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Le bilan des entrevues semi-dirigées

CHAPITRE V — RÉSULTATS

5.4 Synthèse

5.4.1 Le bilan des entrevues semi-dirigées

Trois entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès des participants. Chaque personne interviewée a dévoilé sa propre expérience caractérisant une période-type de la vie d’un immigrant. Il est intéressant de faire le bilan sur l’ensemble des trois entrevues et de revoir les points principaux en rapport avec la question de recherche. L’analyse a été faite à partir des aspects suivants : la présentation du profil des personnes interviewées, le sujet d’intégration, l’affirmation identitaire et l’expérience artistique.

a. Portrait des participants interviewés

Mei est venue à Montréal juste après ses études au lycée dans le but de poursuivre une formation universitaire. Cela fait maintenant onze ans qu’elle y vit. Elle travaille en finance, a une vie assez stable et est satisfaite de sa situation actuelle. C’est une femme qui a des principes et qui est déterminée, elle semble un peu difficile d’approche.

Avant de commencer l’entrevue, Mei m’a prévenue qu’elle n’était pas très communicative, et par conséquent, de ne pas s’attendre à ce qu’elle participe beaucoup aux débats. Ainsi, elle préférait ne répondre qu’aux questions posées. L’ambiance de l’entretien fut assez calme et sérieuse. Elle se donnait toujours un temps de réflexion avant de répondre aux questions. C’est une personne assez prudente et attentive aux mots qu’elle emploie. Pour certaines questions auxquelles elle ne voulait pas répondre, elle faisait soit semblant de ne pas les avoir entendues soit ne donnait pas de précision sur le sujet. Dans la conversation, Mei insistait sur le fait qu’elle se percevait comme une personne plutôt traditionnelle, voire conservatrice et qui avait besoin de beaucoup de temps pour se confier.

Tian, pour sa part, est une jeune fille au début de la vingtaine. Elle est arrivée à Montréal il y a près d’un an et est venue étudier au Cégep. Il s’agit de sa première expérience de vie en dehors de la Chine et elle semble enthousiasmée par son nouveau pays. À l’opposé de Mei, Tian était très souriante, ouverte et volubile lors de l’entrevue. Elle aime parler avec les gens et se faire de nouveaux amis. Bien qu’elle soit arrivée récemment à Montréal, elle a

déjà un groupe d’amis. L’ambiance de l’entretien fut très détendue et joyeuse. Elle souriait souvent et utilisait la communication non verbale, comme l’expression du visage et les gestes pour exprimer ses sentiments.

Enfin, l’entretien avec Xue s’est déroulé dans une atmosphère amicale et conviviale. C’est une jeune immigrante de trente-et-un ans qui avait déjà vécu quatre ans en France. Elle représente le groupe d’immigrants chinois qui ont vécu auparavant dans des pays francophones. L’affinité de la culture francophone l’attirait pour venir s’installer au Québec. Xue en est à son troisième séjour à Montréal. Lors des deux premiers, elle a rencontré des difficultés à s’intégrer et a décidé de retourner en Chine pour un an. Dans l’espoir de se construire une vie de rêve, elle est revenue à Montréal. Lors de l’entrevue, elle fut très active et a raconté ses expériences de vie avec aisance.

b. Le processus d’intégration et d’affirmation

L’intégration désigne « le degré de conformité aux normes collectives majoritaires » (Lescarret et Philip-Asdish, 1995, cité par Manço, 1999, p. 37). Elle consiste à la fois en un processus psychologique et social. Il s’agit de la « construction d’une cohésion entre motivations antagoniques, » (Ibid. p. 34) et un « résultat d’une négociation interne. » (Ibid.) L’intégration peut s’interpréter comme un « processus de participation à la construction d’un équilibre entre diversité et unité sociales et culturelles. » (Ibid.)

