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Des points de comparaison – un corpus à composition contrôlée

1. Le cadre professionnel

2.5. Conclusion - un bilan encourageant à développer 127

2.6.2. Des points de comparaison – un corpus à composition contrôlée

Face à la nature aléatoire de la composition du corpus principal, il a été décidé de constituer un corpus complémentaire d’édifices pour tenter de répondre à deux questionnements en même temps : d’une part pour la problématique définie dans le deuxième volet de l’étude et pour faire des points de comparaison pour les édifices du premier corpus. Il a donc fallu définir une zone géographique et des critères de sélection des édifices afin de garantir une certaine homogénéité.

Compte tenu de l’orientation de ce volet de l’étude, il a été décidé de définir la zone d’étude en fonction de la géologie et des réseaux hydrographiques (fig. 9, 31, 32). Au début du travail, la zone d’étude devait comprendre la partie sud des départements de l’Indre et du Cher, couvrant donc la partie méridionale de l’ancien duché du Berry, une entité politique et culturelle cohérente.

Au fur et à mesure de l’avancement des recherches et des prospections, l’auteur s’est rendu compte de l’énormité de la tâche et a donc décidé de concentrer les efforts sur le sud du Bas-Berry, ce qui correspond plus ou moins à la partie sud du département de l’Indre.

La zone définie consiste pour l’essentiel en les hautes vallées de l’Indre, de la Bouzanne et de l’Igneraie qui traverse les terrains du socle granitique, les formations secondaires et les dépôts sédimentaires jurassiques. Elle est délimitée à l’est par la vallée de l’Indre et au sud par la haute

139 La maison de la rue d’Olmor à La Châtre (36) dont les vestiges furent signalés à la DRAC pendant des travaux de réhabilitation. On pourrait éventuellement inclure la maison de la Place Planchat à Bourges (18) car la prescription pour celle-ci était motivée par la localisation du site dans une zone archéologiquement sensible, mais sans protection juridique autre que celle accordée en principe à tout vestige archéologique non découvert.

vallée de la Creuse et de la Petite Creuse. En allant vers l’ouest, l’emprise comprend les hautes vallées de la Sedelle, de l’Abloux et de l’Anglin, délimitée par la Benaize à l’ouest. La limite nord est formée par les basses vallées de la Creuse et de la Bouzanne et la confluence du Vauvre et de l’Indre (fig. 9, 31, 32).

Cette emprise forme une bande de 90 km environ est-ouest sur 40 km environ nord-sud, couvrant les extrémités sud de l’Indre et nord de la Creuse avec une petite portion du Cher. Pour le Moyen Age, cette étendue chevaucherait les zones frontalières du Berry et de la Marche, délimitée par le Poitou à l’ouest et le Bourbonnais à l’est. En ce qui concerne l’intérêt archéologique, cette emprise contient déjà six des sites du corpus principal ainsi que l’agglomération antique d’Argentomagus qui a fait l’objet de recherches archéologiques très poussées et en lien avec ce présent sujet (fig. 9).

Cette étendue géographique oblige à faire une sélection des édifices à étudier. Dans l’impossibilité matérielle d’analyser en détail tous les aspects du sujet sur tout le territoire, l’importance de la zone retenue permet de mener des études ponctuelles plus détaillées en fonction de la qualité des données historiques et archéologiques disponibles.

Les critères de sélection ont été définis en fonction des besoins pratiques : l’état de conservation, l’accessibilité, l’homogénéité et l’existence d’une documentation historique et archéologique. Ce sont donc les églises paroissiales ou celles appartenant à des établissements monastiques (abbayes, collégiales et prieurés) qui correspondent au mieux à ces critères. Elles sont quasiment les seules constructions connues pour le XIe siècle et sont très fréquentes pour les XIIe et XIIIe siècles. Contrairement à beaucoup de régions, le Berry conserve un riche patrimoine roman mais n’a guère participé à la « révolution gothique ». Hormis la collégiale Saint-Sylvain de Levroux, en dehors de l’emprise stricte de l’étude, les constructions majeures des XIIIe, XIVe et XVe siècles sont assez rares, même si de nombreux édifices ont été modifiés par l’ajout de chapelles ou par des divers travaux pendant cette période.

