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Prévention et information

L’éducation sexuelle, une éducation à la peur?

I. Présentation de l’intervenant et du discutant

2.2. Prévention et information

Pour commencer, je vous propose un exercice mental où l’on imagine que le cours de natation soit donné comme un cours d’éducation à la Vie Affective et Sexuelle.

Ce cours serait donné par quelqu’un qui n’est pas maître nageur mais professeur de français, d’un centre de Planning Familial, ou extérieur au domaine.

Il s’agirait de donner des explications sur les mécanismes physiologiques nécessairement en jeu lors de cette activité. Et de mettre en évidence les dangers de la natation afin d’éviter la noyade, pour apprendre à vos enfants à gérer les risques liés à cette activité.

Les solutions ? Soit ne pas nager, soit nager mais seulement quand vous serez prêts.

C’est pourtant en donnant pareil cours qu’on a alors toutes les bonnes raisons de se poser des questions sur les capacités des enfants à nager ou surnager dans la vie.

À l’image de pareil cours de natation, les animations VAS vont souvent présenter d’abord une explication neurophysiologique sur les mécanismes reproducteurs.

L’utilité? Accéder à un savoir théorique sur la reproduction et sur les dangers.

«Faites attention car il y a des risques de grossesses précoces». On ne cesse de dire aux jeunes que c’est assez fréquent. Aux USA, le programme a été jusqu’à prévoir des sortes de «mises en situation» où les jeunes ont des poupées qu’ils ramènent chez eux et dont ils doivent s’en occuper comme s’ils avaient un bébé – ils doivent se lever la nuit pour le nourrir. L’objectif ? Les faire réfléchir ? Les dégoûter ?

Le message qui passe ?

«Faites attention, il ne faut pas tomber enceinte trop tôt»

«Faites attention, il existe des maladies sexuellement transmissibles – avant, on parlait des maladies vénériennes, la terminologie venant de vénus (maladies vénériennes) ; actuellement on parle d’infections sexuellement transmissibles.

Attention, ce n’est pas bénin».

«Attention à l’herpès» - 50% des jeunes attraperaient ce virus.

«Attention au sida» - c’est toujours mortel.

Voici les discours que l’on tient dans les cours d’éducation sexuelle. Et maintenant, il y a en plus les abus sexuels et la pédophilie. Là, à nouveau, le message est de faire attention.

Au Québec, on sensibilise les enfants de plus en plus jeunes, dès la maternelle. Le message : «attention, les abus ne sont pas commis que par des étrangers. 80% des abus se font dans la famille : Méfiez-vous de votre oncle, de votre père, etc.». Les enfants doivent se prémunir des adultes qui pourraient avoir de « mauvais » touchers – parce qu’il y a les bons et les mauvais touchers.

En définitive, les seuls éléments positifs dont on leur aura parlé dans ces cours d’éducation à la VAS, c’est l’amour, l’affection, la tendresse. Vision très romantique or en tant que clinicien, on sait que beaucoup de couples s’aiment mais ont des difficultés sexuelles !

Ce n’est pas une éducation à la sexualité mais une éducation à la peur de la sexualité qui repose sur un ensemble de messages négatifs de peur : danger d’attraper une maladie, d’être agressé, etc.

Or, dans ce domaine, une éducation vise plutôt un savoir-être, des attitudes et des valeurs plutôt que des connaissances, des savoirs. On pourrait envisager de façon différente ces cours.

Comment rencontrer un autre partenaire ? Leur apprendre quelques éléments de séduction, les façons de mettre l’autre à l’aise, ce que c’est d’avoir des relations sexuelles, leur apprendre quelques éléments de la sexualité féminine, de la psychologie féminine… Parce que, évidemment, s’ils n’ont qu’une connaissance abstraite et médiatique, s’ils croient que si elle dit non, il s’agit surtout de ne pas insister, on leur a conseillé le respect et l’attente… S’ils ne savent pas l’importance des longs préliminaires pour une relation sexuelle satisfaisante pour les femmes, les hommes vont directement vers les zones sexuelles.

