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Section 1 : Un pôle magnétique continental

C) Les faibles conséquences de la fuite des cerveaux sud-africains

Le pays, au même titre que le Zimbabwe3, est en effet confronté à un autre facteur, qui s’accélère depuis 1990 et qui est préoccupant pour l’avenir socio-économique du pays, dont l’impact est difficile à déterminer: le départ du personnel qualifié pour l’étranger. Cette donnée s’ajoute au fait que le pays absorbe un grand nombre d’immigrés non plus seulement d’Afrique mais aussi d’Asie et d’Amérique latine peu ou pas qualifiés.

En effet, les changements politiques, la peur de l’avenir, les reserves affichées envers les politiques du pays, et surtout les conditions de vie meilleures, incitent ces derniers à quitter le pays4. Soulignons que ce sont surtout les anglophones qui émigrent, principalement vers les

1 Selon une étude de la SAMP couvrant la période de 1997 à 2000, la majorité des Sud-africains pensent que l’immmigration et la migration ont un impact négatif sur leur pays. 60% d’entre eux pensent qu’ils apauvrissent la société et l’économie, et plus de 60% estiment qu’ils pillent les ressources du pays. J.CRUSH,.,« Migration Report 2001 », op.cit.

2 Renforcement des capacités économiques de Noirs. Répartition interethnique de la richesse. Empowerment trouve difficilement une traduction française reflétant le contenu de sa signification en anglais. « Prise de pouvoir », «émancipation» ne traduisent que très imparfaitement un concept qui trouve son origine dans un contexte socio-historique que n’a pas connu la France. Si les esclaves haîtiens se sont bien «émancipés» avec Toussaint-LOUVERTURE au tout début du XIXème siècle, ils n’ont jamais été Empowered..Voir particulierement Gilles GENRE-GRANDPIERRE, « La Black Economic Empowerment en Afrique du Sud : fondements, contraintes et risques », Afrique Contemporaine n° 210, été 2004, p. 95-108. La BEE est aussi definie comme la volonté de créer une classe capitaliste noire. A cet égard lire William Mervin GUMEDE,

« Down toBusiness, but Nothing to Show », In Sean JACOBS et Richard CALLAND, Thabo MBEKI World

:The Politicis and Ideology of the south African President , Zed Books, London et New York, 2002, p.

201-219. Voir aussi, Omano EDIGHEJI, Rethinking Black Economic Empowerment in Post Apartheid South Africa, TRIPS Annual Forum, johannesburg , 1999 . T.MBEKI, discours à la conférence annuelle du Forum du management noir, Kempton Park, novembre 1999.

3 479 348 Zimbabwéens vivent en dehors de leur pays, dont 176 400 au Royaume Uni, 165 375 au Botswana, 33 075 aux Etats-Unis, et 22 050 en Afrique du Sud. South African Migration Project, « Migration Resources/

Brain drain Resources », http://www.queensu.ca/samp/migrationresources/braindrain/, (Accédé le 19/11/2005).

Lire aussi C.J CHETSANGA, « An analysis of the cause and Effect of the Brain Drain in Zimbabwe », Scientific and Industrial Researchand Development Centre, Harare, 2003.

4 Andrew MYBURG, «Globalisation, Labour Mobility and the Economics of Migration:The case of South Africa », Paper presented at TIPS Annual Forum, Muldersdrift, 2002. Voir aussi, Jonathan CRUSH, « Loosing

big five que sont la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle Zélande, les Etats-Unis et le Canada où l’anglais est la langue principale1. Les statistiques de ces big fives font état de 233 606 Sud-Africains ayant immigré dans leurs pays, soit 8% des sud-africains qualifiés2.

Tout comme les chiffres de l’immigration, ceux de l’émigration sont sujets à imprécision3. Par ailleurs, beaucoup de Sud-africains ont un double passeport ce qui a induit ces derniers, dont les ascendants sont Européens, de demander la nationalité de leur pays d’origine. Aussi, l’impact sectoriel de l’émigration (1), l’inversion timide de la faible tendance à l’émigration (2) et enfin les impératifs socioéconomiques (3) attestent des conséquences mitigées de la fuite des cerveaux sud-africains.

