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La position géostratégique du pays au centre de l’hémisphère sud comme vecteur

Section 1 : Un pôle magnétique continental

A) La position géostratégique du pays au centre de l’hémisphère sud comme vecteur

Située à l’extrème sud du continent, entre les océans indiens et atlantique, la RSA apparaît faire office de centre de l’hémisohère sud. En effet, plus que par le passé, la situation géographique d’un Etat est d'une importance non négligeable, celle de la RSA de surcroît, et peut être prise en considération.

Si la superficie du territoire est une donnée somme toute relative et complexe par rapport à son influence internationale, force est de constater que les principales puissances économiques, diplomatiques et militaires de la planète disposent d'un territoire assez vaste. En effet, les Etats-Unis d'Amérique, la Russie, la France, les puissances moyennes comme le Brésil, l'Inde, voire la Chine, illustrent en effet cet état de fait1. Cependant, une atténuation à ce principe relativise cette donnée, puisque des pays comme le Soudan, la RDC, l'Angola , l'Indonésie ou l'Argentine, ont une superficie d’un million et demi de km² en moyenne et n’ont pas d’influence siginificative dans les relations internationales2.

Aussi, la RSA, au même titre que les puissances moyennes, avec 1 221 040 km23, fait figure de puissance géographique du continent en vertu de son expérience démocratique, de sa stabilité politique et de la polarisation notamment régionale qui la caractérise.

La population, qui peut être un facteur déterminant ou relatif, constitue une donnée à prendre en compte. Pour Preuve, le Mexique, l'Indonésie, le Nigeria, les Philippines ou le Pakistan, qui sont fortement peuplés (soixante-dix à deux cent millions d’habitants), se caractérisent par leur faible influence dans les relations internationales, à l’inverse du japon (127,6 millions d’habitants)4 et des autres puissances occidentales, à l’exception des

Etats-1 Angola : 1 246 700 Km², Argentine : 2 780 400 km², Chine : 9 598 050 km2 , Inde : 3 287 260 km2 Indonésie : 1 904 570 km², RDC :2 344 860 km², L’Etat du Monde 2006, op.cit, p.173, 423, 277, 265,317 et 142.

2 La guerre civile (Soudan, RDC) le système politique et d'autres facteurs peuvent expliquer leur faible influence dans les relations internationales.

3 Toutes les puissances moyennes ont un territoire assez étendu : le Brésil : 8 547 400 km², L’Inde : 3 282 260 km², la Chine : 9 598 050 km². L’Etat du monde 2006, op.cit.

4 Idem, p.290.

Unis d’Amerique (300 millions d’habitants en 2006)1 dont la population n’excède pas 80 millions d’habitants2.

Le rapport entre la superficie et la population peut, dans un contexte politique économique, diplomatique et dynamique, comme c'est le cas pour la RSA avec 47 400 000 d’habitants3, constituer un facteur de puissance, régionale de surcroît.

C’est pourquoi la position stratégique d'un pays constitue aussi un élément déterminant dans l'analyse stratégique d'un homme politique. C'est justement le cas pour la RSA qui est située à la pointe Sud du continent africain, au même niveau que l'Australie et l'Amérique latine, entre l'océan Indien et Atlantique. Le pays arc-en-ciel est donc au centre de l'hémisphère sud, et le Président sud-africain en l’a expressement affirmé en 1998: «En tant que pays africain, au croisement de l’océan Indien et de l’océan Atlantique,l’Afrique du Sud se considère dans tous les cas comme un pays du Sud. Notre position stratégique nous donne la capacité d’être la tête de pont entre l’Amérique du Sud, l’Asie de l’Est et notre continent d’Afrique »4.

Cette position stratégique a été d'une importance vitale pendant la guerre froide et au plus fort de la politique d'Apartheid, d'une part, à cause de la route du pétrole5, et, d'autre part, à cause de la présence de l'ex URSS dans l'océan Indien. C'est ainsi une artère de communication vitale au même titre que le triangle Canaries-Madère-Acores (archipels du nord de l'Atlantique), le canal de Panama et le détroit du Yucatán (Amérique Latine).

Néanmoins, au-delà de ces aspects géographiques, au-dela du niveau de développement économique supérieur à l’ensemble de tous les pays d’Afrique et à la présence exceptionnelle d'une nombreuse population blanche6 en RSA, la localisation géographique des puissances

1 298 millions en 2005. Idem, p.363.

2 L’Allemagne avec 82,4 millions d’habitants est le pays européen le plus peuplé. Idem, p.459.

3 En 2006, Statistic South Africa, 2006, p.1.

4 « As an African Country at the Cross Road of the Indian and Atlantic Oceans, South Africa regards itself in every way as a part of the South. Our strategic location brings us the potential to be a bridgehead between South American, the Asian East and our own continent”. Nelson MANDELA, sommet des chefs d'Etat du Mercosur, Ushuaia, Argentine, 24 juillet 1998.

