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Données actuelles en psychologie sociale et leurs implications dans la communication au service du soin en odontologie

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Academic year: 2021

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(1)

HAL Id: dumas-01759126

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Submitted on 5 Jun 2018

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en odontologie

Maëlle Laurent

To cite this version:

Maëlle Laurent. Données actuelles en psychologie sociale et leurs implications dans la communication au service du soin en odontologie. Sciences du Vivant [q-bio]. 2016. �dumas-01759126�

(2)

THÈSE D'EXERCICE / UNIVERSITÉ DE RENNES 1

sous le sceau de l’Université Bretagne Loire

Thèse en vue du

DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE

présentée par

Maëlle Laurent

née le 29 décembre 1991 à Brest

Données actuelles en

psychologie sociale

et leurs implications

dans la

communication au

service du soin en

odontologie

Thèse soutenue à Rennes

Le 28 octobre 2016

Devant le jury composé de :

Olivier SOREL

PU-PH, UFR Odontologie Rennes 1 / Président

Vianney DESCROIX

PU-PH, UFR Odontologie Paris 7 / Directeur

Anne LE GOFF

MCU-PH, UFR Odontologie Rennes 1 / Juge

Fleur MEARY

(3)

U.F.R. ODONTOLOGIE

UNIVERSITE DE RENNES I 1er septembre 2016

CORPS ENSEIGNANTS DE L'U.F.R. D'ODONTOLOGIE

56e SECTION : DEVELOPPEMENT, CROISSANCE ET PREVENTION SOUS-SECTION 01 : PEDODONTIE

Professeur des Universités : M. SIXOU Jean-Louis Maître de Conférences des Universités : Mme MARIE-COUSIN Alexia Assistant Hospitalier Universitaire : Mme GENDRONNEAU Marion Assistant Hospitalier Universitaire : Mme PELLERIN Constance SOUS-SECTION 02 : ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE

Professeur des Universités : M. SOREL Olivier Maître de Conférences des Universités : Mme MANO Marie-Charlotte Assistant Hospitalier Universitaire : Mme GUILLON Mathilde Assistant Hospitalier Universitaire : M. GUEDON Jonathan Assistant Hospitalier Universitaire : M. DUCROZ Bertrand Assistant Hospitalier Universitaire :

SOUS-SECTION 03 : PREVENTION, EPIDEMIOLOGIE, ECONOMIE DE LA SANTE, ODONTOLOGIE LEGALE

Professeur des Universités : Mme BERTAUD-GOUNOT Valérie Maître de Conférences des Universités : M. PRIGENT Hervé

Assistant Hospitalier Universitaire : Mme TROHEL Gilda Assistant Hospitalier Universitaire : Mme AMBROISE Constance 57e SECTION : SCIENCES BIOLOGIQUES, MEDECINE ET CHIRURGIE BUCCALES

SOUS-SECTION 01 : PARODONTOLOGIE

Professeur des Universités : Mme JEANNE Sylvie Assistant Hospitalier Universitaire : Mme SOENEN Anne-Hélène Assistant Hospitalier Universitaire : Mme NOVELLO Solen Assistant Hospitalier Universitaire :

SOUS-SECTION 02 : CHIRURGIE BUCCALE, PATHOLOGIE ET THERAPEUTIQUE, ANESTHESIE ET REANIMATION

Maître de Conférences des Universités : Mme LEJEUNE-CAIRON Sophie Maître de Conférences des Universités : M. LIMBOUR Patrick

Maître de Conférences des Universités : M. CLIPET Fabrice Maître de Conférences des Universités : M. BADER Gérard Assistant Hospitalier Universitaire : Mme OBRY Faustine Assistant Hospitalier Universitaire : Mme THIBAUT Flora Assistant Hospitalier Universitaire :

SOUS-SECTION 03 : SCIENCES BIOLOGIQUES (Biochimie, Immunologie, Histologie, Embryologie, Génétique, Anatomie Pathologique, Bactériologie, Pharmacologie)

(4)

58e SECTION : SCIENCES PHYSIQUES ET PHYSIOLOGIQUES ENDODONTIQUES ET PROTHETIQUES

SOUS-SECTION 01 : ODONTOLOGIE CONSERVATRICE, ENDODONTIQUE Professeur des Universités : M. VULCAIN Jean-Marie Maître de Conférences des Universités : Mme DAUTEL-MORAZIN Anne Maître de Conférences des Universités : Mme LE GOFF Anne

Maître de Conférences des Universités : M. TURPIN Yann-Loïg Maître de Conférences des Universités : M. PERARD Matthieu Maître de Conférences des Universités : Mme LE CLERC Justine Assistant Hospitalier Universitaire : Melle DUMONT Laure-Anne Assistant Hospitalier Universitaire : Mr DEMOY Julien Assistant Hospitalier Universitaire : Mme BINET Sophie

SOUS-SECTION 02 : PROTHESES (Conjointe, Adjointe Partielle, Complète, Maxillo-Faciale)

Maître de Conférences des Universités : M. RAVALEC Xavier Maître de Conférences des Universités : M. BEDOUIN Yvan

Assistant Hospitalier Universitaire : Mme BARRAU-VASLIN Lorianne Assistant Hospitalier Universitaire : M. POIRIER Charles-Edouard Assistant Hospitalier Universitaire : M. VASLIN Marc

Assistant Hospitalier Universitaire : Mr PERRIGAULT Sébastien

SOUS-SECTION 03 : SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES, OCCLUSODONTIQUES BIOMATERIAUX, BIOPHYSIQUE, RADIOLOGIE

Professeur des Universités : M. CATHELINEAU Guy, Président de l'Université Maître de Conférences des Universités : Mme CHAUVEL-LEBRET Dominique

Maître de Conférences des Universités : Mme MEARY Fleur

Assistant Hospitalier Universitaire : Mr LE PADELLEC Clément

ENSEIGNANTS AUTRES SECTIONS 41e section : Sciences Biologiques

Maître de Conférences : Mme TAMANAI-SHACOORI Zohreh 64e/65e section : Biochimie et Biologie Moléculaire/Biologie Cellulaire

Maître de Conférences : Mme GAUTIER-COURTEILLE Carole

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Remerciements

À la présidence du jury, À Vianney DESCROIX,

Merci de m’avoir fait confiance et d’avoir accepté de diriger cette thèse. J’ai

reconnu à nos échanges la simplicité et la gentillesse d’un bon praticien et

professeur dont j’aurai aimé assister aux cours. Merci pour tes avis et ton

soutien jusqu’au bout.

À Docteur Olivier SOREL,

Vos conseils quant au démarrage de cette thèse m’ont beaucoup guidé. C’est

l’ouverture que vous portez à vos élèves et patients de tout azimuts qui m’ont

fait me tourner vers vous afin de présider cette thèse. Je vous remercie d’avoir

honoré cette demande.

À Docteur Anne LEGOFF,

Je suis très heureuse à l’idée de vous savoir dans le jury de cette thèse. Après

ces années à bénéficier de vos conseils pratiques et à observer votre écoute

inconditionnelle de vos patients, il était pour moi important de clôturer ce

temps universitaire en votre présence. Merci d’avoir accepté ma demande.

À Docteur Fleur MEARY,

Fleur, je suis ravie que tu aies accepté aussi rapidement de faire partie du jury.

Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de travailler en clinique à tes

côtés mais je garde une douce mémoire de mes premières années de travaux

pratiques sous ton enseignement doux et bienveillant. Merci d’être présente

pour la fin de cette période universitaire.

(6)

À ma famille

À mes parents,

Milles mercis pour votre inconditionnel soutien quoi que je fasse. Sans vous et votre amour de l’autre, du soin, de la solidarité et de l’humain, je ne serai jamais arrivée jusqu’ici. Je vous remercie de m’avoir transmis ce bel élan qui accompagne chacun de mes pas, professionnels et personnels. Papa, je te remercie pour ta relecture et tes avis bienveillants. Le sérieux que tu portes à mon travail m’a beaucoup touché. Maman… merci pour la rage et la passion !