1) L’impact sectoriel de l’émigration

En 1999, une étude de la SAMP auprès de deux cent entreprises du secteur public ou privé, qui portait sur sur l’impact de ce phénomène sur leurs opérations, avait revélé des résultats surprenants. Un tiers l’avait en effet jugé significatif, 41% sans importance et 26%

négligéable, ce qui témoigne de l’impact plutot sectoriel de l’émigration. Selon les statistiques officielles sud-africaines de l’emigration, 82 811 personnes ont émigré d’Afrique du Sud entre 1989 et 1997.

Cette situation est révélatrice d’un facteur politique. En effet, les bilingues en anglais, Afrikaans et autres langues véhiculaires sud-africaines aspirent d’avantage à l’engagement politique et civique dans le pays. A contrario, les monolingues souhaitent d’avantage de sécurité et à ne pas être victimes de crimes violents et aspirent à quitter l’Afrique du Sud4. Ainsi, seul le secteur public, hospitalier notamment, fait de la fuite des cerveaux une crise nationale. En ce qui concerne le secteur privé, les effets sont minimes. Une étude du secteur de la South Africa’s R & D n’a pas fait état d’une crise de la fuite des cerveaux. En effet, le

our Minds, Skills Migration and the South African Brain Drain », SAMP Migration Policy Series n° 18, 2002.

1 Bien que beaucoup de Sud-Africains émigrent aussi vers le reste du continent (3 084 contre 9 677 pour l’Europe), les médecins sont principalement attirés par la Nouvelle Zélande et la Grande-Bretagne. Soutern African Political and Economic Monthly (SAPEM)., vol.14, n°8, 2002, p. 37. Se référer aussi, pour les différents motifs d’émigration, à Andrew MYBURGH, « Explaining Emigration from South Africa »,South African Journal of Economics, vol.72.1 , March 2004, p. 125-151; enfin, sur l’importance de la violence dans les causes d’émigration, Johaan VAN ROOYEN, The New Great Trek, the Story of South Africa’s White Exodus,University of South Africa Press, Pretoria, 2001.

2 A. MYGURGH, op.cit.., p. 125.

3 Lire David A. Mc Donald & Jonathan CRUSH (eds.), Destinations Unknown : Perspectives on the Braindrain in Southern Africa

, Africa Institue of South Africa (AISA), Pretoria, 2002.

4 Vijé FRANCHI, « Génération post-Apartheid :enjeux et constructions identitaires », in P.GUILLAUME, N.PEJOUT et A.SEGATTI (sld.), L’Afrique du Sud dix ans après………., op.cit., p. 287.

fort taux d’immigrés de la région peut expliquer ce relatif faible impact de ce phénomène dans leur secteur1.

La fuite des cerveaux du secteur médical constitue, pour la RSA et pour les pays de la région, un phénomène qui est une source de préocuppation constante2. Dans le cas de la RSA, 23 400 personnels de santé ont pris la destination des big fives. Selon l’OCDE, en 2003, 6%, du personnel de santé en Grande-Bretagne était Sud-africain3.

Si, selon des sources statistiques, la balance entre l’émigration et l’immigration est légèrement déficitaire4, nous notons que c’est l’origine des arrivants qui mérite un regard plus scruteur. En effet, les Européens exercent une influence positive au yeux des Sud-Africains.

Les Anglais sont considérés comme des missionnaires, des investisseurs et pourvoyeurs d’emplois pour les nationaux, les Italiens le sont pour l’industrie textile et la technologie ; les Français pour le développement des sports, les Allemands pour les voitures de luxe et les Suédois pour les armes5 ainsi que les voitures de luxe. En conséquence, la xénophobie sud-africaine6 est surtout véhiculée par des facteurs économiques. Dans la ville du Cap, à prédominance chrétienne, les musulmans étrangers jouissent d’une bonne image auprès des Sud-Africains parce qu’ils ont le sens des affaires et créent des emplois.

Tout compte fait, le départ sans fin du personnel qualifié vers l’étranger est un facteur difficile à enrayer, puisqu’en plus de l’immigration d’étrangers peu qualifiés, une grande partie de la population sud-africaine active est peu formée7. Il se pose de ce fait la question de

1 Lire CM. ROGERSON & JM. ROGERSON, « Dealing in Scarse Skills : employe responses to the brain drain in South Africa », Africa Insigth,, vol..30, n°2, 2000, p. 31-40.

