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L’objectif de cette section est de présenter les différentes motivations révélées par l’analyse des exposés et le rôle qu’ils jouent dans l’émergence d’un certain degré d’agressivité dans le fonctionnement discursif de la prise de parole. Je m’intéresse à leurs conséquences sur la forme discursive de la prise de parole publique ou, mieux encore, sur la manière dont la confrontation entre des thèses antagonistes est conduite. En d’autres termes, il s’agit de présenter ici la relation qui a émergé entre le comportement discursif et interactionnel des actants et leurs forces motivationnelles. En me basant sur la distinction entre « le polémique (forme communicative) et la polémique (type d’échange) que des analystes du discours (Kerbrat-Orecchioni, 1980 ; Amossy, 2008 ; Jacquin, 2011) ont opérée, j’envisage le polémique comme le ton ou les moments agressifs qui caractérisent une prise de parole (Amossy, 2008 : 94). ``Le`` polémique chez Amossy réfère à un « registre discursif ». Le registre discursif est pour Charaudeau et Maingueneau (2002), la face externe des discours et renvoi aux pratiques des locuteurs.

Dans un premier temps, j’explique au moyen de l’analyse d’un exemple ce que j’entends par forces motivationnelles, tout en montrant la manière dont s’expriment ces motivations dans le discours des actants. Dans un deuxième temps, je montre l’incidence de ces forces motivationnelles sur les manières de s’opposer aux thèses contestées. Avant de m’intéresser aux différents types des forces motivationnelles, je rappelle, brièvement rappeler comment les forces motivationnelles se manifestent dans les discours.

Les forces motivationnelles exprimées à travers des actions réflexives

Bien que les forces motivationnelles des acteurs soient hétérogènes, elles partagent une caractéristique récurrente et commune : celle d’être énoncées à travers une activité réflexive, c’est à dire à travers une opération discursive qui implique un retour de l’actant sur son action.

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La participation aux auditions publiques fait l’objet d’un retour réflexif dès lors que l’actant parle de son activité participative. C’est le cas par exemple dans l’extrait suivant :

Pour cela... Et nous sommes là, c’est un de nos objectifs, nous sommes là pour réaffirmer, en tant que Québécois de confession musulmane... Contrairement aux idées véhiculées, nous partageons avec nos concitoyens les mêmes valeurs et les mêmes aspirations. Et on aime le Québec tel qu’il est. On voudrait également réaffirmer, en tant qu’individus et groupe engagé que nous sommes... nous nous engageons d’une façon inconditionnelle pour construire un Québec prospère et inclusif (cas 26— extrait 1).

Cet extrait a le mérite de permettre de distinguer clairement ce qui relève de la finalité de l’action d’un groupe et ce qui relève de ses motivations. En effet, la réflexivité des représentants de la fédération des Canadiens musulmans est perceptible tout d’abord dans l’expression d’une visée : « Et nous sommes là, c’est un de nos objectifs, nous sommes là pour réaffirmer ». La réflexivité est aussi perceptible dans l’évocation des « pratiques superordonnantes qui déterminent leurs raisons d’agir et qui impliquent un ensemble complexe de conduites finalisées externes à l’interaction » (Filliettaz, 2002 : 89). Ce qui est en jeu dans les « forces motivationnelles » réside moins dans la visée exprimée par ce groupe (affirmer que nous partageons avec nos concitoyens les mêmes valeurs et les mêmes aspirations) que dans les « raisons d’agir » énoncées dans l’extrait ci-dessus. Les actants évoquent tout d’abord le principe de double allégeance (« en tant que Québécois de confession musulmane »). Ils évoquent ensuite l’image préalable du groupe (« contrairement aux idées véhiculées »). Ils mettent ainsi en rapport leur parole publique (les discours conversationnels dans une audition publique) avec des paramètres subjectifs. Comme l’a fait remarquer Filliettaz, ces paramètres subjectifs forment un « ensemble complexe de pratiques qui présupposent à différents niveaux des partenaires d’un réseau praxéologique » (2002 : 91). Les partenaires d’un réseau praxéologique sont l’imaginaire collectif qui produit une image des musulmans, les acteurs sociaux qui véhiculent cet imaginaire (les autres Québécois qui ne sont pas de confession musulmane) et les stéréotypes par lesquels les musulmans sont caractérisés dans la société. Ces paramètres constituent, pour la fédération des musulmans canadiens, des motifs qui « fonctionnent comme un cadre externe, une toile de fond » (Filliettaz, 2002 : 88) qui confèrent une certaine pertinence aux actions du groupe. Pharo et Quéré notent bien que « l’intention d’un homme est ce qu’il vise ou ce qu’il choisit; son motif est ce qui détermine son but ou son choix » (1990 : 261).

