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Les investissements UMTS

Dans le document Enjeux économiques de l'UMTS (Page 152-155)

Direction de la Prévision

2. Les investissements UMTS

2.1. Frais de licence et coût des réseaux

En France, les frais de licences (5 milliards d’euros5) étaient – avant la

modification des conditions d’attribution des licences en octobre 2001 – du même ordre que les frais de déploiement du réseau, qui devraient se situer entre 3 et 6 milliards d’euros. Le retard et la baisse du coût des composants pourraient accroître largement la part de la licence.

Le déploiement de l’UMTS va générer des coûts d’exploitations (opex) et suppose des investissements (capex) qui comprennent les licences dont le montant varie fortement dans les différents pays européens. En France, elles devaient (dans le scénario comportant le montant de licences initial et quatre opérateurs de téléphonie mobile, qui ne décrit pas la réalité actuelle) générer près de 20 milliards d’euros pour l’État, répartis sur les treize ans à venir (15 milliards d’euros actualisés 2000).

Hors licences, la somme des investissements européens est estimée par les analystes autour de 100 milliards d’euros, dont environ 25 milliards d’euros pour la France. Ces coûts sont essentiellement les subventions aux équipe- mentiers pour la réalisation de combinés de téléphonie mobile (40 %) et les investissements liés au déploiement du réseau (60 %). Ce déploiement du réseau comporte la mise en place du système central (informatique, électro- nique…) – qui représentent environ 33 % de ces coûts – ainsi que celle des infrastructures réseaux. Ces coûts incluent non seulement des coûts de gé- nie civil, mais également les coûts du système radio d’émission réception et les coûts de déploiement du cœur de réseau.

Les coûts de déploiement du réseau représentent donc près de 15 mil- liards d’euros pour la France – dont 10 milliards d’euros pour les infrastruc- tures réseau. Ces coûts pourraient être surestimés. En effet, la mutualisation des réseaux, si elle était rendue possible par les autorités de régulation, pourrait induire jusqu’à une réduction allant de 10 à 25 % du coût des infrastructu- res, en fonction notamment du nombre d’opérateurs présents mais égale- ment de leur stratégie de déploiement6. Cependant, les récents retards de

déploiements, qui semblent devoir encore s’accentuer, vont induire des bais- ses de coûts importantes, liées à la baisse rapide du coût des composants dans le secteur des télécommunications.

5. Actualisé à un taux de 8 %, la licence s’élève à 3,8 milliards d’euros.

6. Cf. Note C3-01-084 sur l’analyse de la mutualisation des réseaux UMTS. Une analyse de Merill Lynch estime – dans le cas où deux opérateurs devraient construire en commun un réseau sans descendre jusqu’au cœur – la réduction du coût de l’investissement à 25 % entre 2002 et 2006. En outre, les réductions de coûts dépend fortement de la géographie de chaque pays : la France, du fait de la forte concentration de sa population autour de quelques grande villes, devrait particulièrement profiter de ces réductions de coûts.

ENJEUX ÉCONOMIQUES DE L’UMTS 311

2.2. Efforts d’investissement pour l’UMTS et le plan téléphone Les montants investis sont de l’ordre de grandeur de ceux qui avaient été mis en œuvre dans les années soixante-dix pour renouveler le réseau fixe et accélérer la pénétration du téléphone dans les ménages français.

Les montants investis peuvent être comparés avec d’autres projets na- tionaux de grande ampleur, mais également avec les montants investis pré- cédemment dans la diffusion des nouvelles technologies de l’information.

P ériod e d'i n ve st iss em en ts consid ér ée Mo nt an t en m ill ia rds d 'eu ro s co u ra n ts Mo nt an t en m ill ia rds d 'e u ro s 20 00 (a ) P IB co u ran t (m il ie u d u pr oje t) In v es ti ssemen ts p ar rap p ort au PIB co u ran t (e n % ) • Tunnel Lyon-Turin (hyp. voie unique)

2000-2025 — 10,2(b) 1404,8 0,73 • Autoroute A89

Bordeaux-Clermont Ferrand

2001-2003 3,9 3,8 1481,7 0,26

• TGV Méditerranée 2000 3,2(c) 3,2 1404,8 0,23

• Airbus très gros porteur (A380)

2001-2006 13,7 (d) 13,1 1521,7 0,90

• Action pour la diffusion de la téléphonie fixe

1976-1981 14,3 35,9 342 4,2

• Informatique pour tous 1985 0,27 0,4 727 0,0

• Plan Câble 1983-1988 3 4,1 727 0,4 • Iridium(e) 1998-2000 7 7,0 1368 0,5 • Lancement de l'UMTS 2001-2014 15,3(f) 15,3 1405 1,1 Investissements européens 100 • Déploiement du réseau 60 − Infrastructure réseau

− Frais logiciels et frais annexes

40 20

• Frais de lancement du produit 40

Source : Estimations HSBC.

