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Applications de la psychologie sociale dans la relation de soin

B. Réalisation du plan de traitement

1. Prise en charge globale

Tendre vers la prise en charge globale de tous les patients demande une certaine organisation du cabinet et de l’équipe de soin. Comme abordé lors de l’accueil téléphonique des patients, il est intéressant d’aménager de grandes plages de rendez-vous. En effet, lorsque les plans de traitements ont été établis et définis étape par étape, il est alors possible de regrouper les actes. Travailler en groupant les soins et les secteurs. Si par exemple, plusieurs soins sur les secteurs droits du patient peuvent être groupés en un rendez-vous, si le praticien anesthésie le secteur 1, le secteur 4 peut l’être également. Grouper les anesthésies, tout en respectant les doses, permet de minimiser la douleur et le nombre d’heures à attendre que les effets s’estompent après chaque séance. De longs rendez-vous de quarante-cinq minutes à une heure sont alors aménagés. Cela permet au praticien de réaliser le plan de traitement en un minimum de rendez-vous, ce qui est préféré par un grand nombre de patients et fait gagner beaucoup en organisation, en énergie ainsi qu’en coût pour le cabinet. Ceci car moins de rendez-vous signifie moins de secrétariat, moins de temps d’accueil, moins de matériel à stériliser et aussi un nombre moins important de patients chaque jour auquel l’équipe doit s’adapter afin de leurs apporter tout le confort physique et psychologique possible. Travailler de manière globale permet d’améliorer la qualité des soins et la prise en charge grâce à l’amélioration de la qualité psychologique des professionnels exerçant au cabinet.

2. Communication

a. La communication non verbale

Il est déterminant pour l’équipe de soin de toujours garder à l’esprit cette question : « Que voit le patient pendant les soins ? » Car ce qu’il voit, ce sont deux paires d’yeux au-dessus de lui où il peut lire toutes les variations émotionnelles possibles (60).

Pour chaque individu, il reste toujours plus ou moins complexe de s’abandonner au fauteuil de soins. C’est la raison pour laquelle chaque geste et chaque émotion doit être particulièrement maîtrisé. Le patient ressent et analyse tout. Il doit se sentir en sécurité. Etre entre des mains sûres grâce à des gestes clairs et déterminés donne la perception que rien ne peut arriver, que tout est calculé tel un ballet. Pour cela, la cohésion de l’équipe assistante-praticien doit être parfaite. Chacun doit savoir quel est son rôle pour l’étape du plan de traitement à réaliser ce jour. De plus, tout geste traduisant l’énervement doit être évité. Le contrôle doit être permanent. La moindre impatience due à l’absence d’un instrument, à la difficulté de réalisation d’un soin ou au manque de coopération du patient est décelée par ce dernier. Il s’agira alors de s’organiser en conséquence pour éviter ces classiques causes d’anxiété pour le praticien et de perte de temps. Par exemple, l’investissement dans des cassettes de stérilisation est intéressant. Cela évite de rechercher en permanence des éléments dans les tiroirs ce qui minimise la dispersion bactérienne, le temps de nettoyage, la perte d’énergie et d’attention au patient ainsi que le besoin permanent d’une assistante. C’est également un gain de temps en stérilisation. Bien-sûr, cela n’est réalisable que grâce à un investissement important dans le matériel qui n’est souvent possible qu’au fur et à mesure de l’installation du professionnel. Mais le praticien se doit d’investir dans un espace professionnel adapté afin de limiter les causes de stress voir de burnout qui se répercutent sur la prise en charge. Le contrôle permanent demande beaucoup d’énergie pour l’équipe de soin, voilà pourquoi l’organisation de plages de repos dans une salle dédiée est nécessaire pour l’équipe.

b. La communication verbale

Au cours de la réalisation du plan de traitement, l’utilisation de questions ouvertes pour s’enquérir du patient permet d’obtenir des réponses au plus proche de la réalité et de la sensibilité de l’individu (24). Il est important de noter que la formulation des questions oriente les réponses. Il s’agit alors de bien les choisir. Ceci revient à poser des questions de type ouvertes ou fermées, ou encore directives ou alternatives. Les questions fermées sont précises, elles engagent la réponse sous forme d’un « oui » ou d’un « non ». Elles permettent de recevoir rapidement l’information et bloquent la conversation. Cela est utile lorsque le praticien souhaite suggérer au patient de rester sur une note positive en fin de rendez-vous : « Etes-vous satisfait de la séance ? », « Sentez-vous la douceur de vos dents à présent ? », ce sont des questions fermées construites de mots positifs. Les questions ouvertes, quant à elles, ouvrent le dialogue. Elles incitent le patient à prendre conscience de son état, de ses ressentis et lui permet de les décrire. Elles sont utiles en début de séance car elles instaurent un climat de confiance et d’écoute. Voici quelques exemples de questions fermées pouvant être « ouvertes » :

