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C. La communication hypnotique

2. Description de la communication hypnotique

lorsque qu’on est absorbé par une pensée par exemple (être « dans la lune »). Cette abstraction du « monde », pour ne se concentrer que sur une partie limitée de la réalité, se nomme « transe ». Cette transe peut être aussi bien positive que négative.

Ainsi, comme il l’a été abordé précédemment avec l’impact des représentations sociales sur les perceptions du monde de chacun, 90% des patients arrivent au cabinet dans un état plus ou moins prononcé de transe négative. Il faut savoir que la conscience critique est peu présente lors de la transe. Les patients ont alors peu de ressources d’analyse et de rationalisation qui constituent les moyens de défense habituels pour se protéger de toute agression psychique. Ils sont tellement centrés sur leurs appréhensions, qu’ils sont tout à fait capables de faire abstraction du sourire d’accueil de la secrétaire ou de la nouvelle machine à café mise à leur disposition dans la salle d’attente. Ils deviennent vulnérables et extrêmement sensibles à la suggestion, ce qui tend à tout moment à aggraver leur état d’inconfort mental. Le rôle du dentiste est alors d’amener le patient vers la transe positive par la communication hypnotique.

3. Méthode

La transe positive s’induit dès le premier contact visuel avec le patient, dès la poignée de main. « C’est une méthode faite de suggestions simples en rapport direct avec le but recherché : le climat de détente nécessaire à l’établissement d’une relation efficace entre le praticien et le patient » (24). Si le praticien souhaite utiliser la méthode dans son entièreté grâce à des techniques spécifiques, il est déterminant de préparer son patient. Il est alors possible d’aborder avec lui une conversation à propos de l’hypnose et éventuellement briser d’éventuels préjugés qui risqueraient d’induire une réticence chez certains patients. Il est intéressant de lui décrire les étapes de l’induction hypnotique de manière à éviter toute forme d’inconnu.

communication, il faudra éviter toute hésitation, ne pas buter sur les mots afin de garder la confiance du patient. Pour cela, la méthode de saupoudrage peut être utilisée. C’est une répétition de mots et de synonymes propres à une suggestion telle que le thème du bien-être par exemple. Pour continuer, il faut solliciter le plus possible l’imaginaire et la créativité du patient. Cette communication s’adresse alors avec le cerveau droit qui traiterait du virtuel, de l’inconscient, de la création et du rêve plutôt qu’avec le gauche qui lui concernerait la conscience, la critique analytique, la raison, la logique et le réel. Cela se fait par l’emploi de métaphores permettant de stimuler la visualisation d’images ou par des suggestions ouvertes (« imaginez que vous vous trouvez dans l’endroit le plus doux au monde ») pour laisser libre cours au monde imaginaire de la personne. Par la suite, il faut veiller à gratifier la personne hypnotisée de renforcements positifs et d’encouragements. Cela participe à l’instauration d’un climat positif qui facilite l’échange, l’ouverture et l’acceptation de la bienveillance du soignant.

La communication passe également par les canaux sensoriels. Ce sont des voies de communication décrites en psychologie sociale et fortement exploitées en hypnose ericksonienne. Ces canaux de communication sont axés sur un des cinq sens de prédilection du patient. Il est donc déterminent de retenir le modèle suivant : VAKOG. Ce sont les canaux Visuel, Auditif, Kinésique, Olfactif et Gustatif. Ainsi un discours ponctué de schémas, de démonstrations sur modèles ou encore de visionnage de radiographies et de films aura plus d’impact pour quelqu’un de « visuel ». Il faut particulièrement utiliser des métaphores pour ces patients qui se visualiseront facilement les explications et les retiendront d’autant plus. Par exemple : « enroulez la dent du fil dentaire en remontez en frottant comme on se frotterait la bas du dos avec une serviette ». Afin de comprendre le canal favori du patient, il faut avant tout bien l’observer et l’écouter s’exprimer. Certains comportements ou certaines phrases peuvent orienter sur son mode de communication et de perception. De plus, tout en communiquant, le praticien peut se synchroniser avec son patient. Cela consiste à se mettre en miroir avec son interlocuteur. En utilisant le « pacing » qui est le fait d’adopter

patient qui engagent les processus affectifs et provoquent une empathie inconsciente pour l’orateur. Cela permet une ouverture positive menant doucement vers une transe positive.

Outre les canaux de communication sensoriels, les canaux de communication fondamentaux dont la voix, le langage non verbal et les mots ont été abordés précédemment. Ils servent à induire cette relation de sérénité propice à la communication hypnotique. De même que les mots positifs. Voici une liste qui peut servir à tout praticien et en particulier à ceux souhaitant induire une transe positive car ces mots sont orientés vers le bien-être:

Calme, énergie, voyage, détente, sable, chaleur, soleil, vacances, musique, doux, moelleux, sourire, équilibre, confiance, sécurité, confort, la protection, la sécurité, etc.

Ils peuvent être utilisés en toutes occasions, d’une conversation ordinaire aux explications pendant un acte thérapeutique. La suggestion des sensations par métaphores fonctionne avec beaucoup de personnes qu’elles soient particulièrement visuelles ou non d’ailleurs. Par exemple : « Vous vous relaxez et doucement vous sentez de la chaleur. Vous avez l’impression d’être du chocolat qui fond lentement sur une poire en plein soleil. » La métaphore est un processus qui active l’imagination et la créativité. Elle permet la focalisation sur des sensations positivement induites. Utiliser des mots tels que « c’est comme… », « cela peut vous faire penser à… », « on dirait que… », aident à l’introduction de ces images. Ainsi, dans l’exemple précédent, quelqu’un avec une sensibilité accrue pour le canal kinésique sera facilement transportable vers une sensation de bien-être. Il saisira facilement la sensation corporelle de « fonte », de « chaleur » et se relaxera naturellement. Une fois la transe induite, le praticien peut se concentrer sur sa tâche thérapeutique tout en entretenant l’hypnose par des techniques de saupoudrage et de distraction : musique, proposition d’images ou de lieux de rêveries.

En revanche il y a des mots chargés négativement qui devraient être évités. Les mots chocs et les mots négativement pondérés ont été évoqués ultérieurement, en voici quelques exemples :

Peur, mal, douleur, bruit, supporter, cartouche, seringue, aiguille, électrode, fatigue, tranchant, casser, tomber, couper, lourd, profond, cher, froid, glisser, blesser, hésiter, cri, dur, difficile, pointu, doute, etc.

Ces mots provoquent des émotions négatives qui impactent sur le corps. Le patient est tendu, hyper réactif à toutes sensations douloureuses, la respiration se bloque et le rythme cardiaque s’accélère. Le seuil de la douleur est alors diminué, il y a alors plus de risques de provoquer un malaise vagal à la moindre sensation douloureuse.

Mettre le patient en transe positive n’est pas une forme d’hypnose profonde mais simplement une reconnexion avec son imaginaire et ses pensées agréables à un moment où le patient en a besoin. Les relaxations mentales et corporelles sont aidées par le ressenti d’émotions positives, de sécurité et de confort. Plus le patient sera détendu plus le praticien le sera à son tour.