2. Estimation des coûts des infrastructures UMTS pour l’ensemble des pays européens

En milliards d’euros

3. Comparaison avec les investissements de grands projets d’infrastructure dans les domaines des transports et des TIC

Notes : (a) Actualisation par l’indice des prix à la construction ; (b) Voie principale et voies d’accès ; (c) Infrastructures sans matériel roulant ; (d) Conception ; (e) Projet de constellation de satellites de télécommunications en orbite basse ; (f) Dans le cas où quatre réseaux seraient construits. Source : Direction de la Prévision.

CONSEIL D’ANALYSE ÉCONOMIQUE 312

Si les montants investis dans le projet UMTS sont largement supérieurs à ceux des autres grands projets d’infrastructures actuels considérés, ils sont toutefois nettement inférieurs aux moyens qui avaient été investis par l’État français dans le plan « Télécoms » à la fin des années soixante-dix et avaient permis à l’ensemble des foyers français d’être raccordés au réseau téléphonique commuté. La nouveauté est certes que ce projet est financé par des acteurs privés que l’échec du projet UMTS pourrait mettre en situa- tion financière dangereuse. Néanmoins, l’engagement des opérateurs et des industriels témoigne de leur confiance dans ce projet risqué.

2.3. Perspectives pour les équipementiers français

Si Alcatel semble en mesure de conserver, au moins en partie, son posi- tionnement d’équipementier d’infrastructures, l’activité de construction de terminaux mobiles par des équipementiers français est, quant à elle, forte- ment remise en question.

Aujourd’hui, une comparaison de la position de la France en tant que pays producteur et consommateur est relativement favorable à l’industrie française : la part de marché des entreprises françaises sur le créneau des infrastructures et terminaux mobiles se situe entre 5 et 7 %, ce qui est deux fois supérieur à la part en 1999 des abonnés mobiles en France par rapport au reste du monde (2,4 %), et très proche du poids économique relatif de la France (la part du PIB français dans le PIB OCDE étant de 5,7 %). Cette analyse ne tient cependant pas compte des fortes externalisations des acti- vités, ainsi que des évolutions actuelles qui pourraient se révéler défavora- ble à cette industrie.

La structure actuelle du marché des équipementiers montre que Alcatel est aujourd’hui le seul acteur français. Il représente environ 5 % (en part de marché ventes) du marché des infrastructures réseaux qui, en 1999, repré- sentait 36 milliards d’euros. Alcatel avait fait de mauvais choix technologi- ques au moment du GSM et pris ainsi un retard qu’il espère rattraper avec l’UMTS, il semblerait donc raisonnable de supposer qu’il conservera au moins sa part de marché actuelle. Néanmoins l’annonce récente des résul- tats d’Alcatel7 fait craindre une baisse future de la part de marché de l’équi-

pementier français sur le marché mondial des infrastructures de réseaux mobiles.

Sur le marché des terminaux, les Français sont présents avec Alcatel et Sagem. La part de marché actuelle des équipementiers français est de 7,4 % en 2000 d’un marché mondial qui représentait 72 milliards d’euros en 1999. 7. « Le groupe accuse une perte nette de 2,9 milliards d’euros sur l’ensemble du premier semestre 2001. Sur le seul deuxième trimestre, la perte se monte même à 3,1 milliards d’euros (au premier trimestre, le groupe affichait un bénéfice de 210 millions d’euros). Le résultat opérationnel (222 millions d’euros sur le premier semestre) est trois fois inférieur à celui enregis- tré un an plus tôt plombé notamment par la téléphonie mobile », La Tribune, 27 juillet 2001.

ENJEUX ÉCONOMIQUES DE L’UMTS 313

Leurs chances d’atteindre des résultats supérieurs pour la prochaine géné- ration mobile sont d’autant plus faibles que leurs concurrents asiatiques et, en particulier, japonais ont pris une avance importante dans le développe- ment des terminaux mobiles. En outre, Alcatel a récemment annoncé qu’il allait prochainement externaliser la production de terminaux et le chiffre d’affaires de Sagem a chuté de 22,5 % au premier trimestre.

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