite mon étude, c’est-à-dire le lieu où la confrontation des points de vue est rendue publique. Cette orientation méthodologique répond à une attitude que je peux qualifier de naturaliste, en harmonie

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avec les principes de la théorisation enracinée : « Naturalism implies a profound respect for the character of the empirical world » (Denzin, 1977 : 31). Cette attitude permet d’accéder, contrairement aux méthodes expérimentales, à un terrain in vivo.

En vue de sélectionner une arène de discours, j’ai eu recours au journal de bord que je tiens depuis l’année 2008. Tout en observant des arènes (articles de presse, des blogues, des forums de discussion, des débats télévisés, etc.) où se discute la thématique de l’exercice de la liberté de religion dans le contexte de la neutralité religieuse de l’État, je prenais des notes qui me paraissaient significatives. Une note dans mon journal de bord tenu tout le long de ma scolarité au doctorat a retenu mon attention. J’ai rédigé à la suite d’une rencontre informelle avec une personne qui m’a indiqué qu’« un groupe de personnes du Centre Culturel islamique du Québec travaille sur la rédaction d’un mémoire qui sera déposé au Secrétariat des Commissions au plus tard le 7 mai 2010 dans le cadre d’une consultation générale sur le projet de loi no 94 ». (Extrait de mon journal de bord, février 2010).

Comme le recommandent les méthodologues de la théorisation enracinée, le cas devrait être choisi en fonction des éléments théoriques qui sont présents dans les paramètres de l’objet de recherche (Guilemette et Lockerhoff, 2009 ; Gagnon, 2005 ; Glaser et Strauss, 1967). Cela veut dire qu’il faut vérifier si les caractéristiques de la problématique sont compatibles avec celles de l’étude de cas. Justement, la pertinence de notre cas d’étude s’établit essentiellement par rapport au caractère public de l’objet d’étude.

En essayant de définir les éléments qui constituent la nature « publique » du cas choisi, j’ai pu valider que ce cas est particulièrement approprié pour mon objet d’étude. Il est frappant de constater la concordance de ce cas avec les éléments qui composent l’objet de recherche (voir chapitre 2). Pour mieux l’illustrer, je propose le schéma suivant :

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En raison du caractère dynamique des acteurs qu’il met en jeu (députés, ministre, citoyens, représentants d’organisme, personnalités publiques) et du caractère complexe du problème social faisant l’objet d’une consultation en commission parlementaire sur les accommodements raisonnables et aussi et peut-être surtout de l’originalité de ce type d’activité communicationnelle, le cas des auditions publiques en commission parlementaire sur le projet de loi n° 94 m’a semblé particulièrement pertinent.83

Un tel choix méthodologique favorise l’approche inductive que je veux développer parce qu’il vise à porter une attention particulière à la façon dont une question controversée est définie en situation réelle. En cohérence avec l’objectif de cette recherche, qui vise l’observation des variations de stratégies et des discours selon les acteurs et non pas l’observation des variations selon les contextes ou les genres de discours84, le matériau discursif que donne ce cas permet de se concentrer sur un seul type d’activité de communication publique (intervention dans une audition publique) tout en s’intéressant à différents acteurs.

En envisageant la triangulation ici comme un croisement de données permettant de placer « l’objet d’étude sous le feu d’éclairages différents dans l’espoir de lui donner tout son relief » (Hamel, 1997 : 104), je fais un croisement de deux techniques de collecte de données (enregistrements vidéo et verbatims). Ce croisement implique un croisement entre

83 J’ai aussi décidé de retenir ce cas d’étude, car il me garantit plus de distanciation par rapport à l’objet d’étude. En effet, mon

attitude de neutralité face au port du niqab, une attitude qui s’abstient de prendre parti, de s’engager d’un côté ou de l’autre, m’apparaissant être un autre garant de l’objectivité scientifique.

84 Dans sa thèse de doctorat, Turbide (2009), s’est intéressé aux stratégies de présentation de soi des chefs politiques

québécois dans différents genres médiatiques (débat, entrevues d’affaires publiques, talk-shows).

Le cas des auditions en commission parlementaire thématique de l'exercice de la liberté de religion dans le contexte de la neutralité religieuse de l'État situation de rencontre

interculturelle Diversité des acteurs

Publicité des échanges Enregistrements vidéo et verbatims

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les caractéristiques des données (textuelles, interactionnelles, sémantiques, verbales, gestuelles) et, conséquemment un croisement de méthodes d’analyse de données (analyse de conversation, analyse de l’argumentation, analyse pragmatique des interactions).