- « Sentez-vous une douleur quand vous mangez ? » : « Que ressentez-vous lorsque vous mangez ? »

- « Certaines personnes ressentent des nausées avec ce médicament. Est-ce votre cas ? » : « Avez-vous éventuellement eu des effets secondaires avec ce médicament ? » - « La douleur se projette-t-elle dans la tête ? »

: « La douleur est-elle seulement localisée dans la dent ? »

Avant d’inviter le patient à s’installer, il est important de faire un résumé des actes qui vont être effectués lors de la séance. Si une étape du programme de soins fourni au patient diffère, il est bon de l’expliquer brièvement au patient.

Une fois le patient installé, le fait de donner des explications et informations sur chacun des gestes réalisés permet souvent de limiter l’inconnu et d’apaiser la personne. Cela suit la méthode

reste adaptable pour tous. Ainsi, les gestes sont expliqués et éventuellement montrés (certains instruments, zones d’intervention, etc.) avant d’être réalisés. C’est la raison pour laquelle il est intéressant de demander au préalable dans le questionnaire odontologique si de régulières explications pendant les soins sont désirées. En effet, certaines personnes sont plus angoissées quand elles savent ce qui est fait et préfèrent ne rien savoir. Dans ce dernier cas, il reste indispensable de prévenir lorsque des sensations seront induites et ce, de manière positive : « vous pouvez ressentir un léger picotement », « maintenant vous sentirez des vibrations et de l’eau », « vous allez entendre un bruit sec, c’est tout à fait bon signe ». Cela permet d’appréhender les réactions, d’augmenter le seuil de sensibilité par la diminution de l'effet de surprise.

Lors des explications destinées à ceux qui les désirent, il est nécessaire de favoriser les mots positifs, non émotionnellement connotés contrairement aux « mots chocs ». Voici donc quelques exemples de modifications positives du vocabulaire dentaire (56) :

- Faire une piqûre/anesthésie : Endormir, désensibiliser

- Douleur : Gêne, sensation désagréable, picotement

- Fraiser la carie : Eliminer la dentine molle - Obturer la cavité : Effectuer la restauration - Cette dent n’a pas de carie : Cette dent est saine

- Extirper le nerf : Dévitaliser

- Inciser : Accéder au foyer

- Faire des points de suture : Réunir les berges

Les explications sont généralement appréciées. Il est cependant préférable d’éviter de poser des questions pendant les soins sachant qu’il est difficile d’obtenir une réponse. C’est une erreur

silence ne doit pas être redouté. C’est un signe de concentration. La technique de renforcement positif peut aussi être utilisée au cours des soins, cela diminue le seuil de sensibilité et d’impatience.

En fin de soin, il est intéressant de résumer la séance. Cela permet de rassurer le patient sur l’atteinte des objectifs et de le garder motivé sur l’avancement du plan de traitement. Lui rappeler également l’étape qui sera réalisée à la prochaine séance permet au soigné de se préparer psychologiquement. Il est également important de garder un temps de dix minutes avant et après chaque séance afin de laisser la possibilité au patient d’exprimer ses éventuelles questions, doutes ou angoisses. Cela permet de faire un point, de rassurer la personne afin de mener à bien la prise en charge psychique tout au long du traitement. En cas d’absence de question, le praticien a alors toujours la possibilité de prendre une pause salvatrice avant le prochain rendez-vous.

c. La communication écrite

Donner les conseils post-opératoires par écrit est indispensable car après une intervention ou à la fin d’un traitement prothétique, les patients sont rarement dans état émotionnel permettant l’intégration des nombreuses informations à retenir. Ces feuilles permettent de limiter les sources d’anxiété préjudiciables à la relation thérapeutique. Elles peuvent être accompagnées d’ordonnance dites préventives permettant aux patients de prendre les médicaments seulement en cas de besoin et non systématiquement. Cela les rassure, évite de souffrir inutilement ou d’avoir à revenir au cabinet. La prise des médicaments est alors expliquée sur l’ordonnance et réexpliquée en détails sur la fiche de contrôle de la douleur ci-dessous.