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Section 1 : Un pôle magnétique continental

2) Des rapports politiques : l’ombre de Washington

Le pays était le rempart (surtout pour les Etats-Unis) contre le communisme pendant la guerre froide, « un Occident planté au milieu du tiers monde »3. Le modèle de relation entre communautés qu’elle allait élaborer en son sein risquait de préfigurer les attitudes de refus, de confrontation et de coopération qui ont prévalu entre un occident et un tiers monde de plus en plus « au contact »4 dans une cité planétaire resserrée.

Pour beaucoup d’auteurs, le drame de la RSA était celui des Occidentaux. Pierre MEYER soulignait que «le Lagger sud-africain peut anticiper la situation d’un Occident endurci et replié hautainement sur lui même »5. De même, TOYNBEE allait dans ce sens : «

1 Bulletin d’Afrique du Sud, n°367, avril 2003, p.1.

2 L’accord de commerce de développement et de coopération signé entre les deux parties en 1999, illustre cette dynamique. Lire Pierre-Paul DIKA, L’accord de Commerce de développement et de coopération entre l’Union européenne et l’Afrique du Sud, Mémoire de DEA, université de Reims Champagne-Ardenne, décembre 2000.

Et aussi Pierre-Paul DIKA, « L’Afrique du Sud à l’épreuve de la mondialisation l’accord commercial avec l’Union européenne », In les Cahiers Remois, Centre d’études remois des relations internationales, université de Reims, 2ème semestre 2002. Karin MOUNAMOU DULAC, « Enjeux économiques et sociaux de l’accord commercial entre l’Afrique du Sud et l’Union européenne », Afrique Comtemporaine, n°192, 4ème trimestre 1999, p. 57-Commission Européenne, Partners in Progress : the EU/South Africa Trade, Developement and cooperation Agreement for the 21

st Century , October 1999. Parliament of the Republic of South Africa, Report of the Portfolio Committee on Economic Affairs on Comment on EC/SA Trade Agreement, date 22 september 1999, 15 november 1999. 11 April 2000.

3 Charles ZORGBIBE , Dictonnaire….., op.cit., p. 30.

4 Charles ZORGBIBE, op.cit., p. 31.

5 Idem.

ce qu’ est décidé en Afrique du Sud aujourd’hui ne concerne pas seulement le destin de tant de gens qui vivent la bas, cela concerne le destin de toute l’humanité »1.

Tous ces facteurs auguraient de la politique occidentale vis-à-vis de la RSA. La politique américaine s’est illustrée par des hésitations2 qui allaient de pair avec la fluctuation de la situation sur place. Cette politique s’est caractérisée par un engagement constructif, un dialogue politique de décrispation ambigu entre les deux pays de l’administration REAGAN au milieu des années 19803.

Les politiques américaines et européennes se sont ainsi résumées à des attitudes ambiguës, faites d’indécisions et de replis, marqués par l’absence d’une politique ferme et claire aux relents économico-stratégiques assez marqués.

En 1994, la coïncidence entre la démocratisation du pays et le génocide rwandais a été d’un apport déterminant du positionnement de la RSA sur l’échiquier régional, aux yeux des Occidentaux, et en particulier des Etats-Unis. De ce fait, le statut de future puissance africaine de maintien de la paix a pris dès lors toute son ampleur malgré quelques réticences régionales4.

Cest pourquoi les attentes de la Communauté internationale peuvent se résumer en une attente des puissances occidentales et de l’ONU. Ceci dénote de l’ambiguité du mode d’insertion de ce pays dans la Communauté internationale, sous-tendue par l’urgence des défis

