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Tel qu’annoncé dans la problématique, cette thèse s’intéresse aux relations interalliées. En ce sens, l’étude de la prise en charge des prisonniers allemands permet de poser un regard

Ser. US Naval War Col., 62, (1980), p. 325–342.

52 Dans les cas des prisonniers allemands en France : Fabien Théofilakis, Les prisonniers de guerre allemands. France, 1944-1949, Paris, Fayard, 2014. Voir aussi, S.P. MacKenzie, Colditz Myth […], op.cit., Kochavi, op.cit., Jonathan Vance, « The Trouble with Allies: Canada and the Negociation of Prisoner of War Exchanges » dans Bob Moore et Kent Fedorowich (dir.), op.cit., p. 69–85.

nouveau sur l’alliance « américano-Commonwealth » entre 1942 et 1945. En analysant les négociations interalliées, c’est-à-dire leurs désaccords et leurs divergences, mais aussi leurs ententes, leurs collaborations et leurs échanges au sujet des captifs ennemis, ce travail apporte un nouvel éclairage sur la structure de cette collaboration en temps de guerre et les mécanismes de décision autour desquelles elle s’articule. Par le fait même, cette dynamique interalliée indique que la captivité des militaires allemands demeure un enjeu impliquant intrésèquement plus d’un État. La détention de guerre est opérée avant tout dans contexte international précis.

L’histoire des Alliés fait déjà l’objet d’une importante historiographie. De manière générale, trois éléments marquent cette dernière. D’abord, les historiens abordent l’Alliance en fonction de la coopération militaire, notamment les stratégies communes, les opérations conjointes et le soutien économique nord-américain54. D’autres chercheurs y tracent une histoire plus « personnelle » en axant leurs analyses sur les relations étroites entre les hauts dirigeants55. Dans un second temps, une attention est portée sur le rôle joué par l’Union soviétique dans l’Alliance et les relations entretenues entre cette dernière et les puissances de l’Ouest dans le contexte de la Guerre froide56. Le troisième point est certainement l’importance accordée à la relation entre Washington et Londres, qualifiée par Winston Churchill de Special Relationship57. Ce concept a d’ailleurs rapidement été utilisé par les chercheurs pour définir et expliquer cette collaboration en temps de guerre58. Popularisé dans l’après-guerre, notamment dans les analyses sur la Guerre froide, ce

54 Richard Overy, Why the Allies Won, Londres, W.W. Norton & Company, 2006 (1997). Paul Kennedy, Le Grand Tournant, Pourquoi les Alliés ont gagné la guerre, 1943-1945, Paris, Perrin, 2012. Phillips Payson O’Brien, How the War was Won: Air Sea Power and Allied Victory in World War II, Cambridge University Press, 2015. David Rigby, Allied Master Strategists. The Combined Chiefs of Staff in World War II, Naval Institute Press, 2012.

55 Warren Kimball, Forged in War: Roosevelt, Churchill and The Second World War, Londres, William Morrow, 1997. Frank Costigliola, Roosevelts Lost Alliances: How Personal Politics Helped start the Cold War, Princeton, Princeton University Press, 2011. David Reynolds, From World War to Cold War. Churchill, Roosevelt and the International History of the 1940, New York, Oxford University Press, 2006. John Charmley, « Churchill and the American Alliance », Transactions of the Royal Historical Society, vol. 11 (2001) p. 353–371.

56 Robert Beitzell, The Uneasy Alliance, Alfred Knopf, 1972. David Reynolds et als. (dir.), Allies at War: The Soviet, American and British Experience 1939–1945, Londres, Macmillan, 1994. David Reynolds, « From World War to Cold War: The Wartime Alliance and Post-War Transitions, 1941–1947 », The Historical Journal, vol. 45, n° 1 (2002), p. 211–227. Martin Folly, Churchill, Whitehall and the Soviet Union, 1940-45, Londres, Macmillan, 2000. 57 « […] the natural Anglo-American special relationship » prononcé par Churchill le 7 novembre 1945 à la House of Commons et le 5 mars 1946 à Fulton, U.S. (Iron Curtain Speech). Robert R. James (dir.). Winston S. Churchill: his complete speeches 1897–1963, vol. 7, NY, Chelsea House, 1974, pp. 7248, 7289.