L’intégration sociale

« L’intégration sociale est la capacité de participation à la négociation du degré de diversité et d’unité des groupes composant la société. » (Manço, 1999, p. 215) Les trois personnes interviewées se sont comportées de façons différentes dans leur processus d’adaptation à leur nouvelle vie montréalaise. Mei était assez à l’aise au début de sa vie d’immigrante, notamment durant la période universitaire. L’apprentissage d’une nouvelle langue s’est fait rapidement et son parcours d’études supérieures a été mené à bien comme prévu. Or, il existe une différence majeure entre la vie étudiante et la vie professionnelle. Après l’université, Mei a constaté cette différence et n’a pu travailler pendant deux ans, tout en partageant sa vie entre la Chine et le Canada. Durant cette période d’hésitation, elle se

de ses racines. En vivant longtemps dans un autre pays, l’identité de l’individu évolue faisant parfois surgir des conflits intérieurs. En d’autres mots, il s’agit du « symptôme d’un état critique dépendant de l’interaction entre deux milieux distants et des pressions conjuguées de ces milieux sur l’individu » (Manço, 1999, p. 155) qui se définit comme conflit identitaire. Au final, ce fut une simple phase transitoire dans sa quête d’un sentiment identitaire et d’un sentiment d’appartenance.

Xue a aussi vécu une période de conflit intérieur. Après ses études et quelques années de vie professionnelle en France, elle a immigré à Montréal. Au début de sa nouvelle vie, suite aux difficultés rencontrées en tant qu’immigrante, elle ne comprenait plus qui elle était. Entre la Chine, la France et le Canada, Xue était totalement perdue et avait du mal à trouver sa place. Quelques mois après son arrivée à Montréal, Xue a choisi de retourner en Chine. Après un an de vie et de réflexion, elle a décidé de tenter sa chance à nouveau à Montréal. Comme on le voit ici, la période de conflit est une phase nécessaire et importante « dans la maturation et la transformation des postures identitaires. » (Manço, 1999, p. 154) L’immigrant s’interroge alors sur son identité, ses valeurs, ses attentes, ses projets et sa relation avec la société d’accueil, ce qui lui permet parallèlement de mieux se connaître.

Pour Tian, la langue est un facteur décisif parmi les autres qui l’empêche de s’intégrer dans cette nouvelle société. Elle évoquait cela à plusieurs reprises lors de l’entrevue et des ateliers :

« Pour moi, la plus grande difficulté de la vie à Montréal est d’apprendre la langue, surtout le français, c’est très difficile. Pour le moment, je n’ai pas encore fait de recherche d’emploi, mais je sais que mon incompétence linguistique posera un problème majeur, puisqu’à Montréal, la plupart des emplois nécessitent d’être bilingue, même pour un travail de serveuse. Mon anglais n’est pas très bon et mon français est encore pire alors comment puis-je trouver un travail ici? Pour arriver à communiquer couramment en français, il me faudra des années d’étude. Pour le moment, ma priorité est d’apprendre l’anglais, ce sera beaucoup plus utile. […]» (Entrevue avec Tian)

Dans une entrevue, la participante Mei a dit ce qui suit :

« Cela fait une dizaine d’années que je vis à Montréal, je ne parle toujours pas

pas besoin car je travaille en finance au centre-ville de Montréal. Tu sais, tout le monde parle anglais dans ce milieu, et j’habite à Brossard où c’est anglophone autour de moi. Mes amis sont chinois ou anglophones. Donc dans la vie, je n’ai jamais senti le besoin de maitriser le français. En plus, pour ceux qui font leurs études dans un système d’éducation anglophone, l’apprentissage de la langue française semble bien difficile, voire inutile, surtout quand on commence à un certain âge. […] Par contre, le fait que je ne sois pas bilingue me freine dans mon évolution professionnelle. Par exemple, j’ai moins de choix d’entreprises ou de postes. Heureusement, dans la fonction que j’occupe présentement, il n’y a pas l’exigence d’être bilingue, puisque je travaille principalement avec des chiffres et des circuits économiques. Mais, pour les hautes fonctions de l’entreprise, il faut être bilingue évidemment. » (Entrevue avec Mei)

Mei est une immigrante dans la trentaine qui, après des études dans une université anglophone à Montréal, s’est orientée en finance. Cette dernière a une vie sociale très limitée qui s’explique en partie par son caractère introverti. Dans le cas présent, le fait que Mei ne parle pas français ne semble pas avoir d’incidence majeure sur sa vie. Cependant, si elle avait maîtrisé l’anglais et le français, cela lui aurait ouvert d’autres portes en facilitant par exemple sa participation à différents réseaux professionnels et sociaux.