1 Idem.

2 Incertitudes et replis.

3 Depuis l’instauration de la politique d’Apartheid en 1948, les USA dans leurs relations avec la RSA étaient confrontés à un dilemme. En effet, plus que tout pays occidental, ils sont sensibles àtout ce qui concerne les manquements à l’égalité raciale. Cependant, comme vu plus haut, les intérêtséconomiques et stratégiques les a obligés à nuancer leur condamnation du développement séparé. Comme l’administration républicaine Nixon-Ford (1969-1976), l’approche reaganienne fut réaliste. C’est Chester CROCKER, chargé des affaires africaines de l’équipe REAGAN qui a définit, dans une interview à la Voix de l’Amérique (novembre 1980) les orientationsglobalistes et réalistes de la politique étrangère de son pays « La politique étrangère américaine est déterminée par ce qui se passe dans le reste du monde….le fondement des relations réelles avec l’Afrique est le respect de nos intérêts mutuels ». L’équipe de REAGAN refusait ainsi la fatalité entre l’Afrique noire et l’Afrique du Sud. POur Chester CROCKER, les américains devaient indiquer dans leurs actions qu’ils sont capables « d’être un partenaire crédible des deux cotés » (Sénat, 1981). Les manifestations du penchant américain se sont dès lors traduites sur le domaine politique, par une reprise du dialogue sur le domaine économique avec une hausse des exportations des Etats-Unis de 74% en 1981 sur le domaine militaire par la formation des gardes cote sud-africains. Lire Marc AIRCADI DE ST PAUL, La politique africaine des Etats-Unis, Economica, Paris 1984. C. Denny BREWSTER, La politique étrangère américaine, Economica, Paris, 1996. Murielle DEPORTE., La politque étrangère américaine depuis 1945, Complexe, Paris,1996. Jacques LEGUEBE, Cap Sud : Le pivot africain , Lavauzelle, Paris 1977. Richard.W. HULL, American Enterprise in South Africa, New York University Press, NY, 1990. Enfin Politique Africaine, « L’Afrique dans le système international:les Unis et l’Afrique », Karthala, Paris, mai 1981. Sur le mouvement anti-apartheid aux Etats-Unis, lire Robert Kinlock MASSIE, Loosing the Bonds :The United States and South Africa in the Apartheid Years, Double Day, New York, 1997.VEIL, The Secret Wars of the CIA 1981-1987, Simon and Schuster, New York, 1987. Enfin, Elisabeth CHAMORAND, « Aux cotés de Pretoria : l’administration REAGAN et l’afrique Australe, 1981-1983 », Politique Africaine, n° 12, décembre 1983, p. 46-61.

4 En particulier le Zimbabwe, leader des pays de la ligne de front et chef de file de la SADCC avant 1994 qui s’oppose politiquement à la RSA au sein de la SADC, plus précisément au sein de l’organe politique de défense et de sécurité (OPDS).

internes. Ces rapports privilégiés issus de la guerre froide, apparaissent être le propre de la RSA post-Apartheid, dont la place dans la stratégie américaine globale de promotion des

« Etats pivots »1 au même titre que le Nigeria, l’atteste au plus haut point.

En effet, depuis le début des années 1990, les Etats-Unis mettent en œuvre une politique « d'engagement sélectif » qui, par le biais d'une approche bilatérale, cherche à faire émerger des puissances régionales capables de pacifier elles mêmes leur environnement stratégique à travers des incursions et des ingérences (légitimes ou non) sur le territoire des Etats instables ou identifiés comme les ennemis des Etats-Unis. La cooptation d'un nombre restreint d'Etats renvoie à la théorie des Etats pivots soutenue par CHASE, HILL et KENNEDY2 aux yeux desquels il est vital pour les intérêts américainsde concentrer leurs efforts dans le monde en développement sur un nombre réduit de pays « dont le destin est incertain, mais dont l'avenir affectera profondément leur environnement régional »3.

C'est l'administration républicaine qui a le plus mis en avant cette polarisation sur les puissances régionales africaines4. En effet, alors que Bill CLINTON s'est appuyé particulièrement dans la région des grands lacs sur des liens personnels avec les leaders qui, pour une raison ou une autre, avaient le dessus à un moment donné dans le jeu régional5, Colin POWELL et Donald RUMSFELD (respectivement Secrétaire d'Etat lors de la première administration BUSH et ancien secrétaire à la Défense ) ont affiché leur volonté de cultiver des liens étroits avec les puissances régionales du continent, au premier rang desquels on trouve l'Afrique du Sud et le Nigeria. L'investissement accru auprès des puissances régionales déjà citées est l'une des tendances novatrices de la politique étrangère et de sécurité de l'administration BUSH.

1 Key States ou anchor of stability. Lire par exemple, Christ LANDSBERG, South Africa: The Pivotal State, Centre for Policies Studies (CPS) and Open Society Foundation, Johannesburg, 2003.

2 Robert CHASE, Emily HILL & Paul KENNEDY, “Pivotal States and US strategy", FOreign Affairs, vol.75, n°1, janvier-février 1996, p. 33-51.

