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Encadré 6. Plan du Chapitre

2. Consultation de base de données, du minitel ou de sites internet au prix de la communication

1.2. Des pistes pour réduire ces coûts

Au- delà de l’énumération des sources de coûts liés au lobbying, une réflexion peut être menée sur les moyens de réduire ces pertes. Les deux pistes évoquées ici ont un objectif commun : la réduction de l’imperfection de l’information.

1.2.1 L’internalisation du marché politique par l’entreprise

Boddewyn et Brewer (1994) soulignent que le stade ultime de partenariat (qui peut être une des formes de lobbying) entre l’entreprise et les décideurs publics réside dans l’internalisation par la firme du marché des décisions politiques (qu’ils dénomment produits intermédiaires pour l’entreprise). Concrètement, cela implique que les décideurs publics soient des agents de l’entreprise directement incorporés dans sa hiérarchie interne. Dans la

pratique une internalisation totale est rare. On pourra citer par exemple le cas des républiques bananières d’Amérique centrale ou encore les entreprises qui dirigeaient les comptoirs des Indes de l’Est. De tels exemples sont peut fréquents car ils sont restreints par la loi, coûteux en termes d’efficience et de légitimité, relativement peu flexibles, et cela même si la relation est occasionnelle.

Cependant, des formes alternatives de contractualisation partiellement interne entre les entreprises et les décideurs publics peuvent être envisagées. Elles permettent une réduction des coûts de transactions et d’agence liés au lobbying et que nous avons détaillés précédemment. En effet, mis à part la corruption financière, il existe de multiples moyens pour impliquer les décideurs publics dans santé d’une entreprise tout en leurs fournissant une information crédible pour leurs prises de décision. Ainsi, le progrès technique, l’emploi, les exportations, la formation de capital, les contributions politiques ou encore la considération personnelle, sont autant de produits de l’entreprise susceptibles d’intéresser directement les gouvernants. Ils sont en effet des sources réelles de création de valeur économique pour les deux parties prenantes. Dans de telles situations, l’entreprise pourra donc considérer les décideurs comme un facteur de production et les incorporer dans leur structure de production sous la dénomination de « partenaires ».

1.2.2 La confiance, réductrice des coûts du lobbying ?1

Certaines études en science de gestion s’intéressent au rôle de la confiance (définie par Coriat, 1995, comme « un acte conforme à l'intérêt mais qui s'accompagne d'un risque

assumé, dans un univers non probabilisable ») en tant que réducteur des coûts de transaction et des coûts d’agence. De même, dans l'optique de l'encastrement de l'entreprise dans son environnement, Granovetter (1994) met l'accent sur le rôle des relations personnelles et des structures de réseaux pour encourager la confiance et minimiser les coûts des actions des entreprises. Ainsi, l'information par relation est de meilleure qualité, moins coûteuse, plus détaillée et plus fiable.

Pourtant, la théorie de l’agence comme la théorie des coûts de transaction ne supposent pas explicitement l’existence de la confiance. En effet, les incitations dans le premier cas et l’intégration verticale dans le second doivent suffire à réduire l’incertitude…. dans la mesure où les coûts de contrôles sont inexistants et la marge de manœuvre des acteurs nulle… ce qui est rarement le cas pour une action de lobbying. En outre, dans un univers d’incertitude radicale (non probabilisable) le rôle de la confiance n’est plus discutable. Certains problèmes politiques se posent en ces termes. C’est pourquoi, des actions de lobbying peuvent être réalisées de manière totalement informelle voire occulte par le biais de relations personnelles

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garantissant une certaine confiance. Dès lors, la confiance permet d'augmenter la prévisibilité des comportements mutuels par le biais d'engagements honorés, tout en facilitant le traitement des contingences imprévues d'une manière mutuellement acceptable. Un certain nombre de scandales politico-judiciaires1 nous amènent cependant à penser que cet argument doit être nuancé. Un seuil optimal de relations personnelles ne doit sans doute pas être dépassé.

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Tableau 4. Principaux travaux focalisés sur les coûts du lobbying

Références Sujet Problématique Hypothèses Méthode Résultats

De Figueiredo et Tiller, 2001

Tentative d’explication du volume et de l’organisation différenciés du lobbying collectif chez les petites et les grandes entreprises.

Les théories de l’action collective et des coûts de transactions expliquent- elles les différents comportements observés ?

Les questions d’action collective et de coûts de transaction sont interdépendantes.

Analyses quantitatives sur 900 actions de lobbying concernant 101 questions traitées par la Commission fédérale des communications en 1998.

Les deux théories citées sont compatibles avec la réalité observée pour les grandes entreprises mais pas pour les petites.

Getz, 1993 Etude du choix des

stratégies d’action politique des entreprises en fonction des différentes situations dans lesquelles elles se trouvent.