58 David Reynolds, « The Diplomacy of the Grand Alliance » dans Richard J.B. Bosworth and Joseph A. Maiolo (dir.). Cambridge History of Second World War, Vol.II, Cambridge, Cambridge University Press, 2015, p. 301–323. David Reynolds, « Roosevelt, Churchill, and the Wartime Anglo-American Alliance, 1939–1945: Towards a New

concept souligne la proximité politique, militaire et idéologique, ainsi que la volonté de collaboration étroite entre les deux États anglophones « cousins » qui a permis de remporter la guerre. Cependant, cette approche a depuis été fortement remise en question59.

À partir des années 70, les chercheurs se sont penchés attentivement sur diverses facettes de cette Special Relationship60 afin d’identifier le caractère véritablement « spécial » de cette coopération. Leurs résultats proposent un portrait plus nuancé de cette alliance. Cette dernière repose sur une collaboration étroite par rapport à plusieurs projets et opérations conjoints, ainsi que d’un important soutient politique, financier et militaire mutuel. Parallèlement, leur coopération est aussi marquée par de profondes divergences entre les deux États. Celles-ci proviennent de leurs conflits d’intérêts sur divers enjeux économiques et politiques61. En ce sens, les historiens abordent le fonctionnement et la dynamique interne de l’Alliance en axant leurs analyses sur les éléments débattus lors des négociations interalliées. Comme le souligne Mark Stoller, si certains aspects ont été l’objet d’une collaboration étroite entre les deux Alliés, il persistait plusieurs mésententes : « There were many, often substantial, disagreement between the two allies, and occasionally, formal agreement masked continuing dispute in practice62. »

Plusieurs exemples sont bien documentés : la décolonisation de l’Empire britannique, les luttes économiques dans l’industrie pétrolière et l’aviation civile, les stratégies militaires, etc.63 Selon

Synthesis » dans William Roger Louis & Hedley Bull (dir.), The ‘Special Relationship’: Anglo-American Relations Since 1945, Oxford, Oxford University Press, 1986, p. 17–41.

59 Alex Danchev, « The Cold War Special Relationship Revisited », Diplomacy and Statecraft, vol. 17, n° 3 (2006), p. 579–595. David Reynolds, « A special relationship? America, Britain and the international order since the Second World War », International Affairs, vol. 62, n° 1 (1986), p. 1-20. David Reynolds, « Rethinking Anglo-American relations », International Affairs, Vol. 65, n° 1 (1989), p. 89–111.

60 John Charmley, Churchill’s Grand Alliance: The Anglo-American Special Relationship, Mariner Books, 1996. 61 Greg Kennedy, « Anglo-American Diplomatic Relations 1939–1945 » dans Andrew Dorman et Greg Kennedy (dir.), War & Diplomacy, From World War I to the War on Terrorism, Dulles, Potomac Books, 2008, p. 41–57. 62 Mark Stoller, Allies in War, Britain and America against the Axis Powers 1940–1945, Hodder Arnold, 2007. 63 Christopher Thorne, Allies of a Kind, The United States, Britain and the War Against Japan, 1941–1945, Oxford University Press, 1978. et William Roger Louis, Imperialism at bay 1941–1945: the United States and the decolonization of the British Empire, Oxford, Clarendon Press, 1977, p 7–15. Erik Benson, Aviator of Fortune: Lowell Yerex and the Anglo-American Commercial Rivalry, 1931–1946, College Station, Texas, Texas A&M Press, 2006. Fiona Venn, « The Wartime Special relationship? From Oil War to Anglo-American Oil agreement, 1939– 1945 », Journal of Transatlantic Studies, vol. 10, n° 3 (2012), p. 119–133. Philip Gannon, « The Special relationship and the 1945 Anglo-American Loan », Journal of Transatlantic Studies, vol. 12, n° 1 (2014), p. 1–17. Matthew Fallon Hinds, « Anglo-American Relations in Saudi Arabia, 1941–1945: A Study of a Trying Relationship », Thèse de doctorat, Londres, LSE, 2012. Ken Young, « A Most Special Relationship. The Origins of Anglo-American Nuclear Strike Planning », Journal of Cold War Studies, vol. 9, n° 2 (2007), p. 5–31.

