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La vision Keynésienne de la politique monétaire

Section I : Les fondements théoriques de la politique monétaire

2. La vision Keynésienne de la politique monétaire

Keynes (1936) affirme que la monnaie joue un rôle déterminant à travers l’analyse globale de l’économie, elle permet d’une part de relier l’économie réelle à l’économie monétaire et, d’autre part, elle est en mesure d’influencer la production et l’emploi. Selon J. Manory (2009), suite à l’analyse de Keynes on peut dire que « l’importance essentielle de la monnaie découle essentiellement du fait qu’elle constitue un lien entre le présent et le futur »2.

Selon M. Montoussé (2007), depuis les trente glorieuses, les politiques économiques ont été inspirées de la théorie keynésienne. Selon cette théorie, il est possible d’utiliser la politique monétaire comme un outil à deux objectifs principaux : la relance ou de la stabilisation de l’économie. Donc, l’objectif final de la politique monétaire keynésienne s’exprime par un taux de croissance, ou un niveau d’emploi. Alors que, l’objectif intermédiaire est représenté par un niveau de taux d’intérêt3.

Par ailleurs, A. Bénassy (2004) souligne que le taux d’intérêt joue un rôle très important dans le pilotage de l’économie. Dans le cas où la banque centrale (autorités monétaires)

1 M. Montoussé, "analyse économique et historique des sociétés contemporaine", éditions bréal, Paris, 2007, p 231.

2 J Keynes, "théorie générale de l'emploi, de l'intéret, et de la monnaie", 1936, cité par J. Manory ,"des délices de l'inflation aux affres de la déflation: une lecture keynésienne de la crise", publication univ rouen havre, Paris, 2009, p 101.

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augmente la masse monétaire, c’est une politique monétaire expansive. Par contre, dans le cas où celle-ci baisse la masse monétaire, c’est une politique monétaire expansive1.

Dans le point ci-dessous, nous allons étudier la politique monétaire chez les keynésiens. Cette politique est considérée comme discrétionnaire, si elle est laissée à la discrétion des autorités monétaires. D’un côté, nous allons montrer que l’utilisation de la politique monétaire expansionniste a pour objectif de lutter contre le chômage et la relance de l’activité économique, et d’un autre côté que l’utilisation de la politique monétaire restrictive a pour objectif de ralentir l’activité économique et lutter contre l’inflation.

2.1.La politique monétaire chez les keynésien (politique discrétionnaire)

La vision keynésienne explique la dépression des trente glorieuses par une insuffisance de la demande globale (demande effective), le seul agent économique capable de sortir de cette dépréciation et de relancer l'économie est l’État. C’est ce qui explique que, la neutralité de l’État dans ces circonstances difficiles est inacceptable, parce que l’État devra intervenir afin de relancer la demande globale pour éliminer les restes de la crise.

Par conséquent, il faut utiliser une politique monétaire de relance, celle-ci est considérée comme l’augmentation de l'activité économique, elle stimule l’investissement et donc la hausse de la production et la lutte contre le chômage.

Plus généralement, la politique monétaire keynésienne utilisée est une politique discrétionnaire, elle est ajustable et réajustable au gré des circonstances économiques et financières, c’est-à-dire qu’elle alterne des décisions visant à relancer ou à stabiliser l’activité économique2. Quant à son utilisation, la politique discrétionnaire keynésienne est laissée à la discrétion des autorités en fonction de la conjoncture économique (augmenter ou diminuer les taux d’intérêt de façon contracyclique).

Dans le cadre de la vision keynésienne, la politique monétaire discrétionnaire est l’arbitrage entre l’inflation et le chômage, elle est déterminée en fonction du niveau de plein emploi et du niveau d’inflation.

Dans le cas où l’objectif est de lutter contre le chômage, l’État utilise une politique monétaire expansive (baisse du taux d’intérêt et création de monnaie), et une politique budgétaire expansive (augmentation des dépenses publiques et déficit budgétaire) pour la lutte contre l’inflation.

1 A. Bénassy, "politique économique", édition de boeck, Belgique, 2004, p 225.

2 L. Artige, "La politique monétaire ", université de Liège HEC, France, 2010, p 9-10.document en ligne. Disponible à l’adresse : www2.ulg.ac.be/crepp/profiles/artige/documents/Lapolitiquemonetaire.pdf. Consulté le 25/02/2015.

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Par contre, lorsque l’objectif est la lutte contre l’inflation, l’État utilise une politique monétaire restrictive (hausse des taux d’intérêt et limitation de la création monétaire) et de politique budgétaire restrictive (augmentation des impôts et excédent budgétaire). Donc, c’est une combinaison de la politique monétaire et une politique budgétaire. Cependant, l’objectif intermédiaire de la politique monétaire keynésienne est le taux d’intérêt.

D’une manière générale, on peut distinguer par la suite, de la vision keynésienne et en particulier à la politique discrétionnaire, deux types de la politique monétaire à savoir : la politique monétaire expansive et la politique monétaire restrictive.

2.1.1. Politique monétaire expansive (politique de la relance économique)

Dans le cas où les autorités monétaires désirent la relance économique, elles diminuent le taux d’intérêt afin de stimuler l’investissement : c’est le cas d’une politique monétaire expansive. Elle peut être représentée selon le schéma suivant :

Figure 16: Politique monétaire expansive

Source : G. Jacoud. "L'Europe monétaire." édition Armand Colin, Paris, 2006, p 72.

