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Prix et coûts

Dans le document Bulletin économique. Numéro 8 / 2020 (Page 33-39)

Selon l’estimation rapide d’Eurostat, l’inflation en rythme annuel dans la zone euro est restée inchangée, à – 0,3 %, en novembre. Sur la base de la dynamique des cours du pétrole et compte tenu de la réduction temporaire du taux de la TVA en Allemagne, l’inflation totale devrait rester négative jusque début 2021. Elle devrait se redresser ensuite avec la fin de cette mesure en Allemagne et en raison des effets de base à la hausse découlant de l’augmentation des prix de l’énergie. Cela étant, les tensions sous-jacentes sur les prix resteraient contenues en raison de l’atonie de la demande, notamment dans les secteurs du tourisme et des services liés aux voyages, ainsi que de la faiblesse des tensions sur les salaires et de l’appréciation du taux de change de l’euro. Lorsque les effets de la pandémie s’estomperont, une reprise de la demande, soutenue par une politique monétaire et des politiques budgétaires accommodantes, exercera une pression à la hausse sur l’inflation à moyen terme. Les indicateurs de marché et les mesures tirées d’enquêtes des anticipations d’inflation à plus long terme demeurent à des niveaux peu élevés.

Cette évaluation se reflète largement dans le scénario de référence des projections macroéconomiques de décembre 2020 établies par les services de l’Eurosystème pour la zone euro, qui prévoient une inflation annuelle de 0,2 % en 2020, 1,0 % en 2021, 1,1 % en 2022 et 1,4 % en 2023. Par comparaison avec les projections macroéconomiques de septembre 2020 réalisées par les services de la BCE, les perspectives d’inflation ont été revues à la baisse pour 2020 et 2022.

L’inflation totale est demeurée inchangée en novembre 2020. Ce taux d’inflation inchangé, à – 0,3 %, masque de faibles fluctuations de ses principales

composantes : d’une part, une variation légèrement plus négative des prix de l’énergie et une augmentation légèrement plus faible des prix des produits alimentaires et des biens industriels non énergétiques et, d’autre part, une accentuation de la hausse des prix des services (cf. graphique 13).

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Évolutions économiques et monétaires

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Graphique 13

Contributions des composantes à la hausse de l’IPCH total dans la zone euro

(variations annuelles en pourcentage ; contributions en points de pourcentage)

Sources : Eurostat et calculs de la BCE.

Notes : Les dernières observations se rapportent à novembre 2020. Les taux de croissance pour 2015 sont biaisés à la hausse en raison d’un changement de méthodologie (cf. l’encadré intitulé « Nouvelle méthode relative à l’indice des prix des voyages organisés en Allemagne et son incidence sur les taux de l’inflation mesurée par l’IPCH », Bulletin économique, n° 2, BCE, 2019).

Les mesures de l’inflation sous-jacente se sont stabilisées à des niveaux bas.

L’inflation mesurée par l’IPCH hors énergie et produits alimentaires (IPCHX) est demeurée inchangée pour le troisième mois de suite, ressortant à son point bas historique de 0,2 % en novembre. Cette stabilité masque une accentuation de la hausse des prix des services, qui s’est établie à 0,6 % en novembre, après 0,4 % en octobre, tandis que la variation des prix des biens industriels non énergétiques est revenue à – 0,3 % en novembre, après – 0,1 % en octobre. D’autres mesures de l’inflation sous-jacente, disponibles jusqu’en octobre, se sont stabilisées à des niveaux bas. L’inflation mesurée par l’IPCH hors énergie, produits alimentaires, postes liés aux voyages et habillement, et la Composante persistante et commune de l’inflation (Persistent and Common Component of Inflation, PCCI) sont

demeurées inchangées en octobre, à 0,8 % et 0,9 %, respectivement, tandis que l’indicateur Supercore a fléchi, revenant de 0,7 % en septembre à 0,5 % en octobre (cf. graphique 14) 6. La faiblesse des mesures de l’inflation sous-jacente observée récemment reflète également la réduction temporaire des taux de TVA en Allemagne depuis juillet 2020.

6 Pour de plus amples informations sur cet indicateur et d’autres mesures de l’inflation sous-jacente, cf. les encadrés 2 et 3 de l’article intitulé « Les mesures de l’inflation sous-jacente pour la zone euro », Bulletin économique, n° 4, BCE, 2018.

-1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

IPCH Services

Biens industriels non énergétiques Produits alimentaires

Énergie

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Graphique 14

Mesures de l’inflation sous-jacente

(variations annuelles en pourcentage)

Sources : Eurostat et calculs de la BCE.