2 En Afrique du sud, le système de santé manque de personnel dans les secteurs clés, et sa répartition est inconplète. La capacité du secteur médical à répondre aux besoins de la population souffre du manque du personnel qualifié. Lire, Ashnie PADARATH, Charlotte CHAMBERLAIN, David MC COY, Antoinette NTULI , Mike ROWSON & René LOEWENSON, «Health Personnel in Southern Africa: confronting Maldistribution and Brain Drain », Equinet Discussion, Paper n°3, 2003. Et aussi, Jantjie XABA & Gary PHILIPS, « Understanding Nurse Emigration». Final Report, Democratic Nursing Organisation of South Africa (DENOSA), Pretoria, 2001.

3 OCDE, « The International Mobility of Health Professionals. An Evaluation an Analysis Based on the Case of South Africa », in Trend in International Migration, OCDE, Paris, 2003. Pour le Canada, lire Grant HUGH,

« From the Tranvaal to the prairies: The Migration of South African Phycisians to Canada », PCERII Working Paper n° WP02, Prairie Centre of Excellence for Research on Immigration and Integration, Edmonton, 2004.

4 25 380 départs (dont 2 504 pour l’Afrique) contre 10 093 arrivées. SAPEM. , n°14, n°8, 2002, p.37.

5 Pensées du Sud-Africain moyen.

6 Les étrangers à la couleur de peau très noire qui ne parlent pas les langues sud-africaines, sont appelés amakwerekwere, synonyme de danger pour la sécurité personnelle et communautaire. Lire Phawane MPE, Welcome to our Hillbrow, University of Natal Press, Pietermaritzburg, South Africa, 2001.

7 Seulement 20% (3 millions) de la population économiquement active est qualifiée ou hautement qualifiée, contre environ 80% (12 millions), semi-qualifiée, non qualifiée ou au chômage. En outre, les profils de qualification y sont inférieurs à ceux d‘autres pays à économie intermédiaire ; les employés qualifiés représentant 4% de la population active, contre 8% dans les autres pays à économie intermédiaire. Lire Claire HORTON, « Dix ans déjà depuis la fin de l’apartheid : un marché de l’emploi entre les fractures du passé et les défis du futur », Afrique Contemporaine, Dossier Afrique du Sud, été 2004, p.35-53. Voir aussi Percy MOLEKE, «The State of Labour Market Deracialisation », in John DANIEL et al., The State of the Nation : South Africa 2005-2006, HSRC Press, Cape Town, 2005, p. 202-222. Enfin, Human Sciences Research Council,

l‘avenir de cette nation, d’où le durcissement de la politique d’immigration, bien quelle ait été assouplie en 2005. C’est une sorte de retour au réalisme du passé, puisqu’il est réactivé par l’immigration sélective, ce qui constitue le propre des pays développés1, conduisant ainsi l’Etat sud-africain a une timide politique d’inversion de la faible tendance à l’émigration.

2) L’inversion timide de la faible tendance à l’émigration

L’Etat sud-africain n’a pas développé de stratégie claire pour inverser cette faible tendance à l’émigration, sauf la conclusion d’accords avec les pays développés afin de limiter le recrutement du personnel qualifié, dont les effets sont peu perceptibles. L’assouplissement de la politique d’immigration en vue de faciliter l’immigration du personnel qualifié, n’est pas la seule mesure prise pour enrayer la fuite de celui-ci.

Un effort a en effet été fait dans le domaine de la formation et de l’éducation pour pallier à la pénurie de compétences. La loi sur le développement de la formation en 1998 ( Skill Development Act 1998) et celle sur le financement de la formation de 1999 (Skill Developement Levies Act 1999), qui sont des initiatives destinées à ameliorer les liens entre le monde du travail, l’éducation et la formation profesionnelle, comme solution à long terme, mais qui ne palliera pas l’urgence du recrutement de personnel qualifié2.

Il n’ya que dans le domaine médical, dont l’urgence est latente, que les efforts du gouvernement, à travers des mesures ponctuelles se concentrent. Les accords du pays avec Cuba et l’Allemagne se sont soldés par la venue de 500 médecins cubains travaillant dans les zones rurales et les townships. En outre, la stratégie de recrutement et du maintien du personnel médical en 2001 est une exception notable3.

La société civile s’est aussi impliquée, avec un succès limité dans l’enrayement de l’émigration de personnel qualifié. Le projet SANSA (South African Network of Skills Abroad, qui est inspiré de l’expérience colombienne4, en est l’illustration. Elaboré par l’université du Cap et sponsorisé par la National Research Foundation, ce projet, destiné à mettre en relation

« South African National Skill Survey » ,Report for the Department of Labour and European Union, 2003.

