développement humain
3.1.2. Les caractéristiques de la population
3.2.3.1. Sous-population de l’étude 3
Les enfants rencontrés pour l’étude 3 sont les enfants des femmes ayant participé
à l’étude 242. A l’issue de l’entrevue, nous sollicitions leur accord pour rencontrer leurs
enfants. 25 femmes, soit la moitié d’entre elles, ont accepté. L’acceptation ou le refus ne semble pas lié à la tonalité de l’entretien mais plutôt au parcours en protection des enfants. Les mères d’enfants n’ayant connu aucune mesure, un suivi en milieu ouvert, ou un placement judiciaire long ont toutes accepté dans les mêmes proportions. En revanche, les mères d’enfants ayant connu un placement judiciaire puis un retour au domicile familial ont quasiment toutes refusé la rencontre avec l’enfant. Certaines femmes ayant été accueillies avec deux ou trois enfants en centre maternel, nous avons pu rencontrer 33 enfants de 25 fratries. En effet, à ce stade de l’enquête, lorsque deux enfants de la même famille avaient séjourné en centre maternel, nous avons préféré rencontrer la fratrie pour observer le maximum de configurations possibles. 14 enfants
42Toutefois, trois mères d’enfants ayant participé à l’étude 3 ont accepté de répondre au questionnaire de l’étude 1 mais n’ont pas souhaité s’engager dans l’entretien de l’étude 2.
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ont rempli le questionnaire de qualité de vie et ont souhaité s’arrêter là, les 21 autres ont accepté un entretien plus approfondi.
3.2.3.2. Modalités de recueil de données
Le recueil de données auprès des enfants comprenait deux modalités : la passation du questionnaire AUQUEI et, pour une partie des enfants, un entretien sur leur parcours et leur vie actuelle.
Encadré n°8 – Le questionnaire AUQUEI
Le questionnaire AUQUEI (Auto-Questionnaire Enfant Imagé) a été développé à partir de réponses d’enfants à des questions ouvertes, afin d’identifier les domaines pertinents de satisfaction et d’insatisfaction dans la vie des enfants, pour éviter de plaquer les catégories des adultes sur leur situation (Manificat & Dazord, 1997). Il a d’abord été utilisé en contexte pédiatrique, puis a également été validé et utilisé avec des enfants tout-venant et en difficultés sociales (Dazord et al., 2000).
Il se compose d’une question ouverte, puis d’une échelle fermée de 31 items, qui explorent la satisfaction des enfants dans différents domaines de vie : les relations familiales, les relations sociales, les activités (jeux, scolarité, loisirs), la santé, les fonctions (sommeil, alimentation). L’enfant doit répondre à l’aide de quatre paliers (« pas content du tout », « pas content », « content », « très content »), représentés à l’aide de visages qui expriment des états émotionnels différents. Il permet d’obtenir un score global de qualité de vie, autorisant les comparaisons entre groupes d’enfants.
Ce questionnaire a donc pour objectif de prendre en compte l’ensemble des domaines de vie importants pour les enfants. Il n’est ni une mesure de satisfaction par rapport à l’intervention, ni une mesure du développement. Les enfants présentant des troubles du développement peuvent d’ailleurs présenter une bonne qualité de vie si leur environnement est soutenant et adapté (Lemétayer & Gueffier, 2006).
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Les contacts avec les enfants ont fait l’objet d’une attention particulière. A la fin de la rencontre avec les mères, nous leur demandions si elles acceptaient que l’enfant soit rencontré également dans le cadre d’un entretien et de la passation du questionnaire AUQUEI. Nous présentions aux mères les grands thèmes de l’entretien et le questionnaire. Lorsque la mère acceptait, un formulaire d’accord parental était complété, et il était précisé que l’accord de l’enfant serait également sollicité et qu’il pouvait refuser. La rencontre avait parfois lieu à la suite de l’entretien avec la mère (notamment pour les personnes habitant dans des départements géographiquement éloignés). Sinon, un nouveau rendez-vous était pris pour rencontrer l’enfant. Lorsque l’enfant était placé à l’Aide sociale à l’enfance, nous demandions l’accord de la mère pour contacter le service chargé du suivi de l’enfant avec le formulaire d’accord parental. Dans ces situations, les rencontres avec les enfants ont eu lieu au domicile des familles d’accueil (pour deux enfants), ou bien dans les locaux des services de placement (pour quatre enfants).
Lors de la présentation de la recherche aux enfants, nous nous sommes inspirée des travaux menés par Gagné sur la compréhension par les enfants de 9 à 12 ans du concept de confidentialité dans le cadre des enquêtes de victimisation (Gagné, Mathieu, Ouellet, & Pleau, 2006). En effet, certains de ces enfants faisaient l’objet de suivis spécialisés par des professionnels. Il était particulièrement important que l’enfant comprenne le cadre de la démarche, et notamment la non transmission des informations et l’absence de suivi futur avec l’enquêtrice. Il a également fallu arbitrer entre le principe d’information des sujets et le principe de non nuisance pour les enfants n’ayant pas connaissance, par leur mère, de leur séjour en centre maternel. Pour ces enfants, nous avons fait le choix de présenter la recherche de manière plus large, sans mentionner le passage en centre maternel.
