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qui conduit les opérateurs japonais à une introduction volontariste de la 3G

Dans le document Enjeux économiques de l'UMTS (Page 61-64)

Université Paris 13, CEPN-CNRS

2. … qui conduit les opérateurs japonais à une introduction volontariste de la 3G

La procédure d’allocation des fréquences hertziennes nécessaires à la 3G n’a pas suscité au Japon le même débat qu’en Europe. Une soumission comparative a été organisée entre avril et mai 2000 mettant en présence les trois opérateurs 2G pour trois licences. Le Japon n’a pas tenté d’accroître la concurrence en offrant une licence supplémentaire pour une structure de marché à 4 opérateurs. Le coût de licence est de 5 euros par an et par terminal, taux unitaire qui se traduirait, selon les prévisions des opérateurs, en une redevance de 2 millions d’euros en 2002 et de 7 millions en 2003

(cf. tableau 3). À cette redevance, s’ajouteront des coûts globaux d’inves-

tissement de 9 milliards d’euros pour DoCoMo.

Cette taxation de l’accès au spectre est conforme aux prescriptions du Conseil de stratégie technologique du Premier ministre (piloté par le Prési- dent de Sony) recommandant à l’État de prendre en charge une partie des coûts pour la construction d’infrastructures de haut débit. Notons au pas- sage que ce mode de tarification prend en compte l’état du marché 2G : DoCoMo aura rapidement plus d’abonnés que ses concurrents compte tenu de sa position de force sur la 2G et devra donc assez logiquement payer plus cher pour utiliser la bande de spectre nécessaire à ses services 3G.

DoCoMo a retenu la norme W-CDMA, de même que J-Phone, tandis que KDDI se singularise avec la CDMA 2000 1X de Qualcomm. KDDI supportera des coûts d’infrastructures moindres, mais pourrait, en s’isolant de la norme dominante, affronter des problèmes de production de masse de ses terminaux8. Notons qu’on retrouve cette césure dans les normes rete-

nues en Corée : SK Telecom et Korea Telecom ont adopté la W-CDMA tandis que LG a choisi la CDMA2000 1X.

On ne sera pas surpris d’observer que DoCoMo, compte tenu de sa position prédominante sur le marché 2G9, s’est engagé en tête pour l’expé-

rimentation de la 3G en procédant à des tests préliminaires courant 2000 (avec des équipements fournis par NEC) de son nouveau service FOMA10.

Malgré cette volonté d’aller rapidement de l’avant, DoCoMo est soucieux de préserver son image de marque. L’ouverture commerciale a donc été repoussée à octobre 2001, pour ne procéder à partir de mai qu’à un test à grande échelle auprès de 3000 usagers. Ce report est lié à des défaillances des logiciels de gestion des stations de base, mais d’autres facteurs doivent être mentionnés car ils révèlent la « frontière » de la maîtrise technique, ainsi que certaines contingences commerciales.

• Certains fournisseurs de terminaux ont rencontré des problèmes pour produire les volumes commerciaux ad hoc, notamment en raison d’une pénu- 8. KDDI ne sera pas dans l’obligation de fournir des terminaux bi-mode, alors que DoCoMo et J-Phone devront assurer la compatibilité PDC/W-CDMA.

9. Mais également en raison de la saturation croissance de son réseau 2G. 10. Freedom Of Mobile multimedia Access.

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rie de composants (en particulier les afficheurs à cristaux liquides de haute définition).

• DoCoMo disposant d’une version ancienne de la norme W-CDMA a estimé qu’un délai supplémentaire lui permettrait de réduire les problèmes de retro-compatibilité11. L’opérateur a d’ailleurs profité de ce délai pour

signer en novembre un accord avec Nokia pour l’établissement d’une norme ouverte.

• Enfin, DoCoMo a voulu tirer partie de l’exploitation de ses services 2,5G, ses terminaux 503i i-apply dotés de la technologie Java rencontrant un grand succès auprès du public. Les fournisseurs de terminaux souhaitent également optimiser cette source de revenus.

2. Caractéristiques et déploiement des offres 3G des opérateurs nippons

Source : D’après Nihon Keizai Shimbun.