1 Le cas américain est particulièrement évocateur. De 150 millions d’habitants en 1950, le seuil de 300 millions sera atteint en 2018, soit un doublement de la population en soixante ans. Deux facteurs ont joué en sa faveur : un taux de natalité stable et une politique d’immigration basée sur des quotas (700 000 immigrés par an). En revanche le modèle européen se caractérise par une politique migratoire restrictive. Lire Antoine GAZANO., Les relations internationales, Gualino, Paris, 2001, p.58.

2 Voir Bethuel MASERUMULE & Merryman MADIKANE, «Is the Skills Act Working for workers?», South African Labour Bulletin, 28 (3), 2004, p. 30-33.

3 Lire South African Department of Health (SADH)., Migration of Health Professionals. Recruitment and Retention Strategy, SADH, Pretoria, 2001.

4 Réseau « Caldas ».

les éxilés et les employeurs locaux pour des emplois et missions à court terme, n’a pas eu de suite. L’une des raisons de la faible portée de cette initiative est qu’elle ne visait pas un retour définitif des expatriés, et la nationalité sud-africaine des membres du réseau était faiblement affirmée par ailleurs1.

Le retour des expatriés Sud-Africains est difficile à quantifier, tout comme le nombre des installations à l’étranger. Les médias sud-africains se sont lancés dans le profil des expatriés rentrant dans leur pays, phénomène appélé brain gain, sans pour autant produire de données concrètes sur le nombre et la durée des retours, dans un contexte socioéconomique en mutation.

3) Des Impératifs socioéconomiques

L’autre facteur, non moins négligeable et qui découle des deux premiers est à prendre en considération. ll s’agit des problèmes sociaux tels que le chômage, mais surtout la reconstruction nationale, la réduction de la pauvreté, le BEE2 et les services sociaux de base (éducation, logement, construction de dispensaires). Malgré les efforts entrepris3, ils continuent de peser sur le pays et ont fait l’objet d’un slogan de l’ANC intitulé «une meilleure vie pour tous »4.

La reconnaissance internationale et l’entrée dans la mondialisation, doublées de l’ambition louable de réduction des inégalités sociales ont donné lieu à une littérature assez fournie dont le corollaire était le « dilemme sud-africain ». Fort de ce fait, l’urgence et l‘ampleur de la tâche à accomplir par le nouveau pouvoir en 19945, ont pesé d’un poids certain dans la politique étrangère du pay dont le fer de lance était les droits de l’homme et la démocratie6.

Le remplacement du Programme de reconstruction et de développement (PRD) par le GEAR a fondamentalement marqué l’option économique prise par le GNU, dès 1996, et surtout l’intérêt porté aux investisseurs étrangers par l’adaptation de l’appareil économique et

1 Jean-Baptiste MEYER, «Expatriation des compétences africaines : l’option diaspora de l’Afrique du Sud », Afrique Comtemporaine n°190, 2ème trimestre 1999, p. 14-17.

2 Le président MBEKI a parlé de pays « dual » et de «déracialisation de l’économie».

3 Deux millions d’emplois ont été crées, cinq millions de foyers ont été raccordés au réseau électrique, neuf millions à l’eau courante. Mais la hausse de la population a été telle que le niveau de vie de la population a baissé au cours des dix dernières années.

4 Cité par le Figaro, 14 avril 2004.

5 Le PRD à cet égard fut la première grande entreprise mise en œuvre par la gouvernement de Nelson Mandela, remplacé en 1996 par le GEAR marquant le tournant libéral pris par le Gouvernement d’Unité Nationale (GNU).

6 Lire particulièrement Raphael PORTEILLA, «Afrique du Sud, dix ans de démocratie: entre rêves et réalités », in Les cahiers de l’Institut de Documentation et de Recherche sur la paix », (IDRP) Mai 2005.

industriels aux nécessités de la mondialisation qui a eu pour conséquence la création d’un

« apartheid social ». En effet, bien que commençant à se réduire, l’écart entre le niveau de vie entre les Blancs et celui des Noirs, reste énorme malgré l’apparition d’une classe moyenne noire assez aisée, ce qui est synonyme de la transformation de la société sud-africaine en une sociéte de classe1.

