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La politique de santé à Liège et le projet "Liège Province Santé"

Dans le document Td corrigé actes - S2D pdf (Page 41-47)

de l'OMS

J'en arrive maintenant à ce qui, prioritairement, nous rassemble dans cette belle Ville d'Angers : notre appartenance, aux côtés de l'OMS, à la stratégie de la santé pour tous au XXIème siècle. La plupart des participants à ce colloque connaissent le projet, ses principes et ses stratégies. Nous ne les développerons pas ici ; ce n'est pas un but essentiel.

Nous vous signalerons que la Ville de Liège, en 1988, a rejoint avec enthousiasme les villes participant au réseau européen.

En 1990, à la demande de l'OMS et de la Ville de Liège, la province et ses soixante années d'expériences en matière de médecine préventive et sociale acceptait de reprendre le projet et d'en assurer la coordination.

C'est en partenariat avec la province, la ville, l'université sous la forme juridique d'une ASBL, et la dénomination "Liège Province Santé" que fonctionne le projet à Liège.

Depuis lors, nous n'avons cessé d'évoquer le projet et ses principes, les aspects holistiques de la santé, la participation du citoyen, etc. Monsieur le Député Georges PIRE, responsable politique du projet, a en toutes occasions, à diverses tribunes, insisté sur la nécessité d'accorder à la santé la priorité qu'il convenait. Feuillets explicatifs, élaboration du profil et du plan de santé constituaient des outils précieux, mais ils se sont avérés longs et difficiles à faire connaître aux autres secteurs et aux citoyens.

"Liège Province Santé" a mené toutes les missions que confère l'OMS aux membres du réseau européen. Elle a lancé les bases du réseau belge francophone et peut affirmer, comme le stipule l'OMS, qu'elle a fait son œuvre en la matière. En effet, c'est dès 1988 que, pour nous, santé et environnement ne faisaient plus qu'un. Le travail en intersectorialité, le choix des priorités, l'équité vis-à-vis des populations précarisées, le recueil des données, le choix des indicateurs de santé, l'action sur les milieux de vie, la réorientation des services et bien d'autres constituaient déjà nos objectifs quotidiens.

Il faut reconnaître que, dans bien des domaines, les changements fondamentaux de nos conceptions sont lents, voire très lents à s'établir.

On n'y croit pas... On n'admet pas... ou peut-être n'y arrive-t-on pas ! C'est ainsi que, depuis peu, la définition de la santé conçue par l'OMS est actuellement largement employée. Il y a lieu de s'en réjouir, mais avec toutefois quelque étonnement lorsque l'on considère que l'OMS l'a conçue

en 1948. Idem pour la Charte d'Ottawa, que tant de concepteurs de projets prennent enfin comme guide alors qu'elle date de 1986...

Que de temps il a fallu ! Nous savions que les théories émises alors bouleverseraient radicalement nos conceptions. Actuellement, nous pensons que les mentalités sont enfin prêtes et que nous allons pouvoir avancer à plus grands pas. Nous en sommes heureux !

En ce qui nous concerne, nous considérons notre appartenance au projet européen de l'OMS comme une extraordinaire et fructueuse expérience. Il nous est peut-être arrivé de penser que l'OMS était une institution bien exigeante, mais ainsi avons-nous progressé et intégré les notions novatrices qui ont prévalu très tôt. Avec nos partenaires Université et Ville de Liège, nous formons une bonne équipe sur le terrain.

L'Université, sa Faculté de médecine et tout particulièrement son Ecole de Santé publique, dont je salue ici la représentante, Madame la professeur Christiane GOSSET, nous prodiguent leurs conseils lorsque nous les sollicitons.

Quant à la Ville de Liège (dont je salue ici le représentant, Monsieur Alain

LECOQ), c'est un partenaire qui centre ses actions particulièrement sur la sécurité, via le "contrat de sécurité et de société" (subsidié par le Ministère fédéral de l'intérieur) et les mairies de quartier, endroit de décentralisation où le citoyen est consulté.

Si nous voulions nous exprimer en termes de bilan, nous n'hésiterions pas à souligner les aspects très positifs de notre participation au projet. Depuis plus de dix ans, nous pensons globalement et agissons localement ; nous plaçons le citoyen au cœur de nos préoccupations ; nous instaurons au maximum le travail en intersectorialité. Nous marquons fidèlement toutes les journées mondiales (santé, tabac, SIDA, personnes âgées) aux côtés de l'OMS. Nous adhérons aux chartes d'Aalborg et d'Athènes.

Il faut également signaler que le fait de faire partie du projet européen a catalysé notre motivation et notre dynamisme en matière de santé qui, je le répète, est considéré comme séculaire, pour en faire une priorité absolue dans l'optique globale de la "Santé pour tous au XXIème siècle".