D’après la Figure ci-dessus, nous remarquons que l’offre de la monnaie (Mo1) se déplace vers (Mo2) à cause de l’augmentation de la masse monétaire. Comme le note M. Montoussé et D. Chamblay (2005), « la politique monétaire expansive favorise le crédit et la création monétaire. Elle stimule la consommation et l’investissement, mais elle est inflationniste »1. De leur côté, Y. Metay et C. Rudelle (2006) soulignent qu’une politique monétaire expansive est une politique consistant à baisser les taux d’intérêt afin de relancer l’activité économique en injectant des liquidités sur le marché2.

1 M. Montoussé et D. Chamblay, "100 fiches pour comprendre les sciences économiques", édition bréal, Paris, 2005, p 188.

2 Y. Metay et C. Rudelle, "économie-droit ", éditions bréal, Paris, 2006, p 126.

(i Min) Trappe de liquidité

(ie) Taux d’intérêt Demande de la Monnaie Mo1(Offre de la monnaie) Mo2 (Offre de la monnaie) Md (la demande de la monnaie)

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Compte tenu de ces différents éléments, on déduit que la politique monétaire expansive est considérée comme une augmentation de l’offre de monnaie, c'est-à-dire que la banque centrale augmente la masse monétaire, qui se traduit effectivement par une baisse du taux d’intérêt et une hausse de l’investissement. Pour cela, leur objectif est de relancer l’activité économique, c’est-à-dire stimulera la demande globale par une baisse du taux d’intérêt et provoquera des embauches (hausse d’emploi).

Parfois même, la politique monétaire sera inefficace, si l’offre de la monnaie augmente jusqu'à un certain seuil (au point d’entrer dans la trappe à liquidité), Aussi, le taux d’intérêt reste constant et ne diminuera pas malgré la continuité d’augmentation de l’offre de la monnaie.

2.1.2. Politique monétaire restrictive (Ralentir l’économie)

Dans le cas où les autorités monétaires désirent ralentir l’activité économique, elles augmentent le taux d’intérêt afin de freiner l'investissement, c’est le cas d’une politique monétaire restrictive. Elle peut être représentée selon le schéma suivant :

Figure 17: Politique monétaire restrictive

Source : G. Jacoud. "L'Europe monétaire." édition Armand Colin, Paris, 2006, p 74.

D’après la Figure ci-dessus, nous remarquons que l’offre de la monnaie (Mo1) se déplace vers (Mo3) à cause d’une diminution de la masse monétaire. Comme le note M. Montoussé et D. Chamblay (2005), « une politique monétaire restrictive lutte contre l’inflation en modérant le crédit et la création monétaire »1. De leur côté, Y. Metay et C. Rudelle (2006) stipulent qu’une politique monétaire restrictive est une politique qui consiste à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux élevés pour maîtriser les liquidités sur le marché2.

De ce qui précède, on voit bien que la politique monétaire restrictive est considérée comme une baisse de l’offre de monnaie, c'est-à-dire que la banque centrale diminue la masse monétaire, qui se traduit effectivement par une hausse du taux d’intérêt et une baisse de

1 M. Montoussé et D. Chamblay (2005), Op.cit p 188.

2 Y. Metay et C. Rudelle (2006), Op.cit p 126.

(i2)

(ie) Trappe de liquidité

Taux d’intérêt Demande de la Monnaie Mo1(Offre de la monnaie) Mo3(Offre de la monnaie) Md (la demande de la monnaie)

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l’investissement. Pour cela, leur objectif est de freiner la demande globale par une hausse du taux d’intérêt et la lutte contre l’inflation, cette hausse est obtenue par la réduction de l’offre de monnaie. Donc c’est la diminution de la quantité de la monnaie dans l’économie.

De ce fait, il est important de souligner que la politique monétaire discrétionnaire peut être utilisée pour contrôler soit la masse monétaire soit le taux d'intérêt, mais pas les deux en même temps. Ainsi, on peut dire que la politique monétaire keynésienne présente un dilemme.

2.2.L’efficacité de la politique monétaire (politique discrétionnaire)

Selon L. Daniel et M. Ruimy (2013), l’efficacité d’une politique monétaire keynésienne dépend de la réalisation de certaines conditions1 :

- L’accroissement de l’offre de monnaie doit conduire à une baisse du taux d’intérêt. Mais cette condition n’est pas toujours vérifiée (Trappe de liquidité), c’est-à-dire une situation dans laquelle, la politique monétaire est inefficace dans la mesure où le taux d’intérêt est arrivé au plancher zéro.

- La baisse des taux d’intérêt et l’augmentation de l’offre de monnaie peuvent contribuer à relancer la demande. Toutefois, les contraintes du côté de l’offre doivent être prises en compte pour limiter au mieux l’inflation parce qu’un accroissement de la masse monétaire peut se traduire, à la fois, par une augmentation des prix et de la production. - Comme l’efficacité de la politique monétaire est soumise à des conditions, les

keynésiens appréhendent la politique monétaire comme un instrument d’accompagnement de la politique budgétaire, c’est pourquoi les autorités monétaires doivent privilégier la politique mixte ou (le Policy mix).

Dans cette partie, nous avons essayé de mettre en lumière la vision Keynésienne de la politique monétaire. Nous avons montré que la politique monétaire keynésienne utilisée est une politique discrétionnaire. Par conséquent, nous concluons que cette politique peut être utilisée pour contrôler soit la masse monétaire soit le taux d'intérêt en utilisant une politique monétaire expansive ou restrictive, mais pas les deux en même temps. Dans la partie suivante, nous allons essayer d’illustrer la vision de la politique monétaire chez les monétaristes.