En me référant à l’expression « complexe motivationnel » issue de la pragmatique psychosociale et proposée par Filliettaz (2002 : 87), j’utilise la notion de « forces motivationnelles » pour rendre compte de la dimension psychosociale qui émerge de mes données. L’expression des forces motivationnelles permet au mieux de rappeler que les discours conversationnels des acteurs sont contextualisés et intègre la notion de force qui rend compte de la capacité de ces motifs de déterminer la direction du positionnement, l’intensité de l’engagement dans le discours et la façon dont les différents enjeux sont discutés.

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L’incidence des forces motivationnelles sur le registre discursif

Globalement, il ressort des exposés analysés que les discours contiennent des raisons qui ont motivé la participation des groupes et personnes entendues. Les personnes et groupes affichent et expriment ces raisons subjectives parce qu’elles sont légitimes ou encore légitiment leur participation. Ils montrent ainsi la « dimension intentionnelle » (Pharo et Quéré, 1990; Filliettaz, 2002) de leurs actions. Kerbrat-Orecchioni (1997) regroupe sous le terme « subjectivèmes » les marques de cette subjectivité dans le discours.

À l’aide de la fonction dans Nvivo qui permet de visualiser les sources de données qui sont liées aux codes, je propose le schéma suivant qui permet d’illustrer les actants associés aux différents types de motivations :

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Figure 26 Les sources associées aux différents types de sources motivationnelles

Comme le montre l’arborescence ci-dessus, la parole en action en contexte d’audition publique compose avec des sources subjectives que je regroupe dans deux sous-catégories : d’une part, les motivations internes qui s’acquièrent au contact de situations ou d’expériences personnelles ou collectives et d’autre part, des motivations externes qui sont imposées par des circonstances sociales. Ces deux types de forces motivationnelles font, dans la partie suivante, l’objet d’une caractérisation détaillée.

Ces forces motivationnelles sont importantes, dans la mesure où elles déterminent en grande partie les usages du pathos. En d’autres termes, ce qui m’intéresse spécifiquement ici, c’est l’incidence de telles forces motivationnelles sur le registre discursif de cette prise de parole publique.

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Les forces motivationnelles externes et le registre polémique

Le premier type de motivation est celui des motivations externes à l’actant. Ce type de motivation regroupe les motifs contextuels qui imprègnent son discours conversationnel. Ces motifs relèvent à la fois de l’existence d’une image préalable autant que de l’existence d’un contexte qui interpelle le groupe.

Comme illustré dans le schéma suivant, il semble que les organismes musulmans soient contraints d’agir en fonction de l’image que l’imaginaire collectif donne de leur groupe d’appartenance. C’est pourquoi ils évoquent souvent la manière dont ils pensent être perçus par la majorité culturelle. La prise en compte de la circulation d’une façon péjorative de percevoir ce groupe religieux minoritaire semble marquer le discours des actants musulmans.