À mon frère et ma sœur,

Yohan, j’ai hâte de te voir à ma place et d’être là pour toi dans la suite de tes études, où qu’elles aillent. Je sais que tu es là, que tu me soutiens et je suis heureuse de t’avoir à mes côtés. Emmy, ma sœur, merci à toi aussi d’être ici, tu es notre joie de vivre. À Cédric,

Merci d’être là chaque jour, et merci d’être qui tu es. Cette thèse est le fruit de ces dernières années de questionnements et des nombreuses à venir. Merci pour l’oreille attentive que tu y as porté ainsi que pour la régie !

À mes amis,

À toi Albane, mon amie ma sœur qui fait qui je suis. À Cindy, mon rayon de soleil, ma coloc, la seule et l’unique ! À Marion, Sophie et Agathe, merci pour cette belle année de médecine à se bidonner dans nos saints couloirs, sur les bancs de la fac et encore aujourd’hui dès que possible. À Célia, mon amie des dents françaises, pour ces belles années de fac et les prochaines. À Emilie, mon amie des dents québécoises, pour les chocolats chauds, la folie et les chants sous la pluie. À Lorela, pour nos fous rires de fin de clinique et nos infinis débats sur la vie qui font les soignantes que nous sommes.

(7)

« Je certifie sur l’honneur ne pas avoir repris pour mon compte des propos, citations, ou

illustrations déjà publiées »

(8)

Sommaire

INTRODUCTION

11

PARTIE 1

13

LA PSYCHOLOGIE SOCIALE

13

I. De la psychologie à la psychologie sociale 14

A. La psychologie 14

1. Les grands courants de la psychologie expérimentale 15 2. Le courant des thérapies cognitivo-comportementales 16

3. La troisième vague 19

4. La psychologie positive 23

5. Les types de personnalité 28

6. L’estime de soi 30 7. La motivation 30 B. La sociologie 34 1. Etude générationnelle 34 C. La psychologie sociale 38 1. Définitions fondamentales 38

2. Les représentations sociales 39

3. Concepts de cognition sociale 41

(9)

II. Psychologie sociale et techniques de manipulation positive 49 A. La consistance du comportement 49 B. La théorie de l’engagement 50 C. L’effet de gel 51 D. L’escalade l’engagement 51 E. La rationalisation à postériori 51 F. Le pied-dans-la-porte 52 G. La porte-au-nez 53

H. La technologie des circonstances 53

I. L’étiquetage 54

J. Validation expérimentale 54

III. Psychologie sociale et outils de communication 56

A. La communication non verbale 56

1. Le pouvoir du sourire 56 2. L’impact du regard 57 3. La posture 57 4. La poignée de main 58 5. Le toucher 58 6. Les gestes 59 7. La proxémie 60 B. La communication verbale 62 1. Les mots 62 2. La voix 64 C. La communication hypnotique 65 1. L’hypnose 65

2. Description de la communication hypnotique 66

(10)

D. La Communication Non Violente 71

1. Description 71

2. Méthode 72

E. La gestion émotionnelle 77

PARTIE 2

79

APPLICATIONS DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE DANS LA RELATION DE SOIN

79

I. Première consultation et alliance thérapeutique 82

A. Accueil téléphonique 84 B. Arrivée du patient 86 1. Préparation de l’arrivée 86 2. Accueil 91 3. Salle d’attente 93 4. Environnement général 93

C. Premier contact et observations 94

D. Accueil en salle de soin 95

E. Anamnèse 96

1. Invitation à la rencontre 96

2. Ecoute active 96

3. Contrôler son langage non verbal 98 4. Observer le non-verbal du patient 99

F. Empathie 100

G. Bilan bucco-dentaire 102

(11)

II. Prise en charge thérapeutique 105 A. Explication du plan de traitement 105 1. Premières informations lors de la consultation initiale 105 2. Préparation de la deuxième séance 109 3. Explications lors de la deuxième séance 111 4. Gérer le malaise par rapport à l’argent 117

5. Communication écrite 121

B. Réalisation du plan de traitement 127

1. Prise en charge globale 127

2. Communication 128

3. Minimiser les agressions sensorielles du patient au fauteuil 137

C. Education thérapeutique 141 1. Cadre et environnement 142 2. Communication 142 3. Travaux pratiques 145 4. Motivation et maintien 146 5. Communication écrite 148

6. Les médias et le futur 151

D. Maintien du plan de traitement 152

CONCLUSION

153

(12)

Introduction

La communication fait partie intégrante des métiers de soin. Pourtant, elle fait souvent défaut au risque de causer des malentendus. La bonne volonté, l’expérience et les aptitudes naturelles au relationnel sont des atouts essentiels à la transmission de l’information. Pourtant, un apprentissage de théorie et de techniques de communication simples et protocolisées peut apporter un soutien à ces ressources. Cet apprentissage permet à chaque praticien de mettre rapidement en place une solide relation de confiance avec ses patients. La notion de confiance est fondamentale. Elle est le pilier de la réussite thérapeutique.

Mieux comprendre l’être humain afin de mieux se comprendre soi, puis l’autre, pour enfin mieux communiquer à deux. Tel est l’objectif de ce travail de recherche. Au premier abord, cela peut paraître présomptueux. Pourtant, aucune prétention d’exhaustivité ne réside ici. Allier au soin plusieurs disciplines de science humaine, voilà qui peut sembler évident mais qui ne l’est pas tant. En effet, la profession de chirurgien-dentiste étant si technique, si pointue et en perpétuelle évolution, les praticiens sont souvent trop accaparés par l’apprentissage des progrès scientifiques et médicaux pour se tourner vers les avancées en psychologie. Pourtant, ce champ d’étude a énormément à apporter au domaine de l’odontologie. Afin de mener un plan de traitement vers sa réussite, il ne suffit plus d’être le meilleur praticien sur le plan technique. Pourquoi réaliser des implants, de fines chirurgies ou des prothèses sur des cas complexes si le manque d’éducation thérapeutique mènera ces travaux à l’échec à plus ou moins long terme ? Sans communication, il n’y a pas non plus de prise en charge psychologique de l’anxiété. Cela se traduit par des retards, des absences mais aussi des refus de plan de traitement. Communiquer, c’est aussi amener les patients à une demande de soins de qualité, ce qui participe à leur bien-être.

La médecine actuelle quitte progressivement le modèle de soin paternaliste pour aller vers un modèle plus collaboratif. Le patient prend part de son destin lorsque son consentement, ses besoins

(13)

et son avis sont demandés. Ce nouveau mode de soin est très positif mais demande aux praticiens des connaissances de techniques en ce qui concerne la communication afin d’éclairer au mieux ces prises de décision. Ce travail a alors pour but de faire découvrir aux passionnés de l’humain, que sont les soignants, quelques mécanismes issus des sciences humaines permettant de traiter l’organique sans pour autant brusquer le psychique.

Pour ce faire, cette thèse se partage en deux axes. En premier lieu, un aperçu des connaissances actuelles de psychologie, leur évolution et leur alliance avec la sociologie pour donner un courant plus précis et très utile aux recherches en communication : la psychologie sociale. C’est dans cette partie que quelques techniques dites de « manipulation positive » seront abordées. Elles permettent de montrer aux patients le bienfondé des intentions de soin : leur bien-être. Leur étude permet aussi de reconnaître les limites d’utilisation de ces modes de communication afin de ne pas dériver vers des démarches de conviction commerciale. Dans un deuxième temps, la réalité concrète du chirurgien-dentiste et de ses patients au cabinet dentaire sera abordée. Ceci dans la chronologie de l’élaboration d’une relation bienveillante avec un nouveau patient. Il appartient alors au praticien de maîtriser les techniques de communication décrites en première partie afin d’apporter au patient le plus de confort psychique possible et ce, même lorsqu’il ne semble pas y être prédisposé. Les déterminants d’une première prise de contact seront alors étudiés ainsi que la mise en place d’outils d’aide à l’explication et à la réalisation du plan de traitement. Enfin, comme une prise en charge thérapeutique ne peut être jugée que sur le long terme, des outils aidant au maintien du traitement seront abordés afin de clôturer ce propos.