Les rencontres avec les enfants se sont majoritairement déroulées au domicile. Dans la plupart des cas, nous avons pu nous isoler avec l’enfant soit dans le salon familial, soit dans la chambre de l’enfant, pendant que les mères vaquaient à leurs occupations dans le reste du logement. Dans quelques situations, la mère est restée dans la pièce. Si dans certains cas, cela semble avoir plutôt favorisé l’expression des enfants,
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d’autres ont manifestement fait preuve de retenue dans leur expression sur la vie familiale.
Contrairement au déroulement des rencontres avec les mères, le questionnaire était proposé en premier, et l’entretien dans un second temps si l’enfant acceptait de poursuivre l’échange avec nous. Le questionnaire a été très bien accueilli par tous les
enfants que nous avons rencontrés43. Nous avons pu constater que ce support facilitait le
déroulement de l’entretien ultérieur : il permettait aux enfants de se familiariser avec l’enquêtrice et d’aborder des sujets variés, sans focalisation excessive sur l’un ou l’autre des domaines de vie. Le fait de commencer par le questionnaire et de proposer ensuite la poursuite de l’entretien a permis de ménager plus facilement un espace aux enfants qui ne souhaitaient pas un échange plus approfondi mais qui auraient pu être en difficulté pour exprimer un refus d’entretien dès le début.
L’entretien lui-même était mené de manière semi-directive en s’appuyant sur un guide d’entretien (voir annexe 7, p. 40-42), tout en laissant le maximum de liberté à nos jeunes interlocuteurs. La manière de mener et de relancer l’entretien a été adaptée au niveau développemental de nos interlocuteurs, en favorisant l’illustration, les exemples, les situations concrètes, ainsi que l’expression de sentiments contradictoires le cas échéant.
3.2.3.3. Traitement des données
Les réponses aux questions ouvertes du questionnaire AUQUEI ont fait l’objet d’une analyse exhaustive afin d’identifier les domaines de vie que les enfants associaient spontanément aux émotions positives et aux émotions négatives. Les scores de qualité de vie ont en outre été croisés avec des éléments du parcours, afin de tester les liens possibles entre contexte de développement et qualité de vie. Enfin, les entretiens ont fait l’objet d’une première analyse textuelle au moyen du logiciel ALCESTE, puis d’une analyse thématique de contenu orientée sur les grands domaines
43 Les modalités de passation ont varié en fonction de leur maîtrise de l’écriture : pour certains, nous avons lu les questions et coché les réponses pour eux, pour d’autres, nous avons lu les questions et laissé l’enfant cocher les réponses, d’autres enfin ont lu eux-mêmes les questions, soit à haute voix, soit, pour les plus à l’aise, dans leur tête.
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de la qualité de vie, et sur la place que l’enfant s’attribue lui-même dans ces domaines au fil du parcours.
La présentation de la méthodologie mise en œuvre est en elle-même la description d’un processus complexe. C’est d’autant plus vrai pour une recherche sur le devenir qui nécessite la recherche de personnes plusieurs années après l’intervention et l’articulation de dimensions quantitatives et qualitatives. Ces différentes étapes nous ont permis de dégager les résultats que nous allons maintenant exposer.
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4. Présentation des résultats
Les résultats de la recherche vont être présentés en trois chapitres. Le premier chapitre rend compte des résultats de l’étude 1 concernant l’analyse séquentielle des trajectoires pour les dimensions objectives du bien-être (conditions matérielles de vie, situation familiale, scolarité, mesures de protection de l’enfance). Le deuxième chapitre présente la dynamique du mésosystème au fil du parcours à travers le regard rétrospectif des mères, parfois croisé avec des écrits du dossier social. Le dernier chapitre s’intéresse au point de vue des enfants, à leur qualité de vie et à leur place dans la construction du parcours. Chaque chapitre se clôture par une synthèse des résultats.
4.1. Analyse séquentielle des trajectoires
En reconstituant les trajectoires des enfants sur les dimensions objectives du bien-être, nous avions pour objectif de décrire l’évolution des contextes de vie des enfants. Une première approche portant sur l’ensemble des trajectoires permet de rendre compte des parcours ultérieurs concernant deux aspects majeurs affectant le contexte de vie de l’enfant : la trajectoire résidentielle de la famille et les mesures de protection de l’enfance. Un approfondissement est ensuite apporté par l’analyse de 66 parcours reconstitués de manière plus complète grâce au questionnaire biographique mené auprès des mères.
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