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2. Problématique

2.3 Vulnérabilité et maltraitance envers les personnes aînées

2.3.3 Problème social de la maltraitance envers les personnes aînées et

L’association existante entre le problème social de la maltraitance envers les personnes aînées et la notion de vulnérabilité et du care vient d’être précisée. De plus, la promotion de la bientraitance apparaît comme une approche qui se conjugue bien avec la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées (Pelletier, Leboeuf et Beaulieu, 2016; Beaulieu et Crevier, 2010). La notion de bientraitance tire son origine du contexte particulier de la protection de l’enfance et de la prévention de la maltraitance en France (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux [ANESM], 2008), au Québec (Ministère de la Famille, 2017), au sein du « comité de pilotage ministériel » de « l’opération pouponnière » (Agence nationale de l’évaluation de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux, 2008, p. 13).

2.3.3.1 Notion de bientraitance : définition et notions connexes

Il existe plusieurs définitions de la bientraitance. Par ailleurs, certaines perspectives scientifiques associent les notions de vulnérabilité et de maltraitance à celle de bientraitance. La définition de bientraitance que nous avons retenue pour notre thèse provient du Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2017- 2022 (Ministère de la Famille, 2017). Elle peut être validée dans tous les contextes et tous les milieux de vie. Aussi, il nous apparaît utile de souligner que le plan d’action gouvernemental annonce une reconnaissance du principe du caractère universel de la vulnérabilité qui est favorable à des réponses du care :

La bientraitance vise le bien-être, le respect de la dignité, l’épanouissement, l’estime de soi, l’inclusion et la sécurité de la personne. Elle s’exprime par des attentions, des attitudes, des actions et des pratiques respectueuses des valeurs, de la culture, des croyances, du parcours de vie, de la singularité des droits et libertés de la personne aînée. (Ministère de la Famille, 2017, p. 38).

Ainsi, la bientraitance est souvent associée à deux autres notions, à savoir celles de bienfaisance et la bienveillance. En premier lieu, la notion de bienfaisance « […] figure dans une réflexion concernant la protection des sujets humains dans le cadre de la recherche » (ANESM 2008, p. 12). Selon l’ANESM, cette notion fait partie des trois principes éthiques de la pratique médicale avec ceux de justice et de respect. L’aspect de la responsabilité morale, ou d’obligation, revêt une importance primordiale dans la bienfaisance, tout comme dans le care :

La bienfaisance, définie […] comme une « obligation » pour les professionnels […], est définie par deux règles : (1) ne faites pas de tort ; (2) maximisez les avantages et minimisez les torts possibles. De cette notion, il faut retenir l’idée d’une absence de tort faite à l’autre, d’une part, et surtout d’un équilibre à trouver au sein des pratiques entre ce qui apportera un bénéfice et ce qui causera du tort à l’usager. (ANESM, 2008, p. 12)

En second lieu, l’ANESM mentionne que la notion de bientraitance est associée à celle de bienveillance et qu’elle relève de l’ordre des intentions, ce qui rejoint l’idée de disposition morale qui est au cœur du care :

[La bienveillance] consiste à aborder l’autre, le plus fragile, avec une attitude positive et avec le souci de faire le bien pour lui. En outre, parce qu’elle comporte la dimension de veille, cette notion revêt aussi bien un caractère individuel que collectif. De ce concept, il convient de retenir l’intention envers l’autre, intention qui viendront soutenir et rendre explicite le projet individuel d’accompagnement et le projet d’établissement et de service (ANESM, 2008, p. 12).

Par ailleurs, selon Boissières-Dubourg (2014), la bientraitance ne peut se pratiquer qu’avec une posture de bienveillance.

La bientraitance est également placée dans l’héritage de la psychologie humaniste de Carl Rogers et de ses travaux sur la communication. Selon l’ANESM (2008), Rogers propose certains éléments de la communication qui peuvent contribuer à une culture de la bientraitance. Le premier élément tient au fait d’être conscient de ses propres besoins, ce qui facilite la reconnaissance des besoins de l’autre. Aux yeux de Boissières-Dubourg (2014), la

bientraitance vise à promouvoir le bien-être et le respect des deux partenaires de l’échange, parfois dénommés l’aidé et l’aidant.

Le second élément réside dans la capacité d’une personne à bien formuler ses demandes et à indiquer à autrui quelles sont les actions concrètes qu’elle peut poser pour contribuer à son propre bien-être. Ainsi, nous notons que l’idée d’interdépendance, qui occupe une très grande place dans le care, est présente dans les formes de communication qui relèvent de la bientraitance : « À travers l’ensemble de ces dimensions [de la communication], c’est la faculté d’empathie et la posture de négociation qui doivent être retenues de la part du professionnel » (ANESM, 2008, p. 12).

Dans la notion de bientraitance, un autre aspect qui semble présenter une importance tout aussi grande que dans celle de care est la question de la reconnaissance. Pour Boissières- Dubourg : « La reconnaissance, celle du professionnel autant que celle du patient et de sa famille, est […] un élément central de la bientraitance » (2014, p. 110). Selon ce même auteur : La reconnaissance doit s’entendre dans un sens double : reconnaissance du travail et reconnaissance du soignant, mais aussi reconnaissance du patient, de sa maladie et de son histoire en tant qu’être humain, ce qui est véritablement une particularité de la relation d’aide. […] Cette reconnaissance s’appuie sur la considération réciproque entre professionnels et usagers et familles. (Boissières-Dubourg, 2014, p. 114, nous soulignons). Ainsi, nous pouvons constater que la reconnaissance joue un rôle tout aussi déterminant dans la notion de bientraitance que dans les pratiques de care. Par ailleurs, l’élément de réciprocité qui est souligné par Boissières-Dubourg (2014) rejoint l’idée d’interdépendance qui est primordiale dans le care. Finalement, la bientraitance possède une portée éthique et politique, plus encore lorsqu’elle est le soutien de la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées (Beaulieu et Crevier, 2010). De façon plus précise, le bénévolat, et plus précisément le bénévolat dans la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées, peut s’inscrire dans cette perspective de bientraitance et de care, comme nous allons le voir plus loin.

Le prochain chapitre présente le cadre théorique de notre thèse. Il précise les bases philosophiques et politiques des diverses approches du care, et plus particulièrement celle

que nous retenons pour la thèse, à savoir l’approche politique, qui permet de considérer la dimension pratique du care. Ces bases serviront d’ailleurs à définir les buts de la présente recherche.