Le choix du cas des auditions publiques en commission parlementaire sur le projet de loi n° 94 permet de traiter la thématique de l’exercice de la liberté de religion dans le contexte de la neutralité religieuse de l’État en tant que chose publique, comme nous l’avons vu dans le chapitre 1 et de souligner que le phénomène de la parole publique touche aussi à ce type de thématiques, autrefois regardées comme les plus rétives au processus délibératif. En choisissant un univers empirique en fonction de la pertinence de ses caractéristiques par rapport aux éléments de la problématique de recherche, je réponds au critère de pertinence théorique de l’échantillon par rapport à la situation d’étude (Pourtois et Desmet, 1997 : 120). C’est une des conditions qui garantit la transférabilité des résultats de la recherche.

L’opération que je viens de décrire consiste à juger de la pertinence des données en posant la question suivante : ces données « sont-elles bien en relation avec mon objet de recherche et concernent-elles la même définition du cadrage de ma recherche? » (Mucchielli, 2007 : 3).

À ne pas en douter, évoquer le cadrage de la recherche ne revient pas à confiner la démarche à la déduction. Le cadrage de la recherche désigne plutôt le fait de s’assurer que le choix du site est balisé par des paramètres liés aussi bien à l’objectif général de la recherche qu’au cadre conceptuel qui a guidé la construction de l’objet d’étude. Je montre dans ce qui suit, comment j’ai fait de la théorisation enracinée avec des données verbales et non verbales issues d’auditions publiques en commission parlementaire.

Un corpus inédit pour la théorisation enracinée

Bien que nombreux chercheurs se réclament de la méthodologie de la théorisation enracinée, ceux-ci prennent appui sur des types de données fort distincts. S’ils s’accordent sur les principes propres à cette méthodologie, il demeure qu’ils peuvent s’appuyer sur de multiples types de corpus. Or, ce qui m’a frappé d’emblée à la lecture des textes de référence se rapportant à la théorisation enracinée, c’est l’absence ou du moins l’insuffisance85 des publications scientifiques qui proposent de décrire, concrètement, l’opération de construction d’un corpus de discours conversationnels.

Les textes abordant la théorisation enracinée s’accordent pour donner des exemples à partir de recherches menées sur des entretiens. Cette concentration sur les entretiens comme outil de collecte des données lorsque les chercheurs pratiquent la théorisation enracinée s’explique par le fait que cette méthode s’est avérée utile dans la quête du sens

85 Récemment, Ariane Normand (2014) a proposé de décrire sa démarche de théorisation ancrée dans le cadre d’un projet de

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que donnent les actants à un phénomène. Il semble qu’il est relativement difficile d’avoir accès à un document qui donne des repères clairs et précis quant au déroulement d’une analyse par théorisation enracinée à partir d’un corpus d’interactions verbales et non verbales.

En consultant la littérature sur l’utilisation de la théorisation enracinée, j’ai constaté que les écrits laissent souvent penser que l’on ne peut se livrer à une méthode par théorisation enracinée qu’à partir d’un corpus de données provenant de transcriptions d’entrevues. Un tel manque risque de décourager toute recherche aspirant à faire de la théorisation enracinée à partir d’un type de données qui n’est pas celui des points de vue des acteurs (perspective phénoménologique), mais de leurs échanges, pratiques et actions (perspective praxéologique). L’usage des enregistrements vidéo des discours conversationnels en situation d’audition publique dans une méthodologie par théorisation enracinée conduit à sortir du champ des entrevues dans lequel s’est construite la théorisation enracinée. D’où la contribution, mais aussi la difficulté de la démarche que j’ai réalisée.

Les lecteurs pourront s’étonner de voir des discours conversationnels en situation d’audition publique engageant des élus et des citoyens figurer parmi les données principales d’une démarche par théorisation enracinée. Mais que les lecteurs se rassurent : la théorisation enracinée ne concerne pas que les chercheurs qui choisissent une approche phénoménologique ou pour le dire autrement, que les thèmes de recherche dont la finalité est de dégager la perception que les actants ont de la réalité étudiée. La théorisation enracinée peut bel et bien constituer une option méthodologique adéquate pour l’analyse des processus en jeu dans la pratique et discours des acteurs (démarche inspirée du courant praxéologique. Voir chapitre1). Les verbatim et les vidéos enregistrées peuvent fort bien servir d’univers empirique pour une théorisation enracinée.