Figure 27 L’image préalable comme source de motivation

Pour utiliser les termes d’Amossy (1999) c’est l’« éthos prédiscursif » qui pèse sur les organismes musulmans et les motive à agir. L’exemple suivant souligne l’importance du motif de participation, notamment la fragilité de l’image préalable qui motive l’actant à agir selon une stratégie qui incorpore des valeurs citoyennes :

Pour cela... Et nous sommes là, c’est un de nos objectifs, nous sommes là pour réaffirmer, en tant que Québécois de confession musulmane... Contrairement aux idées véhiculées, nous partageons avec nos concitoyens les mêmes valeurs et les mêmes aspirations. Et on aime le Québec tel qu’il est. On voudrait également réaffirmer, en tant qu’individus et groupe engagé que nous sommes... nous nous engageons d’une façon inconditionnelle pour construire un Québec prospère et inclusif. Nous voudrions également réaffirmer et rassurer nos concitoyens québécois que nous sommes... on s’engage fortement dans l’implication citoyenne, dans les valeurs de la démocratie, de la justice, de l’équité, de l’égalité entre hommes, femmes et entre tous les citoyens de toutes origines (cas 40— extrait 1).

Cet extrait force à revenir sur la relation étroite qui existe entre les motifs des actants et leurs stratégies discursives employées. Le motif exprimé (« contrairement aux idées véhiculées ») amène le groupe à recourir à une stratégie de construction d’un éthos discursif qui contrebalance l’éthos préalable, motivé par le désir de corriger une image

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fragilisée. Le groupe s’engage alors dans la construction d’une présentation de soi plus complexe. Il construit une image positive qui met en valeur son engagement « dans l’implication citoyenne, dans les valeurs de la démocratie, de la justice, de l’équité, de l’égalité entre hommes, femmes et entre tous les citoyens de toutes origines ». Pour se donner du crédit et faire sorte que l’auditoire soit convaincu par son discours, ce groupe utilise une stratégie discursive qui consiste à proposer un nouveau regard sur la communauté musulmane. Ce nouvel éthos est fondé sur le principe une allégeance duale : considérer le Québec comme leur pays sans avoir à désavouer leur spécificité culturelle ou religieuse. Ainsi, à l’identification à la société québécoise (« en tant que Québécois ») comme lien d’allégeance à un État, s’ajoute l’appartenance à une communauté religieuse (« de confession musulmane ») comme sentiment d’appartenance, individuel ou collectif. Cette articulation entre deux sphères d’appartenance est présentée comme une légitimation de leur parole publique. Elle est au fondement de la citoyenneté dans la mesure où elle est ce qui permettrait à l’individu, dans la sphère publique, de s’exprimer en tant que citoyenne. Je peux dès lors poser qu’il existe un rapport d’interdépendance entre ces deux sous-catégories : le principe de double allégeance comme mécanisme persuasif et l’image préalable comme motif, comme l’illustre le schéma ci-dessous.

Figure 28 Le lien entre la double allégeance et l’image préalable

Ce graphique montre que l’existence d’une image préalable motive les représentants des organismes musulmans à se définir comme citoyens musulmans vivant dans une situation de dualité identitaire : « Notre identité de femmes

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musulmanes d’origines ethniques et de races diverses fait partie intégrante et importante de notre identité de citoyennes » (cas 6— extrait 5).

La représentante du Centre culturel islamique de Québec évoque aussi l’image de la communauté musulmane perçue comme « source de maux [qui] vit en marge des valeurs sociales québécoises » (cas 19— extrait 6). Elle recourt au principe de double allégeance comme mécanisme de persuasion :

Pourtant, les musulmans sont respectueux des lois canadiennes et québécoises et partagent les valeurs de la société dans laquelle ils vivent. Non seulement sont-ils en majorité très scolarisés, mais ils ont la volonté et le désir de participer activement à son épanouissement social et économique tout en demeurant ce qu’ils sont (cas 19— extrait 7)

Ces exemples illustrent un effort de persuasion basé sur une stratégie discursive défensive visant à projeter une image favorable du groupe religieux minoritaire, une image basée essentiellement sur une légitimité citoyenne.

Comme le révèle la figure ci-dessus, la même stratégie de construction d’une image positive basée sur le principe de dualité identitaire est adoptée par un citoyen qui n’est pas musulman. George Karam, un actant, qui se présente comme « citoyen et immigrant » (extrait 5—cas 31). Le fait que son origine (libanaise) pourrait être confondue avec la religion musulmane l’amène à recourir au principe de double allégeance tout en utilisant un autre procédé analysé plus haut, à savoir le recours au concept de « majorité silencieuse » dont la visée stratégique est de créer une bonne impression chez l’auditoire.