les historiens David Reynolds et Alex Danchev, bien qu’aucun des deux Grands ne remette en question l’objectif principal de la victoire finale sur le fascisme et malgré la proximité personnelle entre Churchill et Roosevelt, la collaboration britanno-américaine est plutôt établie, structurée et animée par plusieurs divergences d’intérêts qui sont exposées durant le conflit, d’où le concept de competitive cooperation avancé pour qualifier cette collaboration64. La Special Relationship est donc associée à une coopération en temps de guerre, basée sur des objectifs communs, articulée via des opérations conjointes, mais négociée et mise en place en fonction des intérêts de chaque acteur65. Arieh Kochavi et Martha Smart ont d’ailleurs clairement montré que cette même dynamique est présente sur la question des prisonniers de guerre. Leurs divergences d’intérêts se reflètent dans leurs négociations à la fois concernant la protection des prisonniers alliés et le transfert des prisonniers ennemis66. La présente thèse nuance quelque peu cet argument en montrant d’une part l’aspect conflictuel des relations interalliées, mais aussi un rapprochement clair entre les trois pays, et plus particulièrement entre les États-Unis et le Canada, au fil du conflit. En ce sens, la collaboration interalliée n’est pas aussi clairement divergente que ne le soutiennent Kochavie et Smart. Certes, le prisonnier allemand soulève des questions qui ne font pas consensus entre les trois geôliers. Néanmoins, ce même sujet va aussi favoriser une étroite coopération de leur part.

Dans une perspective plus large, le rôle des dominions durant la Deuxième Guerre mondiale a suscité beaucoup d’intérêts chez les historiens. Bien que l’influence de l’Afrique du Sud, de de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada sur le processus décisionnel britannique soit reconnue sur différents enjeux, cette interprétation est toujours peu présente sur la question de la captivité67. Dans le cas canadien, ce manque est surprenant considérant que le dominion accueille

la grande majorité des prisonniers allemands du Commonwealth jusqu’en 1943. En consacrant un chapitre au rôle des dominions dans l’établissement des politiques à Londres, Neville Wylie

64 David Reynolds, « From World War to Cold War […] », op.cit., p. 4. Alex Danchev, On Specialness: Essays in Anglo-American Relations, Londres, Basingstoke, Macmillan, 1998, p. 3.

65 Récemment, un excellent bilan de ce concept a été publié : B. J. C. McKercher, Britain, America, and the Special Relationship since 1941, NY, Routledge, 2017, p. 11–58.

66 Kochavi, op.cit., et Smart, op.cit.,

67 Neville Sloane, « Neville Chamberlain, Appeasement and the role of the British Dominions », London Journal of Canadian Studies, vol. 23, n° 1 (2007), p. 67–80. Andrew Stewart, Empire Lost: Britain, the Dominions and the Second World War, Londres, Continuum, 2008. Jackson Ashley, The British Empire and the Second World War, Londres, Continuum, 2008, pp. 53–75. Iain E. Johnston-White, The British Commonwealth and Victory in the Second World War, London, Palgrave Macmillan UK, 2017, p. 1-28.

souligne que la question des prisonniers s’impose de facto comme une problématique interalliée non seulement avec les Américains, mais aussi à l’échelle de l’Empire britannique68.

