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Paramètres articulatoires

I.1.3. Phonologie articulatoire et la notion de « cible »

Revenons à présent sur la notion de « cible » articulatoire, et donc sur la notion de geste articulatoire. Il s‟agit d‟un terme complexe englobant de nombreuses valeurs, et variables, qui font partie intégrante de cette notion de « cible ». Nous aborderons donc dans ce qui suit certains points, même si nous proposons de les réexaminer plus loin.

Définition générale de la notion de geste

Dans leur Phonologie Articulatoire, les gestes sont, pour Browman et Goldstein (1989 ; 1990):

a) des entités ayant une spécification spatio-temporelle ; b) présentés comme des structures coordinatives.

Browman et Goldstein (1989) définissent le geste comme étant l’unité de base de la structure phonologique. Le geste serait une unité discrète, pré-linguistique inhérente au développement de l‟enfant, pouvant être exploitée comme élément du système phonologique au cours du développement. Le geste n‟est pas considéré simplement comme le mouvement d‟un articulateur mais est une primitive de la Phonologie Articulatoire, et une unité d‟action dans la production de la parole.

Deux aspects du geste articulatoire sont à prendre en compte selon Lindblom (1991) ; tout d‟abord, il faut noter que le geste, fortement malléable et adaptable, montre une grande plasticité.

Ensuite, le choix d‟un geste parmi un ensemble est gouverné par des lois. Ainsi, il suggère que le geste phonétique peut être perçu comme des adaptations et des contraintes à des mécanismes moteurs et perceptuels indépendants du langage et non spécifiques à la parole.

Liberman et Mattingly (1985) défendent l‟idée de l‟invariance du geste articulatoire (cf.

Chapitre I., section 1.4) tandis que pour Lindblom (1990), les locuteurs sont capables de réaliser une réorganisation des gestes phonétiques pour atteindre un but acoustique constant, avec des « cibles » perceptives désirées (cf. Chapitre I., section 2.1).

Pour Öhman (1966), il n‟y aurait aucun moyen de définir une catégorie phonétique en termes purement acoustiques. Cela s‟explique par le fait que l‟information relative à une consonne donnée peut être amenée par une transition montante dans un contexte vocalique, et par une transition décroissante dans un autre contexte vocalique (Liberman et al., 1954).

Les catégories phonétiques seraient des phénomènes « polymorphiques » (Kluender et al., 1988), car, si un contraste suffisant est perceptible, il est possible de distinguer les items lexicaux les uns des autres. Leur nature polymorphique et la notion de contraste suffisant impliquent qu‟il n‟existerait pas une seule propriété ou un seul indice suffisant qui devrait toujours être présent pour les membres de la catégorie.

Les facteurs articulatoires jouent un rôle dans la délimitation de l‟espace phonétique des voyelles (Lindblom, 1971), mais au-delà de ce fait, ils seraient essentiellement négligés à l‟intérieur d‟une catégorie donnée. L‟articulation joue un rôle important (Lindblom et al., 1984) et les contraintes de production tendent à contrebalancer les demandes de contrastes perceptifs. Les travaux de Lindblom et al. (1984) ou de Schwartz et al. (2002) semblent indiquer que les systèmes vocalique et consonantique étaient organisés pour répondre à une demande de « contraste suffisant ». L‟inventaire des gestes phonétiques serait sélectionné pour optimiser le contraste et la

« prononçabilité » des segments individuels. Les gestes phonétiques peuvent donc être vus comme des adaptations à des contraintes motrices et perceptives qui ne sont pas nécessairement spécifiques à une langue donnée.

Les gestes ne sont donc rien de plus que des éléments variables et adaptatifs au service de la production de la parole. Ils doivent pour cela être suffisamment contrastifs mais ne sont pas nécessairement invariants physiquement. On note également le besoin d‟adaptation de la part des organes du conduit vocal lors de la production de ces gestes, particulièrement pour rendre possible la coarticulation de ces gestes (la parole étant constituée d‟une succession des gestes qui s‟organisent et s‟adaptent, en se réajustant si besoin).

