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2. Les modèles de production écrite

2.2 Les modèles non linéaires

2.2.3 La mise en œuvre du processus d’écriture

2.2.3.1 La planification

Dans cette étape, le scripteur confronte les objectifs qu’il cherche à atteindre, génère des idées, récupère et organise les données de la mémoire à long terme (MLT) correspondante à la tâche. Autrement dit, la planification du texte est comprise comme une stratégie visant à réaliser des actions proposées pour un but. Le texte doit être adapté à la situation et doit être traité comme une progression d’états, de connaissances intellectuelles, émotionnelles, sociales, etc. La planification doit être pertinente avec l’objet de l’écriture, les ressources et les matériaux, avec les actions et événements, afin de permettre la résolution des problèmes. La planification comprend des degrés de motivation et de décision pour la préparation du texte.

Ces degrés incluent trois composantes qui facilitent la planification à partir de l’analyse du thème, de l’objectif et de la rédaction, avec l’intention d’informer et convaincre (Caccamise, 1987). Il s’agit de la récupération, de la production (generating), et de la sélection (organizing) et l’évaluation des idées. La première va accomplir une fonction essentielle dans le processus en définissant le plan de rédaction en fonction de l’information fournie par la mémoire à long terme et ce que nous obtenons à partir de la tâche à exécuter. Il permettra de guider la mise en texte.

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a) La récupération des idées

Les idées sont stockées dans la mémoire à long terme. Selon Gaonac’h & Larigauderie (2000: 48), ce qui rend possible la récupération de la mémoire à long terme est l’interaction entre les indices originaires de l’environnement cognitif du sujet et un plan de récupération fixé en mémoire, issu du traitement effectué au cours de l’apprentissage. Le sujet développe la mémoire à long terme au cours de ses différents apprentissages. Elle a pour fonction de stocker définitivement les informations acquises, ainsi que de récupérer les informations stockées qui ne sont pas traitées directement, contrairement à ce qui se passe avec l’information provenant de la mémoire à court terme. Donc, si nous nous concentrons sur la production, il est important d’activer rapidement les informations que nous avons dans la mémoire à long terme (Anderson, 1982). L’activation de cette information est parfois affectée par les difficultés rencontrées en essayant de se souvenir du thème de manière détaillée. Alors, quand une personne essaie de se rappeler des informations précises, qui ont été stockées, elle s’appuie sur la création d’un environnement qui l’aide à la mémoriser. Il existe un risque de perdre une partie de l’information au cours du processus de récupération dans la mémoire à long terme.

Selon Baddeley (1990), il n’est pas possible de récupérer toutes les informations situées dans la mémoire à long terme, pour l’atteindre il est indispensable de connaître l’accès qui facilite sa récupération et sa disponibilité, ce qui nous conduit à vérifier si elle est stockée dans la mémoire à long terme. Par ailleurs, Denhiere & Baude (1989) notent que l’activation des concepts sémantiques dans la mémoire à long terme est mise en œuvre grâce à la construction d’un indice de récupération, en fonction de ce que ces modèles soulèvent.

Il reste encore un doute concernant l’information stockée dans la mémoire à long terme. Contribue-t-elle à la construction d’arguments ou est-elle simplement un élément qui n’a de valeur que dans la mesure où le scripteur est

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capable de prendre une position sur la question qui va être traitée ? En conséquence, le scripteur doit approfondir ses connaissances et connaître le thème de façon qu’il puisse activer aussi de l’information nécessaire qu’il a dans la mémoire à court terme - ou mémoire de travail et qui permet de donner de la valeur argumentative à l’information stockée dans la mémoire à long terme, favorisant ainsi la construction de bons arguments.

b) La production d’idées dans l’exercice de rédaction

Dans ce processus, les idées que nous avons en mémoire peuvent être récupérées en trois étapes. La première est identifiée dès l’utilisation d’une sonde mémorielle (Raaijmakers & Shiffrin, 1981) qui active la première information et continue de récupérer les suivantes, produisant une réaction en chaîne d’associations des éléments. Les deux autres étapes permettent d’évaluer l’information récupérée pour la traduire en mots au moment de la rédaction ou la conserver dans la mémoire de travail pour l’utiliser autrement pendant le processus d’écriture (Bereiter & Scardamalia, 1987; Hayes & Flower, 1980).

Le processus décrit précédemment est connu sous le nom de generating (Hayes & Flower, 1980). Bien qu’il permette la récupération des idées de la mémoire à long terme, il est nécessaire de travailler sur la réorganisation et la restructuration de l’information, selon son niveau d’importance, en tenant compte du destinataire et de l’état de la production, ce qui oblige à changer l’ordre dans lequel les idées sont récupérées (Fayol, 1991). Un autre facteur qui intervient est la façon dont s’organisent les idées dans le processus; cette activité va soutenir la planification par une bonne sélection de l’information.

c) La sélection et l’évaluation des idées

Ce processus permet de mettre les idées en ordre. Il se développe selon le principe des relations sémantiques préalables qui les unissent; il permet en même

65 temps la création d’autres relations entre elles au moment de la récupération (sélection de l’information appropriée) ou de l’organisation du plan qui va permettre la définition du contenu du texte.

Comme le reconnaissent Flower & Hayes (1980), le bon sens et l’efficacité dans la recherche amènent les scripteurs à faire évoluer le plan en permanence (écrivent, réécrivent) pendant la rédaction du texte, sans que ce soit par étapes clairement identifiables. Cela met en évidence le concept de l’écriture comme processus (et pas seulement comme produit). Aussi, la meilleure façon de comprendre le processus de l’écriture consiste à étudier un scripteur pendant qu’il écrit (observer et décrire ce qu’il dit et ce qu’il fait alors: protocoles de pensée à haute voix).

Les notes et le texte du scripteur permettent de voir non seulement l’écrit fini, mais aussi la plupart des processus intellectuels qui ont contribué à le produire. Les protocoles sont donc de riches outils de travail. En même temps, selon les affirmations de nombreux auteurs, en particulier dans le domaine littéraire, l’écriture semble parfois être un acte de découverte fortuite (Flower et Hayes, 1980).