Dans quelles conditions un type de lobbying

particulier est-il choisi ?

Les décideurs sont considérés comme des agents rationnels

Analyse systématique (personnelle + critique de la littérature) sous l’angle de la théorie de l’agence et établissement d’une typologie.

Le choix d’une stratégie d’action politique dépend de la cible politique à atteindre, de la nature du problème à traiter (domaine de politique publique concernée, stade d’évolution du problème dans son cycle de vie), des problèmes d’agence en résultant pour l’entreprise, de facteurs organisationnels et sectoriels. Kaufman, Englander et Marcus, 1993 Etude de la décision concernant l’internalisation ou l’externalisation des activités de lobbying.

Comment la théorie des coûts de transaction et la théorie de l’agence peuvent-elles permettre de déterminer la structure de lobbying la plus efficiente ? La prise de décision en matière de lobbying serait entièrement rationnelle (pas de biais cognitifs ou de rationalité limitée du manager).

Revue de la littérature et construction d’un modèle théorique.

La théorie des coûts de transaction donne une réponse économique à la question mais elle ne prend pas en compte les aspects politiques et sociaux du problème. Elle doit donc être complétée par la théorie de l’agence.

Keim et Baysinger, 1993 Analyse de l’efficacité des

actions politiques des entreprises sous un angle théorique.

Quelles sont précisément les conditions qui affectent l’efficacité de l’action politique des entreprises ?

La prise décision législative engendre plusieurs relations d’agence.

Il est possible de comparer le marché politique à un marché de biens et de services.

- Théorique : étude de la littérature, en particulier celle sur la relation d’agence - Construction d’un modèle de prise de décision publique

Il existe 3 conditions communes à tous les marchés : les éléments de la stratégie doivent être : -créateurs de valeur ; - difficilement imitables ; - soutenus par des

ressources, un management et une organisation

Références Sujet Problématique Hypothèses Méthode Résultats

Keim et Zeithaml, 1986 Etude théorique de

l’efficience des différentes stratégies d’action

politiques des entreprises.

Les différentes stratégies d’action politique des entreprises sont-elles toujours efficientes ?

Tentative de théorisation des comportements toutes choses égales par ailleurs, en particulier en ne tenant pas compte des interactions entre les différents acteurs et du problème de la durée de l’action politique de l’entreprise.

Théorique : revue de la littérature, élaboration d’un modèle général des décisions politiques et typologies des différentes stratégies des entreprises dans différentes situations politiques.

Il existe 5 grandes stratégies d’action politique des entreprises qui ont des efficacités différentes suivant la situation politique concernée ou non par une problématique particulière sur laquelle les électeurs peuvent être en accord ou non.

Lee, 1985 Etude des conditions dans

lesquelles le lobbying (ou la recherche de rente) peut être efficient pour la société.

Quel est le niveau optimal du coût marginal du lobbying (autrement dit quel est le volume optimal de lobbying) qui maxime la création de richesse nette en résultant pour la société ?

- Le first best ne pourrait être atteint qu’en information imparfaite, il faut donc rechercher un second best. - Un quart des activités de recherche de rente produisent directement une perte sociale (activité privée inefficiente), les trois quarts restant peuvent être créateurs de valeur.

Modélisation mathématique et graphique sur la base de la courbe de demande de production par l’Etat.

- Il existe un coût optimal entre un coût très élevé qui sera prohibitif même si l’existence de la rente est créatrice de valeur et un coût très faible si les activités de l’Etat étaient quasiment efficientes.

- Ce coût doit être pris en compte dans l’activité privée pour évaluer le domaine d’activité efficient de l’Etat qui pourrait donc se révéler plus étendu.

Mitnick , 1993 Etude de la relation

d’agence appliquée à la régulation (et donc au lobbying).

Quelles sont les raisons qui engendrent la création d’une relation d’agence, en particulier pour des problèmes de régulation ? Généralisation possible du modèle. Théorique : revue de la littérature et construction d’une typologie.

La relation d’agence peut être instaurée :

- au niveau des relations individuelles ou au niveau du système collectif ; - pour ses bénéfices propres ou pour les effets qu’elle produit sur des tiers.

2. Une approche par la performance

« A l’évidence, le mot performance appartient à la famille des termes polysémiques ou

polythétiques, parfois appelés « mots-valises » ou plus brutalement « mots-éponges » : toutes ces expressions servent à désigner des mots dont le sens très largement contextuel permet une large gamme d’interprétations » (Bourguignon, 1996). C’est pourquoi, cette notion mérite que nous lui accordions quelques réflexions en préambule avant d’analyser la littérature consacrée à l’évaluation de la performance du lobbying.

2.1. Quelques remarques en préambule sur la notion de performance

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