Si l’image préalable de « l’autre qui vient d’ailleurs » est la principale source de motivation pour les organismes musulmans, pour d’autres groupes, cette source est plutôt le contexte social caractérisé par le défi que pose l’aménagement de la diversité religieuse à la société qui les interpelle. C’est le cas du Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires du Québec dont les membres se sentent eux aussi « interpellés » :

Dans le passé, la communauté juive orthodoxe du Québec n’a pas participé à ce genre de débat public et n’a certainement jamais présenté un mémoire sur un projet de loi. Toutefois, dans le contexte où ce débat de société dure depuis plusieurs années, vu que la question d’accommodement implique des membres de la communauté juive orthodoxe et considérant que ce projet de loi affectera tous les Québécois, notamment les juifs orthodoxes, il nous a paru pertinent et responsable de participer à ce débat (cas 23— extrait 1).

C’est donc la possibilité d’être affecté qui conduit ce groupe à agir. Le fait de ne pas être directement affecté par ce projet de loi semble avoir un impact sur la façon dont ce groupe exprime sa position. Contrairement aux groupes musulmans, directement visés, la position de ce groupe est exprimée sans recours à la dimension émotionnelle, sans l’expression d’une confrontation exacerbée.

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Les forces motivationnelles internes et le registre polémique

La dynamique de l’argumentation est également affectée par des motivations internes. Comme le montre la figure 27, les motivations internes sont les suivantes : des motivations issues d’un sentiment de devoir citoyen, l’inscription dans un flux discursif, un type de motivation issu de la vocation ou de la mission de l’organisme, une position idéologique, un engagement militant, des motivations expérientielles, c’est-à-dire issu de l’expérience personnelle telle que le contact avec des personnes portant des signes religieux, et l’histoire familiale et sociale.

Pour analyser les motivations issues d’un sentiment de devoir citoyen, je précise que c’est moins le niveau d’étude, d’expertise ou la catégorie sociale qui s’avère la variable la plus décisive de la participation pour certains actants. Contribuer à la parole citoyenne peut constituer une source de motivation, indépendamment de toutes motivations personnelles. Ceux qui expriment ce type de motivation ne sont pas les personnes qui sont les plus exposées aux conséquences d’éventuelles décisions, mais des personnes qui considèrent que la mise en visibilité de leur parole n’est que le devoir d’accomplir en commun un acte citoyen.

Dans mon corpus, certains actants, essentiellement ceux qui parlent en leur nom propre, attribuent leur positionnement à un impératif moral. La participation citoyenne est vue comme dans l’exemple d’Alain Pronklin, comme une « obligation morale » (Blondiaux, 2000) :

C’est, premièrement, en tant que citoyen parce que, je me suis dit, les citoyens, notre premier devoir est celui d’aller voter. Le deuxième devoir qu’on nous permet, c’est celui de se présenter devant les commissions parlementaires pour faire part de nos opinions ou de nos positions, et c’est en tant que citoyen que je me suis permis de présenter un mémoire pour le présenter (cas 1— extrait 4).

Dans la mesure où ce discours s’inscrit dans un contexte d’énonciation qui comporte comme propriété intrinsèque la présence d’un citoyen qui « n’a pas juste à voter », mais qui, en intervenant dans le débat sur les accommodements raisonnables agit sur la décision publique ou du moins sur la vision des choses des élus, et a pour fonction de « susciter l’adhésion de l’auditoire » (Perelman et al, 1958). C’est donc le motif participatif qui détermine sa façon de se présenter. Dans le cas de George Karam le motif sous-jacent est aussi d’ordre citoyen : « Je prends la peine de m’adresser à vous parce que je refuse d’être muet devant les conséquences d’une orientation qui est en train de susciter, quoi qu’en disent ses défenseurs, un climat de méfiance entre les citoyens de différentes origines » (cas 31 — extrait 6). La dimension qui ressort de cet énoncé est la dimension praxéologique qui réfère à l’action qu’accomplit le participant en parlant. En effet, l’actant exprime la fonction illocutoire (ce qu’il fait par les mots) de sa prise de parole. Pour lui, produire un discours, c’est accomplir un acte social : celui de s’adresser à des députés et d’intervenir dans « un climat de confiance ». Il ne se contente pas de transmettre un message. La prise de parole est mise en œuvre pour apporter une modification, pour faire entendre une version ou une définition du problème de la liberté religieuse en contexte de neutralité de l’État, parmi les plusieurs conceptions ou versions qui circulent dans l’espace public