Nous avons décidé de continuer notre participation au réseau européen tout en poursuivant notre cheminement à l'échelon local avec l'OMS pour progresser davantage encore dans la voie qu'elle nous indique.

On s'accorde à dire qu'à Liège, la population est "ardente et turbulente" ; c'est avec elle et de cette manière que nous poursuivons notre investissement dans le projet.

Je vous remercie.

Pascal THEBAULT - Merci pour ce résumé des actions belges. Nous avons bien vu qu'il y avait une progression de la complexité dans votre organisation. Cela peut sans doute se trouver ailleurs, mais j'ai appris que, pour réduire la complexité, il fallait créer des connexions et que les réseaux servaient à cela. Je ne sais pas si vous allez créer d'autres réseaux qui vont s'installer et rajouter à la complexité, mais, a priori, cela doit assurer cette réduction de la complexité.

Je demande maintenant à Mabrouk NEDHIF, directeur de l'hygiène du milieu, de venir s'exprimer. Ceux qui ont participé au colloque en Tunisie le connaissent et nous sommes heureux de le voir ici aujourd'hui. Il est également le coordinateur national de Villes-Santé.

Une petite pensée à Nezim RECLUS, que tout le monde connaît bien ici puisqu'il a inventé le terme de "francophonie" en 1881, pour expliquer quelle était cette communauté de pays qui parlaient français ensemble.

Nous ne ferons pas une minute de silence à sa mémoire mais, en tout cas, il s'agissait notamment de parler de cette association avec le Maghreb, que la France connaît bien.

Mabrouk NEDHIF - Comme vous venez de le dire, je suis directeur de l'hygiène au Ministère de la Santé publique et coordinateur du réseau tunisien Villes-Santé. N'ayant pas bien compris ce que l'on me demandait de traiter aujourd'hui, j'ai essayé de préparer un discours dans lequel j'ai tenté de parler des politiques de santé, de prévention, de la Ville et de toutes ces questions qui nous interpellent, tout en restant fidèle au thème de ce colloque, à savoir "solidarité et fraternité entre les villes".

Mesdames et Messieurs, c'est pour moi un réel honneur de prendre part au sixième colloque francophone des Villes-Santé et des Villes et Villages en Santé de l'Organisation Mondiale de la Santé, ce mouvement de solidarité, de fraternité et de partage auquel la Tunisie a adhéré sans réserve dès 1990, en vue de contribuer à la réalisation de l'objectif "Santé pour tous"

et d'aider à le traduire dans le vécu quotidien du plus grand nombre possible de cités dans le monde.

Ma joie est d'autant plus grande que cette rencontre se tient dans la douceur de la bonne Ville d'Angers, chantée hier par les poètes et appréciée aujourd'hui par tous ses habitants et ses hôtes.

Mesdames, Messieurs, l'organisation de ce symposium est donc une initiative à saluer, d'autant plus que le thème choisi par ses travaux, à savoir "politiques de la ville et santé publique", constitue un thème d'actualité et d'une importance capitale qui interpelle tout naturellement autant le responsable de l'hygiène du milieu auprès du ministère de la santé publique que l'ingénieur sanitaire, qui veillent ou qui murmurent en moi.

Mais, avant de formuler les réflexions que m'inspire cette question, permettez-moi d'abord d'adresser, en mon nom personnel et au nom du réseau tunisien des Villes-Santé, un témoignage de solidarité et de sympathie émue à la Ville de Toulouse, dont la population et le tissu urbain viennent d'être meurtris par l'un de ces terribles drames que peuvent provoquer, malheureusement et dans tous les points de notre planète, les déficiences du développement.

Mesdames, Messieurs, notre conscience que le réseau des "Villes-Santé, Villes et Villages en Santé de l'OMS" représente un pont de solidarité au service de l'humanité nous impose aujourd'hui et plus que jamais la nécessité, voire le devoir, de faire preuve d'un esprit d'anticipation et d'un sens de l'initiative afin de préserver notre cadre de vie et de mieux maîtriser les risques sanitaires que peuvent générer tout urbanisme intempestif ou toute politique de croissance conjoncturelle qui ne respecte pas l'avenir de la cité au triple plan sanitaire, social et environnemental.

La Tunisie, réconciliée définitivement avec son environnement

Sur le plan sanitaire, cette approche s'est matérialisée par une sollicitude constante de l'Etat au secteur de la santé et par une réaffirmation de la santé et du bien-être comme l'un des droits fondamentaux de l'individu.

Ainsi, tous les soins préventifs sont dispensés gratuitement à tous les citoyens. La gratuité totale des soins est assurée aux indigents, le reste de la population étant en grande partie servi dans le cadre de la couverture par les Caisses de Sécurité sociale.

Une stratégie sanitaire résolue et volontariste, s'inscrivant dans le cadre de programmes et de plans nationaux, conjuguant développement économique et social et accordant une priorité élevée à la lutte contre la pauvreté, la vulnérabilité et le mal-vivre, a été mise au point.

