• Aucun résultat trouvé

Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19

Dans le document Bulletin économique. Numéro 8 / 2020 (Page 75-80)

Évolutions des taux d’intérêt

5 Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19

Vanessa Gunnella, Georgi Krustev et Tobias Schuler

La pandémie de coronavirus (COVID-19) a été marquée par une diminution brusque et importante de la mobilité, qui a entraîné un effondrement du tourisme, des échanges de services de voyage et de la consommation des non-résidents. Les confinements et les mesures de distanciation sociale ont entraîné de fortes baisses de la consommation habituellement stable de services.

Le présent encadré fait le point sur les évolutions du secteur du tourisme, analyse en quoi l’incidence de ces évolutions sur la consommation a varié d’un pays à l’autre et examine les perspectives à court terme de reprise du tourisme et des voyages.

La forte baisse du tourisme et des voyages, qui reflète les restrictions et les incertitudes liées à la circulation transfrontière des personnes (par exemple en raison de mesures de quarantaine), a entraîné un effondrement de la

consommation des non-résidents. Les effets de cet effondrement peuvent être observés en examinant la différence entre la consommation domestique et la consommation nationale (cf. partie a du graphique A). La consommation domestique inclut celle des non-résidents, tandis que la consommation nationale ne prend en compte que celle des résidents 46. Par exemple, en Italie et en Espagne, la consommation domestique des non-résidents a chuté de plus de 90 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2020, et des baisses similaires ont été enregistrées dans les dépenses de consommation à l’étranger des résidents de ces pays, nettement plus fortes que la baisse de la consommation nationale.

En raison de la diminution des voyages transfrontières, les écarts de consommation (l’excédent de la consommation domestique par rapport à la consommation nationale résultant des dépenses nettes des non-résidents), ont été presque comblés au deuxième trimestre 2020 (cf. partie b du graphique A) 47. En d’autres termes, le tourisme a agi comme un canal d’amplification des chocs pendant la pandémie de COVID-19 dans les pays exportateurs nets de services de voyage (c’est-à-dire les pays qui reçoivent beaucoup de touristes, comme l’Espagne, la Grèce et le Portugal), dans la mesure où ils ont connu une forte contraction de la consommation privée intérieure, et aussi comme un canal d’amortissement des chocs dans les pays importateurs nets de services de voyage (comme l’Allemagne) 48. Plus précisément, dans le cas des

46 Le concept national de dépenses de consommation privée (DCP) rend compte des dépenses de consommation privée des résidents d’un pays, que ces dépenses aient lieu dans le pays ou à l’étranger. Les DCP nationales sont le concept utilisé pour déclarer la consommation privée totale des ménages du côté des dépenses du PIB dans les comptes nationaux. Les DCP domestiques augmentent le concept de DCP nationales du solde net des dépenses effectuées dans le pays par les résidents étrangers et des dépenses réalisées par les résidents du pays à l’étranger. Pour de plus amples informations sur les différences entre ces concepts, cf. l’encadré 1 de l’article intitulé

« La consommation de biens durables dans la zone euro », Bulletin économique, n° 5, BCE, 2020.

47 Les écarts de consommation tels que définis dans le présent encadré – c’est-à-dire la différence entre les DCP domestiques et les DCP nationales – incluent, outre les dépenses touristiques, d’autres échanges transfrontières de services, tels que les dépenses d’éducation et de santé.

48 Pour plus de détail sur les voyages et le tourisme dans le cadre des échanges de services dans la zone euro, cf. l’encadré intitulé « Impact du confinement lié au COVID-19 sur les échanges de services de voyages », Bulletin économique, n° 4, BCE, 2020.

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Encadrés

Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19 75 créanciers nets de services de voyage, l’effondrement des dépenses de

consommation des non-résidents a entraîné une baisse de la consommation domestique plus importante que celle de la consommation nationale, alors que c’est le contraire qui s’est produit dans les pays qui étaient débiteurs nets de services de voyage avant le début de la pandémie de COVID-19. Cette tendance se reflète également dans la forte détérioration du solde des échanges de services de voyage des pays exportateurs nets de services de voyage et dans l’amélioration du solde des importateurs nets (cf. partie a du graphique A). Les données disponibles pour le troisième trimestre 2020 montrent un retour partiel et incomplet des écarts de consommation aux niveaux observés avant la pandémie.