5 La RSA était un atout majeur dans la stratégie globale de l'Atlantique sud de la politique des Etats-Unis. Avant la construction du Canal de Suez, il était impératif de contourner l'Afrique par le sud pour atteindre l'océan indien et les Indes. A partir du XIIe siècle en effet, cet endroit devient une zone de première importance. C'est le temps des navigateurs portugais et espagnols à la recherche de la nouvelle route des épices. Les guerres napoléoniennes vont modifier le paysage. Les anglais s'empareront des positions qui vont leur assurer la maîtrise de la route du Cap en 1806, dont ils vont en faire leur principale escale, ce qui fera de cette route une artère de communication vitale. En effet, malgré l'ouverture du canal de Suez en 1869, 60% du pétrole importé par l'Europe et 25 % du pétrole importé par les Etats-Unis, transitèrent jusqu'en 1980 par l'Atlantique Sud en provenance du golfe persique. Pour ces raisons commerciales et stratégiques, la RSA a occupé et continue d'occuper à cause de cette route du Cap, une place essentielle sur l'une des routes maritimes les plus fréquentées au monde et qui correspond au tiers du commerce mondial. Lire Helène MAZERAND, L’océan Indien, un enjeu majeur pour l’Occident, PUF, Paris, 1987.

6 Ce pays fut aussi considéré pendant la guerre froide comme un « îlot occidental » dans cette partie du monde, avec une population blanche représentant 10% de la population totale. Jacques LEGUEBE, L’Afrique du Sud et

moyennes dans cette partie du monde est une réalité. En effet, la plupart des pays dits du Sud sont des puissances moyennes, l'Australie, le Brésil, l'Indonésie, l'Inde, la Chine en l’occurrence.

Les distances entre Johannesburg, les grandes capitales et les villes de l’hémisphère Sud confortent cette position. La grande métropole sud-africaine est en effet à onze heures de vol en moyenne de ces grands centres urbains1.

Cette position géographique constitue un facteur naturel et peut ainsi être le corollaire d'une alliance politico-économique avec les puissances moyennes riveraines des océans Indien et Atlantique (Inde, Brésil, notamment), synonyme de solidarité commune en vue d’un rééquilibrage des relations économiques entre les pays du Nord et ceux du Sud, la mauvaise intégration de l’Afrique dans le système commercial mondial en témoigne. L'alliance naturelle et objective entre les pays du Cône Sud trouve ainsi toute sa valeur avec pour fondement des intérêts communs.

La localisation géographique du pays a aussi une conséquence sur le régionalisme. En effet, cet autre vecteur politique s’appuie sur des facteurs géographiques, culturelles et historiques, et apparaît être un élément ayant toute son importance2. Par contre, cette position géographique ne met plus l'Afrique australe au centre de la stratégie économique de la RSA.

C’est pourquoi cette donnée illustre les difficultés d'une relation claire et sans ambiguïté entre la RSA et les pays de l'Afrique Australe, à travers la SADC qui est la principale organisation politico-économique de la sous-région.

Le facteur naturel tient une place particulière dans les desseins stratégiques de la RSA, qui est devenue une des destinations privilegiées des ressortissants des pays du Sud, d’Afrique en particulier. C’est pourquoi la clarification de la politique d’immigration du pays, qui constitue une donnée vitale dans le contexte actuel d’un fort développement des flux migratoires3 constitue un facteur de choix.

le destin de l’occident, Del Luca, Paris,1974.

1 4h de Nairobi, (Kenya), 11h de Londres (GB), 9H de rio de Janeiro (Brésil), 8h du Caire, 9h15 de Perth (Australie), 10h15 de Singapour, 13h15 de Hong Kong, 8h40 de Bombay (Inde).

2 Jean COUSSY., « Nouveau régionalisme ou reprise du mode séculaire d'expansion? Idéologie et pratiques d'intégration régionale dans la SADC et l'IOR», in Dominique DARBON (dir), L'Après Mandela. Enjeux sud- africains et régionaux, Karthala, Paris, 1999, p. 460.

3 On a estimé qu’il y avait en 2005, près de 200 millions de migrants internationaux dont 9,2 millions de réfugiés. En 2000, on en a dénombré 56,1 millions en Europe, 49,9 en Asie, 40,8 en Amérique du Nord, 16,3 en Afrique, 5,9 en Amérique latine, et 5,8 en Australie. Voir le rapport de la Commission mondiale sur la Migration Internationale ( GCIM), http://www.GCIM.org/en/finalreporthtml, (Accédé le 28 /11/2005).

B) La redéfinition de la politique d’immigration ou la difficile gestion d’un phénomène