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développement humain

2.1.1.2. L’écosystème au sein duquel se développe l’enfant

Influencé par les théories systémiques, Bronfenbrenner propose le modèle écologique du développement humain en 1979. Le développement humain se produit grâce à des interactions prolongées de l’enfant (ou de l’adulte) avec les systèmes qui l’entourent (Bronfenbrenner, 1979). Au plus proche de l’enfant, se trouvent les différents microsystèmes dans lesquels l’enfant interagit directement : il s’agit d’un ensemble d’activités, de rôles sociaux et de relations interpersonnelles qu’expérimente l’enfant, dans un cadre donné, qui présente des particularités physiques, sociales et symboliques favorisant ou freinant l’engagement dans des interactions de plus en plus complexes avec l’environnement. Si l’on pense bien sûr au microsystème familial, il ne faut pas oublier que les enfants, même très jeunes, évoluent dans de nombreux autres microsystèmes : la crèche, l’école, d’autres lieux de garde, la famille élargie, le voisinage…

Claire GANNE – Le devenir des enfants accueillis en centre maternel – Université Paris Ouest Nanterre la Défense 103

Les relations entre ces différents microsystèmes forment le mésosystème (par exemple les relations famille-école), susceptible d’influer sur la vie de l’enfant au sein des différents microsystèmes. L’exosystème quant à lui rassemble les systèmes relationnels qui n’agissent pas directement sur l’enfant mais peuvent avoir des conséquences par le biais de leur action sur l’un des acteurs d’un microsystème (par exemple, l’ambiance de travail des parents, les relations entre adultes au sein de l’institution scolaire, le style éducatif des parents des amis de l’enfant…). Enfin, le macrosystème est constitué par l’ensemble des valeurs, des normes et des lois qui structurent la société dans laquelle ces différents systèmes se développent.

L’ensemble de ces systèmes forme l’écosystème : celui-ci est constitué de différents ensembles interactionnels, « emboîtés » les uns dans les autres « comme des poupées russes » selon l’expression de Bronfenbrenner.

La prise en compte de la temporalité sera introduite par la suite avec le concept de chronosystème (Bronfenbrenner, 1986). Au fil des différents travaux, et sans remettre en cause la description des différents systèmes composant l’écosystème, Bronfenbrenner accorde une importance croissante aux processus comme moteur du développement, et ressent la nécessité d’intégrer davantage les caractéristiques propres de la personne et le temps dans la compréhension de ces processus. Cela conduira à une nouvelle formulation du modèle, intitulé alors modèle bioécologique du développement humain, ou modèle Processus-Personne-Contexte-Temps (Bronfenbrenner & Morris, 1998; Bronfenbrenner, 1996). Le modèle ainsi reformulé repose sur les deux propositions suivantes :

« Proposition 1 : Le développement survient au cours de processus interactifs progressivement plus complexes et réciproques entre un organisme biopsychologique humain et les personnes, objets et symboles présents dans son environnement immédiat. Pour que ces interactions puissent être efficaces, elles doivent survenir régulièrement, sur une longue période de temps. Ces interactions constantes et durables ayant lieu dans l’environnement immédiat sont appelés « les processus proximaux ».

Proposition 2 : La forme, la force et la direction de l’effet des processus proximaux impliqués dans le développement varient en fonction des

Claire GANNE – Le devenir des enfants accueillis en centre maternel – Université Paris Ouest Nanterre la Défense 104 caractéristiques de la personne, de l’environnement général et immédiat dans lequel ils ont lieu, ainsi que selon l’issue de développement qui est l’objet

d’étude ». (Bronfenbrenner, 1996, p. 13).

Les principaux moteurs du développement sont constitués par les processus proximaux qui produisent des effets spécifiques en fonction des caractéristiques des personnes et des contextes. Si dans la plupart des recherches la prise en compte des processus proximaux se centrent sur l’observation des relations parents-enfants (surveillance parentale, qualité des soins maternels…), Bronfenbrenner précise que les processus proximaux ne sont pas limités aux parents, mais à l’ensemble des personnes situées dans l’environnement proche et composant les différents microsystèmes (nourrices, enseignants, camarades, frères et sœurs, voisins…), et ce d’autant plus que l’enfant grandit. De plus, ces processus ne se limitent pas aux interactions interpersonnelles, mais peuvent également inclure des interactions avec des objets et des symboles présents dans l’environnement immédiat. Cela souligne l’importance de l’environnement physique dans le développement de l’enfant par le biais de ces processus, bien que ce champ de recherche reste encore assez peu exploré, à l’exception de recherches en psychologie de l’environnement (Jutras, 2003).

Ces processus proximaux auront des effets différenciés en fonction des contextes, mais aussi en fonction des personnes impliquées dans ces processus : caractéristiques biologiques et psychologiques, croyances, attitudes, pratiques de la personne en développement, mais aussi des autres personnes en interaction avec elle. Ce qui est souvent mesuré comme un résultat du développement (compétences cognitives, sociales, émotionnelles…) peut également être une caractéristique qui permet plus ou moins facilement à la personne de s’engager dans les processus proximaux qui vont constituer le moteur de son développement. Toutefois ce sont bien ces processus qui permettront à la personne d’actualiser ces compétences. Cette importance accordée aux caractéristiques biologiques et psychologiques de la personne a conduit Bronfenbrenner à parler de modèle « bioécologique » du développement humain.

Enfin, au-delà des caractéristiques de la personne et de son environnement immédiat, le développement est également la résultante de forces émanant de plusieurs systèmes et des relations qu’ils entretiennent entre eux. Les processus proximaux sont

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influencés par les autres systèmes dans lesquels ils sont « emboîtés » : mésosystème, exosystème et macrosytème. Ces ensembles ont notamment une influence importante en terme de stabilité et d’instabilité. Pour que les processus proximaux aient un impact sur le développement, ils doivent pouvoir se dérouler avec régularité dans le temps. Le degré de stabilité, de consistance et de prévisibilité dans le temps de toutes les composantes de l’écosystème a donc une réelle importance pour le développement, les deux extrêmes (désorganisation totale ou au contraire rigidité extrême) représentant un risque pour le développement. Le contexte optimal est un système présentant un degré

intermédiaire de flexibilité (Bronfenbrenner & Morris, 1998).

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