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Applications de la psychologie sociale dans la relation de soin

A. Explication du plan de traitement

4. Gérer le malaise par rapport à l’argent

Une fois qu’une entente sur le plan de traitement a été établie, il s’agit de parler d’honoraires. L’image commune si négative et appuyée des médias du chirurgien-dentiste, associe de manière récurrente la profession à la douleur mais aussi à la notion d’argent. Certains praticiens, jeunes et moins jeunes, n’osent alors pas toujours présenter des plans de traitement complexes car ils sont souvent onéreux. Pourtant, c’est un service rendu que de proposer les solutions idéales aux patients. C’est aussi l’objectif de tout soignant, apporter une solution aux problématiques de santé quel qu'en soit le prix financier. Ces solutions sont issues d’avancées scientifiques relativement récentes et de matériaux complexes donc malheureusement peu abordables pour tous. Pourtant, il revient aux patients de décider de leurs propres futurs. De plus, peu de praticiens osent également exercer des dépassements, permis par la sécurité sociale comme « entente directe », permettant d’effectuer certains travaux nécessaires mais non présents dans la nomenclature, désormais désuète. Ce qui différencie l’activité de commerçant de celle du soignant est la notion de santé qui rend alors l’échange de monétaire si complexe. « La santé n’a pas de prix » dit-ont mais pourtant la santé a un certain coût. Beaucoup ont tendance à l’oublier grâce au système de protection médicale et cela est tant mieux pour de nombreuses raisons sociales. Seulement, certaines dérives, tel que l'oubli du coût de la santé, sont observables. Lorsque les soins ne sont pas pris en charge, comme de nombreux soins considérés comme « non vitaux » en odontologie, la conscientisation du coût de la santé est alors brutale. Cela provoque une perte de confiance envers la profession de chirurgien-dentiste. Il est alors intéressant d’informer les patients que les remboursements de la sécurité sociale, et donc de beaucoup de mutuelles complémentaires, sont basés sur des prix datant de 1972. Cela non pas dans le but de s’apitoyer mais de remettre les choses en perspective et de faire comprendre aux bénéficiaires du coût nécessaire de leurs soins s'ils souhaitent bénéficier de qualité. Seule la communication permet une prise de conscience de la nécessité de certains traitements malgré le fait qu’ils ne soient pas ou peu remboursés. Cette communication n’est possible que grâce à une solide base de confiance mise en

les soutiendra dans leurs démarches de remboursements et que nombreux sont les praticiens qui restent flexibles quant aux prix et aux paiements différés selon les possibilités de chacun. Cette démarche semble plus médicale que celle de ne pas du tout proposer ce dont les patients auraient besoin par peur de présenter certains devis.

De nombreux praticiens délèguent le rôle de l’établissement des montants des devis et de l’encaissement à leur assistante ou leur secrétaire. Cela peut se comprendre face au rapport si particulier de la société à l’argent. En France, pays principalement catholique, l’argent est globalement considéré comme sale et d’aliénant. Pourtant, l’argent a été inventé pour fluidifier les échanges de services par l’abolition de la notion de redevance qui enchaîne le bénéficiaire du service à son émetteur. Finalement l’argent n’aliène pas, il libère (58). Le règlement fait alors partie intégrante du parcours thérapeutique. Il permet au patient de s’approprier le nouvel élément placé en bouche. Le corps étranger l’est bien plus s’il n’est pas réglé, car ces prothèses ne lui appartiennent pas encore. Le mot « honoraires » provient de « honorer », en réglant ses soins, le patient honore la qualité de travail et le temps du soignant. Si le praticien a confiance en ses soins, s’il estime faire du bon travail et que le patient à confiance en son praticien, il ne réside alors pas de gêne à être rémunéré. Les montants fixés avec tact et mesure sont des montants permettant au praticien d’exercer sa profession. Pour lui permettre de travailler, le patient s’engage à lui en donner les moyens. Il est intéressant de reconsidérer la notion d’argent afin de la remettre à sa vraie place. Il est tout de même une des raisons menant chaque travailleur à se lever le matin. Afin de diminuer le malaise, il est intéressant de faire un calcul de tous les éléments positifs apportés au patient suite aux travaux effectués. Les réhabilitations prothétiques permettent de restituer la fonction, d'améliorer la digestion et augmente le plaisir de manger. Redonner son sourire au patient lui permet d’améliorer son estime de soi, son acceptation sociale, sa vie sexuelle et sa communication. Le chirurgien-dentiste est un soignant, il améliore la qualité de vie de ses patients et il est important de réintégrer cette profession au sein du

En ce qui concerne les cadeaux, il existe une différence entre offrir une ou plusieurs consultations suite à un traitement pour des réajustements (car cela fait partie du traitement et il est de bon ton de s’acquitter de cette tâche gracieusement) et offrir une simple consultation de contrôle. Cela peut être mal interprété. En effet, un cadeau implique une idée de redevance. Cela peut créer de la gêne bien que l’intention initiale soit de la gentillesse. Une relation saine et équilibrée est aussi basée sur des rapports financiers équilibrés. Certains patients peuvent se sentir offensés par ce geste et d’autres encore peuvent alors douter de la qualité des soins prodigués. D’autres personnes peuvent aussi prendre ces gestes comme acquis et à l’inverse s’offenser lorsqu’ils sont amenés à régler certains soins. De plus, ne pas faire régler peut signifier une déculpabilisation. Le patient est alors en droit de se poser des questions.

Lors de l’explication du plan de traitement il est important de détailler les étapes de réalisation. Cela fait prendre conscience de la quantité de travail à effectuer. L’imaginaire collectif a cette image du dentiste revendeur de prothèse achetant le matériel à un prix bas au prothésiste et le revendant à un prix bien plus élevé (60). Expliquer au patient le nombre de séances et le travail fourni pour cette conception ainsi que la qualité des matériaux utilisés aide à comprendre qu’il investit dans un travail d’art et de soin. Cela permet d’exposer le plan de traitement tel un « investissement » ce qui justifie les moyens et désigne le travail comme une œuvre pérenne. Le récapitulatif des étapes de traitement peut lui être remis afin qu’il puisse suivre l’avancée des soins sans perdre patience ni se décourager. Les séances d’éventuelles retouches et surtout de maintien seront précisées dans le protocole remis afin de parfaire la prise de conscience de l’engagement au long terme. Il peut être intéressant de fixer le nombre de séances gratuites de retouches. Ainsi, si le nombre de ces séances dépasse mais que cela est le fait du soignant, le praticien est à même de les offrir. En revanche, il arrive que des patients n’aient pas toujours la patience du temps d’adaptation aux corps étrangers prothétiques par exemple et reviennent au cabinet un peu trop souvent. Si la limite de consultations post-traitement est clairement définie, cela évite tout malentendu, la relation thérapeutique est donc indemne.

Enfin, la signature du devis est indispensable avant tout soins car elle scelle le contrat papier. Deux exemplaires sont alors remis au patient. Un pour lui-même et un pour son remboursement par sa mutuelle. Un dernier exemplaire signé est gardé au dossier papier du patient chez le praticien.