Dans ce cadre, le Fonds de Solidarité Nationale, connu en Tunisie sous l'appellation de Fonds 26-26 (numéro du compte courant bancaire) et créé en 1993, a participé et participe encore à la promotion de zones isolées et peu pourvues, ainsi qu'à la préservation des acquis et à leur consolidation.

Ce fonds intervient également dans certaines périphéries défavorisées de la capitale et des grandes villes. Il a contribué à l'amélioration notable des indices de développement humain, tout en plaçant la solidarité au service du développement et en suscitant des actions de volontariat et de bénévolat au travers d'une autre expérience tout autant originale qu'efficiente, basée sur les comités de quartier. Ces derniers ont essaimé à travers les villes et les villages, apportant des solutions pensées et concrétisées par les administrés eux-mêmes, devenus partenaires responsables des élus locaux et principaux relais d'une vision élargie de la santé au sein de la communauté.

Mesdames et Messieurs, c'est cette dimension sociale de la politique de développement et cette démarche participative, éminemment humaniste et éthique, qui croit en l'homme et en ses capacités créatives, qui ont permis au réseau tunisien Villes-Santé d'évoluer et de participer à l'amélioration des indicateurs sanitaires et à la réalisation du bien-être général.

Parmi les réalisations à impact sanitaire et environnemental, qu'il me plaît de citer, il y a :

L'extension du réseau d'approvisionnement en eau potable en milieu urbain avec un taux de raccordement de 100 %

L'extension du réseau d'assainissement, dont le taux de raccordement au réseau d'égouts publics avoisine les 80 %,

sans parler de la création de nouvelles stations d'épuration à Bizerte et Menzel Bourguiba (villes du réseau) notamment, ou encore de la création de nouvelles décharges contrôlées dans plusieurs régions du pays.

Mesdames, Messieurs, j'espère que notre rencontre d'aujourd'hui, fidèle à l'esprit de la déclaration de Hammam Sousse, œuvre à définir un cadre qui permette à nos systèmes sanitaires de tirer profit de l'expérience acquise par le réseau Ville-Santé qui nous rassemble, en matière de lutte contre les risques sanitaires, de gestion des situations de catastrophe ou de vulnérabilité, dont la survenue, quelle qu'en soit la provenance, ne met aucune communauté à l'abri.

En Tunisie, nous ressentons fortement la solidarité internationale comme une nécessité absolue pour un monde devenu village planétaire, où nul ne peut ignorer les besoins de l'autre ni ne peut se sentir à l'abri des risques auxquels est exposé le voisin.

Ce souci a été traduit par le récent message lancé par notre président en vue de créer un fonds mondial de solidarité. Ce fonds, qui sera destiné à combattre la pauvreté et ses conséquences, donne — j'en suis persuadé — un sens à nos actions et fera de notre mouvement un espace de fraternité agissant pour une ville où il fera toujours bon vivre.

Puisse cette rencontre d'Angers cimenter davantage notre coopération dans cet espace francophone dédié au bien-être, conformément aux idéaux et aux objectifs de l'OMS, qui nous guide et nous inspire.

Avant de vous remercier pour votre attention, je vous propose de voir l'évolution des indicateurs sanitaires dans notre pays durant les dernières années, marquée essentiellement par une augmentation de l'espérance de vie de 70 ans à plus de 72 ans, avec un taux de mortalité infantile qui a baissé de 10 ‰, passant de 34 à 24 ‰, un ratio qui est passé d'un médecin pour 1.693 habitants à un médecin pour 1.380 habitants, et un nombre de centres de santé de base qui ne cesse d'augmenter, passant de 1.500 à environ 2000.

Je vous remercie.

Pascal THEBAULT - Merci. Nous discuterons de tout cela dans les différents ateliers. Dès cet après-midi, nous aurons des interventions tunisiennes, de la même façon que Monsieur Luc RIGAUX, pour la Belgique, vous parlera de la traduction de la politique dans les plans sociaux intégrés, sur lesquels vous pourrez débattre. Mais nous en reparlerons.

Nous terminons par le Québec la présentation de pays représentés par des réseaux. Ce n'est pas parce que c'est le plus lointain mais nous avons pensé que, dans la mesure où André THIBAULT interviendra également cet après-midi, c'était peut-être une façon de faire un lien, bien que nous ne lui ayons pas demandé de faire la même chose.

André THIBAULT remplace un sous-ministre mais il a également eu un mandat du Ministre des Affaires municipales concernant la réorganisation des municipalités, qui occupe apparemment beaucoup le Québec, s'agissant de réunir plusieurs municipalités pour en faire une seule.

C'est avec ce point d'entrée que nous avons demandé à André THIBAULT de nous parler de la situation québécoise.

André THIBAULT –

Dans le document Td corrigé actes - S2D pdf (Page 41-47)