Qu’en est-il des difficultés lors des premiers rapports sexuels ?

Chez les garçons, il y a souvent une éjaculation précoce lors des premiers rapports sexuels. Si cela se reproduit, cela risque de provoquer un blocage. Or, il y a un parallèle avec la façon dont ils se masturbent. S’ils se masturbent vite, ils vont

éjaculer rapidement. Leur conseiller de prendre le temps en prolongeant leurs expériences masturbatoires.

Chez les jeunes filles, lors des premiers rapports sexuels, il y a souvent du vaginisme c’est-à-dire la contraction des muscles du vagin qui fait un petit peu mal. Un petit message très simple est de leur dire de respirer pour décontracter les muscles vaginaux.

Il y a donc des petites choses extrêmement pratiques qui pourraient appartenir aux cours d’éducation sexuelle. Or, on est loin du compte.

Comment gérer une rupture? Comment gérer une frustration? Comment gérer la jalousie? Comment gérer les émotions, telle que la colère, qui sont liées à la peur de l’autre sexe? Réaliser une éducation contre hétérophobique. On parle d’homophobie mais on oublie trop souvent la peur de l'autre sexe : l'hétérophobie.

Cette véritable éducation sexuelle existe dans d’autres cultures. La culture africaine, par exemple, explique aux jeunes filles comment donner plus de plaisir et comment avoir plus de plaisir – et ça ne fait pas des sociétés débauchées. Ici, c’est impensable. Pourquoi?

1) La religion catholique n’a jamais été très favorable à un épanouissement de la sexualité. Bien que les choses aient un peu évolué. Évidemment, il y avait ceux qui faisaient les interprétations (les curés, etc.) mais qui ne sont pas/plus très nombreux. À l’UCL, même les catholiques pratiquants (qui ne sont plus très nombreux) disent généralement que de toute façon, le pape n'a pas à regarder ce qui se passe dans le lit. Il n’a pas le droit de regard sur cet aspect de la vie privée.

2) La religion musulmane resserre ses contraintes contre la sexualité contrairement à la religion catholique qui se veut actuellement un peu plus tolérante dans ce domaine.

3) Mais le plus grand des puritanismes, des résistances ne viennent pas de la religion. Le puritanisme vient bien plus des médecins, des psychologues. Freud aurait changé les choses ? Dans ses écrits, la masturbation, l’onanisme conjugal conduit à la neurasthénie, la névrose, si pas à la psychose/folie. Avec Freud, l’enfant devient un pervers polymorphe. Dès petit déjà, la peur ! La peur : c’est comme si en donnant de l’information aux jeunes, ils allaient devenir des débauchés alors que si on leur fait peur, c’est le contraire.

Évidemment, on a vu qu’il y avait des risques, d’où l’importance de la prévention mais ce n’est pas en effrayant les gens qu’on fait changer leurs comportements.

L’information n’est pas suffisante ! Je connais quelqu’un qui travaillait dans le domaine de la prévention et qui a fait l’amour avec un homme sans utiliser de préservatif. Le lendemain, il découvre dans la salle de bain la présence de tous les médicaments pour le traitement du SIDA or il travaillait dans le domaine de la prévention. « Toi qui travaille dans le domaine de la prévention ! ». Il répond « Il y avait un tellement beau coucher de soleil … ». L’info ne suffit pas. Il faut faire une éducation sexuelle réellement à la sexualité et à l’épanouissement sexuel pour informer les jeunes. Est-ce si terrible ? En tant qu’adulte, on a parfois peur de dire

ces choses qui se passent très bien en fait. Touche-t-on là à la peur des parents, à la peur des adultes ? Si le jeune se sent plus à l’aise dans la sexualité, ne va-t-il pas mieux se protéger, mieux respecter la femme, faire des choix, etc ?