Les cinq premiers mois de la vie d’immigrante de Tian ont été très marquants. Au début, elle a vécu dans une famille d’accueil dans le but d’apprendre rapidement la langue et la culture du pays. Tout ne se passait pas comme prévu et elle se sentait très éloignée de cette famille en termes de mode de vie ou encore au niveau des habitudes alimentaires. Ces décalages l’ont rendue mal à l’aise et elle était fâchée contre elle-même. Sur le plan de la communication, elle éprouvait aussi des difficultés, car Tian ne pouvait suivre la conversation de la famille et n’osait pas engager de discussion avec eux. Elle avait peur que les gens se moquent de son accent et de ses erreurs grammaticales. Cela devenait de plus en plus gênant pour Tian de communiquer dans la vie quotidienne. C’est pourquoi elle réduisait ses contacts au minimum. Au bout de cinq mois, elle a déménagé dans un nouvel endroit. Mais elle n’a pas oublié cette période de sa vie. Quand Tian racontait cette expérience durant l’entrevue, on pouvait lire sur son visage qu’il s’agissait d’un mauvais souvenir.

L’intégration psychosociale

L’intégration psychosociale est « la combinaison des processus d’acculturation et de personnalisation. » (Manço, 1999, p. 113) Pour Zimmer, « la participation à une vie publique non ethnique marque la deuxième étape » (Ibid. p. 45) du processus d’intégration. En d’autres mots, il s’agit « de l’harmonie ou de l’équilibre entre les sous-systèmes d’une société. » (Ibid. p. 35) La vie sociale de l’immigrant est donc un élément indispensable dans le processus d’intégration.

En ce qui concerne la vie sociale, Mei répétait à plusieurs reprises lors de l’entrevue qu’elle n’avait pratiquement pas d’activités sociales, pas de contact avec la population locale, mais qu’elle partageait sa vie entre le travail et la maison. Elle a affirmé que cela est dû à sa timidité, son calme, et à son manque d’ouverture ce qui fait qu’elle ne participe à presque aucune activité sociale. Dans ce contexte, il est difficile de rencontrer de nouvelles personnes. Son cercle d’amis est assez limité, Mei fréquentant un nombre restreint de Chinois et restant généralement à l’écart des autres communautés.

Son attitude semblait plutôt fermée et elle ne se laissait pas facilement approcher par les autres comme on peut le voir dans son attitude dans le processus d’intégration. Elle a fait preuve d’une méfiance tout au long de l’entrevue. À la fin de la rencontre, nous sommes devenues amies sur les réseaux sociaux. Toutefois, quelques semaines plus tard, elle a retiré mon nom de sa liste de contacts. Bien que je ne comprenne pas la raison de ce comportement, je n’étais toutefois pas surprise, car comme elle l’a affirmé dans l’entrevue.

Mei : […] Mais je n’ai pas beaucoup d’amis. Je ne suis pas quelqu’un de très ouvert, j’ai besoin d’un long processus pour donner ma confiance à une personne.

Moi : Comment te décrirais-tu ? Est-ce qu’on peut dire que tu es conservatrice ? Mei : (en riant) oui, je le suis. » (Transcription d’entrevue avec Mei)

Moi : À ton avis, comment peut-on définir un caractère ou une personnalité typiquement chinois ? Si je reformule la question : quelle est ton opinion sur les Chinois ?

Mei : (Après un temps de réflexion) Le côté négatif ou positif des Chinois ? Moi : Ça peut être les deux ou un seul si tu préfères.