Organisation des gestes

Dans un article de 1992, Fowler décrit les caractéristiques phonologiques et articulatoires de la parole. Ainsi, elle énonce que la production de chaque mot implique des séquences intriquées, comportant différents niveaux temporels de gestes pour les différents composants ; une telle organisation constituerait les voyelles et les consonnes d‟un mot. Les gestes articulatoires peuvent servir d‟indices pour l‟émergence de segments phonologiques, mais ne peuvent pas être eux-mêmes des segments phonologiques.

Les segments phonologiques sont discrets, dans le sens où ils ne peuvent ni se chevaucher, ni fusionner. Les traits eux-mêmes décrivent les postures statiques du conduit vocal ou leurs conséquences acoustiques. En conséquence, la liste des traits servant à la prononciation d‟un mot décrit une succession d‟images acoustiques ou de clichés du conduit vocal. En revanche, les actions qui se produisent à l‟intérieur du conduit vocal, conduisant un message à un auditeur, n‟auraient aucune de ces propriétés. En effet, les actions associées à une consonne ou à une voyelle donnée se chevauchent et apparaissent imbriquées dans les actions correspondant à la production de la voyelle ou à celle de la consonne voisine. In fine, les unités fondamentales des articulations apparaissent comme des actions, et non comme des postures. La durée serait, en conséquence, intrinsèque au langage, contrairement au message linguistique qui, lui, en serait extrinsèque.

Si la description des actions du conduit vocal incluait des propriétés physiques telles que la coarticulation, le message linguistique serait déformé. Ces descriptions seraient alors fausses.

L‟objectif premier serait, selon Browman et Goldstein (1986, 1989, 1995), de travailler sur le développement d‟une phonologie qui n‟attribuerait pas les propriétés à des segments phonologiques non-prédictibles en tant qu‟action du conduit vocal. Le second objectif, selon

Fowler (1980), et Saltzman et Munhall (1989), serait de trouver une perspective, dans l‟action du conduit vocal, qui serait conforme à la structure phonologique des énoncés prononcés. Fowler (1992, 2007) souligne, en outre, l‟importance de la coarticulation qui, comme nous le savons, est un aspect central de la production du langage.

La Phonologie Articulatoire évoque deux notions de base ; celle du geste articulatoire et celle du geste phonétique. Le geste articulatoire résulterait des mouvements des articulateurs qui dépendent de conditions aérodynamiques, et serait régi par des lois de synergie. Le caractère des gestes phonétiques suppose simultanéité et convergence des différents articulateurs lors de leur production, contrairement à Chomsky et Halle (1968) qui posaient l‟hypothèse d‟une position neutre pour chaque articulateur, dans le cadre de leur théorisation du fonctionnement du niveau articulatoire.

Selon Browman et Goldstein (1989), les gestes articulatoires sont considérés comme des unités phonologiques ou « atoms of phonological representation ». Les gestes articulatoires, définis dans leur dynamique, peuvent être considérés comme unité de base servant à la représentation phonologique. Etant de nature spatio-temporelle et possédant une durée propre, ils représentent l‟unité phonologique primitive. Ayant une valeur contrastive, ils seront utilisés pour caractériser des données de mouvements articulatoires et pour constituer une base d‟unités phonologiques. Sur la base de l‟analyse et de la description des articulateurs définis en tant que gestes articulatoires, Browman et Goldstein (1990) proposent une explication quantitative et statistique de la représentation de l‟organisation articulatoire. Dans un article de 1992, ils posent que les gestes se caractérisent par des faits physiques et réels qui se déroulent pendant le processus de production. La Phonologie Articulatoire décrit les unités lexicales selon les réalisations physiques que représentent les gestes, les gestes deviennent alors les unités de base des contrastes des unités lexicales, autant que l‟unité de base de l‟action articulatoire.

Notons que chaque locuteur adapte ses gestes articulatoires en fonction des situations de parole. Chaque langue impose ses propres caractéristiques, en ce qui concerne les gestes articulatoires, et cela indépendamment des contraintes de production et de perception inhérente à cette langue (Browman & Goldstein, 2000).

