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Applications de la psychologie sociale dans la relation de soin

C. Education thérapeutique

1. Cadre et environnement

L’idéal est de mener la séance de prévention dans une salle dédiée car l’absence du fauteuil de soins minimise les causes d’anxiété. La séance se déroulera de préférence autours d’une table ronde, dégagée et entourée de chaises identiques non placées directement l’une en face de l’autre. Ainsi, on évite la position de pouvoir avec le praticien installé dans un fauteuil derrière un large bureau encombré rendant le professionnel inaccessible et relatant aux positions paternalistes d’autrefois. En effet, l’information passera beaucoup mieux si le patient n’est pas assis au fauteuil de soins car la position mi allongée permet beaucoup moins de contrôle. Il est difficile de capter l’attention dans ces conditions. Il est de plus intéressant de surveiller le langage non verbal du patient pour déterminer le moment opportun à cette transmission d’informations. En effet, si la personne est en prise avec ses émotions, suite à l’annonce d’un diagnostic par exemple, la séance devra être reportée car il ne se trouvera pas dans les conditions optimales pour se concentrer et retenir les conseils d’hygiène.

2. Communication

La demande d’éducation thérapeutique doit avoir été formulée par le patient. Dans le cas d’une prise en charge globale, elle est entendue dans le contrat de soins lors de la discussion du plan de traitement. Dans le cadre d’une simple prise en charge de soins, le praticien pourra faire connaître la possibilité de mener une séance. Il attendra ensuite que la requête vienne du patient pour la programmer plutôt que de l’inciter directement. Selon la théorie de l’engagement, l’attention, l’ouverture et enfin l’observance seront alors amplement supérieurs à ce que permettrai une séance d’éducation thérapeutique incitée par le praticien seul.

Cette séance peut être réalisée à tout moment au cours du plan de traitement, selon le degré de réception du patient. Pourtant, il est particulièrement intéressant d’effectuer cette étape au tout

comportement pour assurer la pérennité des soins. En revanche, si le praticien ne sent pas le patient prêt à recevoir des conseils de soins locaux ou ne semble pas réceptifs à engager du temps supplémentaire à son hygiène dentaire, réaliser la séance en cours de soins permet d’avoir un engagement dans les soins (pied-dans-la-porte) avant d’intégrer les notions d’hygiène au cours des séances. Elles feront alors corps avec la démarche de traitement. En effet, certains patients peuvent se décourager face à une séance d’éducation thérapeutique trop précoce. La séance peut aussi être réalisée en fin de traitement comme démarche finale faisant réaliser au soigné que ces soins ambulatoires sont sa part du travail pour conserver l’état de santé acquis. Le choix du moment idéal pour effectuer une séance dépendra donc du degré de motivation de chaque patient.

Certaines techniques de psychologie peuvent être utilisées afin de mener efficacement une séance de motivation. Le but de cette intervention éducative est d’influer durablement sur les comportements des patients. Premièrement, pour intégrer la psychologie positive à la pratique, il faut être convaincu que tout être humain est capable de changement. Ensuite, ce type de séance peut être rapidement interprété comme un discours moralisateur. Il faut donc mettre toutes les chances du côté du soignant afin de garder le patient ouvert, attentif et assez à l’aise pour poser des questions ou faire reformuler.

Le fait d’être assis à une distance raisonnable et à la même hauteur a été évoqué afin de rendre le praticien plus accessible. C’est l’intégration de la proxémie. Deuxièmement, poser des questions ouvertes peut permettre de mieux connaître le patient, ses habitudes et ses ressentis (24) :

- Utilisez-vous une brosse à dents souple ?

: Quel type de brosse à dent utilisez-vous ? - Utilisez-vous chaque jour le fil dentaire ?

: A quelle fréquence utilisez-vous le fil dentaire ? - Enlevez-vous vos prothèses la nuit ou en journée, de temps en temps ?

- Faites-vous tremper votre prothèse dans une solution antiseptique une fois par semaine? : Quels soins apportez-vous à votre prothèse ?

Le recours à l’étiquetage est également une façon d’ouvrir et de motiver positivement le patient, par exemple : « Je vois que vous êtes quelqu’un de soigneux, je vais vous proposer un moyen de parfaire votre technique». De plus, il essentiel de choisir ses mots afin d’utiliser des mots positifs comme éviter de parler de « motivation à l’hygiène » ce qui sous-entend que le patient a une mauvaise hygiène ou qu’il n’est pas motivé. Les termes « séance technique » ou « soins locaux » peuvent pallier aux mésinterprétations. La répétition est également une méthode pédagogique efficace sur la mémoire. Répéter les notions importantes, en les reformulant par exemple, permet de faire intégrer les notions primordiales. En outre, il est aussi intéressant de faire attention aux feedbacks, lors des explications. Par le langage non verbal du patient, il est possible de savoir si le message est compris ou non. Par exemple s’il fronce les sourcils, une information peut être incomprise.

En fin de séance, demander un rapide résumé des points importants au patient lui permettra de mémoriser les conseils donnés et permettra au praticien de savoir ce qui a été oublié ou incompris. Il pourra alors éclaircir certaines informations si nécessaire.

Enfin, les techniques de psychologie sociale permettent de convaincre les patients réticents à appliquer ces nouveaux comportements enseignés. Par exemple, il est possible de convaincre la personne tout au long du traitement. Commencer alors par l’enseignement d’une technique de brossage qui sera évaluée à chaque séance avant d’aller plus loin. En effet, il n’est pas utile de passer du temps à expliquer le passage du fil dentaire alors qu’il est encore difficile de motiver le patient aux premières étapes de soins locaux. Si la personne est réceptive, il sera alors possible d’introduire pas à pas les techniques d’hygiène complémentaires. Cette technique constitue un « pied-dans-la-porte ». La technique de la porte-au-nez peut aussi être usitée pour les patients favorables aux soins locaux

jour, pour être sûr que deux soient faits peut s’avérer être une bonne technique de conviction. Pourtant, il faut faire attention à bien cerner la personnalité et la motivation de chacun car certains peuvent se décourager complètement face à ce type de conseils. Il faut ici que la personne ait une motivation déjà importante. Evaluer la bonne intégration des comportements au cours du soin est essentiel. L’évaluation se fait en fin de séance mais aussi aux séances suivantes. Cela renforce le comportement. Le praticien ou l’assistante, peuvent alors questionner le patient sur la fréquence d’utilisation des instruments d’hygiène, sur l’éventuelle difficulté ressentie lors de leur utilisation, sur leur ressentit quant à ces nouvelles habitudes et sur la perception d’éventuels changements (56). Inviter le patient à s’exprimer par rapport à ces soins locaux permet de continuellement l’intégrer à la démarche de soins globaux.