(14)

Partie 1

(15)

I. De la psychologie à la psychologie sociale

La psychologie étudie l’individu, la sociologie un groupe d’individus, tandis que la psychologie sociale étudie l’individu en interaction avec d’autres individus.

Pour mieux comprendre les patients et les relations que le soignant développe avec eux, il faut tout d’abord apprendre à se comprendre soi, en tant qu’être humain fait de raison et d’émotions. Il est ensuite plus aisé de saisir autrui dans toute son individualité. C’est la vaste tâche à laquelle s’attelle la psychologie. L’étude de la sociologie, elle, permet d’aller à la rencontre de cette population si variée de patients, dans toute sa diversité culturelle, sociale et générationnelle. Quant à l’étude de la psychologie sociale, elle guide dans la compréhension de relation interpersonnelle, si complexe, intime et précieuse qu’est la relation de soin. Cette compréhension sera permise par une plongée dans les grands concepts théoriques de la relation humaine.

A. La psychologie

Avant tout développement sur les théories de communication, de personnalité et de motivation, il est important d’aborder les différents courants de la psychologie d’où proviennent les méthodes qui seront étudiées ici. Cette brève introduction aux grands mouvements ayant nourrit la psychologie contemporaine permettra de comprendre la raison pour laquelle cet écrit se concentre sur certaines théories plus que d’autres.

(16)

1. Les grands courants de la psychologie expérimentale

La psychologie scientifique et expérimentale est née en 1879 par la fondation du premier laboratoire de psychologie en Allemagne par Wilhelm Wundt. Ce psychologue désire rendre la psychologie quantifiable et observable. Il souhaite créer des conditions reproductibles pour manipuler des variables et pouvoir ainsi comparer les résultats. Il veut « expérimenter pour découvrir les lois de l’esprit ». C’est par cet abord que Wundt se différencie des philosophes car à cette période la psychologie est encore considérée comme une branche de la philosophie. Wundt cherche à définir le comportement humain par ses bases structurelles : perceptions et sensations. L’introspection, soit la définition de ses propres états de conscience, est à la base de cette discipline qu’est la psychologie structuraliste. Ses recherches sont alors basées sur cette expérience subjective qu’est l’introspection et assurent donc peu de constance dans ses résultats.

Ce courant structuraliste intéresse donc peu ce propos car il ne constitue que les prémices de la psychologie. Il aura tout de même été à l’origine d’une méthodologie scientifique qui sera retrouvée dans tous les champs de psychologie.

Par la suite, émerge la psychologie fonctionnaliste autours de 1885 aux États-Unis, avec William James. Il prend les émotions comme point de départ pour ses recherches. L’étude des manifestations somatiques émotionnelles seraient, selon lui, des valeurs bien plus objectives en comparaison à l’interprétation subjective des émotions utilisée par Wundt. James postule que des manifestations organiques des émotions surviennent avant toutes choses et que l’interprétation de ces émotions par la conscience aurait tendance à biaiser l’émotion. Pour lui, la conscience a un rôle d’adaptation à l’environnement.

Ce courant se différencie par son pragmatisme. La méthode scientifique se veut ainsi plus objective que celle des structuralistes.

(17)

Vers 1900, la psychologie différentielle apparaît avec Francis Galton puis se développe avec Charles Spearman et Louis Léon Thurstone en Grande Bretagne. Ils cherchent à déterminer les variabilités de comportements entre les individus, entre les groupes et chez un même individu. Ce mouvement étudie essentiellement les différences de personnalité influençant les comportements. Naît alors le terme « trait » de personnalité avec la théorie du Big Five, qui sera développée ultérieurement.

Cet abord de la psychologie concerne cette thèse quant à la notion de variabilité propre à la nature humaine. Qu’elle soit attribuée à des facteurs de personnalité ou à des facteurs environnementaux, l’étude des variances intra-personnelles (motivation, traits de personnalité, etc.) permet plus de compréhension et donc plus de tolérance envers les individus : des patients, des membres de l’équipe de soin, tout comme de soi-même.

2. Le courant des thérapies cognitivo-comportementales

Avec John Watson, aux États-Unis en 1913, apparaît la psychologie comportementale. Elle sera ensuite développée par Burrhus Skinner. Les recherches se basent sur les célèbres études d’Ivan Pavlov qui travaille alors sur le conditionnement. Son expérience maîtresse est celle effectuée sur les chiens. La vue de la nourriture active la salivation de l’animal. Associer le son d’une cloche au service de nourriture permet de créer un conditionnement réflexe de salivation à la seule écoute du son. Watson écrit que si la psychologie veut être perçue comme une science observable, soit une science basée sur des faits mesurables écartant toute interprétation subjective de la conscience, toute idée de prédisposition et de vie intérieure (conscience) doit être bannie, pour ne se concentrer que sur les faits. Cet établissement de protocoles précis pour l’expérimentation relève alors d’une méthode scientifique et empirique. Watson travaille sur le comportement des êtres vivants et leur relation avec

(18)

Il peut être positif comme négatif. Si l’action génère un renforcement positif, appelé récompense, le comportement sera renouvelé. Si elle génère un renforcement négatif, nommé punition, les actions ne seront pas ou moins renouvelées. Les réponses innées seraient alors peu observables chez l’individu. En effet, Skinner postule que chaque être humain naît avec le même potentiel : seul son environnement va modeler ses comportements. Un programme éducatif efficace donnerait alors les mêmes chances à tous. Cette théorie rejette toutes les théories abordées précédemment. Selon le comportementalisme, les pensées et émotions (joie, peur) sont des données impossibles à observer contrairement aux comportements qui leur sont reliés (rire, fuite). Le comportementaliste a alors un rôle d’observateur, de prédicteur et de contrôle. De contrôle, par la notion de renforcements positifs et négatifs. Les thérapies issues de la psychologie comportementale sont appelées thérapies de première vague.

Ces thérapies permettent d’entrevoir des applications en odontologie, notamment en ce qui concerne les techniques de renforcement positif.

Vers 1950, psychologie cognitive voit le jour avec Noam Chomsky et George Miller aux États-Unis. Elle complète les théories comportementalistes qui avaient éliminé tout phénomène psychique pour ne se concentrer que sur les comportements. Pour ce courant, il n’y a pas de comportement sans but initial. La pensée influence le comportement mais les comportements génèrent des émotions qui impactent sur la cognition que constituent pensées, images, souvenirs et croyances. C’est alors une science qui étudie les fonctions cognitives : la perception, le langage, la mémoire, l’attention, le raisonnement et la résolution de problèmes. Par exemple, pour trouver de la nourriture (but) le rat n’a pas seulement appris à tourner à gauche (conditionnement comportementaliste) mais a une représentation spatiale du labyrinthe dans lequel il se trouve car peu importe où il sera, il retrouvera son repas (cognitivisme). La psychologie cognitive considère alors que l’individu n’apprend que s’il est

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capable de réaliser des schémas mentaux lui permettant l’assimilation des informations transmises. L’enseignement doit donc être adapté et différentié selon chacun.

Cette discipline trouve alors une application directe en odontologie quant à l’éducation thérapeutique.

Depuis les années 1980, ces deux courants de pensée se sont associés pour donner jour à une approche plus complète de la psychologie : les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Ce sont des thérapies dites de deuxième vague, particulièrement attachées à l’expérimentation clinique par des méthodes empiriques. Elles s’attaquent aux difficultés présentes du patient, sans tenter de travailler sur les causes passées, ce sur quoi travaille plutôt la psychanalyse. Les TCC se concentrent sur les symptômes visibles au travers des comportements et sur les processus cognitifs conscients ou non. Ces processus mentaux seraient à l’origine des émotions et donc d’éventuels troubles causés par ces dernières. Un exemple de thérapie consiste à conscientiser certaines croyances et pensées dysfonctionnelles afin de les remplacer par des pensées et comportements plus efficaces et adaptés. Ce travail se fait d’abord aidé d’un praticien en TCC puis de manière autonome. On parle de « restructuration cognitive » des « distorsions cognitives ». C’est un réajustement des erreurs de traitement d’information. Ces thérapies travaillent donc sur la modification des pensées et comportements des individus.