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Dans les exposés des actants, l’accent est mis sur ce que j’ai appelé plus haut, le flux discursif, c’est-à-dire la continuité discursive qui sous-tend les positionnements d’une personne, qui constitue l’histoire de son engagement et qui exprime sa fidélité aux valeurs qu’elle a défendues tout au long de sa vie. Voici un exemple d’inscription dans un flux discursif, celui présenté dans l’exposé d’Andréa Richard :

Je me considère dans la catégorie des personnes avisées, ayant été religieuse pendant 18 ans, donc à l’intérieur du système des religions, et, depuis plus de 30 ans, à l’extérieur, comme laïque. Si je suis ici aujourd’hui, c’est que j’ai toujours eu à cœur une recherche de la vérité, à savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, en cet endoctrinement que nous avons reçu en tant que catholique. Ma réflexion est donc le cheminement de toute une vie : 76 ans (extrait 4 — cas 3).

La référence explicite à son parcours personnel montre que le positionnement communiqué par l’actante dans le cadre de ces auditions est indissociable de son ancrage dans un « cheminement de toute une vie ». Cet ancrage influence la façon dont son positionnement a été exprimé dans son exposé. La fidélité de l’actante à son cheminement remplit alors une fonction structurante qui l’aide à consolider son positionnement.

Les exposés des groupes tendent à conférer à ce type de motifs des attributs idéologiques, militants ou liés à la mission ou à la vocation d’un organisme. La concordance avec la mission de l’organisme a une fonction de légitimation très forte. Ce type d’argument est utilisé par les acteurs sociaux organisés en associations, alliance, fédérations ou syndicats. Ainsi, les représentants de l’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité rendent compte de leurs valeurs et normes spécifiques de la manière suivante :

Par notre mission, mais surtout par notre expertise, nous croyons pertinent de regarder la manière comment les accommodements peuvent, d’une part, rendre accessibles les services de santé et les services sociaux des communautés ethnoculturelles et d’une autre part, assurer leur inclusion dans la société québécoise (cas 2— extrait 2).

Leur représentation du principe d’accommodement raisonnable est construite en fonction de la mission qui oriente les actions de leur organisme. C’est aussi le cas de l’Organisme de communication pour l’ouverture et le rapprochement culturel qui fait un lien direct entre sa mission et l’angle choisi pour présenter son positionnement :

En fait, le COR a pour mission de réduire certaines méconnaissances, certains préjugés et stéréotypes entourant les femmes musulmanes, entre autres, de construire des ponts solides de communication et d’échange, et de se placer comme un interlocuteur privilégié dans les débats sur la cause des néo-Québécoises (cas 40— extrait 2).

Dans ce cas, la mission de cet organisme est elle-même inscrite dans une stratégie défensive fondée sur l’idée d’une image préalable négative évoquée ci-haut.

Un autre type de motif lié à l’inscription dans un flux discursif est celui qui est lié à une croyance idéologique, c’est-à- dire « un système d’idées et de jugements, explicite et généralement organisé, qui sert à décrire, expliquer, interpréter

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ou justifier la situation d’un groupe ou d’une collectivité et qui, s’inspirant largement de valeurs, propose une orientation précise à l’action historique de ce groupe ou de cette collectivité » (Rocher 1992 : 127). Un motif est alors idéologique dans la mesure où il renvoie à un système de croyance et de représentations ayant un rôle historique au sein de la