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Encadrés

Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19 76 Graphique A

Dépenses de consommation privée (DCP) nationales et domestiques et échanges de services de voyage

(partie a : variations annuelles en pourcentage (échelle de gauche) et en part du PIB (échelle de droite) au deuxième trimestre 2020 ; partie b : part du PIB)

Sources : Eurostat et calculs des services de la BCE.

Notes : Zone euro représente l’agrégat de la zone euro. Dans la partie a, le solde des échanges de services de voyage est présenté en part du PIB. Dans la partie b, les écarts de DCP sont calculés comme la différence entre DCP domestiques et DCP nationales, qui correspond au solde net entre les dépenses effectuées dans le pays par les résidents étrangers et les dépenses réalisées par les résidents du pays à l’étranger. Dans la partie b, les dernières observations se rapportent au troisième trimestre 2020, à l’exception de la Grèce. Pour la zone euro, le troisième trimestre 2020 a été estimé sur la base d’informations partiellement disponibles pour les pays de la zone euro, qui ne comprennent pas de données pour la Grèce et le Luxembourg.

En dépit d’un rebond partiel, les données montrent que le secteur du tourisme à l’étranger est resté déprimé au troisième trimestre 2020. Les données sur les arrivées de touristes ont continué de faire état de chiffres très faibles pour les arrivées étrangères par rapport à la situation antérieure à l’apparition de la COVID-19 (cf. partie b du graphique B). En revanche, le tourisme domestique est resté relativement résilient et a pu compenser partiellement la perte de tourisme étranger, même s’il est resté inférieur aux niveaux de 2019. Pendant l’été, les destinations proches étaient plus demandées et plusieurs gouvernements ont lancé

-2

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

b) Déficits de dépenses de consommation privée Zone euro

Zone euro Allemagne Grèce Espagne France Italie Portugal

a) PIB en volume, DCP nationales et domestiques et échanges de services de voyage PIB

DCP nationales DCP domestiques

Solde des échanges de services de voyage (échelle de droite)

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Encadrés

Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19 77 des initiatives promotionnelles 49. Toutefois, les dernières données disponibles font état d’une reprise fragile et incomplète. Dans la zone euro, les arrivées de touristes ont été inférieures à deux tiers de celles observées un an auparavant. Le tourisme dans les pays qui dépendent des arrivées de touristes étrangers, comme la Grèce et le Portugal (cf. partie a du graphique B), reste nettement inférieur aux niveaux normaux. De même, le chiffre d’affaires dans la restauration, et dans une moindre mesure dans l’hôtellerie, s’est redressé, mais est demeuré à de très bas niveaux, soutenu par les touristes nationaux et locaux.

Graphique B

Arrivées de touristes et chiffre d’affaires des services

(partie a : pourcentage du total ; partie b : ratio par rapport au même trimestre de l’année précédente)

Source : Eurostat.

Notes : En raison de la disponibilité des données, les ratios d’arrivée de touristes se rapportent à août et septembre pour la Grèce.

Les ratios de chiffre d’affaires de l’hôtellerie et de la restauration ne sont pas disponibles pour la Grèce ni pour l’Italie.

Depuis octobre 2020, avec la réapparition généralisée des cas de COVID-19, la plupart des pays de la zone euro ont imposé de nouvelles restrictions.