Cette notion trouve parfaitement son application au cabinet si l’on veut travailler sur la perception des soins dentaires tant porteurs de stimuli sensoriels, de souvenirs et surtout de représentations sociales.

(20)

3. La troisième vague

Depuis les années 90, émerge une troisième vague de thérapies cognitivo-comportementales. Le champ de recherche s’oriente alors essentiellement sur les émotions mais aussi sur l’acceptation, l’engagement et la pleine conscience. Plutôt que de travailler directement sur les pensées et les émotions négatives associées, les thérapies de troisième vague travaillent sur la relation entre l’individu, ses cognitions et ses symptômes. Ceci afin de pérenniser l’efficacité des thérapies. En effet, le patient apprend à travailler en amont de l’apparition des symptômes et surtout en autonomie.

L’intérêt de ces thérapies au cabinet dentaire est majeur, particulièrement en ce qui concerne les états anxieux et la gestion du stress. Deux thérapies de troisième vague trouvant leurs applications en odontologie seront alors abordées : la thérapie de l’acceptation et de l’engagement ainsi qu’une thérapie de réduction de stress basée sur la pleine conscience.

a. La thérapie de l’acceptation et de l’engagement

Issue des travaux de Skinner, l’ACT (Acceptance and Commitment Therapy) ou thérapie de l’acceptation et de l’engagement, postule que bien des problèmes viennent de la non acceptation des émotions désagréables et de la mise en place de stratégies d’évitement. Cela limiterait le répertoire émotionnel et amènerait une rigidité psychologique.

Des études ont montré que cet évitement amplifie le stress et l’anxiété (1). De même pour la suppression de pensées douloureuses. Elle aurait pour effet d’accentuer la fréquence et l’intensité de ces dernières (2). L’auteur Russ Harris écrit que ce ne sont ni les pensées ni émotions qui constituent le problème principal mais le fait que les individus soient happés par elles et qu’ils luttent en permanence contre elles. Ce sont ces processus d’évitement qui créent les problèmes (3).

L’ACT est une psychothérapie cognitivo-comportementale qui a pour objectif de favoriser et de conserver une certaine flexibilité psychologique. Cette flexibilité peut être définie comme la

(21)

capacité d’un individu à être ouvert et présent à toute situation, à toute expérience. Il est ainsi capable d’avoir des comportements conscients et dirigés vers ses valeurs profondes (4). « Etre pleinement présent », est une notion primordiale pour les thérapies de troisième vague. C’est avoir une présence active, être très conscient de l’instant. Car l’individu n’a qu’un temps pour réellement agir : le présent, ici et maintenant. Un travail sur la flexibilité psychologique permet alors d’agir et de développer un répertoire de comportements. Et ce, même en présence d’émotions, de pensées et de sensations désagréables.

L’ACT se base sur six processus de travail : la pleine conscience, les valeurs, l’action engagée, le soi comme contexte, la distanciation avec les pensées et l’acceptation(4). Le travail sur la pleine conscience permet le contact avec le moment présent. Cela permet au patient de se concentrer sur lui-même et son environnement plutôt que de se perdre dans le passé et ses ruminations ou encore dans le futur par les anticipations. Ensuite, un travail sur les valeurs constitue une phase majeure de l’ACT. Il permet d’énoncer ses propres valeurs et de les clarifier afin de leur donner du sens. Cela donne alors une orientation à la vie et donc aux comportements. Les comportements dirigés vers les valeurs, appelés actions engagées, constitue une troisième phase du travail. Il permet de solidifier le répertoire de valeurs de l’individu. Prendre un engagement selon ses valeurs, c’est aller vers une attitude qui peut créer un inconfort de court terme mais qui donne sur le long terme une solide direction à la vie. Afin de favoriser cet engagement, l’ACT travaille sur le soi comme contexte. Le soi est alors un lieu sûr où l’on peut vivre des expériences et s’observer les vivre par une grande prise de recul. Ainsi le processus de défusion cognitive, soit de distanciation avec les pensées, permet un recul protecteur sans pour autant chercher à diminuer les cognitions, ni les modifier ou les supprimer. Pour finir, le travail sur l’acceptation est un processus permettant l’ouverture afin d’accueillir toute pensée, image, croyance, souvenir, émotion, sensation ou encore impulsion telles qu’elles apparaissent à la conscience.

(22)

b. La thérapie de gestion de stress basée sur la pleine conscience

La pleine conscience, aussi appelée présence attentive (Mindfulness) est issue d’une pratique méditative bouddhiste qui permet de se concentrer sur le moment présent. La conscience est sans cesse accaparée par des pensées ruminantes et intrusives, du passé (conversations, problèmes en cours) comme du futur (tâche à réaliser, appréhensions ou projets). Le travail de la pleine conscience permet de centrer l’attention sur l’instant afin d’observer les sensations s’offrant à la conscience. Cela, afin de les laisser aller sans les retenir, aussi marquantes soient-elles. Une pleine conscience de soi et de son environnement est ainsi possible. C’est une prise de distance sur les émotions, les pensées et les perceptions qu’elles soient agréables ou non. Ce travail permet d’obtenir une conscience claire de tout instant, d’abolir tout jugement et tout attachement à la matière éphémère afin de mettre la conscience en position de relaxation, de neutralité et de non réactivité. Cet état est une qualité innée de l’esprit. La pratique de la méditation permet de la cultiver et de la préciser. La méditation est en fait une façon de parvenir à un état de pleine conscience par la concentration.

Le médecin américain Jon Kabat-Zinn s’est basé sur la pleine conscience pour développer une thérapie de réduction du stress en 1991 : la MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) (5). Cette thérapie permet, grâce à une série d’exercices de méditation de pleine conscience, de reconnecter les individus anxieux à la réalité. Elle mène au détachement des émotions négatives en commençant par une reconnexion avec le corps par une écoute et une lecture affinée des sensations corporelles. Cette relation à soi est souvent occultée par des cognitions telles que les anticipations et les amplifications, lors de stress importants comme l’appréhension d’un soin par exemple. Les personnes restent obnubilées par les effets négatifs du stress sur le corps (boule au ventre, tremblements) et perdent alors la notion de leurs autres sensations physiologiques (possible chaleur, confort du siège). Elles sont également très concentrées sur les possibles sensations à venir. Ainsi, la reconnexion avec la réalité permet non seulement la présence du corps pour soi, pour ses émotions, mais aussi la disponibilité au monde et aux autres. Elle permet à l’individu de se recentrer dans l’instant présent, dans son

(23)

individus anxieux peuvent alors apprendre à déceler les prémices de l’angoisse (tensions, tachycardie, accélération de la respiration) afin de prévenir un blocage ou pire, une crise de panique.

Afin de parvenir à un état de pleine conscience, le patient doit se focaliser sur sa respiration puis prend progressivement conscience de chaque partie de son corps. Cette technique est appelée « scan corporel ». Il faut ainsi bannir toute cognition et toute intellectualisation. A la sortie du travail méditatif, la personne est amenée à parler de ses ressentis et impressions. Elle est ensuite invitée à pratiquer 45 minutes par jour à l’aide de supports audio puis en autonomie, au cours de ses activités quotidiennes : sur le trajet du travail, sous la douche, en mangeant. Ceci permet de développer une pratique dite informelle. Elle diminue le « pilotage automatique » par une reprise de conscience de chaque moment. Cette pratique permet à toute personne de sortir progressivement des conflits intérieurs par une prise de recul afin de s’extraire des exigences égocentrées si contrôlantes.