Notes : Les dernières observations se rapportent à novembre 2020 pour l’IPCH hors énergie et produits alimentaires et à octobre 2020 pour toutes les autres mesures. La fourchette des mesures de l’inflation sous-jacente comprend les éléments suivants : IPCH hors énergie ; IPCH hors énergie et produits alimentaires non transformés ; IPCH hors énergie et produits alimentaires ; IPCH hors énergie, produits alimentaires, postes liés aux voyages et habillement ; la moyenne tronquée (10 %), la moyenne

tronquée (30 %), et la médiane pondérée de l’IPCH. PCCI correspond à l’indicateur Composante persistante et commune de l’inflation (Persistent and Common Component of Inflation indicator). Les taux de croissance pour 2015 de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires sont biaisés à la hausse en raison d’un changement de méthodologie (cf. l’encadré intitulé « Nouvelle méthode relative à l’indice des prix des voyages organisés en Allemagne et son incidence sur les taux de l’inflation mesurée par l’IPCH », Bulletin économique, n° 2, BCE, 2019.)

Les tensions sur les prix le long de la chaîne d’approvisionnement ont légèrement augmenté pour la composante biens industriels non énergétiques de l’IPCH. La variation des prix des biens de consommation non alimentaires importés est passée de – 1,9 % en septembre à – 1,2 % en octobre. La variation des prix intérieurs à la production des biens de consommation non alimentaires est ressortie à 0,7 % en octobre, sans changement par rapport à septembre, et reste proche de sa moyenne de long terme. En amont de la chaîne des consommations intermédiaires, le rythme annuel de variation des prix à la production des biens intermédiaires s’est légèrement redressé, passant de – 1,6 % en septembre à – 1,3 % en octobre, tandis que le rythme annuel de variation des prix à l’importation des biens intermédiaires s’est redressé, passant de – 3,0 % en septembre à – 2,5 % en octobre. Les évolutions de la variation des prix à l’importation des biens de consommation non alimentaires et des biens intermédiaires pourraient refléter, au moins en partie, le fait que l’appréciation du taux de change de l’euro par rapport à l’année précédente ne s’est pas poursuivie en octobre.

Les tensions sur les salaires sont atténuées par l’effet sur la rémunération des mesures de soutien mises en place par les États. L’évolution de la rémunération par tête et celle de la rémunération par heure travaillée ont affiché une forte volatilité et une nette divergence entre les deux mesures au cours des trois premiers

trimestre 2020. La hausse annuelle de la rémunération par tête a atteint 0,6 % au troisième trimestre, après – 4,7 % au deuxième trimestre, 0,6 % au premier trimestre et 1,7 % au quatrième trimestre 2019. La croissance annuelle de la rémunération horaire, en revanche, est passée de 2,0 % au quatrième trimestre 2019 à 4,3 % au

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2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

IPCH hors énergie et produits alimentaires

IPCH hors énergie, produits alimentaires, postes liés aux voyages et habillement Supercore

PCCI

Fourchette des mesures

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premier trimestre 2020 et 9,3 % au deuxième trimestre, avant de revenir à 3,0 % au troisième trimestre 2020 (cf. graphique 15). Ces évolutions divergentes reflètent l’effet des dispositifs de chômage partiel et de chômage technique, en vertu

desquels les travailleurs conservent leur statut de salarié mais ne perçoivent qu’une partie de leur rémunération habituelle, tandis que le nombre effectif d’heures travaillées par tête a fortement diminué. Cet effet s’est en partie inversé au troisième trimestre, en phase avec le rebond de l’activité. Dans le même temps, la baisse de la rémunération par tête surestime les pertes effectives de revenus du travail dans la mesure où, à des fins statistiques, plusieurs pays comptabilisent les aides publiques dans les transferts et non dans les rémunérations 7. La hausse des salaires

négociés, qui ne sont pas directement affectés par l’évolution du nombre d’heures travaillées et l’enregistrement des prestations versées au titre des dispositifs de maintien dans l’emploi, est ressortie en baisse à 1,6 % au troisième trimestre 2020, après 1,7 % au deuxième trimestre et 1,9 % au premier trimestre. Même si cela ne traduit qu’un faible ralentissement, il convient de noter que les données intègrent encore des accords conclus avant l’apparition de la pandémie 8.

Graphique 15

Décomposition de la rémunération par tête en rémunération horaire et en heures travaillées

(variations annuelles en pourcentage ; contributions en points de pourcentage)

Sources : Eurostat et calculs de la BCE.

Note : Les dernières observations se rapportent au troisième trimestre 2020.