Mei : Une grande méfiance envers les autres. Les Chinois prennent plus de temps pour construire une confiance envers les autres. » (Transcription d’entrevue avec Mei)

Établir le contact avec sa propre communauté paraissant déjà compliqué pour elle, créer des liens avec d’autres communautés lui semblait presque impossible. Selon E. Durkheim, « la solidarité ou la possibilité de coopérer efficacement est l’indicateur par excellence de l’intégration sociale. » (Ibid.) Donc, probablement à cause de son caractère, Mei paraît fermée sur le plan de l’insertion sociale. À part professionnellement, elle a participé à peu d’activités sociales. Le contact avec la société d’accueil est devenu très restreint. Au sujet de l’intégration, Mei a aussi évoqué l’âge d’arrivée dans le pays d’accueil. Plus un immigré est jeune lorsqu’il arrive dans un pays et plus facile sera son intégration. Tandis qu’avec l’âge, l’assimilation d’une culture étrangère devient de plus en plus difficile.

Selon elle, les difficultés d’intégration rencontrées par la communauté chinoise sont liées à la culture et à la politique. Fermée au reste du monde pendant très longtemps, ce n’est que depuis une cinquantaine d’années que la Chine a commencé à prendre part à la mondialisation et à ouvrir ses horizons. Cependant, la culture traditionnelle reste la culture dominante. Les Chinois ne sont pas encore habitués à fréquenter d’autres cultures, au contraire des Européens ou des Américains qui ont appris à s’adapter aux différences culturelles, l’Europe et l’Amérique ayant une longue tradition comme zones d’accueil d’une immigration de masse. L’assimilation et l’acculturation sont des concepts encore peu familiers pour les Chinois.

En ce qui concerne Tian, l’échange avec la population locale a posé certains problèmes. Au tout début, elle a tenté de se faire des amis occidentaux, mais cela n’a pas fonctionné. Selon elle, la difficulté provient principalement de la barrière linguistique, ainsi que des

différences culturelles, d’une peur et d’un manque de confiance qui s’installaient petit à petit chez elle. Tian a partagé une expérience marquante.

« C’était la première fois que je fêtais Noël. Je venais d’arriver au Canada et à cette époque je vivais dans une famille d’accueil avec un couple de Canadiens. Pour le réveillon, ils avaient invité leurs amis pour l’évènement. Or, j’étais la seule asiatique. Je parlais très mal l’anglais à cette époque, ce qui m’a poussée à me mettre un peu à l’écart du groupe. C’était difficile de profiter de l’ambiance de la soirée, comme je n’arrivais pas à suivre les conversations. Au moment où tout le monde faisait le décompte des secondes avant la nouvelle année et commençait à se souhaiter la bonne année, j’étais seule dans un coin, rivée à mon téléphone, en me disant que je ne m’étais jamais sentie aussi seule. Je pensais fort à ma famille et à mes amis en Chine. Depuis mon arrivée au Canada, c’était la première fois que je me sentais frustrée, incomprise et inquiète d’être entourée de gens que je ne parvenais pas à comprendre. J’ai alors commencé à réaliser la difficulté de vivre à l’étranger. Ma vie n’était plus la même. Désormais seule, je devrais affronter la difficulté sans le soutien de ma famille ou de mes amis. » (Entrevue avec Tian)

Communiquer en anglais devenait une source de stress, elle avait peur que les autres se moquent de son niveau anglais débutant. Dans l’entrevue, elle a parlé à plusieurs reprises de sa connaissance insuffisante de cette langue et, par conséquent, s’inquiétait de ne pas pouvoir trouver d’emploi.

Moi : Qu’est-ce que tu penses de Montréal ?

Tian : […] le côté négatif pour moi, à Montréal, il faut parler français, c’est vraiment très difficile pour moi, c’est une mission impossible. » (Transcription d’entrevue avec Tian)

Moi : Est-ce que tu es satisfaite de ta vie actuelle ?

Tian : Pour le moment, je suis assez contente, mais je ne peux pas dire que je suis totalement satisfaite, j’aimerais bien trouver un travail.

Moi : Est-ce que tu as déjà commencé ta recherche d’emploi ?