Les travaux de Kabat-Zinn seront repris pour la création d’une autre thérapie en 2002 : la MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy), la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience. Elle est employée pour la prévention des rechutes dépressives. Elle consiste à se détacher des ruminations, de les laisser aller sans s’y attacher ni se concentrer sur la résolution de problème. Elle invite le patient à rester centré sur une bienveillance pour soi.

Les applications de ces TCC sont pertinentes au cabinet dentaire pour les patients anxieux essentiellement. Bien que le chirurgien-dentiste ne soit pas psychologue, il est intéressant d’acquérir quelques notions pour mieux comprendre les schémas cognitifs de l’anxiété et savoir, à un certain niveau, comment s’en départir. Que ce soit pour expliquer ces notions aux patients ou simplement savoir les orienter vers un psychologue pratiquant l’ACT ou la MBSR. Il est important de notifier que ce sont des thérapies dites « brèves », qu’il ne s’agit pas de travailler au long terme sur leur enfance, tel que sous-tend le stéréotype de la visite chez une psychologue. Il s’agit bien de se concentrer sur un

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De même, ces thérapies trouvent un grand nombre d’applications dans le cadre du bien-être du praticien. En effet, un professionnel en difficulté psychologique peut difficilement être un bon communiquant et devient par conséquent un moins bon soignant. Le succès médical est dépendant de la relation patient-praticien. Les bases de la pleine conscience peuvent, par exemple, être employées lors d’une pause entre deux patients. Ceci afin d’éliminer les tensions physiques et psychiques par la respiration et la recentration sur soi. Ce travail permet de se « laver » de toutes pensées négatives suite à d’éventuelles difficultés advenues avec le patient précédent. Il permet d’être émotionnellement disponible afin de se consacrer pleinement à la personne suivante. Ces pratiques diminuent les risques de stress voir d’épuisement professionnel si présents dans la profession. En cas d’historique de burnout, il est intéressant aussi de connaître l’existence de la MBCT pour la rémission et en prévention de rechute.

4. La psychologie positive

a. Les émotions

Après avoir abordé les dimensions comportementales et cognitives de l’être humain, il reste à comprendre la notion d’affect pour mieux saisir l’individu dans toute sa complexité. Les études portant sur les émotions ont bénéficié de beaucoup d’avancées grâce, en partie, à l’essor des neurosciences qui ont permis de mieux comprendre les zones cérébrales de l’émotivité.

Le terme « émotion » est difficile à définir par sa complexité et par la pluralité des théories à son propos. Les émotions étant également variables et propres à chaque individu. Les comportementalistes s’entendent sur le fait qu’elles sont à la base du comportement et de nos décisions par leur caractère motivateur. Les neurobiologistes étudient les émotions par leur impact sur les différents systèmes : moteur (agitation, tonus musculaire), comportemental (agressivité, entraide, fuite) et physiologique (sudation, rougeurs, tachycardie).Les cognitivistes, eux, ont démontré

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l’attention et l’interprétation des informations. La communication est également très influencée par les émotions. Elles peuvent tout autant pousser les individus à communiquer entre eux que brouiller la clarté des propos. Les émotions ont aussi la capacité de donner au processus de communication tout son sens et son efficacité.

Paul Ekman, auteur de référence dans le domaine, réduit le nombre d’émotions élémentaires à six : la joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégoût et la surprise (6). Robert Plutchnik, autre auteur marquant ce champ de recherche, élabore une théorie concernant les autres émotions nommées émotions « complexes ». Elles sont le produit de combinaisons d’émotions simples. On trouve alors la honte (faite de peur et de colère), l’amour (joie et acceptation), le sentiment d’abandon, l’humiliation, le dédain, la méfiance, la haine, la nostalgie, l’envie, la fierté, la passion, l’intérêt, la gratitude, etc. (7) Il est ensuite possible de catégoriser les émotions selon leur valence. Les émotions alors dites positives sont celles qui procurent un état d’être agréable. Dans ce contexte, le bien-être ne serait pas la faculté de vivre des émotions positives en permanence mais de connaître une présence plus marquée d’émotions positives que d’émotions négatives (8). Quand elles sont maîtrisées, les émotions négatives ne sont pas automatiquement néfastes. Au contraire, elles mènent au changement, elles poussent à « agir » : à réaliser une action consciente pour atteindre ses objectifs. Ce qui est bien différent des émotions négatives incontrôlées qui, elles, poussent à « réagir » : à se comporter de façon inconsciente et automatique. Suite à la « réaction », l’individu ressent un léger apaisement à court terme qui sera suivi d’un retour émotionnel désagréable et plus important à long terme.

Le professeur Barbara Fredrickson, grande figure du mouvement de psychologie positive, a montré que la fonction des émotions négatives est bien distincte de la fonction des émotions positives par sa théorie de l’élargissement et de la construction (Broaden-and-build theory). Les émotions négatives focaliseraient l’attention sur une situation précise afin de permettre de limiter les comportements pour favoriser la survie. Par exemple, la peur centre l’attention sur l’origine de la

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comportements pour permettre une efficacité, dans cet exemple : fuir. Au contraire, les émotions positives élargiraient l’attention, les cognitions et le répertoire de comportements (9). Ces émotions pousseraient donc à l’ouverture. Elles sont ressenties lorsque la situation est calme et hors de danger

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De nombreuses études montrent les bienfaits des émotions positives. Elles impactent premièrement sur les cognitions car elles créent des liens entre les idées, favorisent la créativité et la flexibilité (11). Les personnes heureuses seraient plus inventives ainsi que de meilleurs leaders d’équipe étant de meilleurs négociateurs (12). Ensuite, les émotions positives impactent sur les comportements. Elles aident à la communication, facilitent les comportements d’aide et de coopération (13). Notons également qu’elles accroissent la résilience, soit la capacité à se remettre de situations générant de fortes émotions négatives. Enfin, sur le plan social, les personnes heureuses seraient plus entourées, plus appréciées et sembleraient vivre plus de réussite professionnelle que les autres (14). Une étude a montré que les émotions positives sont particulièrement « virales » contrairement aux émotions négatives. Une personne heureuse aurait 25% de chance de faire vivre des émotions positives autour d’elle. La tristesse, en revanche, aurait tendance à se répandre beaucoup moins facilement (15). Pour finir, les individus heureux auraient un meilleur système immunitaire et vivraient plus longtemps (16). De quoi faire rêver ! Bien-sûr l’application de ces études au quotidien sollicite une haute intelligence émotionnelle. Il est alors important de noter que ce concept, qui permet la gestion émotionnelle et donc la focalisation sur les émotions positive, est un perpétuel et difficile travail.

L’intelligence émotionnelle est une notion récente. Apparue dans les années 90, elle tend à la responsabilisation des émotions et à leur maîtrise. Cela afin de vivre de meilleures relations sociales, de prendre des décisions plus adaptées ainsi que d’atteindre une plus grande confiance en soi. Elle se définirait comme « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec elles, ainsi qu’à les réguler chez soi et chez les autres » (17).

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Le chapitre sur la gestion des émotions explorera quelques techniques pour entraîner cette intelligence émotionnelle.

b. Les préceptes de la psychologie positive

Ce courant de psychologie a été fondé en 1998 par Martin Seligman, le président de l’association américaine de psychologie (APA) du moment. Il énonce que la psychologie s’est trop longtemps attardée sur la résolution de problème plutôt que de se concentrer sur l’amélioration de la vie de tous (18). Seligman entreprend alors un travail de recherche sur la compréhension animale afin de mieux saisir les déterminants du bien-être humain. Ses études portent sur des champs tels que : la motivation, l’optimisme, les émotions positives, l’espoir, ainsi que les concepts de résilience, de bonheur et de force de caractère : sagesse, persévérance, humour, créativité, curiosité, intelligence émotionnelle.

