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Les difficultés philosophiques

1. La dissertation générale

2.1 Les difficultés philosophiques

La première difficulté que rencontre le scripteur, quand il développe cet exercice, est celle de comprendre que la dissertation philosophique doit être une discussion surtout philosophique; elle est l’union de la pensée et l’écriture. Elle

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est un exercice complexe et singulier, qui a besoin d’un bon entrainement pour réussir son apprentissage et en conséquence sa maitrise. Mais dans quelles conditions est-elle spécifiquement philosophique ?

« La maitrise de la dissertation ne consiste pas en donner la bonne réponse, mais d’en donner de manière ordonnée, compréhensible et bien justifiée des arguments dans la présentation d’une problématique philosophique » (Prime, 2011: 23).

La dissertation philosophique, dans sa particularité, exige la connaissance d’un langage technique. La pensée et le langage ne sont pas indépendants. Pour penser en termes philosophiques, il est nécessaire de maitriser le langage du domaine et d’adapter la manière de penser aux exigences de la philosophie.

Pourtant, le scripteur ne doit pas confondre la maitrise du langage avec la connaissance du jargon. Utiliser des termes techniques ne signifie pas que le scripteur les maitrise en tant que notions ou concepts, parce qu’au-delà d’être justement un mot ils ont un sens qui apporte une signification. Il faut se rappeler que la dissertation philosophique a pour but d’exposer des conditions d’intelligibilité et compréhension d’un problème philosophique.

« C’est un texte écrit destiné à être lu et surtout corrigé: il doit aussi répondre aux exigences de lisibilité d’un texte, à celles de son autonomie de sens de sa « suffisance » (au sens où un texte doit se suffire à lui- même) » (Folscheid & Wunenburger, 1992: 154).

De cette façon, il est évident que le langage et le jargon jouent un rôle très important dans la rédaction d’une dissertation philosophique parce qu’il est indispensable de maitriser le langage technique de la discipline pour bien construire une discussion philosophique. Un autre aspect de cette dissertation qui

97 demande beaucoup d’attention est le sujet philosophique, parce qu’il est le point de départ de la réflexion.

2.1.1 Le sujet philosophique

Il est l’élément principal qui ouvre le chemin à l’exercice de la pensée philosophique. Il permet de commencer la réflexion, il est le maitre qui guide toute la discussion. Il donne des possibilités de se questionner, de construire une problématique, un raisonnement et une argumentation. Cependant, il ne doit pas être considéré en tant qu’un élément de transformation qui facilite le chemin de la dissertation, parce que cela serait une erreur, chaque sujet a sa propre démarche (Castello, Bañales & Vega, 2011).

Même si le sujet semble difficile, il est possible de le résoudre parce que toute dissertation a une possibilité d’être résolue, dans les limites de sa propre exigence. Sans oublier que cet exercice philosophique demande la conviction du scripteur dès qu’il possède tous les éléments nécessaires pour le développer. En conséquence il est indispensable de mettre toute l’attention sur le sujet pour éviter des confusions et être hors du sujet: par exemple les énoncés « Qu’est-ce qu’un homme ? » et « Qu’est-ce que l’homme ? » peuvent avoir comme résultat une confusion dans l’interprétation du sens. Il faut rendre compte de la ponctuation pour éviter une réflexion hors sujet, par exemple dans la phrase de Théodore Monod: « L'arme nucléaire, c'est la fin acceptée de l'humanité. ». Elle peut changer de sens si la place de la virgule change: « L'arme nucléaire c'est la fin, acceptée de l'humanité. »De même, il est important de reconnaître les classes de sujets qui peuvent être proposés dans la dissertation philosophique.

2.1.2 Les classes des sujets

L’expérience philosophique et pédagogique donne quatre formes différentes d’énoncer ou de présenter le sujet d’une dissertation.

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a. Une notion: celle-ci est le sujet le plus simple, mais avec un problème. L’énoncé donné est par exemple « l’ordre » ou « la violence ». Le problème de ce type de dissertation est qu’il n’existe pas intrinsèquement une interrogation ou une problématisation comme telle, il est très général. Cependant il est possible de commencer par la définition du concept et d’établir les différences conceptuelles, par exemple, avec l’opposition: « l’ordre » - « le désordre ».

b. Plusieurs notions: Ce cas est plus complexe, mais moins compliqué, car il est moins général. Il est similaire au cas antérieur. L’énoncé proposé est par exemple: « l’ordre et le désordre ». Dans ce cas, il est possible d’ajouter un point d’interrogation: Ordre ou désordre ? Même le point d’interrogation peut disparaitre et être remplacé par une virgule : Le moi, le monde et Dieu. Dans ce cas, il est aussi possible de commencer avec les définitions des concepts ou d’établir les différences qui existent entre eux.

c. La question: Ce cas a un niveau plus haut d’exigence, parce que l’analyse des questions a de nombreuses possibilités, ce qui rend plus extensif et difficile le travail de la problématisation et de la sélection d’idées. À cette difficulté s’ajoute la possibilité que tout énoncé soit susceptible d’être interprété comme une question, qu’elle soit implicite ou explicite. Ainsi, l’énoncé, « Qu’est-ce que l’ordre ? » est aussi une variante de l’énoncé « L’ordre ». Ce type d’énoncé est une formulation fréquente dans la dissertation philosophique.

d. La citation: Celle-ci est la plus complexe, mais elle est moins fréquente. Sa complexité part de la citation en elle-même, parce qu’elle est composée de beaucoup d’éléments qui interviennent dans l’analyse, ce qui multiplie les possibilités de raisonnement d’une manière non mesurable. Dans ce cas, le scripteur doit commencer par comprendre et expliquer la phrase de la citation dans sa totalité. C’est-à-dire se demander à propos de l’affirmation ou de la négation, des termes qui la composent et des raisons qu’elle expose. En plus, le scripteur doit justifier l’affirmation et montrer pourquoi X a raison de dire cela, sans penser une autre possibilité. Après il peut commencer sa réflexion.

99 À toutes ces exigences s’ajoute la nécessité pour le scripteur de se rendre compte de l’utilisation des guillemets, bien lire l’énoncé qui vient avec la citation qui n’est pas proposée sans raison.

En général, nous pouvons affirmer que cette dissertation travaille sur la réflexion d’un sujet philosophique. Elle exige un raisonnement très organisé et bien soutenu, en sélectionnant le langage propre du domaine, de manière à ce qu’il apporte une réponse précise au problème à partir des concepts et des éléments de doctrines philosophiques.

Le plus important est de savoir identifier le sujet pour faire l’analyse correcte, parce que ce travail va faciliter la sélection des éléments qui vont apporter à la correcte construction du plan et en conséquence de la discussion.