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Les modes de collecte de données

Chapitre IV Méthodologie

4.2 Les modes de collecte de données

La collecte de données sert à « préserver l’interaction avec les participants » afin de faire « ressortir différentes facettes du problème étudié et pour corroborer certaines données reçues » (Karsenti et Savoie-Zajc, 2004, p. 133). Trois types de collectes de données sont souvent utilisés dans la recherche qualitative : l’entretien semi-dirigé, dirigé ou ouvert, l’observation et les divers documents écrits comme le journal de bord, les grilles, etc.

Dans le cadre de cette recherche, le journal de bord et l’entrevue semi-dirigée furent les moyens les mieux adaptés au projet. En effet, l’entrevue est un instrument « qui repose sur l’interaction verbale entre des personnes qui s’engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise » (Karsenti et Savoie-Zajc, 2004, p. 269). Le fait qu’il se déroule dans une atmosphère intime en tête-à-tête avec les participants constitue une méthode efficace pour ceux qui ne sont pas prêts à s’exprimer devant un groupe. D’autre part, le journal de bord, autrement dit les notes de terrain, est un outil de

mémoire. Il permet de retracer le déroulement de chaque atelier ainsi que les multiples observations, réactions et réflexions recueillies. En relisant ces notes, j’ai constaté l’évolution de mon expérience sur le terrain dans sa totalité. Cette façon de faire m’a permis de prendre du recul et de procéder à une analyse plus rationnelle des données. L’utilisation de ces deux modes de collecte de données m’offre ainsi accès à « une description riche et continuée des événements. » (Baribeau, 2005, p.102)

4.2.1 Les activités artistiques et communicatives

La dimension communicative et interactive a occupé une place importante sur le terrain. En effet, lors des rencontres, les participants ont eu l’opportunité de partager leurs histoires, leurs émotions ou leurs valeurs à travers des dessins, des photos, des jeux ou des dialogues. Dans cette démarche créative, les participants sont allés à la rencontre d’eux-mêmes en s’engageant dans un processus d’affirmation identitaire. Les activités artistiques ont agi comme moyens de communication et outils de collecte de données en vue de répondre la question de recherche : quels regards les immigrants chinois ont-ils sur leur vie à Montréal et sur la société québécoise ?

4.2.2 Le journal de bord

Le premier instrument pour recueillir et consigner les données fut le journal de bord de la chercheure. Il s’agit d’un instrument qui fait le pont entre ma pratique artistique, la théorie et mes réflexions personnelles. Comme Baribeau, l’écrit, le but du journal de bord est

« d’établir des relations entre les données colligées, la théorisation formelle ou informelle

qui en émerge et l’analyse qui en est faite ainsi que le compte rendu qui en est présenté. » (Baribeau, 2005, p. 101) Ces traces écrites sont issues des entrevues et des observations sur le terrain qui abordent trois aspects, à savoir découvrir, rapporter et témoigner. Elles sont constituées de deux types d’écriture : les notes descriptives d’événements ainsi que les notes analytiques et réflexives personnelles. L’écriture descriptive a permis de porter un regard particulier sur ce qui sert à retenir « la mémoire vive » (Ibid., p. 102) de chaque rencontre. Quant aux notes analytiques et réflexives, elles m’ont permis de garder une distance face au sujet et au milieu étudié laissant davantage de place au processus réflexif afin « de se regarder soi-même comme un autre. » (Ibid. p. 108) En plus des notes prises

la forme de mots-clés ou de courtes phrases constituées principalement d’observations sur mes interlocuteurs (les expressions du visage, la gestuelle, etc.), de réflexions personnelles, du contexte et de l’ambiance de la rencontre ainsi que de mes commentaires à la suite des entrevues.

Ces brefs écrits m’ont aidée à me remémorer le contexte et le déroulement général des entretiens et m’ont permis de compléter les descriptions de chaque entrevue. Elles m’ont aussi aidée à compiler les observations et les commentaires quotidiens à caractère théorique et méthodologique, ainsi que les impressions personnelles sur le déroulement des activités artistiques.

4.2.3 Les entrevues semi-dirigées

L’entrevue est basée sur les dialogues et les interactions entre les participants où « la communication est au cœur du processus. » (Negura, 2006)35 Pour cette recherche qui porte

sur les représentations sociales, cette « dialogicité » (Markova et Orfali, 2004, cité par Negura, 2006) m’a permis « de dégager une discussion sur les thèmes énoncés sans que des restrictions formelles autres que l’objet de discussion proprement dit n’interviennent. » (Ibid.) Il existe trois types d’entrevues : l’entrevue ouverte, dirigée et semi-dirigée. Si on compare cette dernière avec les précédentes, le déroulement se fait dans une situation d’échange plus libre, mais contrôlable. Le fait que celui qui mène l’entretien n’exerce pas une domination dans l’interrogation permet au répondant de s’exprimer librement. Cependant, le chercheur garde la direction et le fil de la conversation. C’est ainsi j’ai utilisé l’entrevue semi-dirigée comme un moyen de collecte de données.

Au cours de mon stage, j’ai réalisé trois entrevues semi-dirigées dans lesquelles j’ai accordé moins d’importance à l’uniformisation qu’à l’information elle-même. (Karsenti et Savoie- Zajc, 2004, p. 269) Un schéma d’entrevue qui consiste en une série de thèmes pertinents a été réalisée en premier lieu et qui sont issus du cadre théorique de la recherche. Autrement dit, ces thèmes abordent le passé, le présent et le futur des participants, mais abordent aussi les valeurs, les perceptions du monde, la création dans l’expérience artistique, le choc

culturel et le processus d’intégration. Ces questions thématiques révèlent la question identitaire qui agit comme élément déclencheur de l’échange et permettent aux participants de partager des idées sur leur vie et les aides à se rencontrer eux-mêmes. En d’autres mots, il est question de confiance en soi et de la capacité à affirmer son identité et son esprit d’appartenance.