La psychologie positive prend ses sources en psychologie humaniste, courant né dans les années 40 aux États-Unis. Ses principaux représentants sont Carl Rogers (technique de l’approche centrée sur la personne), Abraham Maslow (théorie des besoins motivationnels) et Marshall Rosenberg (technique de communication non violente). Ce courant réunissait les psychologues voulant s’écarter des psychanalystes et des comportementalistes afin de se concentrer de manière positive sur l’individu. Ils désirent axer leurs travaux sur les ressources des personnes plutôt que sur leurs faiblesses. Ils tendent vers une aide au mieux vivre comme une forme de prévention, plutôt que de se centrer uniquement sur le soin des pathologies psychologiques. Leurs objectifs étaient la responsabilisation des patients par un travail en alliance thérapeutique. Ce travail prend complètement appui sur le respect et la liberté du patient. C’est le début des thérapies modernes qui se distancient des soins paternalistes.

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groupes et des institutions » (19). Contrairement à ce qui peut être pensé, la psychologie positive ne travaille pas seulement sur le bien-être de l’individu à lui seul, mais aussi sur le bien-être de l’individu au sein de la société. Le but n’est pas d’en faire une norme sociale, bien-sûr, car le risque serait de faire sombrer l’humanité dans une « tyrannie de l’attitude positive » (20) mais plutôt d’apporter une intelligence et une compréhension des émotions quotidiennes. Elle rejoint la psychologie humaniste par ses valeurs. En revanche, elle s’en distingue par sa méthodologie qui l’inscrit dans le courant de la psychologie scientifique expérimentale dont les différents courants ont été exposés précédemment. Les études provenant de la psychologie positive ont alors le mérite d’être rigoureuses par l’obtention de résultats reproductibles. Chaque idée avancée afin de promouvoir le bien-être s’appuie sur des résultats scientifiques valides.

Les psychologues de ce courant partent du postulat que l’homme est un être bienveillant. Ils travaillent selon trois axes de recherche. Soit, l’impact de la psychologie positive sur le niveau personnel (les émotions positives, le sens de l’existence, la motivation), interpersonnel (la gratitude, les compétences psychosociales, l’empathie, le pardon) et social (le changement par les médias, la justice restauratrice, etc.). Ceci revient au développement de l’art de vivre avec soi-même, celui de vivre avec autrui et l’utilisation de la psychologie comme acteur de changement social (20).

Cette approche de l’être humain répond parfaitement à la problématique de ce propos, comment mieux se connaître pour mieux interagir avec autrui. La psychologie positive comme portée sociale sera abordée ultérieurement dans le cadre de l’éducation thérapeutique à large portée, lors d’une ouverture sur la psychologie positive et les médias. Il est également important de noter que cette école de psychologie s’allie avec les TCC afin d’offrir une technique de gestion émotionnelle dont il sera question dans le chapitre sur les outils de communication.

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5. Les types de personnalité

La personnalité est, au sens général, l’ensemble de toutes les caractéristiques d’un individu. Elle dépend des attitudes sociales du groupe d’appartenance de cet individu et notamment des valeurs de la société où il a vécu. Par exemple, entre l’Asie et l’Occident, on constate de nombreuses différences dans l’expression des émotions. Ces différences sont en partie dues à l’opposition entre une société communautariste et une société individualiste.

Nombreuses sont les théories sur la personnalité, l’une d’elles fait consensus, la théorie du Big Five. Elle se base sur les travaux du psychologue social Gordon Allport (21). La méthode consistait à regrouper tous les mots désignant un même trait de caractère. Cinq grandes catégories ont alors été extraites : elles ont été appelées « facteurs de personnalité ». Ce sont l’extraversion, la stabilité, l’agréabilité, le caractère consciencieux et l’ouverture aux expériences.

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Sur ce schéma, les cinq grands facteurs de personnalité sont représentés en majuscule et leurs contraires sont en minuscule. On peut observer des exemples d’adjectifs associés à ces grands facteurs ainsi que quatre exemples de facettes de personnalité issues de combinaisons de facteurs (agréable et consciencieux : loyal).

L’extraversion est un facteur qui s’oppose à l’introversion. On peut lui associer le fait d’être chaleureux ainsi qu’une recherche de sensations et d’émotions positives. L’extraversion se manifeste chez une personne par une grande sociabilité, la réalisation de beaucoup d’activités et la présentation d’assurance par besoin de relations sociales.

Le caractère agréable s’oppose à la froideur. On parle alors de confiance en l’autre, de sensibilité, de bienveillance et d’empathie. Ce facteur de personnalité comporte un aspect de docilité et de coopération.

Le caractère consciencieux est l’inverse de l’insouciance. On lui octroie des adjectifs tels que responsable, minutieux, organisé, fiable, persévérant ou encore soigneux. Ce facteur de personnalité mènerait à un besoin de réussite et d’implication dans le travail.

La stabilité émotionnelle est opposée au névrotisme qui implique timidité, concentration sur les aspects négatifs de la réalité, anxiété et impulsivité. La stabilité rend compte de comportements et d’affects dosés raisonnablement pour un quotidien paisible.

L’ouverture est un facteur de personnalité qui s’oppose au caractère fermé et centré sur ce qu’il connaît. On associe ce facteur d’ouverture aux traits suivants : curiosité, imagination, vivacité d’esprit, sensibilité esthétique et originalité.

Le but n’est pas de classer les individus selon ces catégories mais au contraire de mieux saisir la complexité d’une personnalité faite d’un peu de chacun de ces facteurs en évaluant chaque personne de cinq manières différentes. Ces facteurs ont le caractère d’être indépendants. Le fait que quelqu’un soit particulièrement agréable ne présuppose pas qu’il soit émotionnellement stable ou

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Par conséquent, il est possible de garder l’esprit qu’on ne peut prétendre connaître complètement une personne, vue la complexité de ce qui compose la personnalité. En revanche, on peut se faire une idée générale de l’orientation des comportements individuels tout en veillant à ne pas s’y tenir car ce ne sont que des suppositions.

6. L’estime de soi

La notion d’estime de soi n’est pas un trait de personnalité mais un élément moteur du développement et de l’adaptation de l’individu. La confiance, l’estime de soi et le sentiment d’efficacité personnelle sont des facteurs aidant à l’expression de l’individu, à sa communication et donc à ses relations sociales. Ils permettent l’expression de ses opinions et émotions par le fait d’être sûr de la valeur de ses arguments sans soumission ni arrogance vis-à-vis des interlocuteurs. Enfin, une bonne maîtrise des émotions, du langage et des comportements va parfaire l’individu pour mener à une autonomie communicationnelle (20).

7. La motivation

La motivation est définie comme la force intra-individuelle expliquant le déclanchement, la direction et l’intensité d’un comportement ou d’une action (23). En d’autres termes, la motivation n’est donc pas seulement responsable de l’initiation d’un comportement. Elle est aussi le vecteur nécessaire à sa continuité et à son intensité jusqu’à ce que le besoin initialement recherché soit satisfait (24). Les théories motivationnelles sont nombreuses. Ce propos se centrera sur la théorie des besoins motivationnels du psychologue humaniste Abraham Maslow.

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sa priorité. Pour comprendre un comportement, il faut comprendre sa motivation. Cette motivation provient d’un besoin. Maslow hiérarchise ces besoins sous la forme d’une pyramide ascendante à cinq niveaux. Dans ce système, quand un besoin personnel est satisfait, un autre le remplace, car la caractéristique de l’être humain est d’être constamment à la poursuite de ses désirs. Si le premier niveau, correspondant aux besoins physiologiques, est comblé (l’individu n’a ni froid, ni faim), la personne va alors chercher à satisfaire le besoin supérieur, celui de la sécurité (chercher un endroit stable et couvert).