Cette transformation de la société sud-africaine en enclaves économiques2, qui est le fruit de la politique macroéconomique initiée au milieu des années 1990, explique la volonté de retour de la majorité des Sud-Africains qui avaient quitté le pays. En 2005, une étude de la Home coming Revolution sponsorisée par la First National Bank Research International, a estimé que 81% des Sud-Africains vivant à l’étranger avaient l’intention de rentrer dans leur pays3.

Ainsi, la greffe du système capitaliste sur la dépouille de l’Apartheid, même si elle a modifié en partie les structures sociales, a contribué à faire du pays arc-en-ciel, sur le prix d’un sous-prolétariat de masse, un pays attractif pour la majorité des Sud-africains et des étrangers.

Ironie de l’histoire, c’est l’apartheid social qui explique la faible incidence de l’émigration sur l’ensemble de l’économie du pays, dont découle le choix de l’immigration choisie par les dirigeants du pays. L’existence d’une économie informelle, issue de la situation migratoire du pays met aux prises les citoyens sud-africains et les résidents étrangers (illégaux ou réfugiés) dans la lutte pour tirer profit du nouveau contexte national. Ce dernier, favorable au demeurant, mais marqué par un fort taux de chômage4 et une xénophobie envers les ressortissants des pays d’Afrique noire, bien quelle soit combattue par le président T.

1 Sampie TERREBLANCHE développe la thèse d’un système élitiste de la société sud-africaine qui s’est transformée en une société divisée en trois classes représentant un nombre égal d’individus. La classe moyenne bourgeoise (88%) du revenu, 15 millions, dont 4 millions et Blancs et 11 millions de Noirs), la classe ouvrière (8% du revenu, (15 milions dont 14 millions de Noirs et 0,5 de Blancs) et enfin le sous-prolétariat (15 millions tous Noirs). Voir Sampie TERREBLANCHE, «La démocratie post-apartheid, un nouveau système élitiste ? », Afrique Contemporaine, Dossier Afrique du Sud, op.cit., p. 27. Voir aussi du même auteur,A history of inequality of South Africa 1652-2002, University of Natal Press/KMM Review, 2003. Aussi, Parliamentary Bulletin, «Is South Africa Still Suffering from Racial Capitalism », n°34, 14 avril 1998. Stephen GELB,

«Inequality in South Africa, Causes and Responses », Economic Development Growth and Equity (EDGE) Institute, Johannesburg, 2000, Julian MAY, Poverty and Inequality in South Africa , Praxix Publication, Durban, 1998. Enfin Charles SIMKINS, On the Durability of South African Inequality, University of the Witswatersrand, Johannesburg, 1998. Sur la classe moyenne noire, lire Sipho MASEKO, «The Real Rise of Black Middle Class », Mail and Guardian, 27 mai 1999. Mail and Guardian, « ANC must Cultivate the New Elite », 28 novembre 1997.

2 Pour S.TERREBLANCHE, dans l’article cité, « L’économie sud-africaine est passée d’une forme de capitalisme raciste et colonial à une forme de capitalisme d’enclaves, détaché d’une grande partie de la force de travail noire », p. 32.

3 Mail and Guardian on line, 5 decembre 2005.

4 500 000 emplois perdus dans le secteur formel depuis 1994. SAPEM., op .cit., p. 6.

MBEKI et la Commission Sud-africaine des droits de l’homme (SAHRC)1, découle ainsi de l’incomplète réduction des inégalités et du paradoxe socio-économique de la société sud-africaine.

La reconnaissance du pays comme creuset migratoire par la clarification et la régulation de l’immigration, allie intérêts étatiques et intérêts des Sud-Africains et se conjugue aux fondations politiques uniques en Afrique.

§ 2 : Des fondations politiques inédites

La RSA s’est dotée d’un système politique garantissant la pleine participation de toutes les communautés, une refondation qui s’est faite sur des bases solides. En effet, ajoutées à la situation d’exceptionnalité du pays comme rencontre des flux migratoires, les conditions politiques du pays (système politique, système de gouvernement, partis politiques) constituent un élément constitutif de la politique étrangère, voire extérieure d’un Etat.

L’expérience de réconciliation nationale (A), les aspects médiatiques et les attentes de la Communauté internationale (B) peuvent en effet constituer pour la RSA les principaux éléments ou facteurs favorables au déploiement de la diplomatie sud-africaine pour une prise en compte des intérêts nationaux et continentaux.

A) L'expérience du dialogue et de réconciliation nationale ou la force d’un compromis