Ainsi, le rôle du Canada au sein du processus décisionnel, ou decision-making process, est souvent délaissé au profit du rôle joué par les Américains et les Britanniques. Selon les études actuelles, le Canada semble avoir joué un rôle secondaire au sein des Alliés en tant que puissance intermédiaire, as a middle power, du fait qu’il soit exclu des discussions stratégiques anglo- américaines69. Cette interprétation ne reflète pourtant pas pleinement la réalité de la détention de guerre. Ottawa est au contraire un acteur beaucoup plus présent que ne le laissent penser les travaux existants. En ce sens, cette thèse soutient que les rapports interalliés sur la captivité des soldats allemands ne sont pas strictement bilatéraux entre Londres et Washington, mais plutôt trilatéraux, incluant Ottawa. En dépit des conflits internes entre la Grande-Bretagne et le Canada, la collaboration des Canadiens apparait essentielle et même fructueuse sur plusieurs projets alliés pour Washington et Londres. Ces éléments remettent en question l’argument sur la place secondaire du Canada au sein de l’Alliance.

Pourtant, Winston Churchill n’avait pas oublié d’inclure le Dominion of Canada lors de ses allusions à la Special Relationship de par son rattachement au Commonwealth70. En ce sens, la collaboration militaire canadienne avec la Grande-Bretagne est déjà bien connue en raison du soutien économique, industriel et militaire offert par les Canadiens au fil du conflit sans pour autant faire référence aux opérations de captivité71. En fait, il va être démontré dans cette thèse que cette volonté d’entraide intra-Commonwealth motive le gouvernement canadien à accepter les prisonniers de guerre allemands pour le compte de la Grande-Bretagne, surtout entre 1940 et 1943. Cette décision s’est reflétée dans les premières études portant sur les prisonniers de guerre, où Ottawa est souvent présenté comme un simple « geôlier » de Londres sans influence sur la

68 Wylie, Barbed Wire Diplomacy. op.cit., p. 123–156.

69 Arthur Andrew, The Rise and Fall of a Middle Power: Canadian Diplomacy from King to Mulroney. Toronto, James Lorimer, 1993. John W. Holmes, « Most Safely in the Middle », International Journal, vol. 39, n° 2 (1984), p. 366–388.

70 James, Winston S. Churchill, op.cit.,

71 Par exemple : David Stafford et Rhodri Jeffreys-Jones (dir.), American-British-Canadian Intelligence Relations, 1939–2000 (London, 2000). Hector MacKenzie, « Sinews of War and Peace. The Politics of economic aid to Britain, 1939–1945 », International Journal, vol. 54, n° 3 (1999), p. 649-670. C.P. Stacey, Arms, Men and Governments. The War Policies of Canada, 1939–1945, Ottawa, Queen’s Printer, 1970. p. 203–305.

prise de décision72. Plusieurs raisons expliquent ce constat. D’abord, l’attention accordée aux relations entre Londres et Washington fait en sorte qu’on outrepasse facilement l’importance du Canada au sein des Alliés73. Pourtant, les relations entre le Canada, les États-Unis et la Grande-

Bretagne font l’objet de plusieurs études en termes de relations triangulaires transatlantiques. Au sein de cette historiographie, le Canada occupe souvent une position intermédiaire entre les deux principaux alliés de l’Ouest74. Une seconde raison est le statut de dominion du Canada, qui associe facilement les positions canadiennes à celle de Londres dans le cadre du Commonwealth. Par exemple, le rôle du Canada a souvent été interprété comme symbolique dans la détention de guerre en raison de la politique impériale imposée par Londres : « […] in short, the government in Ottawa remained little more than a spectator to the formulation of Allied POW policy75. »

Cette thèse réfute directement cette affirmation en démontrant que le Canada va fortement critiquer la politique britannique au cours du conflit, adoptant plusieurs positions en défaveur de Londres, tout en ayant une influence significative sur ses alliés.