3 Cité par N. BAGAYOKO-PENONE, thèse de doctorat de science politique, op.cit., p. 413.

4 L'engagement sélectif initié au début des années 1980 l'atteste.

5 Laurent désiré Kabila en 1996, lors de sa conquête du pouvoir en RDC et Museveni (Président de l'Ouganda depuis 1986) se sont alliés pour contrer les rebelles soudanais, le Soudan étant à l'époque considéré par les Etats-Unis comme un Etat alimentant le terrorisme. Madeleine.ALBRIGTH, Secrétaire d’Etat américaine sous la seconde administration CLINTON (1996-2000), lors d’une visite à Kampala (Ouganda) le 10 décembre 1997 affirma que « les Etats-Unis consultent les leaders de la région afin d’être soutenus dans leur volonté d’isoler le régime soudanais qui apporte le terrorisme et destabilise ses voisins ». Pour ce qui est de la carte KABILA, le 12 mars 1997, l’administration CLINTON avait établi une nouvelle stratégie dans cette région qui pronait une non- intervention étrangère, soutenant ainsi implicitement l’AFDL de Laurent Désiré KABILA qui allait mettre fin au régime de MOBUTU en 1996. Pour une vue d’ensemble de la politique africaine de Bill CLINTON, Afrique Comtemporaine n°197, 1er trimestre 2001, Dossier les Etats-Unis et l’Afrique, p.3-30.

Si cette théorie d'Etats pivots sert les intérêts américains1, elle a aussi servi les intérêts sud-africains et surtout ceux de ses dirigeants politiques. En effet, l'onction donnée par une grande puissance est dans le jeu diplomatique d'une importance capitale, puisqu'elle polarise l'attention sur le pays en question. Mais si elle peut s'avérer, aussi bien pour la grande puissance que pour la puissance régionale, source de revers2, elle peut constituer un facteur de projection diplomatique en Afrique australe et sur le continent africain.

La RSA, réticente à jouer le rôle de gendarme sur le continent africain, a, dans une certaine mesure, pris appui sur les espérances de la Communauté internationale, et les Etats-Unis en particulier, pour affirmer son rôle dans la résolution pacifique des conflits, un des fondements de sa politique étrangère en matière de paix et de sécurité. D'où l'option privilégiée du pays en faveur de celui de gendarme politique.

Il importe enfin de souligner que les attentes de la Communauté internationale par l'arrimage aux grandes puissances, peuvent conforter l'idée de facteur politique, mais surtout de puissance, même si cette dernière peut apparaître comme imposée de l'extérieur3. Le non isolement, eut égard aux "rogues states", antithèse des « pivotal states » comme le Soudan et la Libye (dont les rapports politiques avec les Occidentaux se décrispent), augure en effet de l'importance de l'arrimage, voire de suivisme à une grande puissance.

Le glissement du statut d’Etat pivot en matière de paix et de sécurité vers celui d’Etat pivot garant des intérêts économiques de la grande puissance, en particulier le commerce et le néolibéralisme économique, est une réalité et la conséquence des rapports issus de la l’Apartheid entre les Etats-Unis et la RSA. Ces éléménts expliquent le fait que Patrick BOND analyse en effet la direction néolibérale prise par la RSA comme une garantie et un socle des intérêts américains dans cette région du monde4.

1 Elle renvoie à l'idée de "proxy forces" aptes à mener des "proxy wars". De plus, la contribution au renforcement des leaders régionaux permet aux Etats-Unis de se dispenser d'initiatives politico-diplomatiques dont les revers peuvent s'avérer cuisants. Par ailleurs, elle peut s'avérer proche de celle adoptée pendant la guerre froide et relever d'un nouveau type de « containment » par la réitération de la stratégie de sous-traitance par laquelle ils avaient entrepris d'endiguer la progression du communisme en Afrique par la procuration donnée aux puissances coloniales. Pour une vue d’ensemble de cette théorie, se référer à N. BAGAYOKO-PENONE, op.cit., p. 412-415.

2 Dans la Région des Grands Lacs, les liens des Etats-Unis avec la coalition anti-soudanaise (composée à l'origine de l'Ouganda, du Rwanda, de l'Ethiopie et de l'Erythrée) ont été mis à mal par des dissensions et les conflits intervenus entre les membres de la coalition. Pour ce qui est de la RSA, la politique de déstabilisation régionale de l'ancien régime, héritage historique et l'urgence des défis internes, rendent difficile sa marge de manœuvre en Afrique Australe. Les rivalités avec le Zimbabwe, ancienne puissance régionale en sont l’illustration.