Les visiteurs sont actuellement soumis à un test ou à une quarantaine dans la plupart des pays, et l’entrée de visiteurs en provenance de pays n’appartenant pas à l’UE n’est autorisée que pour les pays considérés comme sûrs 50. Dans la plupart des pays de la zone euro, les gouvernements ont réimposé un couvre-feu et fermé les attractions touristiques et les lieux de loisirs tels que les musées, les théâtres, les bars et les restaurants. En raison de la réintroduction de restrictions aux

déplacements depuis octobre, le remplacement du tourisme étranger par le tourisme domestique continuera probablement d’influer à court terme sur la dynamique des services touristiques. Les dernières restrictions pourraient aussi modifier les

49 Des incitations financières ont été introduites en Italie et en Grèce pour promouvoir le tourisme domestique, tandis que d’autres gouvernements ont lancé des campagnes de publicité.

Cf. Organisation mondiale du tourisme, « Understanding Domestic Tourism and Seizing its

Opportunities », Note d’information de l’OMT – Tourisme et COVID-19, n° 3, Madrid, septembre 2020.

50 Le Conseil de l’Union européenne a publié, à titre indicatif, une liste de pays non membres de l’UE sans risque épidémiologique. Cette liste est régulièrement révisée et mise à jour, s’il y a lieu. De nombreux pays de la zone euro ont levé les restrictions imposées aux pays figurant sur cette liste.

0

a) Part des arrivées de touristes au T3 2019 Arrivées de touristes étrangers

Chiffre d’affaires de l’hôtellerie et de la restauration b) T3 2020

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Encadrés

Évolutions du secteur du tourisme durant la pandémie de COVID-19 78 conséquences géographiques de la crise pour le secteur, dans la mesure où les destinations touristiques hivernales seront plus durement touchées cette fois-ci.

Les indicateurs prospectifs font état d’une nouvelle détérioration du secteur du tourisme à mesure de la réintroduction de restrictions (cf. graphique C).

En raison des interdictions de se déplacer, des restrictions et des nouvelles mesures de confinement (représentées par la courbe verte), les voyages ont diminué après l’été et les effets de confiance pèsent fortement sur les réservations. Cela est illustré par une inversion du redressement des capacités de vol (courbe rouge) dans l’ensemble des pays de la zone euro. Selon les données les plus récentes, les capacités de vol sont actuellement de l’ordre de 25 % des niveaux d’avant la COVID-19. Des indicateurs prospectifs, tels que l’indice des directeurs d’achat (PMI) relatif aux nouvelles commandes dans les secteurs du tourisme et des loisirs, ont de nouveau fléchi en novembre, continuant de faire état d’une contraction. La confiance dans le secteur de l’hébergement reste également déprimée et bien inférieure à sa moyenne historique, comme le montre l’indicateur de confiance correspondant de la Commission européenne.

Graphique C

Évolutions récentes du tourisme

(échelle de gauche: indice standardisé ; échelle de droite : en pourcentage par rapport à la même période de l’année précédente)

Sources : Markit, HAVER, Commission européenne, OAG, Eurostat et Oxford COVID-19 Government Response Tracker.

Notes : Le PMI se rapporte à l’UE. L’hébergement est mesuré par l’indicateur de confiance européen. Les données relatives au transport aérien ne concernent que l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie. L’indice de sévérité est une moyenne des pays de la zone euro pondérée par la part des arrivées de touristes en 2019. Des compléments (à la valeur 100, où 100 correspond à la sévérité maximale) de l’indice de sévérité sont déclarés de telle sorte qu’une augmentation de la série corresponde à un assouplissement et une diminution à une plus grande sévérité.

0 20 40 60 80 100 120

-10 -8 -6 -4 -2 0 2

01/2020 03/2020 05/2020 07/2020 09/2020 11/2020

PMI (nouvelles commandes du tourisme et de loisirs) (échelle de gauche) Hébergement (échelle de gauche)

Transport aérien (échelle de droite)

Indice de sévérité – complément (échelle de droite)

Bulletin économique de la BCE, n° 8 / 2020 – Encadrés

Les effets à long terme de la pandémie : indications tirées d’une enquête réalisée auprès de

grandes entreprises 79

6 Les effets à long terme de la pandémie : indications

Dans le document Bulletin économique. Numéro 8 / 2020 (Page 75-80)

Documents relatifs