La relative pérennité des églises fait que ces édifices ont souvent subi des transformations plus ou moins importantes tout au long de leur vie : d’un côté, c’est la garantie d’une stratigraphie plus ou moins complexe qui pourrait receler des évolutions à la fois dans l’approvisionnement des chantiers et dans les techniques de construction. De l’autre côté, c’est encourir le risque de se trouver en face d’un monument trop transformé ou trop restauré pour être exploitable par l’archéologue. La « gamme » des édifices présents autorise également une comparaison entre des constructions fortes modestes et des réalisations plus prestigieuses. Complément à l’architecture des édifices cultuels, le contexte monastique peut offrir des bâtiments annexes qui relèvent des domaines domestique ou utilitaire. Leur état de conservation est très aléatoire.

Si les églises paroissiales forment la majeure partie de ce corpus, l’étude porte également sur les constructions des élites laïques : un corpus potentiellement important composé d’une grande variété de constructions : des résidences de type « manoir » guère plus imposantes qu’une grande maison de ville jusqu’aux ensembles castraux importants, en passant par les diverses maison fortes et petits châteaux. Avec leurs différents niveaux d’équipements défensifs, domestiques et économiques, l’étude des techniques de construction par rapport aux niveaux

d’importance sociale de leurs commanditaires est un axe de recherche prometteur. Les grands ensembles castraux conservés sont très peu nombreux et, dans l’état actuel des connaissances, datent pour l’essentiel des XIIe et XIIIe siècles au plus tôt. En revanche, les XIVe et XVe siècles devraient être plus riches pour cette architecture à la fois domestique et défensive : la multiplication de manoirs, de maisons fortes ou de petits châteaux, que ce soit des créations nouvelles ou des reconstructions, conduit à une surreprésentation de cette catégorie de bâtiments.

Dans la pratique, ces constructions sont peu représentées dans le corpus à cause de leur accessibilité généralement limitée : ce sont essentiellement des propriétés privées. Les rares édifices prospectés pendant le travail de terrain ont donné un aperçu du potentiel de ce type de bâtiment pour les problématiques de l’archéologie de la construction, mais leur étude nécessite un long travail relationnel avec les propriétaires. Cette même réserve s’applique aux habitations urbaines, que ce soit dans les grandes villes ou les petits bourgs – l’accès à l’objet de l’étude se heurte au respect de la propriété privée. Dans les deux cas, le potentiel archéologique est très élevé mais l’étude d’un tel corpus s’inscrirait mieux dans le contexte d’un programme de recherches mené par une équipe et sous l’égide d’une institution quelconque.

Finalement, les ensembles architecturaux à vocation exclusivement défensive comme les enceintes urbaines n’ont pas été retenus. Ces objets archéologiquement complexes car agrandis, renforcés et réparés pendant plusieurs siècles, présentent un intérêt particulier pour notre sujet de recherche. Cependant, les enceintes étaient souvent en mauvais état à la fin de la guerre de Cent Ans ou après les guerres de Religion. Devenues inutiles ou d’un entretien trop coûteux, elles ont souvent disparu et les tracés ne sont pas toujours connus avec précision. Les éléments subsistants sont souvent mal datés ou simplement indatables, réduisant la valeur de ces vestiges pour l’étude.

Au final, ce corpus complémentaire est composé de 37 sites, dont 27 églises, 7 châteaux et 4 habitations diverses (fig. 33). Des églises, 14 sont paroissiales ou sont associées à un établissement monastique quelconque (7) et 2 sont des chapelles isolées. Les châteaux sont essentiellement des grandes résidences seigneuriales dont les dispositifs défensifs sont plus conséquents que de simples symboles du pouvoir. Plusieurs de ces sites s’apparentent aujourd’hui à de grands manoirs ou maisons fortes mais étaient, à l’origine, des ensembles beaucoup plus importants avec courtine, tours et fossés. Les églises sont presque toutes des édifices paroissiaux mais plusieurs possédaient un double statut dans la mesure où elles appartenaient à un chapitre de chanoines ou à un prieuré. Les habitations diverses consistent en des maisons urbaines dans des petits bourgs, incluses dans le corpus en raison de leur bon état de conservation.