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Partie I : les dispositifs participatifs au cœur des politiques publiques au cœur des politiques publiques

Chapitre 2. Naissance de la contestation des riverains contre le tracé aérien de

2.4 Le pouvoir communicationnel des images

En effet, l‟utilisation des images à des fins communicationnelles ne date pas d‟aujourd‟hui. Et avec le développement des outils de capture d‟images (appareils photos numériques, tablettes, et surtout les téléphones mobiles), leur utilisation se trouve amplifiée dans tous les domaines, notamment celui de la publicité. Sans prétendre restituer l‟histoire des images comme moyen de communication, rappelons qu‟elles ont joué un rôle considérable durant les grandes guerres. Depuis, l‟image est utilisée à des fins multiples (transmission d‟un message, propagande, susciter l‟envie d‟achat dans le domaine de la publicité, etc.). Bref, le pouvoir communicationnel de l‟image est incontestable.

Sachant l‟importance de l‟image dans la communication, le collectif d‟habitants des Longs Champs n‟a pas manqué de s‟en servir durant les différentes phases de leur mobilisation. C‟est pourquoi nous avons jugé utile de sélectionner quelques photomontages et affiches pour l‟analyse des enjeux communicationnels de la mobilisation riveraine.

Illustration 17. Viaduc passant au-dessus des étangs

Source : collectif « Sauvons les Longs Champs »)

En haut, à gauche : viaduc passant au-dessus de la coulée verte En bas, à droite : viaduc passant au-dessus des étangs

Comme nous pouvons le remarquer ci-dessus, ces photomontages présentent le viaduc qui passe à la fois au-dessus des étangs et la coulée verte. Ceux-ci (photomontages) sont destinés à imaginer la transformation du territoire avec l‟arrivée du métro. C‟est donc un message d‟alerte sur l‟impact du viaduc sur ces paysages. Nous formulons l‟hypothèse que tout habitant du quartier qui aura vu ces photomontages ne restera pas insensible face à un équipement qui viendra « défigurer » cette coulée verte. Pour les acteurs associatifs, imaginer un tel équipement dans ce paysage fera certainement réagir, et c‟est ce qu‟ils attendaient de la part des habitants.

Illustration 18. Viaduc à côté de l‟INSA

Source : collectif « Sauvons les Longs Champs », viaduc qui passe à quelques mètres de la résidence universitaire de l‟INSA

Illustration 19. Affichettes « non au métro en aérien »

Source : collectif « Sauvons les Longs Champs », Affichette blanche : « Non au métro en aérien »

Affichette orange : « Au secours ! Le métro va me tuer »

Commentaires :

Le dernier photomontage présente le viaduc qui passe à quelques mètres de la résidence universitaire INSA. Au même titre que les précédents photomontages, ce dernier a pour objectif d‟alerter le public, notamment universitaire sur les nuisances sonores et visuelles que le métro aérien va provoquer. Pour ce qui est de l‟affichette blanche, on retrouve le slogan « Non au métro en aérien », qui figure dans pratiquement tous les comptes rendus des réunions et d‟autres documents produits par les collectifs d‟habitants. Et en fin l‟affichette orange porte ce message : « Au secours ! Le métro va me tuer ». Pour cette dernière affichette, il y a une forme de personnification de l‟arbre, qui prend la parole pour exprimer son inquiétude de se voir tuer, si le projet du viaduc est maintenu.

Avec quelques nuances près, ces photomontages et affichettes ont pour objectifs de susciter de l‟émotion, (l‟arbre qui se fait tuer à cause du métro aérien), attirer l‟attention (passage du viaduc au-dessus des étangs et la coulée verte), provoquer de la peur et de la colère (viaduc à deux pas de la résidence étudiante). Ainsi, à travers ces photomontages, les collectifs des riverains ont pour objectifs non seulement d‟alerter les habitants sur les impacts humains, écologiques du métro aérien, mais aussi de provoquer la colère en vue de susciter l‟adhésion des habitants au collectif, qui cherche à préserver l‟environnement et le cadre de vie de ce quartier considéré comme la « campagne dans la ville ». Et pour marquer davantage les esprits sur les futures conséquences du métro aérien, le collectif d‟habitants n‟a pas hésité à présenter des images comparatives des projets ayant engendré la transformation du paysage

aux Longs Champs. C‟est pourquoi nous avons estimé nécessaire de présenter (ci-dessous) ce travail de comparaison par les images, réalisé par les acteurs associatifs.

« La rue Papegault, il n'y a pas si longtemps de ça »15 :

Illustration 20. Rue Papegault avant aménagement

«La rue Papegault, maintenant »:

Illustration 21. Rue papegault après aménagement

15 Ces trois photos ont été extraites du blog du collectif « Sauvons les Longs Champs », disponibles sur le lien

suivant :

http://metro.longschamps.fr/search/label/Agissons?updated-max=2007-12-19T23:06:00%2B01:00&max- results=20&start=80&by-date=false, dernière consultation, le 19/10/2017

« La rue Papegault qu'on nous promet pour demain » :

Illustration 22. Rue Papgault traversée par le métro

« C'est ça que les élus veulent pour notre quartier » ???

« Merci à M. X pour les photos et le montage » (source : blog du collectif « Sauvons les Longs Champs », rubrique « Agissons ».

En effet, ces trois dernières photos ont pour but de montrer aux habitants des Longs Champs les conséquences des récents aménagements qui ont abouti à la transformation du paysage sur la rue Papegault. Et le dernier photomontage consiste à attirer l‟attention des riverains sur l‟éventualité de la défiguration du paysage due à la construction de la ligne B au-dessus des deux étangs.

À travers les différents points abordés dans ce chapitre, nous observons qu‟au début de la contestation, l‟objectif principal des riverains était de véhiculer un message d‟alerte et d‟explication sur les enjeux de l‟insertion aérienne du métro aux Longs Champs. L‟urgence était donc de mobiliser les habitants autour de ce projet contesté pour obliger Rennes Métropole à engager des discussions durant lesquelles les riverains pourraient exprimer leurs points de vue. C‟est en substance ce que résume la déclaration de notre premier Interviewé : « Ça c’était vraiment la première action qui était très courte, ça a duré à peu près un mois entre le moment où on a découvert le projet fin novembre et le moment où on a tout rameuté toutes les gens pour essayer d’aboutir à un premier vote, qui éviterait que les portes se ferment » (Interviewé 1, annexe 1, vol. 2). Aussi, l‟urgence de la mobilisation des riverains

était de montrer aux élus de la Métropole qu‟ils étaient opposés au passage du métro au- dessus des deux étangs.

En somme, l‟analyse de cette première phase de mobilisation nous a permis de tester l‟hypothèse des « sociétés de plus en plus indociles » (Blondiaux, 2008 : 26), du fait que les

citoyens ont cette capacité de mobilisation spontanée contre ce qu‟ils considèrent comme une injustice.

Cependant, d‟après leurs nombreuses synthèses et comptes-rendus des réunions, nous avons pu observer que les habitants des Longs Champs étaient conscients que la simple mobilisation ne saurait garantir le changement d‟avis des élus de la Métropole concernant le tracé de la ligne B. D‟où la nécessité de créer une structure solide, basée sur une méthode de travail cohérente, à même d‟inscrire le mouvement dans la durée, et obliger les élus locaux à organiser des discussions sur le principal point de discorde : le tracé aérien. Tel est l‟objet de notre chapitre 3.

Chapitre 3. D’un mouvement spontané à

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