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Principales contraintes et opportunités du secteur de la microfinance en Guinée 11 1 Les opportunités

Catégorie 1 Caisses Populaires et de Crédit « Yètè Mali » de Guinée (CPEC-G)

1.3.4. Principales contraintes et opportunités du secteur de la microfinance en Guinée 11 1 Les opportunités

Le secteur de la microfinance en Guinée bénéficie de plusieurs opportunités. Dans un premier temps, on peut citer notamment la relative stabilité de la situation économique du pays. En effet, la situation économique de la Guinée reste encore fragile malgré la fin de la maladie à virus Ebola. Bien avant le déclenchement de cette crise sanitaire, les perspectives économiques de la Guinée étaient favorables à une croissance soutenue de 4,5% en 2014 et 6,3% en 2015. Mais, avec Ebola, les projections de croissance économique ont été fortement revues à la baisse, passant de 4,5% initialement à 1,1% pour l‟année 2014 et de 0.1 % en 2015 (PNUD/BAD/BCRG, 2015).

En plus des nombreuses pertes en vies humaines et des conséquences sociales, l‟épidémie a entrainé une baisse de la production et des investissements, la hausse du déficit budgétaire, des pertes d‟emplois et la chute des revenus des ménages. Dans les IMF, les défauts de remboursement ont été estimés à 6,9 milliards GNF tandis que les crédits restructurés se chiffraient à 2,6 milliards GNF (PNUD/BAD/BCRG, 2015).

La conséquence immédiate a été la détérioration de la qualité du portefeuille de ces institutions due aux retards dans les remboursements et la non solvabilité de certains bénéficiaires. Aujourd‟hui encore, la stabilité de la situation économique participe peu à peu à l‟amélioration du climat des affaires et à la relance des activités, ce qui pourrait constituer un facteur très positif pour les IMF, dans la mesure où elle influera forcément sur les principaux indicateurs du secteur.

Le secteur de la microfinance bénéficie également du soutien de l‟Etat et de quelques bailleurs de fonds. Ce soutien constitue un atout considérable pour le développement des IMF.

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Pour plus de détails, se référer au rapport du (PNUD/UNCDEF, 2011) sur l‟analyse de l‟offre et de la demande de services financiers en Guinée.

53 C‟est dans ce contexte que l‟Etat à travers la création de l‟ANAMIF et plus récemment des MUFFA (Mutuelle Financière des Femmes Africaines) affiche sa volonté politique pour créer les conditions d‟un développement soutenu du secteur, notamment en termes de diversification et de décentralisation des produits et services pour assurer une plus grande proximité des services aux bénéficiaires ; la revue du cadre réglementaire pour adapter la réglementation et les instructions relatives à l‟exercice de la profession de microfinance ; la création de mécanismes et outils permettant à la fois, à l‟autorité de tutelle d‟exercer efficacement la supervision du secteur et aux institutions de microfinance de maîtriser l‟arsenal juridique et réglementaire pour mieux respecter la réglementation (PNUD/UNCDEF, 2011).

Le gouvernement est en outre accompagné par des bailleurs de fonds dans la mise en œuvre de ses orientations politiques avec pour objectifs la bancarisation de l‟économie informelle et la fourniture des services de crédit et d‟épargne aux populations. C‟est par exemple, le cas de l‟AFD qui depuis 1988 avec des programmes ruraux de développement intégré participe au renforcement et à la consolidation du secteur de la microfinance en Guinée. Egalement on peut citer le PNUD qui apporte son soutien notamment à l‟APIMG, et à l‟entrepreneuriat jeune et tout le processus de formulation et de mise en place d‟une stratégie nationale de finance inclusive ; le FIDA, à travers les programmes de renforcement du secteur agricole qui occupe une frange importante de la population, potentiel bénéficiaire des services des IMF; l‟Agence Canadienne pour le Développement Internationale (ACDI) et l‟appui technique de Développement Internationale Desjardins (DID) ont favorisé la création et l‟opérationnalisation de Yètè Mali. Si la plupart des partenaires ont suspendu leur participation directe aux IMF, néanmoins, il faut signaler l‟appui quasi permanant du PNUD au secteur, notamment à travers diverses initiatives au bénéfice des jeunes et surtout des études d‟analyse du secteur (PNUD/UNCDEF, 2011).

Outre ces opportunités, on peut ajouter le faible taux de pénétration des IMF qui pourrait constituer un potentiel important pour les IMF qui peuvent l‟exploiter pour s‟implanter davantage sur le territoire national, marqué notamment par le développement d‟un secteur informel de plus en plus dynamique. Rappelons que le secteur de la microfinance guinéenne compte à ce jour une vingtaine d‟institutions contre 238 au Sénégal (DPEE, 2014) et 700 IMF au Bénin qui desservent environ 20 % de la population et 1/3 de la population adulte en 2014 (FMI, 2016).