Les enregistrements vidéo disponibles sur le site de l’Assemblée sont considérés comme un instrument de collecte de données : « In collecting data from face to face interaction, video-recording is by far the most appropriate means » (Heritage et Goodwin, 1990: 287).

Je souligne cependant, une limite propre à cet outil de collecte des données. En effet, la captation vidéo est réalisée par une caméra fixée à l’Assemblée et non pas par moi-même.

Robin (1984), qui a étudié le débat en commission parlementaire, dans une perspective sociologique en se basant seulement sur les procès-verbaux, a souligné les limites de son corpus qui ne lui a pas permis de saisir des informations non textuelles. Mon corpus apporte cette information supplémentaire. Or, s’appuyer sur ce type de corpus, c’est aussi se heurter à l’obstacle lié à l’absence, dans la littérature sur la théorisation enracinée, de réponses à la question suivante : comment aborder un univers empirique fait d’interactions, d’argumentations et d’échanges de paroles à partir d’une logique inductive? Comment faire l’échantillonnage à partir de verbatims préexistants et de vidéos enregistrés?

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En choisissant de travailler sur un corpus inédit dans les travaux recourant à la théorisation enracinée, je rejoins Reiner Keller (2013) qui a exploré la possibilité d’une intégration de l’analyse de discours et de la théorisation enracinée. La proposition de Keller se limite à une problématisation qui oppose une version postmoderne de la théorisation enracinée à une version classique, sans pour autant développer une démonstration concrète des opérations méthodologiques. La description ici faite de la constitution de mon corpus de verbatim et de vidéos enregistrés des auditions en commission parlementaire vise à apporter une contribution pour combler cette lacune.

Sachant que mes données sont de l’ordre de la parole publique, c’est à dire de l’ordre de la confrontation de points de vue opposés, j’ai ajusté l’instrument de collecte de données à la nature particulière de ces données. Au lieu d’adapter l’objet de recherche à une méthode, j’ai choisi de faire le contraire. En d’autres termes, pour construire mon corpus d’interactions en situation de communication relative aux « problèmes publics », je me suis inspirée de la façon dont les chercheurs utilisant la théorisation enracinée constituent leurs corpus de données provenant d’entretiens et surtout d’entretiens de groupe (Baribeau et Germain, 2010), car ceux-ci contiennent des interactions entre les actants et des tours de parole.

Échantillonnage théorique intracas

Jusqu’ici, j’ai parlé de mon cas d’étude comme s’il s’agit d’une entité homogène. Or, l’étude d’auditions publiques en commission parlementaire comprend des cas de participation (cinquante groupes et citoyens ont été entendus). Je devais alors prendre des décisions d’échantillonnage intracas (Milles et Huberman, 2003).

Étant donné que c’est l’émergence des catégories conceptuelles qui guide « l’échantillonnage théorique » (Strauss et Corbin, 1998), mon échantillon a évolué en fonction des résultats des premières analyses. Comme le dit Sophie Moirand, « le corpus se construit au fur et à mesure que se précise l’appareil méthodologique élaboré pour son analyse ainsi que les objectifs (les pistes et les hypothèses) de la recherche » (2002 : 32).

Les opérations de sélection sont entremêlées avec le processus analytique qui consiste à donner du sens aux données brutes, c’est-à-dire aller « au-delà » de ce que les données brutes disent a priori (Denzin et Lincoln, 2005; Blais et Martineau, 2006). Les séances sont choisies en fonction de leur capacité à favoriser l’émergence et le développement de la théorie (Glaser et Strauss, 1967 ; Glaser, 1978 ; Charmaz, 2006). Le va-et-vient entre les données m’a permis de détecter à temps les données manquantes et de choisir une autre séance d’audition en conséquence. L’atteinte de la « saturation théorique » a mis fin au processus d’échantillonnage. Les cas éliminés sont les cas qui n’ajoutent rien de nouveau à la modélisation proposée à la fin de ce travail.

Dans cette section, je montre que mon corpus s’est construit au fur et à mesure que se précisent les objectifs et les questions de recherche. En effet, les opérations de sélection sont entremêlées avec le processus analytique qui

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consiste à donner du sens aux données brutes, c’est-à-dire aller « au-delà » de ce que les données brutes disent a priori (Denzin, Lincoln et al. 2005; Blais et Martineau, 2006).

Les séances sont choisies en fonction de « leur capacité à favoriser l’émergence et le développement de la théorie » (Glaser et Strauss, 1967 ; Glaser, 1978 ; Charmaz, 1983). Le va-et-vient entre les données m’a permis de détecter à temps les données manquantes et de choisir une autre séance d’audition en conséquence. L’atteinte de la « saturation théorique » a mis fin au processus d’échantillonnage. Les cas éliminés sont les cas qui n’ajoutent rien de nouveau à la modélisation proposée à la fin de ce travail.