3 Puisque l'Angola de par sa puissance militaire, sa richesse pétrolière et la fin du conflit qui le mine depuis 1975 peut constituer à long terme pour les Etats-Unis un Etat pivot de substitution en Afrique australe.

4 « US Empire and South African Subimperialism », in Leo PANITCH et Colin LEYS (eds), The Empire Reloaded, Socialist Register 2005, Merlin Press, London, Monthly Review Press, New York, Fernwood Publishing, Halifax, 2004, p. 218-238. Lire aussi du même auteur, Talk left Walk Right : South Africa Frustated Global Reform, University of Kwazulunatal Press, Pietermaritzgurg, 2003. Against Global apartheid : South

Les facteurs politiques inhérents à la démocratisation, ainsi que les attentes de la communauté internationale en matière de paix et de sécurité dans la sous-région et au-delà, constituent des éléments incontournables. Ces derniers s’appuient sur les facteurs psychologiques qui confirment ainsi le caractère exceptionnel de la RSA, particulièrement en matière de politique étrangère, le facteur MBEKI en l’occurrence.

Section 2: Le facteur Thabo MBEKI : l’homme de la révolution sud-africaine

La révolution sud-africaine découle des impératifs sociopolitiques internes et de son positionnement international. Elle découle aussi de la situation d’exeptionnalité du pays, qui en fait un pays singulier de par son passé. C’est pourquoi la place incontournable des nouveaux dirigeants noirs, T. MBEKI notamment, dans la construction et les orientations d’une politique étrangère constitue une donnée à prendre en considération.

En effet, analyser la politique étrangère ainsi que ses facteurs revient aussi à analyser l'action de l'homme d'Etat, plus particulièrement ses motivations, la perception qu'il a de l'environnement de même que son profil psychologique. En effet, l'étude des relations internationales s'est surtout attachée à analyser et à expliquer les relations entre les communautés politiques organisées dans le cadre d'un territoire, c'est-à-dire entre les Etats. En clair, c'est leur action qui se trouve au « centre des relations internationales »1

Pour comprendre l'action diplomatique, il faut chercher à percevoir les influences qui en ont orienté le cours: les conditions géographiques, démographiques, stratégiques, socioéconomiques, les traits de la mentalité collective notammment. Ainsi, l'homme d'Etat dans ses décisions ou dans ses projets ne peut les négliger. Il en subit l'influence et est obligé de constater quelles limites elles imposent à son action. Pourtant, il possède soit des dons intellectuels, soit une fermeté de caractère, soit un tempérament qui le portent à franchir ses limites, et lui permettent d'essayer de modifier le jeu de ses forces et de les utiliser à ses propres fins. Il est à même, de par la politique économique, d'améliorer la mise en valeur des ressources naturelles, et d'agir sur les conditions démographiques. Par ailleurs, il s'efforce, par

Africa Meets the World Bank, IMF and International Finance, Zed Books, london, second Edition, 2003. Sous sa direction, Fanon’s Warning : A civil Society Reader on the New Partnership for Africa’s Development,Africa , world Press, Trenton, New Jersey 2002. Dans la même optique voir aussi Ian TAYLOR.,Stuck in Middle Gear : South Africa’s Post Apartheid Foreign Relations, Praeger, Westport, 2001. Enfin sur la stratégie américaine en Afrique, dans son ensemble, lire John Bellamy FOSTER, « A Warning to Africa : The New US Imperial Grand Strategy, Monthly Review,vol.58, n°2, june 2006. http://www..monthlyreview.org. (Accédé le 12/08/2006).

1 Raymond ARON, Paix et guerre entre nations Calman Levy, Paris, 1962, p. 17.

la presse et par "l'école"1, d'orienter les tendances de la mentalité collective. Il n'hésite pas quelques fois à prendre des initiatives qui provoquent, dans l'opinion publique, un élan de passion.

Etudier les relations internationales sans tenir compte des conceptions personnelles, des méthodes, des réactions sentimentales de l'homme d'Etat, c'est négliger un élémént important, parfois essentiel. Fort justement, si mettre en lumière la personnalité et la perception politique a déjà été pris en compte par divers auteurs2, elle n'en constitue pas moins un facteur peu exploré, surtout en ce qui concerne l'homme d'Etat actuel qui dirige la RSA depuis 1999, T. MBEKI3.

