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La politique monétaire chez les nouveaux classiques et les nouveaux Keynésiens

Section I : Les fondements théoriques de la politique monétaire

4. La politique monétaire chez les nouveaux classiques et les nouveaux Keynésiens

La nouvelle économie classique considère que la politique monétaire est nécessairement inefficace (à court terme et à long terme), et qu’il est donc inutile d’intervenir, en particulier pour soutenir l’activité économique par des politiques de relance. Cette dernière a radicalisé la théorie monétariste, en supposant que les agents économiques déterminaient leurs comportements sur la base d'anticipations rationnelles. J. Bailly et autres (2006) indiquent que les nouveaux classiques cherchent à retourner aux intuitions des classiques. Selon eux, les variables monétaires sont incapables d’agir sur l’économie réelle y compris à court terme1. Ainsi, les agents économiques formant des anticipations rationnelles ne peuvent être systématiquement en retard2.

Par ailleurs, les partisans de cette théorie affirment que dans le cas où la politique monétaire est anticipée par les agents, elle sera inefficace car elle n’a pas d’effet sur le produit. La politique monétaire reste sans effet sur l'activité réelle dès lors qu'elle est anticipée par les agents, c’est-à-dire qu’un effet réel ne peut venir que d’une politique monétaire non anticipée. Ainsi, les partisans de cette théorie soulignent que, la crédibilité des décisions de politique monétaire prend une importance considérable dans la lutte contre l'inflation, dont elle constitue l'objectif unique. Dans ce contexte, P. Merrer (2016) cité que, « une politique monétaire expansionniste peut engendrer une baisse du produit global : si les agents ont anticipé une politique monétaire plus expansionniste que celle effectivement mise en œuvre, la demande globale augmentera moins que ne le pensent les autorités monétaires, les offreurs ayant anticipé une hausse des prix, l’offre globale se déplace, ce qui peut conduire à un équilibre offre globale – demande globale à un niveau de prix plus élevé avec un niveau de produit global inférieur au niveau initial »3.

En effet, cette nouvelle théorie s’appuie sur l’hypothèse des anticipations rationnelles avec des auteurs comme John Muth (1961), Robert Lucas (1972), Robert Barro (1974). Les théoriciens des anticipations rationnelles estiment que les agents économiques anticipent les conséquences des décisions de politique économique et adaptent leur comportement en

1 Ibid. p 112.

2 Ibid. p 113

3 Document en ligne, P. Merrer, « Les débats actuels en économie monétaire », 2016, disponible à l’adresse : http://www.touteconomie.org/index.php?arc=dc001e. Consulté le 21/03/2017.

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conséquence1. En d’autre terme, ces anticipations sont considérées comme une conception d’après laquelle les agents prennent des décisions de manière optimale, en utilisant toute l’information disponible.

En outre, la nouvelle économie classique considère que l’économie est en état constant d’équilibre et donc que l’État doit abandonner tous les politiques discrétionnaires2.

C’est la raison pour laquelle la politique monétaire chez les nouveaux classiques est inefficace car toute modification de la quantité de monnaie est rationnellement anticipée et n’a donc aucun effet sur l’économie réelle (la production, l’emploi). Mais elles influencent le niveau général des prix et les salaires (l’inflation). Ainsi, cette nouvelle économie classique, l'économie possède un équilibre unique (avec plein emploi et pleine utilisation des capacités de production) et cet équilibre est atteint par un mécanisme d'ajustement des prix et des salaires3.

Par contre, pour la théorie des nouveaux keynésiens, une politique monétaire anticipée à un effet sur l’économie réelle, ces derniers ont accepté l’hypothèse d’anticipations rationnelles. Selon eux, une politique non-anticipée dans le cas d’une politique de relance ou bien d’une politique restrictive peut être efficace. Selon cette théorie, « les récessions sont provoquées par quelque grande défaillance du marché. Ainsi, la nouvelle économie keynésienne justifie-t-elle dans certains cas l'intervention du gouvernement en économie »4

En plus, cette théorie est caractérisée par la rigidité des prix et des salaires, qui entraînent des cycles d’affaires, renforcent les récessions, justifiées des politiques de stabilisation. Les partisans de la théorie des nouveaux keynésiens ont rejeté la flexibilité des prix et des salaires. Phelps et Taylor (1977), G. Mankiw (1985), Akerlof et Yellen (1985) mentionnent que les facteurs de rigidité des prix et des salaires peuvent être : le contrat de travail de longue durée, le coût d’ajustement de prix pour les entreprises.

Phelps & Taylor (1977) montrent que « la fixation des salaires est souvent déterminée sur une période donnée et définie à moyen terme. Ils sont donc rigides car ils n’évoluent pas en fonction des modifications du marché »5. Ainsi, Taylor (1980) considère que la rigidité s’explique

1 Yves Carsalade, « Les grandes étapes de l'histoire économique », Editions Ecole Polytechnique, 2002, p 319.

2 M. Montoussé et D. Chamblay (2005), Op cit p 226.

3 Document en ligne : disponible à l’adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_%C3%A9conomie_classique. Consulté le 21/03/2017.

4 G. Mankiw, « New Keynesian Economics », The Concise Encyclopedia of Economics, 2008, p 4.

5 E. Phelps et J. Taylor, « Stabilizing powers of monetary policy under rational expectations », Journal of Political Economy, 1977. Cité par G. Arnould, «Les nouveaux keynésiens », 2012. Document en ligne : disponible à l’adresse électronique : http://socioeconomie.skynetblogs.be/archive/2012/07/23/les-nouveaux-keynesiens.html. Consulté le : 21/03/2017.

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également par « le fait que les contrats sont renégociés de manière échelonnée dans le temps. Il y a donc un décalage entre les variations de prix et l’adaptation des salaires »1.

De tout ce qui vient d’être dit, on peut tirer la conclusion suivante : dans la vision de la nouvelle économie classique, une forte création de la masse monétaire n’influe pas sur les variables réelles mais génère de l’inflation. Par contre, une faible création de la masse monétaire est désinflationniste, mais elle n’a pas d’effet sur les variables réelles. Dès lors, la politique monétaire est non seulement inefficace à long terme mais également à court terme.

Par contre, pour la nouvelle économie keynésienne, la politique monétaire anticipée peut influencer l’économie réelle. Ainsi, une politique monétaire non anticipée peut être efficace.

Dans cette partie, nous avons essayé de donner un aperçu sur la politique monétaire chez les nouveaux classiques. Nous avons commencé par présenter les critiques de cette école concernant la politique monétaire des monétaristes. Nous avons évoqué, d’abord, que les anticipations des agents sont rationnelles et non pas adaptatives. Après, nous avons présenté que la politique monétaire est inefficace même à court terme et elle n’a donc aucun effet sur l’économie réelle.Dans ce qui suit, et après l’analyse des fondements théoriques de la politique monétaire selon les différentes visions tel que : la vision classique, keynésienne, monétariste et la vision de la nouvelle économie classique et la nouvelle keynésienne, nous étudierons la politique monétaire selon ses objectifs, instruments et canaux de transmission.

1 J. Taylor, « Aggregate dynamics and staggered contracts », Journal of Political Economy, 1980. Cité par G. Arnould, «Les nouveaux keynésiens », 2012. Document en ligne : disponible à l’adresse électronique : http://socioeconomie.skynetblogs.be/archive/2012/07/23/les-nouveaux-keynesiens.html. Consulté le : 21/03/2017.

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