Les indicateurs des anticipations d’inflation extraits des instruments de marché ont légèrement augmenté après des informations positives concernant les essais concluants de vaccins contre le coronavirus (COVID-19) qui ont dopé le sentiment du marché, mais demeurent toutefois à des niveaux très faibles (du 10 septembre au 9 décembre). Après avoir marqué le pas fin octobre sous l’effet des reconfinements, les mesures des anticipations d’inflation extraites des instruments de marché ont nettement augmenté après la première d’une série d’annonces d’essais de vaccins concluants. Par exemple, le taux des swaps indexés

7 Pour de plus amples informations, cf. l’encadré intitulé « Les dispositifs de chômage partiel et leurs effets sur les salaires et le revenu disponible », Bulletin économique, n° 4, BCE, 2020.

8 Pour plus d’informations, cf. l’encadré 7 du présent Bulletin économique.

-15 -10 -5 0 5 10

T1 2019 T2 2019 T3 2019 T4 2019 T1 2020 T2 2020 T3 2020

Rémunération par tête Rémunération horaire

Heures travaillées par personne occupée

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sur l’inflation à cinq ans dans cinq ans, qui s’est établi à 1,25 % le 9 décembre, s’inscrit, selon les estimations, globalement à l’intérieur des intervalles observés entre mi-2019 et le début de la pandémie. Même si les indicateurs à plus court terme des anticipations d’inflation extraits des instruments de marché se sont jusqu’à présent montrés un peu plus résistants que lors de la première vague de la pandémie, l’intégralité du profil anticipé des indicateurs des anticipations d’inflation extraits des instruments de marché continue d’aller dans le sens d’une période prolongée d’inflation faible. Les indicateurs des anticipations d’inflation tirés des enquêtes sont demeurés historiquement bas. D’après l’enquête de la BCE auprès des prévisionnistes professionnels pour le quatrième trimestre 2020 menée durant la première semaine d’octobre 2020 et les dernières publications du Consensus économique et du Baromètre de la zone euro pour octobre, les anticipations d’inflation à plus long terme tirées d’enquêtes se sont maintenues à leurs points bas historiques, ou à des niveaux proches.

Graphique 16

Indicateurs des anticipations d’inflation extraits des instruments de marché

(variations annuelles en pourcentage)

Sources : Thomson Reuters et calculs de la BCE.

Note : Les dernières observations se rapportent au 9 décembre 2020.

Les projections macroéconomiques de décembre 2020 établies par les services de l’Eurosystème prévoient une accélération graduelle de l’inflation totale sur l’horizon de projection. D’après le scénario de référence, la hausse de l’IPCH total devrait ressortir en moyenne à 0,2 % en 2020, 1,0 % en 2021, 1,1 % en 2022 et 1,4 % en 2023 (cf. graphique 17). Par rapport aux projections macroéconomiques de septembre 2020 réalisées par les services de la BCE, la projection de l’IPCH a été révisée à la baisse de 0,1 point de pourcentage pour 2020, est restée inchangée pour 2021 et a été révisée à la baisse de 0,2 point de pourcentage pour 2022, en raison de données plus faibles concernant l’IPCH hors énergie et produits alimentaires et d’une réévaluation à la baisse des tensions inflationnistes depuis les précédentes projections, dans le contexte d’une

sous-utilisation des capacités importante, mais en recul, sur les marchés des biens et du travail. Le rebond, en 2021, s’expliquerait dans une large mesure par des

0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0

01/19 03/19 05/19 07/19 09/19 11/19 01/20 03/20 05/20 07/20 09/20 11/20

Inflation anticipée à 1 an dans 1 an Inflation anticipée à 1 an dans 2 ans Inflation anticipée à 1 an dans 4 ans Inflation anticipée à 1 an dans 9 ans Inflation anticipée à 5 ans dans 5 ans

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effets de base de la composante énergie de l’IPCH, liés à la forte baisse des cours du pétrole au début de la pandémie mondiale de COVID-19, ainsi que par la fin de la réduction de la TVA en Allemagne. À moyen terme, l’inflation totale devrait

s’accentuer progressivement, principalement sous l’effet d’une légère augmentation de la contribution apportée par l’IPCH hors énergie et produits alimentaires qui, toutefois, devrait rester assez modeste. La hausse de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires devrait s’établir à 0,7 % en 2020, 0,8 % en 2021 et 1,0 % en 2022, avant d’atteindre 1,2 % en 2023.

Graphique 17

Inflation mesurée par l’IPCH dans la zone euro (avec projections)

(variations annuelles en pourcentage)

Sources : Eurostat et l’article intitulé « Projections macroéconomiques pour la zone euro établies par les services de l’Eurosystème, décembre 2020 » publié le 10 décembre 2020 sur le site internet de la BCE.

Notes : La ligne verticale indique le début de l’horizon de projection. Les dernières observations se rapportent au troisième trimestre 2020 (données) et au quatrième trimestre 2023 (projections). La date d’arrêté des données figurant dans les « Projections macroéconomiques pour la zone euro établies par les services de l’Eurosystème, décembre 2020 » est le 25 novembre 2020.

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2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

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