Les gestes décrits dans leur dynamique seront définis comme variables du conduit vocal.

La théorie phonologique note deux hypothèses fondamentales ; le caractère modulaire et l‟invariance du geste. Au plan articulatoire, la « cible » articulatoire correspondrait à l‟intersection des « positions de stabilité maximale » des différents articulateurs.

Nous proposons dans ce qui suit d‟examiner le phénomène gestuel dès son origine, à savoir, au stade du babillage. Nous pourrions ainsi tenter de comprendre la perturbation de l‟articulation chez nos jeunes locuteurs, à partir de connaissances prélinguistiques.

A l’origine du geste linguistique : le babillage

Les gestes seraient des unités dont l‟identification pourrait se faire par l‟observation des mouvements coordonnés des articulateurs du conduit vocal. En effet, de nombreux auteurs tels que Fry (1966), Locke (1986), Studdert-Kennedy (1987), ou encore Vihman (1996) ont défendu l‟idée

d‟un geste pré-linguistique, au service de la production des premiers mots. Browman et Goldstein (1990) présentent ces gestes pré-linguistiques comme devenant des unités d‟opposition ; le développement phonologique implique une distinction et un contrôle des gestes, ainsi qu‟une coordination inter-gestuelle, correspondant à une structure phonologique plus large. L‟analyse du babillage montre qu‟il ne s‟agit, en fait, que de simples gestes de constrictions vocales, qui évolueront par la suite en structures phonologiques plus complexes. On peut cependant constater que certaines de ces productions sont réalisées par des constrictions localisées à différents endroits dans le conduit vocal ayant des aspects de contrôle indépendants. Dès lors, comme le soutient Locke (1986), ces balbutiements peuvent être considérés non seulement comme étant liés au développement anatomique et neurophysiologique de l‟enfant, mais surtout comme un début d‟acquisition du langage. Ces gestes vocaux deviennent linguistiquement significatifs lorsque l‟enfant commence à prononcer ses premiers mots. En effet, Vihman (1996) montre que l‟on retrouve les consonnes les plus souvent émises chez un enfant dans ses balbutiements, à une fréquence élevée dans la production de ses premiers mots. Il est donc tout de même possible d‟établir un lien entre les gestes non linguistiques des balbutiements de l‟enfant et les gestes utilisés dans les premiers mots, en examinant chaque enfant individuellement. En comparant les productions de l‟enfant à la structure gestuelle du parler des adultes, deux schémas de développement, dépendant l‟un de l‟autre, ressortent : la distinction et le contrôle des gestes individuels d‟une part, et la coordination de ces mêmes gestes pour un mot donné, d‟autre part.

Nous reviendrons sur la question du babillage dans le Chapitre II., section 2.2, en abordant notamment les travaux de MacNeilage (1994) ; MacNeilage et Davis (2003) par exemple.

Cette première caractérisation du geste en donne donc une définition assez globale, puisque celle-ci prend en compte également le côté pré-linguistique du geste. Nous proposons dans le paragraphe suivant d‟examiner les propositions de Browman et Goldstein pour une caractérisation gestuelle de la parole.

Vers une description plus élaborée du geste

Browman et Goldstein (1990) proposent une définition, suite à un travail en collaboration avec Saltzman et Rubin (1987), qui a donné lieu à une représentation des structures phonologiques en termes de gestes, où le geste serait une caractérisation abstraite des mouvements articulatoires, à l‟intérieur du conduit vocal. Selon le modèle de la dynamique des tâches, chaque geste est défini précisément à partir d‟un ensemble d‟équations (Saltzman, 1986 ; Saltzman et al., 1989 ; 2000). Les gestes d‟un énoncé donné sont organisés autour d‟une structure de coordination, ou d‟une constellation, et sont représentés par une partition de gestes. Cette partition spécifie l‟ensemble des valeurs des paramètres dynamiques, pour chaque geste, ainsi que l‟intervalle temporel durant lequel chaque geste est activé. A l‟intérieur de cette dynamique des tâches, le but d‟un énoncé donné est spécifié en termes de dimension de tâches indépendantes appelées « vocal tract variables », ou variables du conduit vocal. Chaque variable est associée à un ensemble d‟articulateurs, dont les mouvements déterminent la valeur de cette variable. Dans la version actuelle de leur modèle, les gestes sont spécifiés en termes d‟une ou de deux variables (les gestes vocaliques impliquent par exemple une