54 1.3.4.2. Les menaces/ obstacles du secteur

Le secteur de la microfinance reste confronté à plusieurs obstacles/ menaces qui freinent à des degrés divers son développement. Il s‟agit notamment de l‟existence d‟un risque systémique dans le secteur, la forte dépendance des IMF aux subventions, la faible articulation des IMF avec les banques et un faible niveau de concertation des bailleurs et autres partenaires en développement dans le secteur de la microfinance en Guinée (PNUD/UNCDEF, 2011).

En effet, comme nous l‟avons mentionné précédemment, l‟essentiel des opérations dans ce secteur reste concentrer au niveau de quatre (4) institutions, en l‟occurrence le Crédit Rural de Guinée, Yètè Mali, FINADEV et la COFINA. Ces structures gèrent plus de 87% des activités (BCRG, 2015). Les difficultés et dysfonctionnements enregistrés dans l‟une de ces grosses structures pourraient susciter des répercutions sur l‟ensemble du secteur. Pour anticiper les éventuelles crises, plutôt que de les subir, il serait important que les autres IMF s‟affirment davantage dans la fourniture des services financiers et non financiers et que de nouvelles institutions soient promues pour créer un secteur plus équilibré pour mettre fin à cette situation de monopole (oligopole) » dans le secteur de la microfinance en Guinée.

Au-delà de cet aspect, il existe une forte dépendance des IMF aux subventions des partenaires au développement. Il faut rappeler que les grosses IMF se sont développées au départ grâce au soutien technique et financier des bailleurs et des autorités publiques. C‟est le cas du crédit rural qui a beaucoup bénéficié de l‟appui de l‟Agence Française de Développement (AFD), de l‟IRAM (Institut de Recherche et d‟Application des Méthodes de Développement) et autres partenaires. Il en est de même pour la plupart des structures. Même si aujourd‟hui, toutes ces IMF se sont institutionnalisées, la culture de projet y est restée chez la plupart avec une forte propension aux subventions considérées comme une condition essentielle de réussite et non comme un appui qui devrait éventuellement venir en renfort d‟un développement axé prioritairement sur les ressources et moyens internes.

On peut ajouter également la faible articulation des IMF avec les banques. Cette situation s‟explique notamment par : (i) le recours de plus en plus de certaines banques au « downscaling12 », considérant ainsi les IMF comme des concurrents potentiels ; (ii) le manque

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Le downscaling consiste pour une banque à descendre en gamme de clientèle en réduisant son échelle d‟intervention afin de pouvoir atteindre une niche de clientèle à revenu plus faible. C‟est en Amérique Latine et

55 de rigueur dans l‟audit des états financiers ou des rating qui devraient donner plus de crédibilité à la situation financière des IMF ; ce qui ne permet pas aux banques d‟apprécier la qualité du portefeuille des IMF, alors que le portefeuille devrait constituer un élément de garantie de premier ordre ; (iii) la faible qualité technique des dossiers de financement des IMF soumis aux banques ; (iv) et enfin (v) le faible recours à priori des IMF aux financements commerciaux en raison de l‟existence des financements et subventions des bailleurs/partenaires en développement qui ont fait tradition dans le secteur .

Le déficit de collaboration et communication entre les IMF n‟est pas à occulter. Il ne manifeste notamment pas l‟absence de centrale de crédit et de rencontres périodiques entre les différentes IMF. Or il est admis que l‟existence d‟une centrale d‟information permettrait d‟avoir une base de référence en matière de gestion du crédit et de réduction des risques. Egalement, la tenue des rencontres périodiques entre les IMF pourraient leur permettre de définir une stratégie commune et un maillage plus organisé et plus structuré dans leurs interventions/ implantations.

Le faible niveau de concertation des bailleurs et autres partenaires en développement constitue aussi des obstacles qui limitent le développement du secteur. Cette situation ne permet pas de coordonner les actions, de partager les informations ou de créer des synergies nécessaires pour une évolution harmonieuse du secteur. Il est important qu‟un cadre de concertation soit mis en place et animé au sein de tous ces partenaires pour éviter ou tout au moins limiter ces situations. Une implication des acteurs à tous les niveaux pourrait aboutir à obtenir des informations/stratégies utiles pour mieux définir les orientations et créer des synergies concourant au développement du secteur de la microfinance en Guinée.

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