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Chapitre 5 L’ APPLICATION DE LA TAXONOMIE DU LOBBYING AUX CAS FRANÇAIS ET ANGLAIS

1. Préambule sur la méthode d’analyse des données appliquée au lobbying

2.1. Le choix d’une source principale : les journaux nationaux « de référence »

Les modalités des différentes variables caractérisant les actions de lobbying ont été déterminées par la consultation de trois journaux de référence : la Tribune et les Echos pour les entreprises françaises, le Financial Times pour les entreprises anglaises. Le choix d’une telle source d’information peut paraître surprenant de prime abord. Il convient donc d’y consacrer quelques développements.

2.1.1 Pourquoi la presse ?

Plusieurs sources d’information sur les actions de lobbying existent, à l’intérieur comme à l’extérieur des entreprises. Nous avons choisi de recourir à une source externe : la presse.

a. Une source de données primaires cohérente avec le protocole de recherche Des données secondaires sur le lobbying récent des entreprises françaises et anglaises n’existent pas. L’objectif de nos travaux est précisément de remédier (au moins en partie) à cette lacune.

Le recueil de données primaires sur ce sujet peut dès lors s’opérer de différentes manières : interviews, questionnaires, étude documentaire par exemple. Nous avons noté au préalable qu’un certain nombre d’études de cas avaient été réalisées sur le lobbying et que notre approche se voulait plus quantitative. C’est pourquoi, les interviews ne correspondent pas à notre démarche. En outre, suite à l’analyse des données, notre protocole de recherche implique la mesure de la création de valeur liée aux actions politiques par des études d’événement. Nous reviendrons dans la troisième partie sur cette méthode. Notons dès à

présent qu’elle implique le repérage des actions politiques des entreprises (les événements) par un vecteur d’information à la disposition des marchés financiers. La technique des questionnaires est donc également exclue. En définitive, c’est une recherche documentaire basée sur la presse qui satisfait le mieux les nécessités théoriques communes aux deux méthodologies du protocole de recherche (analyse des données et études d’événement). En effet, elle reflète des informations à la fois denses et officiellement connues.

b. Des risques de biais demeurent

Il convient de reconnaître que le mode de construction de notre tableau de données ne permet pas de nous faire une représentation de l’ensemble des actions de lobbying effectuées par les entreprises françaises et anglaises.

En particulier, la sélection par voie de presse va orienter l’échantillon concernant une partie des critères étudiés.

1. Certains secteurs (au sein du secondaire ou du tertiaire en particulier) ainsi que les grandes entreprises sont susceptibles d’être sur-représentés dans l’information identifiée dans les journaux.

2. L’action collective semble également avoir un impact informationnel supérieur à celui des autres logiques d’action.

3. L’action des cabinets de lobbyistes externes sera en revanche moins souvent rendue publique en raison du caractère stratégique et donc secret de telles manœuvres, alors que l’action interne d’une entreprise est plus facilement relatée dans la presse.

En résumé, nous serons amenés à sous-estimer l’importance de l’action politique des petites entreprises, dans certains secteurs, menée de manière individuelle et externalisée.

Nous pouvons uniquement nous prévaloir de décrire et d’analyser sur une période précise les actions politiques des entreprises officialisées dans la presse.

Quelques méthodes pour contrôler la déperdition d’information entre les faits réels et ceux relatés dans les journaux pourraient cependant être envisagées :

1. interview d’une cible, un député par exemple, afin d’évaluer le nombre d’actions de lobbying qui lui sont destinées, à rapporter au nombre d’actions de lobbying repérées pour cette cible dans la presse ;

2. analyse de l’agenda politique d’un certain nombre d’associations sectorielles, à comparer encore une fois au nombre d’actions de lobbying repérées dans la presse les concernant (Attarça, Demil, Nioche, 2002).

Nous avons choisi d’adopter un protocole exploratoire de nature quantitative. Il nous sera donc difficile de mener de telles vérifications dans la présente étude.

2.1.2 Quels journaux?

Après avoir justifié notre choix d’extraire les données concernant le lobbying par voie de presse, il nous reste à apporter des précisions sur la nature des journaux utilisés.

a. Un choix de périodicité

Encore une fois, c’est notre protocole général de recherche qui a guidé notre choix en matière de périodicité. Pour obtenir un grand nombre d’informations, qui par ailleurs soient utilisables pour des études d’événement ultérieures, il nous fallait une presse quotidienne.

b. Un choix géographique

Afin d’identifier un maximum d’actions politiques menées par des entreprises de nationalité française et anglaise, des journaux à focalisation nationale semblent les plus adaptés.

Certes, on peut supposer que le niveau local d’action politique sera moins présent que les niveaux national, européen ou international, de par la vocation d’un quotidien national. Cependant, une équipe de chercheurs français travaillant sur un domaine connexe (le repérage dans la presse des sujets de lobbying) a démontré que la presse régionale française (en l’occurrence, Le Bien Public, La Voix du Nord et La République du Centre-Ouest) ne permettait d’identifier que quelques données supplémentaires par rapport à la presse quotidienne nationale (Le Monde, la Tribune et les Echos) (Attarça, Demil et Nioche, 2002).

c. Un choix éditorial

Comme précédemment, notre protocole de recherche (analyse de données et étude d’événement) nous a amené à retenir la presse généraliste de préférence à la presse spécialisée (dans le management par exemple).

En outre, pour mener en parallèle notre étude en France et en Grande-Bretagne, il nous fallait adopter des quotidiens nationaux, généralistes et ayant une ligne éditoriale comparable dans les deux pays. Les Echos pour la France et le Financial Times pour la Grande-Bretagne sont détenus par le même groupe de presse et répondaient à l’ensemble de ces critères. Nous avons donc choisi de les utiliser. Par ailleurs, et comme cela est souvent le cas pour les études d’événement concernant la France1, nous complèterons la lecture des Echos par celle de la

Tribune, afin de pallier la moindre exhaustivité de l’information de la presse française.

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d. Un choix de support

Un dernier préalable méthodologique demeure à évoquer : la collecte des données doit- elle s’opérer par la lecture des journaux « papier » ou par une sélection automatique par mots clés des articles sur les bases de données (CD Rom ou internet) construite par ces journaux ?

La première méthode présente l’avantage de l’exhaustivité, la seconde celui de la rapidité (toute relative).

Afin de répondre à cette question, nous avons comparé sur une année le nombre d’actions de lobbying identifiées par la lecture systématique des Echos avec celui issu de l’interrogation du CD Rom les Echos par mots clés. Nous avons noté une faible déperdition d’information nous autorisant par la suite à utiliser les supports électroniques des différents journaux consultés.

Après tâtonnement, nous avons établi une liste de mots clés permettant d’extraire l’information recherchée (« lobby », « lobbying », « lobbyiste », « réseaux d’influence », « groupes d’intérêt », « groupes de pressions » par exemple pour le cas français).

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