Comme le recommande Glaser, je suis partie en suspendant toute connaissance du phénomène. Il fallait réussir à appliquer la maxime socratique « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Si je prétends ne rien savoir du phénomène à l’étude, c’est précisément parce que ma fonction est de laisser les données me faire découvrir les significations à comprendre et saisir. Dans la perspective de cette approche, il apparaît pertinent d’amorcer le travail avec une étape exploratoire qui consistait à visionner toutes les vidéos des auditions publiques.

À la suite de lectures flottantes des verbatims et de visionnements intuitifs des enregistrements vidés, j’ai constaté que les données me proposent différentes perspectives, et par conséquent plusieurs options méthodologiques. Même si j’ai ressorti ici quelques choix possibles et que la liste de choix peut être plus longue, le tableau ci-dessous illustre la variété des choix offerts par cet univers empirique :

Figure 8 : Niveaux d’analyse et choix stratégiques

Paramètres Choix possibles de

phénomènes à observer

Perspective scientifique

Espace actionnel Analyse par type d’acteur : Élus avec différentes caractéristiques (opposition, partie au pouvoir), intervenants (organismes, citoyens, religion, sexe, etc.)

Explorer comment les rôles et les statuts sociaux ont des incidences sur l’énonciation

Espace temporel Comparer selon l’emplacement de l’intervention dans le déroulement des auditions, analyser sur la base d’une continuité temporelle

Élucider l’évolution des positions, les résistances et les changements.

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Espace intersubjectif Concentrer l’analyse sur les représentations de l’expérience vécue

Concentration sur les stratégies de représentations de soi et de l’autre

Phénoménologie

Interactionnisme symbolique

Les axes qui peuvent guider mon analyse sont de plusieurs ordres : l’expérience vécue par les actants à l’audition, les représentations qu’expriment les actants, les manières dans lesquelles ces représentations sont exprimées et l’impact de ces représentations. Ce sont ces choix qui orientent l’analyse et, par conséquent, la théorisation. Pour observer ces phénomènes, il faut choisir des paramètres. Or, la nature des paramètres auxquels on fait appel doit être liée au champ disciplinaire dans lequel je me situe, à savoir la communication publique.

L’analyse peut être envisagée sous un angle actionnel, c’est à dire selon le placement des intervenants dans l’action : ceux qui présentent, ceux qui posent des questions, etc. Une analyse selon le placement de l’intervenant dans une catégorie sociale : genre, région, etc., peut-être aussi envisagée. En plus, l’analyse peut porter sur le paramètre temporel, c’est-à-dire selon le déroulement temporel des échanges démontrant l’évolution des positions. Elle peut aussi se faire selon les tours de parole (séquence d’ouverture de la séance, séquence de présentation des intervenants, séquence de présentation du mémoire, séquence d’argumentation, séquence de questions, etc.). Dans une perspective plus phénoménologique, l’analyse peut porter sur les représentations que les intervenants ont d’un phénomène comme les accommodements raisonnables ou d’une politique publique comme la laïcité, selon leur placement dans des positions subjectives, de croyances (croyants, non-croyants) ou d’opinions (laïcité ouverte, laïcité fermée.). L’univers empirique s’est révélé être à cet égard un corpus exemplaire par la richesse des phénomènes de sens qu’ils offrent à l’analyse.

Afin que ma démarche soit fidèle à sa vocation d’être une démarche inductive et afin d’enraciner la recherche dans le monde empirique, je n’ai pas choisi un parti pris avant de démarrer l’analyse avec un cas qui pouvait aider à établir des liens entre les objectifs de la recherche et les catégories découlant des données brutes. À cette étape préliminaire, l’observation des données au suggéré une première piste : se concentrer sur la parole des actants de minorités religieuses. L’objectif est, selon cette direction, d’apporter des éclairages à la question suivante : comment, lors d’une audition publique en commission parlementaire considérée comme une arène publique où est débattue la question des accommodements raisonnables, des acteurs sociaux minoritaires gèrent-ils leur situation de prise de parole?

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L’audition des membres du Centre culturel islamique de Québec (cas 19), qui comporte des situations de confrontation entre des élus et certains représentants de ce groupe qui portent des signes religieux, m’est apparue un cas riche qui exprime le phénomène avec intensité. À cette étape préliminaire de l’analyse, l’observation portait sur les unités