Voici la schématisation des besoins pour mieux comprendre cette théorie :

Figure 2 : Schéma adapté de la pyramide des besoins de Maslow (26)

Les besoins physiologiques sont liés au bien-être physique, à la survie. Ce sont des besoins de base que l’individu cherche à combler avant toute autre attente de la vie. Une fois ces besoins satisfaits, la sécurité est de mise. L’individu a besoin de prévoir et d’ordonner, d’avoir de la stabilité. Cela vient avec un toit, une sécurité physique, des revenus et la santé. Ces deux premiers niveaux sont

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des besoins de « l’avoir » : avoir une maison, à manger, des habits et avoir des besoins physiques assouvis. Une fois ces deux premiers niveaux atteints, l’individu arrive dans la phase de « l’être » : l’accomplissement de ces besoins aide au développement de la personnalité. Ce sont des besoins psychologiques, ils le façonnent. Le troisième niveau concerne les besoins d’appartenance. Ils comprennent le besoin de se sentir aimé, de faire partie d’un tout, d’une famille, d’un groupe social : religieux, sportif ou culturel. Cela procure à la personne de la reconnaissance et la mène alors vers les besoins d’estime de soi. Cette étape est divisée en deux catégories par Maslow. Premièrement, le besoin de respect de soi-même qui dénote un besoin de liberté, d’indépendance et de compétence. Ensuite vient le besoin d’être respecté par les autres, d’être apprécié, d’avoir un certain statut social, de vivre de la réussite, de la reconnaissance et d’avoir du prestige. Pour finir, on trouve au sommet des besoins individuels, une fois que tous les autres sont accomplis, les besoins d’actualisation de soi. Ils mènent vers un accomplissement et déterminent, en grande partie, la personnalité de l’individu. On trouve alors cette nécessité instinctive de l’individu d’exploiter l’ensemble de ses capacités pour arriver au sommet de son potentiel et se réaliser. Ce sommet diffère selon chaque personne. Selon la théorie de Maslow, l’impulsion de l’être humain en direction de ses propres besoins est naturelle et nécessaire. Chaque être humain est libre et responsable de ses comportements. Il va décider du potentiel qu’il veut actualiser et de la manière de le faire.

L’étude des motivations est déterminante pour quiconque souhaite intervenir sur les comportements d’autrui (24). Elle permet de comprendre les moyens menant à aider les patients à une éventuelle prise en mains. Elle permet aussi de saisir où se situe la limite de l’intervention et où commence l’autonomie du patient (26). Mieux comprendre la motivation permet de mieux saisir l’état d’esprit des patients ainsi que les techniques qui peuvent être individuellement adoptées pour les motiver lors de l’éducation thérapeutique par exemple. Toutefois, il faut garder à l’esprit que l’étude

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En pédagogie active, mobiliser les patients, les impliquer, leur donner des initiatives les motive davantage, augmente leur intérêt et leur donne des sentiments positifs de compétence perçue (22). Dans son livre sur la force de l’optimisme, Seligman énonce que « l’une des découvertes de psychologie les plus importantes de ces dernières années est que l’individu peut choisir sa façon de penser » (27). Il tend à faire prendre conscience au grand public, le poids de la réflexion sur la vision des évènements. Il a également travaillé sur la théorie de la résignation apprise. Soit les mécanismes menant au défaitisme et au désespoir face à une situation incontrôlable. Ces éléments sont à prendre en compte pour la motivation de quelqu’un. Tenter de comprendre à quel point le patient considère la situation incontrôlable et à quel point il pense être capable de la changer.

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B. La sociologie

La sociologie est un large domaine d’étude couvrant les influences de la société sur l’individu, ses comportements et ses représentations sociales. Pour mieux comprendre les personnes avec qui le chirurgien-dentiste va être en interaction, il est intéréssant d’avoir un aperçu sur les déterminants sociaux et historiques des différentes générations. Le praticien peut alors adapter sa communication en conséquence.

1. Etude générationnelle

La notion de génération est un concept sociologique désignant un groupe de population ayant vécu dans la même période historique. Cela sous-tend que ces personnes ont des représentations sociales, des pratiques et des valeurs communes.

a. La génération silencieuse

Cette génération regroupe les individus nés avant la seconde guerre mondiale. Leur naissance se situe alors entre 1925 et 1945. Ils ont donc aujourd’hui entre 70 et 90 ans et ont vécu des temps de guerre. Leurs choix de vie étaient relativement limités. Ce sont généralement des personnes qui ont beaucoup de valeurs morales et qui s’y tiennent. Il est souvent attribué à cette génération les qualités telles que la loyauté, un sens élevé du devoir et la rigueur. Particulièrement en ce qui concernait le travail où ces individus semblaient avoir peu de revendications (d’où leur désignation : « silencieuse »).

D’un point de vue médical, il est intéressant de savoir que beaucoup de personnes de cette génération ont un rapport à l’argent prudent. Ils restent marqués par la peur du manque vécu en temps de guerre. Pour ces individus, vieillir est quelque chose qui semble généralement bien accepté. La perte

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pouvant être angoissant pour certaine personnes. On préfèrera alors la communication orale. De plus, sans compter la notion générationnelle, il faut bien-sûr adapter l’échange interpersonnel en fonction des capacités des interlocuteurs, alors devenus des personnes âgées. Il faut les valoriser, prendre soin de parler à un volume assez haut si nécessaire et veiller à leur donner des rendez-vous réguliers à des horaires où ils se sentent le plus à même de vivre les soins (24). La ponctualité est également appréciée par cette génération.

b. Les baby-boomers

Ce sont les nombreux enfants issus de l’après-guerre, entre 1945 et 1960. Ils ont aujourd’hui entre 55 et 70 ans. Ces individus ont eu une bien plus grande liberté de choix de vie que leurs parents. Cette génération connait une forte croissance économique grâce au plein emploi issu de la reconstruction d’après-guerre. Ils ont connu le rock and roll et les années hippies avec, entre autres, la révolution de mai 68 en France, les débuts de la liberté sexuelle tout comme les premiers divorces. Ils ont contesté les valeurs d’un système socio-économique basé sur l’oubli de soi pour le bénéfice du bien commun. En effet, leur combat mènera vers une nouvelle société, plus centrée sur l’individu, l’estime de soi et la montée des carrières. Malgré tout, cette génération garde un grand respect pour les institutions et les autorités. Ils veulent changer les mœurs mais restent tout de même attachés aux valeurs telles que la famille et le travail. Notons que les personnes autours de 60 ans vivent pour la plupart leur retraite comme une nouvelle jeunesse, ils sont actifs et voyagent beaucoup.

Pour la communication médicale, il faut savoir que cette génération a connu un essor exponentiel dans le domaine de la santé. Ils ont en eux cette idée de jeunesse éternelle dispensée par les médias. Vieillir est de moins en moins accepté. Ils ont donc beaucoup d’attentes, notamment envers l’esthétique qui s’est beaucoup développée.

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c. La génération X

Ce sont les personnes nées autours de la période 1960-1975. Ils ont aujourd’hui entre 40 et 55 ans. Ils ont vécu en pleine transition sociale et ont donc connu « le creux de la vague ». Les emplois sont de moins en moins stables, c’est le début du chômage et de la précarité. Cette génération individualiste a fait les frais des premiers divorces. Ils sont alors centrés sur leurs besoins propres. Ce sont des consommateurs informés car même s’ils ont connu les nombreuses avancées technologiques, ils ont rapidement vécu une désillusion des avancées scientifiques par des évènements tels que Tchernobyl ou la forte présence de la maladie incurable du sida. C’est une génération en contestation de l’autorité et des institutions d’où l’avènement de la musique punk, du grunge et du rock alternatif. En communication, il est préférable de parler de sciences et médecine avec ces individus. Leur surinformation grâce à internet fait de ces patients des gens concernés par leur santé, mais aussi particulièrement septiques. Travailler en équipe est la clé de la réussite des soins. Un système de santé paternaliste ne convient alors déjà plus à ce public.

d. La génération Y

Ce sont les individus nés entre 1980 et 1995. Ils ont donc entre 20 et 35 ans. La hiérarchie a peu d’impact sur cette génération. Un praticien peut avoir une quantité de diplômes, ces jeunes personnes ne lui accorderont leur confiance que s’il entre dans leur système de valeurs. C’est une génération autonome, de plus en plus informée et concernée. Ils sont ouverts, remettent en question le système, dont les notions de travail et de famille. Ils sont à la recherche d’une vie équilibrée. Cette population semble vivre une permanente quête de plaisirs et de développement personnel. La notion de travail d’équipe, donc de l’effort communautaire, est pour eux très présente.

