La troisième génération des télécommunications mobiles devrait appor- ter une réponse commune à deux besoins de communication jusquici dis- tincts : la communication de données sous toutes ses formes et la communi- cation en situation de mobilité.
Le service offert par les réseaux GSM nest pas optimal pour la commu- nication de données car léchange de données se fait le plus souvent par « bouffées » intermittentes (beaucoup de données en peu de temps, puis une période longue sans données). Aujourdhui la technologie IP est généra- lisée pour les réseaux informatiques (Internet) à terminaux fixes. Elle sera progressivement déployée dans les réseaux des opérateurs de télécommu- nications mobiles grâce à lUMTS (norme européenne de la troisième géné- ration de télécommunications mobiles).
Le GPRS est une première étape qui complète le GSM. Les réseaux qui exploitent le GPRS marquent le début des transmissions par paquets avec un débit de 30 à 40 kilobits par seconde. Les systèmes de troisième généra- tion généralisent la commutation par paquets à haut débit, théoriquement jusquà 2 mégabits par seconde. Dans la pratique, le débit moyen des pre- miers réseaux UMTS serait de 64 à 144 Kb/s, plus proche des débits acces- sibles aux réseaux de télécommunications actuels avec des modems con- nectés au PC que du débit théorique de 2 Mb/s.
Les normes techniques de la deuxième génération de mobiles ont été adoptées au début des années quatre-vingt, lors de la mise en service des premières technologies cellulaires. Le démarrage a été plutôt lent. Le déve- loppement du marché sest accéléré à partir du milieu des années quatre- vingt-dix. Au total, lensemble des technologies sans fil dites de deuxième génération (GSM, IS-95, PDC) regroupe maintenant plusieurs centaines de millions dabonnés dans le monde. Cest une réussite exceptionnelle, no- tamment pour le marché et les constructeurs européens (GSM).
Le développement du téléphone mobile rencontre plusieurs limites qui tiennent à la technologie et aux capacités, à la fragmentation du marché mondial et aussi au début de saturation qui commence à apparaître en Eu- rope. LUMTS vise à dépasser ces limites et à offrir de nouveaux services.
CONSEIL DANALYSE ÉCONOMIQUE 326
Létude des différents aspects de lUMTS fait toutefois apparaître de nombreuses incertitudes dans les domaines suivants : le coût de linvestisse- ment, les distorsions de concurrence, la technologie, lenvironnement, lexis- tence de technologies alternatives concurrentes, les besoins réels des con- sommateurs et linstabilité des structures de marché, enfin le calendrier de disponibilité de terminaux fiables à des prix accessibles au grand public.
La construction dun réseau de télécommunications implique des coûts fixes qui représentent une part très importante du coût de production du service de télécommunication. Le coût marginal à court terme (coût dune minute de communication supplémentaire) est faible et le coût moyen rapi- dement décroissant avec le volume de communication. Cette situation a longtemps favorisé une situation monopoliste des marchés. Lémergence des technologies numériques a permis la coexistence de réseaux juxtaposés raccordés. Elle a aussi permis de tester les avantages de la concurrence avec lapparition de services à valeur ajoutée et surtout avec lapparition du téléphone mobile. La concurrence sest avérée très bénéfique pour le déve- loppement du secteur.
La concurrence ne remet cependant pas en cause lexistence de coûts fixes élevés et la décroissance du coût moyen. Elle pose donc la question du nombre dopérateurs sur un marché dont loffre reste oligopolistique. Les paramètres importants sont la forme de la courbe de coût à long terme (existence dune taille minimale efficiente) et lélasticité de la demande de téléphone. Léquipement dun réseau UMTS représente près de trois fois le coût dun réseau GSM. Le coût fixe dun service UMTS est donc très supérieur au coût fixe dun réseau GSM.
Il y a dix-huit mois à peine, le sentiment était largement répandu que les nouvelles technologies de linformation et de la communication seraient à lorigine dune nouvelle ère de croissance forte. Dans un climat deuphorie sur la « nouvelle croissance », les marchés financiers capitalisaient lespoir dune croissance à deux chiffres des télécommunications et affichaient lo- giquement des hausses très importantes des cours boursiers. Cest dans ce contexte que les licences dutilisation des fréquences ont été attribuées aux opérateurs de télécommunication pour lUMTS. Au total en Europe, les prélèvements au titre des licences UMTS ont été en 2000 de lordre de 130 milliards deuros, soit environ 15 % de la capitalisation boursière de lensemble des opérateurs européens de télécommunication.
Les gouvernements européens se sont engagés sans règle commune et sans étude préalable dans lattribution de fréquences aux opérateurs et cela a conduit dans certains cas à des prix très élevés. Une conséquence fâ- cheuse a été laugmentation considérable du risque associé aux projets, une augmentation du coût de lendettement et une baisse de valeur des sociétés. Or, la montée du risque est une perte collective. Cest le risque qui est le problème majeur de lUMTS. La seule réponse économique correcte était une redevance contingente, cest-à-dire dont le montant soit lié au dévelop- pement effectif du secteur. Cest la solution retenue en définitive et tout récemment par la France.
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Les quelques études économiques accessibles sur le projet UMTS sug- gèrent le caractère très aléatoire de la rentabilité attendue de lUMTS. On ne peut pas exclure une forte rentabilité, mais le risque de perte est élevé. Un concept important dans lanalyse économique des télécommunications est le concept dARPU (average revenue per user). Il correspond au chiffre daffaires total des opérateurs de télécommunication rapporté au nombre moyen dabonnés. Il était égal à 55,4 euros par mois en 1998 pour les opérateurs de mobile, il a diminué en 2000 à 38,5 euros par mois et une nouvelle fois baissé à 33,9 euros par mois au premier trimestre 2001 en France. Le recul tient au fait que la disposition à payer des abonnés supplé- mentaires est plus faible que la moyenne.