Tian : Pas vraiment pour le moment, mais je sais que mon manque de compétence linguistique risque d’être un problème important. À Montréal, même pour un travail de serveuse, tu dois maîtriser le français et l’anglais. Je ne suis pas bonne en anglais, zéro connaissance en français, comment pourrais-je trouver un travail alors ? »

Tian : Parfois, c’est juste une conversation quotidienne et simple, les gens ne me comprennent pas. Je suis alors obligée de répéter plusieurs fois pour que les autres me comprennent et c’est très désagréable et blessant. Le fait que les gens ne me comprennent souvent pas, ça m’énerve et ça me donne de moins en moins envie de communiquer en anglais, ma confiance diminue à chaque échec de communication. Maintenant, ça me fait peur de communiquer avec les gens d’autres communautés que la mienne. » (Ibid.)

Dans le cas de Tian, la langue s’avère être un obstacle fondamental au processus d’intégration. D’ailleurs, elle est consciente que c’est un des éléments qui lui demande beaucoup d’efforts. À l’opposé de Mei, Tian n’est pas une fille fermée et timide, au contraire elle se montre très ouverte et volubile. Malheureusement, à cause de ses lacunes linguistiques, elle a seulement la possibilité de communiquer avec les Chinois. Pour accélérer son adaptation sociale, il est nécessaire de sortir de sa propre communauté. L’adaptation « est une forme de relation avec l’environnement pour y puiser les ressources nécessaires, pour établir les échanges et développer les productions. » (Manço, 1999, p. 211)

Lors de l’entrevue avec Xue, comme Tian, elle évoquait aussi la question de solitude. « Je ne me suis jamais retrouvée si malheureuse et si seule de ma vie. Il y a des hauts et des bas, mais présentement je suis dans une période de régression. J’étais une personne assez sociable et j’avais beaucoup d’amis quand j’étais en France avec lesquels je faisais diverses activités. Maintenant c’est l’opposé. Mon caractère aussi a changé depuis que je vis ici. Rien n’est plus comme avant. Je n’ai pas de vie sociale ici, je suis déprimée et me sens de moins en moins motivée pour sortir et parler aux autres. Parfois, j’ai l’impression que je refuse d’apprendre à connaitre mon nouvel environnement. Je ne suis plus curieuse comme avant, je m’enferme dans ma bulle. » (Entrevue avec Xue)

Si l’on se réfère aux quatre types de réactions de choc culturel, le comportement de Xue est à rapprocher de la « fuite ». En effet, au cours des ateliers, Xue est souvent revenue sur sa vie en France la comparant à la situation difficile qu’elle connaît aujourd’hui à Montréal. Dans ses mots, elle se montrait souvent nostalgique, mais aussi très critique vis-à-vis de sa nouvelle vie. Ce profond sentiment de regret et de déception que connaissent les nouveaux arrivants soulève des interrogations sur le décalage entre vie fantasmée et vie réelle.

« déception » et de « désillusion », elle souhaitait souligner le décalage entre ses attentes et une réalité qui la désespérait. Xue a laissé derrière elle sa vie en France pour venir à Montréal avec l’espoir d’une vie meilleure. Une fois installée, elle ne trouvait plus ses repères et se sentait mise à l’écart. La nostalgie et la tristesse s’emparaient d’elle. Elle vivait un choc culturel, ce « mécanisme personnel, subjectif et objet de l’idiosyncrasie personnelle. » (Choueiri, 2009, p. 2) « C’est une curiosité bien disposée face à la culture d’autrui, c’est un dépaysement mental. » (Ibid, p. 8)

Lorsqu’un immigrant arrive dans le pays d’accueil, « il émerge avec la sensation d’un agrandissement de soi par l’addition, même mécanique (c’est-à-dire sans véritable appropriation subjective) de la culture du pays d’accueil et d’un approfondissement de soi par le creusement critique de sa culture originelle. » (Ibid. p. 4)

Moi : Avant de venir à Montréal, comment imaginais-tu ta nouvelle vie ? À quoi t’attendais-tu ?

Xue : La première fois qui je suis arrivée à Montréal, c’était l’été. Je suis venue