Par ailleurs, des études sur la politique extérieure canadienne remettent en question le concept de Middle Power redéfinissant ainsi le rôle, mais surtout l’influence, du Canada sur la scène internationale entre 1930 et 1950. The Golden Decades comme le souligne Hector Mackenzie et Adam Chapnick, représente une période charnière pour la politique étrangère du Canada après la signature du traité de Westminster en 193176. Souvent associé à la politique du gouvernement de William Lyon Mackenzie King, l’approche fonctionnaliste mise de l’avant par les hauts fonctionnaires du Département des Affaires extérieures, et souvent soulignée par les historiens Jack Granatstein, Norman Hillmer, Greg Donaghy et Robert Bothwelll, implique que le Canada intensifie son rôle sur la scène internationale en signant des accords économiques, les

72Jonathan F. Vance, Objects of Concern. op.cit, pp. 86–89. Bernard et Bergeron, op.cit., p. 6. Auger, op.cit., p. 19– 43. David J. Carter, POW, behind Canadian barbed wire: Aliens, refugees and prisoners of war camps in Canada, 1914–1946, Elkwater, Alta, Eagle Butte Press, 1998, p.12.

73 John Bartlet Brebner, North Atlantic Triangle: The Interplay of Canada, the United States and Great Britain, NY, Columbia University Press, 1958.

74 C. P. Stacey, Mackenzie King and the North Atlantic Triangle, Toronto, Macmillan, 1976. John Alan English, « Not an Equilateral Triangle: Canada’s Strategic Relationship with the United States and Britain, 1939–1945 » dans B. J. C. McKercher et Lawrence Aronson (dir.), The North Atlantic Triangle in a Changing World: Anglo-American- Canadian Relations, 1902–1956, Toronto, Macmillan, 1996, p. 147–183.

75 Jonathan Vance, « Men in Manacles. The Shackling of Prisoners of War, 1942–1943 », The Journal of Military History, vol. 59, n° 3 (1995), p. 504.

76 Hector Mackenzie, « Golden decade(s)? Reappraising Canada’s international relations in the 1940s and 1950s », British journal of Canadian studies, vol. 23, n° 2 (2010), p. 179–206. Adam Chapnick, « The Golden Age. A Canadian foreign policy paradox », International Journal, vol. 64, n° 1 (2008), p. 205–221.

conventions internationales, en développant son réseau diplomatique, en participant de son plein gré à des opérations militaires et humanitaires et en contribuant à la création des Nations Unies et de l’OTAN77. Cette politique se concrétise en partie par une distanciation des positions de

Londres au profit d’un rapprochement entre Ottawa et Washington via la signature d’ententes économiques et stratégiques, indiquant du même coup une diminution de l’influence britannique sur le continent nord-américain78. Le Canada tente ainsi durant cette période d’affirmer son statut de nation indépendante sur la scène internationale et non plus de dominion britannique79.

C’est toutefois durant la Seconde Guerre mondiale que ce processus va se fortifier avant de s’affirmer dans l’après-guerre80. Cette recherche montre que le cas des prisonniers allemands au Canada devient une occasion concrète pour Ottawa d’afficher son autonomie à l’échelle internationale et sa souveraineté face au Commonwealth en s’affichant officiellement comme puissance détentrice et en occupant un rôle accru au sein des Alliés sur la question de la captivité des soldats allemands. Contribuant à cette historiographie, la thèse montre que le nationalisme mis de l’avant par le gouvernement canadien devient en quelque sorte un leitmotiv sur la question des captifs allemands. Toutefois, il s’avère que le gouvernement Mackenzie King ne rejette totalement pas son rattachement au Commonwealth entre 1939 et 1945. Au contraire, la relation entre Ottawa, Londres et les autres dominions est plûtot marquée par une ambivalence sur la