DoCoMo KDDI J-Phone

Démarrage de l’offre

Octobre 2001

(après test mai 2001) Début 2002 Fin 2002 Zone couverte fin 2001 Tokyo, Tokai, Kansai Tokyo, Tokai, Kansai

Standard W-CDMA CDMA2000 1x W-CDMA

Débit 384 kb/s flux descendant, 64 kb/s montant 144 kb/s flux descendant, 64 kb/s montant 384 kb/s flux descendant, 64 kb/s montant Fréquence 2GHz 800 M/2GHz 2GHz Couverture

des grandes villes Avril 2002 Juin 2002 Octobre 2002 ? Couverture totale Mars 2004 (> 97 %) Fin 2002 (99 %) Mars 2004 (> 90 %)

Pour l’entrée en vigueur du service commercial, la tarification du paquet de 128 bits a été fixée à 0,05 yen, soit une réduction sensible par rapport à la tarification du i-mode (0,3 yen). Comme le contenu en informations des services sera plus lourd, il est cependant difficile d’anticiper l’impact tari- faire réel. Le leader n’est pas incité à développer une politique de prix agres- sive dans les premières années au risque de faire face à un afflux d’abon- nés difficile à gérer dans une période montée en puissance du réseau. Cette prudence est nécessaire. Pour preuve, il a fallu rappeler 1 500 téléphones 3G en décembre, en raison d’un problème de logiciel pouvant conduire à des pertes de données.

11. DoCoMo amorce son offre sur la base de la norme définie en 1999, mais en incluant certains spécifications de la norme de mars 2001. Les opérateurs européens, ainsi que J- Phone, se baseront sur la norme 2001.

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KDDI prévoit un lancement étalé sur un an jusqu’à la fin 2002. L’utilisa- tion de la norme MC-CDMA2000 1X autorisera un déploiement plus rapide, de sorte qu’à cet horizon 99 % de la population devrait bénéficier d’une couverture. KDDI fait l’hypothèse que, dans une première phase, un débit de 144 kb/s sera suffisant pour le bon fonctionnement des services existants. Quant à J-Phone, il est difficile de mesurer le handicap d’un départ plus tardif à la fin 2002. Comme la technologie utilisée sera analogue à celle de DoCoMo, J-Phone n’affrontera pas les difficultés initiales, point de vue dé- fendu par la direction de Vodaphone. Mais J-Phone ne bénéficiera ni de l’avantage d’un investissement en réseau allégé comme KDDI, ni d’un « effet de parc » comme DoCoMo qui fera migrer une proportion importante de ses abonnés au i-mode, au fil du temps, vers ses services 3G.

2002 2003 2004 2005 2006

Abonnés cellulaires (M) 70 77 83 88 92

Taux de croissance (en %) 15 11 8 6 4

Abonnés 2G 69 73 70 64 58

Taux de croissance (en %) 6 – 5 – 8 – 10

Abonnés 3G 0,4 3,5 13 23 33 Taux de croissance 685 269 82 41 Ratio 3G (en %) 1 5 16 27 36 Parts de marché • DoCoMo (en %) 44 58 61 61 56 • KDDI (en %) 56 31 29 27 30 • J– Phone (en %) 0 11 11 13 14

Selon les prévisions des opérateurs, les réseaux seront déployés en tota- lité au début de 2004, ce qui permettra d’offrir un service à l’ensemble de la population japonaise à un moment où seuls les Européens des grandes villes accéderont à de tels services. À cette période, les opérateurs anticipent 13 millions d’abonnés à des services 3G. Mais ces prévisions ne donnent qu’une perception partielle des usages qui pourront être fait du haut débit mobile à terme. DoCoMo prévoit qu’en 2010, 570 millions « d’objets » élec- troniques seront connectés à des réseaux mobiles, soit plus de 4 par habi- tant. Les opérateurs se situent ainsi dans la perspective d’un élargissement des utilisations du spectre, au-delà des téléphones portables : automobiles, téléviseurs, organiseurs, appareils photo et vidéo… DoCoMo s’attache d’ailleurs directement à l’élargissement des usages. À titre d’exemple, de- puis septembre 2001, les abonnés à i-mode peuvent payer grâce à leur portable dans des distributeurs de boissons. Si le test est concluant, cette fonction de porte-monnaie électronique sera étendue à d’autres types de transactions.

Sources : Opérateurs et Goldman Sachs (2001) : « The Impact of 3G Mobile Phone Services in Japan », Goldman Sachs Global Equity Research.

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