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Applications de la psychologie sociale dans la relation de soin

A. Explication du plan de traitement

2. Préparation de la deuxième séance

Le temps passé entre les deux séances permet la synthèse des informations relevées afin de : - Poser un diagnostic complet et appréhender l’évolution de la situation initiale - Déterminer le plan de traitement idéal et les arguments menant vers ce choix - Déterminer les solutions alternatives envisageables

- Appréhender les inquiétudes et questions du patient

Réunir les supports pédagogiques est nécessaire à l'explication claire et simple du plan de traitement. Les vidéos ou images explicatives issues de médias ou de la littérature scientifique peuvent aider à illustrer les propos. Les photos et modèles du patient éventuellement montés sur articulateur permettent d’expliquer très concrètement les solutions. Pour finir, montrer des exemples de pièces telles que : couronne, stellites et implants permet au patient de se représenter le travail, de le toucher ou encore le soupeser. Il peut alors mieux se projeter.

Le meilleur traitement est celui qui procure santé, sécurité, pérennité, fonction, esthétique et confort. Malheureusement, les frais de réhabilitation prothétique et de traitements parodontaux n’étant peu voir pas remboursés ; un nombre insuffisant de personnes peut s’offrir son traitement idéal. Il est intéressant de se mettre à la place du patient, ou d’imaginer un proche à sa place afin de prendre du recul pour le choix du traitement idéal. Ne doit-on pas soigner chaque patient comme on soignerait un parent? Il s’agit aussi de considérer les contraintes médicales et financières de chaque personne. En revanche, il est nécessaire de rester vigilant sur les prospections. Il est en effet impossible de connaître tous les paramètres de choix du patient. Il faut faire attention aux « à priori » basés sur la catégorie sociale attribuée plus ou moins arbitrairement. Il ne faut pas sous-estimer la détermination des patients à se soigner, particulièrement après un bilan complet et expliqué. Favoriser les traitements idéaux pour chaque patient est donc important pour limiter toute malencontreuse discrimination. Cependant, il s’agira de toujours rester flexible et d’envisager des traitements

alternatifs selon la tournure de la conversation lors de l’annonce du plan de traitement idéal. A titre illustratif, voici une anecdote d’un praticien de vingt ans d’expérience.

Un patient se présente à son cabinet avec une prothèse amovible totale mandibulaire très mobile et des crêtes osseuses particulièrement résorbées. Le patient est demandeur d’une nouvelle prothèse totale. Face à l’échec prévisible de la réalisation d’une prothèse amovible traditionnelle, le praticien évoque tout de même, sans trop de conviction, l’idée d’une solution permettant de fixer un nouvel appareil, tout en expliquant qu’elle est particulièrement onéreuse et que sa réalisation est peu certaine tant que des examens complémentaires n’ont pas été effectués. Le patient a tout de suite été très intéressé. En effet, aucun praticien ne lui avait jamais parlé d’implantologie. Suite au scanner il s’est avéré possible de poser des implants. Le patient a tout de suite accepté le plan de traitement malgré un coût multiplié par dix comparé au prix d’une simple prothèse amovible. En signant, ce patient explique alors que ce traitement tend à augmenter sa qualité de vie de façon considérable sur le plan fonctionnel comme esthétique et que cet investissement est hautement prioritaire à l’achat d’une nouvelle voiture (60).

Cet exemple est caractéristique de cas d’erreurs d’appréciation du statut socioprofessionnel et de la motivation des patients. Quoi qu’il en soit, il est obligatoire de présenter toutes les solutions dans le cadre du consentement éclairé.

Lors de cas complexes, le choix du plan de traitement idéal est une étape difficile pour chaque praticien. En effet, en questionnant plusieurs praticiens pour un même cas difficile, il n’est pas rare d’avoir autant de plans de traitements que de soignants questionnés. Tout dépend alors de la vision de soin de l’équipe réalisant de la prise en charge.

Certains considèrent que la meilleure solution sera la même pour tous peu importe le coût. L’avantage ici est que le patient connaisse le meilleur traitement que la science est à même de lui offrir. Cette solution peut aussi être envisagée au long terme. C’est-à-dire que ces praticiens considèrent

risque est de blesser certains patients. En effet, certaines personnes n’auront jamais le budget pour ce traitement idéal. En restant ancré dans une vision d’excellence, le plan idéal risque d’être présenté comme inévitable et les traitements alternatifs peuvent être dévalorisés.

D’autres praticiens préfèrent adapter « arbitrairement » la proposition du « meilleur traitement » selon leur analyse de la personnalité, du niveau socio-professionnel et du style de vie du patient. A cet effet, comme il appartient au dentiste d’être convainquant et cohérent dans sa proposition, il se persuade, afin d’être persuasif, de son choix de traitement. La démarche est empathique mais en revanche, les suppositions sur les capacités financières du patient ne devraient pas prendre le dessus sur le raisonnement clinique car cela peut mener à faire un pré-choix rigide pour le patient selon des préjugés du praticien.

Il incombe au praticien de fortement considérer les solutions alternatives au traitement idéal et de rester très flexible quant au choix de ces options.