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e. La génération Z

Ils sont nés de 1995 à nos jours. Ce sont les jeunes de moins de 20 ans. Extrêmement connectés, ils ont toujours connu les nouvelles technologies de l’information et du web. Ils ont une très faible soumission à l’autorité. Ils sont dans le partage car ils entretiennent de solides liens entre eux, notamment par les réseaux sociaux.

En termes d’éducation thérapeutique, il est intéressant d’utiliser les applications et autres supports informatiques. On peut également penser aux rappels de rendez-vous par sms qui gagneront leur confiance tout en les autonomisant. Avoir une visibilité sur les réseaux sociaux permet de leur donner accès à des vidéos de prévention ou vulgarisation scientifique et constitue une belle ouverture par adaptation à cette génération.

Ce bref aperçu des profils générationnels peut permettre au chirurgien-dentiste de s’ajuster à ses patients. Bien-sûr, cet abord est très généraliste et sera à prendre avec parcimonie. Pourtant ces notions peuvent permettre la compréhension de quelques particularités et différences générationnelles. En effet, que le praticien s’adresse à son équipe de travail ou à ses patients, il est nécessaire de faire preuve de souplesse et d’adaptation.

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C. La psychologie sociale

La psychologie sociale étudie les influences intra-individuelles, individuelles et inter-groupales. Le champ de recherche en psychologie sociale qui étudie les interactions entre les individus (inter-individuelles) sera ici favorisé. C’est la façon dont les mécanismes cognitifs, comportementaux et affectifs de chacun sont influencés par les comportements des autres. Le contexte dans lequel la personne se trouve est également un facteur d’influence. L’individu est sous influence socio-culturelle aussi bien seul qu’en relation avec autrui. Ces recherches portent alors sur la façon dont les gens se perçoivent, s’influencent, entrent en relation et communiquent entre eux (11).

1. Définitions fondamentales

Les concepts suivants ont de multiples définitions selon le courant de psychologie utilisé. A des fins de clarté, voici les principaux éléments de définition alliant l’opinion de nombreux auteurs de psychologie sociale.

a. La pensée

La pensée est un phénomène conscient dans son ensemble qui, en réponse à des sens, permet l’élaboration d’images, de sensations et de concepts pour pouvoir agir et créer. Les pensées sont à l’origine des opinions, des jugements, des croyances, des valeurs et des idéologies.

Comme il l’a été vu en psychologie, l’individu se représente (et donc se construit) sa propre réalité. Il en va de même pour sa réalité sociale. La compréhension des phénomènes sociaux passe alors par l’étude des activités mentales à travers lesquelles le sujet perçoit, comprend et évalue « son »

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raisonnements individuels mais plutôt à une représentation sociale élaborée à travers les échanges quotidiens. Les représentations sociales donnent alors un sens au monde permettant aux individus de l’interpréter (28).

b. L’attitude

L’attitude est un concept indispensable à la compréhension du comportement car elle précède l’action : de la formulation d’une opinion à des agissements envers un objet social. C’est un état d’esprit, une prédisposition mentale non directement observable. Selon Allport, c’est « une manière acquise de penser, de se sentir et de réagir d'une manière particulière envers une personne ou un objet social» (29). Notons qu’un objet social peut définir des aspects bien différents tels que l’argent, la maladie ou encore la notion de l’étranger. Selon Thurstone, « l’attitude désigne un état psychologique non directement observable et inféré à partir du discours d’un sujet ou de ses conduites. Elle prépare et oriente les actions d’un individu et permet donc de comprendre comment il réagit aux sollicitations du milieu» (30).

2. Les représentations sociales

Les représentations sociales sont un « mélange » de connaissances, de valeurs, de croyances, d’attitudes, d’opinions et d’attentes (31). Ce sont des schémas cognitifs permettant de penser, de se représenter la réalité et ainsi, d’orienter les comportements. Une représentation sociale d’un objet est donc un savoir naïf contrairement à une connaissance scientifique de cet objet.

Abric, professeur de psychologie sociale français, propose une schématisation intéressante de la représentation sociale. Il la visualise comme une sphère comprenant un noyau central et un système d’éléments périphériques organisés autours. Le noyau central se compose par les éléments les plus stables de la représentation sociale. Ils sont partagés socialement et difficiles à modifier. Ces éléments

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stables sont les fondations de la représentation. Ils sont formés par une norme, une attitude ou encore un stéréotype prédominant envers l’objet de la représentation. Les éléments périphériques, eux, tiennent tout de même une place considérable dans la représentation. Ils permettent la compréhension de situations concrètes. Ceci en sélectionnant, en illustrant et en justifiant des informations formulées à propos de l’objet de leur représentation. Ils ont un « effet tampon » pour le noyau. Ils constituent une interface entre un vécu de l’objet social et la représentation sociale de cet objet (noyau central). Ils protègent des informations contraires aux éléments du noyau mais peuvent aussi les intégrer. A force d’éléments périphériques contraires, le noyau central peut être influencé et la représentation sociale peut se transformer (32).

Par exemple, monsieur Jean est persuadé, « comme le reste de la population d’ailleurs », que se rendre chez le dentiste est synonyme de douleur (opinion du noyau central). Il en a fait maintes fois l’expérience et puis « tout le monde le sait bien », aller chez le dentiste n’est pas chose facile. Son bon ami, monsieur Louis, lui assure qu’il n’a jamais souffert chez son dentiste. Monsieur Jean a toute confiance en lui. Cette information s’intègre alors dans les éléments périphériques de sa représentation sociale du dentiste : « on souffre généralement chez le dentiste, sauf exception». A force d’intégrations d’éléments périphériques par d’autres « on dit » et surtout par l’expérience d’un rendez-vous sans douleur chez un nouveau dentiste par exemple, le noyau central de monsieur Jean peut être impacté jusqu’à éventuellement se transformer progressivement.

Cette définition faite des représentations sociales, il est alors possible d’aborder la définition des différents éléments les constituants. Les quelques définitions de psychologie sociale à venir, sont loin de former une liste exhaustive mais sont une sélection de phénomènes pouvant influer sur la pratique quotidienne du chirurgien-dentiste.

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3. Concepts de cognition sociale

Ces concepts peuvent aider le corps soignant, entre autres, à comprendre le fonctionnement des individus. Cela permet aux praticiens de prêter attention aux jugements rapides et aux émotions qui y sont reliées d’une part. D’autre part, cela permet de minimiser le sentiment de culpabilité lorsque le chirurgien-dentiste (ou l’assistante) réalise certaines de ses pensées. Mieux comprendre les mécanismes de ces « raccourcis cognitifs », permet de les accepter et, au lieu de les associer à des affects, de les laisser aller en évitant de les reproduire.

a. L’attribution causale

Réaliser une attribution causale est le moyen par lequel l’individu s’explique un évènement. C’est sa manière de décrypter le monde social qui l’entoure. L’attribution peut être interne ou externe. Une attribution interne expliquera le comportement de quelqu’un par des facteurs inhérents à cette personne : « si monsieur Jean n’est pas venu à son rendez-vous dentaire, c’est qu’il est peureux ». Cela influence la vision de cette personne sur ses intentions, sa motivation, ses efforts et ses capacités. Une attribution externe en revanche, justifiera le comportement de quelqu’un par des facteurs externes à cette personne: « si monsieur Jean n’est pas venu c’est à cause des embouteillages ». Cela ne donne aucune information sur la personne mais explique un évènement par le hasard ou par son contexte.

Ces attributions sont naturelles et protectrices. Elles permettent de trouver des repères au sein d’un groupe socioculturel. Il faut en revanche être attentif aux erreurs d’attribution car les attributions relèvent souvent de la supposition. Elles peuvent être encodées en mémoire comme réelles et créer et ancrer une certaine représentation sociale de l’individu à l’origine de cette attribution (ici Mr Jean).

Figure

Figure 2 : Schéma adapté de la pyramide des besoins de Maslow (26)

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