77Adam Chapnick, « The Canadian middle Power Myth », International Journal, vol. 55, n° 2 (2000), p. 188–206. Arthur Andrew, op.cit., p. 25. C. P. Stacey, Canada and the Age of Conflict. A History of Canadian External Policies (vol. II: 1921–1948, The Mackenzie King Era), Toronto, University of Toronto Press, 1981. J. L. Granatstein, The Ottawa Men: The Civil Service Mandarins, 1935–57, Londres, Oxford University Press, 1982. J. L. Granatstein, Canada’s War: The Politics of the Mackenzie King Government, 1939–1945. Toronto, University of Toronto Press, 1990. David MacKenzie, « Canada, the North Atlantic Triangle, and the Empire » dans Judith Brown and Wm. Roger Louis (dir.), The Oxford History of the British Empire. Volume IV. The Twentieth Century, London, Oxford University Press, 1999, p. 574–597. J. Granatstein et Robert Bothwell, « “A Self-Evident National Duty”: Canadian Foreign Policy, 1935–1939 », Journal of Imperial and Commonwealth History, vol. 3, n° 2 (1975), p. 212–33. Greg Donaghy et Michael K. Carroll (dir.), In the national interest: Canadian foreign policy and the Department of Foreign Affairs and International Trade, 1909–2009, Calgary, University of Calgary Press, 2011. Robert Bothwell et Jean Daudelin (dir.), Canada Among the Nations 2008. 100 Years of Canadian Foreign Policy, Montréal & Kingston, McGill-Queen’s Press, 2009, 413 p.

78 Galen Roger Perras, Franklin Roosevelt and the Origins of the Canadian-American Security Alliance, 1933–1945: Necessary but not Enough, Westport (Conn.), Praeger, 1998. B. J. C. Mckercher, Transition of Power: Britain’s Loss of Global Pre-eminence to the United States, 1930–1945, Cambridge, England, 1999. J. L. Granatstein, How Britain’s Weakness forced Canada into the arms of the United States, Toronto, Toronto University Press, 1988. 79 Laura Madokoro, Francine McKenzie and David Meren (dir.), Dominion of Race. Rethinking Canada’s International History, Vancouver, UBC Press, 2017.

80 Charles Ritchie, The Siren Years: A Canadian Diplomat Abroad 1937–1945, Toronto, McClelland & Stewart, 2001. David Meren, « The Tragedies of Canadian International History », Canadian Historical Review, vol. 96, n° 4, 2015, p. 550–560. En complément à l’analyse de Meren: John English, « The Tragedies of Canadian International History: A Comment », Canadian Historical Review, vol. 96, n° 4 (2015), 567–575.

question de la captivité. Ce sujet va revelé une importante divergence entre les fonctionnaires à Ottawa et le Haut commissaire canadien à Londres, Vincent Massey. Le gouvernement canadien va donc adopter une position pragmatique et ambiguë en défendant à la fois l’autonomie canadienne et ses liens avec le Commonwealth. Par ailleurs, il est important ici de ne pas amplifier le rôle du Canada parmi les nations. Les deux alliés américano-britanniques demeurent les acteurs de premier plan sur plusieurs questions d’ordre international, alors que le Canada y exerce une influence limitée. Quoi qu’il en soit, comme le souligne Adam Chapnick au sujet de la contribution canadienne dans l’établissement de l’ONU, malgré le manque d’expérience d’Ottawa en matière de politique étrangère, la période de 1942-1946 peut certainement être interprétée comme le moment où les Canadiens, du moins les autorités gouvernementales, commencèrent à se percevoir autrement : comme des internationalistes influents81.

D’un autre côté, les relations canado-américaines entre 1930 et 1950 ont aussi été interprétées comme une volonté de Washington d’accentuer son influence sur le Canada, en particulier pour la défense du continent nord-américain. Ce processus a été interprété comme une inclusion dans la politique extérieure canadienne de par les différents traités signés : Hyde Park et Ogdensburg82.

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