L’histoire du pays est faite d’hommes porteurs de valeurs et d’attentes, aussi bien pour les Sud-Africains que pour la Communauté internationale. La place de T.MBEKI en Afrique du Sud et dans la Communauté internationale ainsi que ses ambitions de changer le monde4, ont pour corrolaire l’empreinte idéologique de l’ANC (§1) et en ont fait un nationaliste africain dans un paradigme libéral (2).

§ 1: L’empreinte idéologique de l’ANC : entre homme d’Etat et homme politique

La notion d’homme politique se rapproche de celle d’homme d’Etat en ce que c’est un homme public dont l’influence sur la gestion d’un territoire est une donnée. En effet, faire de la politique signifie agir individuellement et participer aux affaires de la société. Aussi, l’individu quelconque ne joue pas un rôle visible, c’est pourquoi le statut public est une donnée incontournable (ministre, député ou chef de gouvernement). A l’inverse on peut être un homme d’Etat sans être un homme politique (servir en priorité les intérêts de la nation) et inversement. Et c’est la personnalité doublée de l’histoire personnelle de l’individu en question qui détermine le réel statut

Si dans un régime présidentiel ou mixte comme c'est le cas en RSA, le Président est l'acteur principal en matière de politique étrangère, la situation particulière de ce pays fait de la personnalité de T. MBEKI un facteur déterminant des ambitions internationales de ce pays.

1 P.RENOUVIN et J.B DUROSELLE, op.cit., p. 2.

2 Ces derniers ont tenté d'expliquer la politique étrangère de certains hommes d'Etat tels que STALINE, Woodrow WILSON, par les caractéristiques de leur personnalité psychique, caractéristique induites de l'étude de leur biographie et de leur comportement vis-à-vis de leurs proches, collègues et de leur environnement social et interprété à l'aide de modèles fournis par la psychologie et la psychanalyse.

3 Par souci de logique et de cohérence, nous avons privilégié notre analyse sur ce dernier qui présidera aux destinées du pays jusqu'en 2009.

4 Lire Gerrit OLIVER, « Is Thabo MBEKI Africa’s Savior? », International Affairs, n° 79, vol 4, 2003, p. 815-828.

L’onction de l’ANC (A) et sa gestion du pouvoir en font un homme politique doublé d’un homme d’Etat (B), lesquels soulignent l’impact de sa personnalité sur les orientations de la politique étrangère sud-africaine.

A)« Né dans l’ANC »

Ces propos tenus par Govan MBEKI1, père de Thabo illustrent le parcours de l’actuel Président de la République sud-africaine. L'exercice du pouvoir nécessite un parcours politique parfois stratégique et opportuniste, et si les traits dominants qui expliquent à la fois le choix et l'exercice de leur activité font l'objet d'une grande interrogation2, ils présentent néanmoins des traits spécifiques. Au vu de ces considérations, le parcours politique du Président sud-africain actuel atteste de la sélection psychologique des candidats aux fonctions publiques. La mise en lumière du parcours politique de l'homme en question s'impose puisque d'une part il apparaît le plus objectif et, d'autre part l'on sait peu de choses sur sa vie.

La biographie de Adrian HADLAND et Jovial RANTAO3 ainsi que l’ouvrage de Sean JACOBS et Richard CALLAND, apportent quelques éléments sur l'homme d'Etat4. L'une des qualités de T. MBEKI est qu'il appartient à la « caste des exilés »5 de l'ANC, l’un des trois mouvements d’opposition de l’Apartheid qui avaient organisé la lutte clandestine contre l'Apartheid depuis l'extérieur au début des années 1960, et à laquelle il a voué toute sa vie. Cet état de fait constitue à nos yeux un atout, surtout en matière de politique, étrangère de surcroît.

Le président sud-africain est précoce dans son engagement politique. Il a en effet coutume de rappeler qu'il est « né dans la lutte »6.

1 Cité par S. JACOBS & R. CALLAND, Thabo Mbeki,s World…..,, op.cit., p. 6.

1 Cité par S. JACOBS & R. CALLAND, Thabo Mbeki,s World…..,, op.cit., p. 6.