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La posture et la méthode de recherche

Chapitre IV Méthodologie

4.1. La posture et la méthode de recherche

Une méthode se définit comme « l’ensemble des procédures, des démarches précises adoptées pour en arriver à un résultat » (Angers, 1996, p. 9) tandis qu’une méthodologie peut se comprendre comme l’« étude systématique, par observation de la pratique scientifique, des principes qui la fondent et des méthodes de recherche utilisées. »34

Ainsi un « ensemble des méthodes et des techniques d’un domaine particulier. » Le choix d’une méthodologie appropriée facilite la compréhension du processus de la recherche et établit la crédibilité de recherche, afin de pouvoir bien saisir le phénomène étudié.

Ce chapitre présente les positions épistémologiques et méthodologiques de cette recherche, ainsi que le choix des méthodes et les stratégies adaptées pour recueillir et analyser les données. Deux principaux facteurs définissent ce choix méthodologique : d’une part la nature et l’objectif du projet, et d’autre part, la façon de traiter les données recueillies.

4.1.1 La posture épistémologique de la recherche

Un système de recherche est basé sur quatre pôles, soit les pôles « épistémologiques, théoriques, morphologiques et techniques. » (Lessard-Hébert et al, 1997, p.13) L’épistémologie est « l’étude critique de la connaissance, de ses fondements, de ses principes, de ses méthodes, de ses conclusions et des conditions d’admissibilité de ses propositions ». La connaissance de la position épistémologique favorise le choix de la méthodologie et aide le chercheur à mettre en œuvre ses connaissances théoriques avec une pratique. À partir de cette réflexion épistémologique, deux principaux paradigmes sont distingués : le paradigme constructiviste et le paradigme positiviste.

Le constructivisme regroupe donc ces « différents projets sociologiques, historiques et philosophiques ayant pour but de montrer ou d’analyser des interactions sociales ou des chaînes de causalité réelles, historiquement situées, ayant conduit à, ou ayant été impliquées dans la mise en évidence ou

l’établissement de quelque entité ou fait présent » (Hacking, 2001, p. 74, cité par Nguyên-Duy, Luckerhoff, 2007, p.6)

Cette recherche interdisciplinaire entre les domaines artistique et sociologique porte sur les perceptions des immigrants chinois au regard de leur ville d’adoption, Montréal. Dans ce travail, la chercheure tente de mettre de l’avant la présence identitaire de cette communauté dans sa société d’accueil.

4.1.2 La méthode qualitative

Les paradigmes de recherche et les objectifs du chercheur sont les deux éléments décisifs pour déterminer le mode d’investigation. Celui-ci englobe la méthode qualitative et quantitative. « Le constructionnisme [est] souvent considéré comme la matrice paradigmatique de la recherche qualitative. » (Nguyên-Duy, Luckerhoff, 2007, p.11) La méthode utilisée dans ce projet est qualitative et souvent qualifiée par une approche à la fois inductive, subjective, et naturelle. Cette attitude naturaliste s’avère pertinente « dans la mesure où la démarche ne repose pas sur une fréquentation assidue du phénomène observé dans son contexte. » (Nguyên-Duy, Luckerhoff, 2007, p.9) Ce « parti-pris naturaliste des méthodes qualitatives les a conduit à privilégier une méthode souple qui fait la part belle à l’induction. » (Nguyên-Duy, Luckerhoff, 2007, p.8)

Une recherche dite qualitative se caractérise essentiellement par sa méthode d’analyse, la nature du problème, les objets de la recherche, ainsi que par le rapport que le chercheur établit entre son sujet et ses données. Reprenant cette définition au terme de la présente recherche, à savoir que ce projet est réalisé avec un groupe ethnique, à partir du vécu personnel des participants et vise à décrire la culture, les valeurs et le comportement du groupe étudié. Le chercheur tente de systématiser « les significations que les individus donnent à leur propre vie et à leurs expériences. » (Anadon, 2006, p. 15)

Sur le terrain, cette dimension qualitative « implique un contact personnel avec les sujets de la recherche. » (Paillé, Mucchielli, 2013, p. 13) Tout au long de cette recherche, la chercheure a pris part de façon active aux ateliers afin de se familiariser à la vie du groupe et à son milieu (Karsenti et Savoie-Zajc, 2004, p. 54). Entre la chercheure et ses sources,

une relation interactive et une certaine proximité ont été établies. L’aspect dialogique paraît primordial dans ce projet, puisqu’« apprendre l’éthique c’est […] apprendre tout à la fois le dialogue, l’analyse du dialogue et l’analyse de soi et d’autrui dans le dialogue. » (Martineau, 2007, p. 71) Ce contact étroit a permis d’opérer un rapprochement privilégié avec le groupe étudié. Grâce à cet « accès privilégié à l’expérience de l’autre, » elle a tenté de saisir « la dynamique du phénomène observé. » (Guelfand, 2013, p. 133)

Les instruments utilisés pour recueillir les données sont composés des éléments suivants : les entrevues semi-dirigées, les ateliers artistiques et l’observation participante. À cela, s’ajoutent les notes de terrain, le journal de bord et les créations des participants. De plus, ces données ont été traitées et analysées par les différents termes liés à la question de recherche.

Bref cette recherche adopte une approche qualitative interprétative et s’inscrit donc dans une dimension sociale, ethnique et culturelle dans une perspective compréhensive et interactive. Soutenue par cette « capacité de décrire en profondeur plusieurs aspects importants de la vie sociale relevant de la culture et de l’expérience vécue » (Pirès, 1997, p. 51), la méthode qualitative offre une possibilité de saisir le point de vue intérieur du groupe étudié.

4.1.3 Une approche ethnographique

L’ethnographie représente « une technique permettant de lire la culture comme un texte (Geertz, 1998), une méthode d’enquête basée sur la compréhension d’un corps étranger au chercheur (Mauss, 1926) que ce dernier tente de déchiffrer afin d’en faire ressortir l’essence. » (Cléret, 2013, p.51)

L’ethnographie relie l’anthropologie et la sociologie, c’est l’étude de l’ensemble des caractères sociaux et culturels des groupes humains d’ethnie. Cette « écriture descriptive d’une culture donnée » (Pepin, 2011, p.31) est basée sur l’expérience du terrain, s’appuyant sur des techniques d’observation et de participation du chercheur. Cette approche ethnographique convient parfaitement à cette recherche dans le sens où elle « se distingue des autres méthodes [...] par la prise en compte de la dimension culturelle. » (Gosselin, Le

Coguiec, 2006, p. 98) et par sa « position privilégiée » (Morrissette et al, 2014, p.9) sur le terrain, cette méthode nécessite une certaine proximité entre le chercheur et le groupe étudié. C’est dans leur vie quotidienne à l’aide de l’observation que le sens se dégage de la part des membres du groupe.

En ce qui concerne cette recherche, l’observation du groupe étudié s’est effectuée dans le cadre d’un stage de courte durée pendant lequel six ateliers artistiques ont été animés à partir de sujets directement puisés dans la vie quotidienne de chacun. De plus, la participation des activités artistiques par les membres du groupe a fait l’objet d’observation de leurs comportements, leurs actions ou leurs prises de paroles qui furent appuyées par des entrevues individuelles semi-dirigées. Sur le terrain, la chercheure représente une posture de participante et d’observatrice. Les ateliers furent un moyen d’accès à leur expérience de la vie montréalaise. À partir des liens tissés avec le groupe, la chercheure a pu saisir la réalité telle que perçue par chacun en vue de tracer un nouveau portrait de la communauté chinoise de Montréal.