Les entrevues ont eu lieu vers la fin du stage, puisque la confiance des participants avait pu s’établir au fil des rencontres précédentes. Elles se sont déroulées dans des cafétérias du centre-ville à la suggestion de chacun. Les entretiens ont duré trente minutes et reposaient sur trois types d’informations : informations contextuelles, la trajectoire et la vie à Montréal ainsi que l’expérience artistique. Chaque entrevue a débuté par des questions élémentaires, telles que :

 Qui êtes-vous ? (nom, âge, profession, etc.)  Depuis quand vivez-vous au Québec ?

Les questions suivantes ont porté sur leur parcours en vue de leur arrivée à Montréal et sur leur vie actuelle :

 Qu’est-ce qui vous a fait quitter votre pays et venir vous établir à Montréal ?  Aviez-vous des attentes particulières avant de venir au Canada ?

 Est-ce que vous appréciez votre vie actuelle ?

 Quelles sont vos impressions sur la communauté chinoise de Montréal ?  Comment voyez-vous votre vie à Montréal ?

 Pouvez-vous raconter un événement qui vous a marqué depuis votre arrivée au Québec (Montréal) ?

Finalement, quelques questions ont porté sur leurs expériences artistiques :  Quelles sont vos expériences artistiques antérieures ?

 Comment percevez-vous les activités artistiques que nous avons réalisées ensemble ?  Si vous aviez un mot pour résumer votre expérience artistique, quel serait-il ?

Les participants ont été généreux et se sont confiés sur leur vie. Ils ont dévoilé leur histoire, leurs perceptions sur leur nouvelle vie dans leur pays d’accueil, leurs sentiments, les histoires d’autres personnes de leur entourage qu’ils ont entendues, etc. Lors des entrevues, certains sujets qui n’avaient pas été abordés en groupe ont été évoqués, comme des

sentiments personnels ou des éléments sur leur vie intime, etc. Je suis très satisfaite du résultat de ces entrevues qui m’ont apporté de nombreuses et précieuses informations sur mes questions de recherche. J’ai constaté que l’entrevue semi-dirigée était un outil efficace et l’échange en tête-à-tête encourageait une discussion plus intime. De nature compréhensive et affranchie, les répondants m’ont dévoilé d’autres aspects du phénomène étudié.

4.2.4 L’observation participante

Selon Deslauriers, « l’observation participante est une technique de recherche qualitative par laquelle le chercheur recueille des données de nature surtout descriptives en participant à la vie quotidienne du groupe, de l’organisation, de la personne qu’il veut étudier. » (Deslauriers, 1991, p. 46) Elle est « considérée comme la clé de réussite de toute étude de terrain qualitative ». (Levasseur, 2010, P. 46) Cet outil « met en lumière les contradictions ou les adéquations entre le discours et les conduites, les actions et les interactions. » (Jaccoud & Mayer, 1997 : 216 dans Levasseur, 2010, p. 48) Cette technique consiste à prendre « part à la vie collective de ceux qu’il observe, s’occupe essentiellement de regarder, d’écouter et de converser avec les gens, de collecter et de réunir des informations […], afin d’étudier les valeurs, les normes et le point de vue de ses membres. » (Hess, Weigand, 2006, p. 13)

La première étape dans cette démarche consiste à avoir accès à un milieu de recherche, autrement dit à « devenir membre » du groupe. (Hess, Weigand, 2006, p. 15) Cependant, « il ne suffit pas d’être sur le terrain, car il faut d’abord y entrer » (Levasseur, 2010, p. 49). Comme nous l’avons écrit précédemment, pour cette recherche, le groupe était constitué de personnes bénévoles du SFCGM intéressées à participer à des ateliers de photographie. Nous avons fait connaissance lors de la première rencontre et ce qui était le plus important était de gagner leur confiance. Mon intégration dans le groupe s’est faite graduellement au cours des ateliers.

« participation observante » (Soulé, 2007, p.127). La distinction entre ces deux modes d’observation est la priorité de la participation que le chercheur accorde dans son procédé. Si on les compare, la « participation observante » porte sur une « participation prioritaire par rapport à l’observation. » (Pfadenhauer, 2005. Citée par Soulé, 2007, p. 132) Sur le terrain, le chercheur « est avant tout acteur de terrain, se transformant uniquement en chercheur une fois sa mission terminée (par la prise de notes, par exemple). » (Ibid, p.135) En ce qui concerne mon expérience de terrain, je me considère davantage comme une participante bien que je sois aussi observatrice ou organisatrice. Je me suis impliquée dans la vie du groupe lors des ateliers et j’ai participé aux activités avec eux. En dehors des ateliers, nous partagions d’autres types d’activités ensemble, comme se faire un barbecue, faire une promenade, etc. Je suis ainsi devenue membre de ce groupe. C’est « par le biais d’une “conversion sur la recherche” » (Soulé, 2007, p. 130) que ma présence sur le terrain est devenue un genre d’observation. Cette présence sur le terrain « vise à comprendre ce que c’est qu’être un acteur de ce terrain, » (Ibid, p. 134) « afin d’étudier les valeurs, les normes et le point de vue » de mes intervenants. (Hess, Weigand, 2006, p. 23)