paire de variables déterminant le lieu et le degré d‟aperture). La différence entre deux gestes réside donc dans le « réglage » de la valeur du paramètre dynamique et continu. Dans le but de représenter les valeurs des paramètres d‟un geste, on aura recours à un ensemble de descripteurs montrant quel articulateur est impliqué dans la réalisation d‟un geste donné, ainsi que des valeurs numériques du paramètre dynamique d‟un geste en particulier.

Chaque geste peut alors être défini par une structure descriptive distincte selon des critères articulatoires qui renvoient, pour la description d‟un son du français, à des critères traditionnels tels que le mode articulatoire, le lieu d‟articulation, le trait d‟oralité et de nasalité et la labialité. En tant qu‟unité de base de la structure phonologique, précisons que les gestes sont perçus comme relativement abstraits et portent une double fonction : ils caractérisent un mouvement articulatoire observé, mais ils constituent aussi des unités de contraste.

Insertion et agrégations de gestes

Nous avons pu voir ici que les gestes étaient des unités ayant une spécification spatio-temporelle spécifique. Par rapport à cela, Browman et Goldstein (1990) démontrent comment de simples changements, comme un chevauchement entre deux gestes voisins, par exemple, peuvent entraîner différents types de variations phonétiques et phonologiques. La compréhension de ces notions d‟insertion et d‟agrégation de gestes pourrait nous être utile lors de l‟examen des déviances articulatoires chez nos sujets pathologiques, susceptibles d‟aboutir à des intrus segmentaux dans leurs productions. Grâce à une représentation computationnelle, Browman et Goldstein (1990) ont pu observer les coordinations spatio-temporelles des gestes, afin d‟analyser les phénomènes visibles, à partir d‟unités lexicales dont la base est le geste. Ainsi, un ensemble de gestes pour différents items lexicaux peut se distinguer par la présence ou l‟absence d‟un geste particulier. Le fait que chaque geste ait une étendue temporelle qui lui est propre, et puisse donc chevaucher d‟autres gestes, peut générer des variations contextuelles de différents types, tels que la variation acoustique, les variations allophoniques (une consonne orale en contact avec une consonne nasale pourra, par exemple, être elle aussi nasalisée) et les différentes configurations coarticulatoires. Browman et Goldstein (1990) ont montré une grande variété des différences observées pour la prononciation d‟un mot, de façon isolée puis, dans un contexte fluent. Ainsi, ils ont pu montrer que les divers cas de figure articulatoires et coarticulatoires pouvaient être expliqués à partir de changements relativement simples dans le décours temporel du geste global. Ils notent d‟abord une réduction de l‟amplitude des gestes individuels (au niveau spatial et temporel), puis une augmentation des chevauchements de gestes. Ces variations sont décrites comme étant des suppressions, des insertions, des assimilations, ou encore des affaiblissements. Les conséquences dépendent évidemment de la nature des gestes, sujets à ces chevauchements. Si, par exemple, deux gestes se réalisent à des endroits distincts dans le conduit vocal, il se peut que la variabilité n‟ait aucune conséquence. En revanche, un chevauchement important pourrait provoquer l‟apparition d‟un nouveau geste, même si celui-ci est inaudible. En effet, lorsque deux gestes réalisés sur le même plan articulatoire se retrouvent en compétition, il se peut alors qu‟ils soient fusionnés, annulant le plus faible ou donnant lieu à une assimilation qui changerait la nature de l‟un des deux gestes.

Une étude articulatoire et acoustique de Pouplier et Goldstein (2005) a permis de montrer

que les erreurs de productions peuvent être graduelles ou partielles ; il se peut ainsi qu‟elles soient imperceptibles. Ces erreurs sont alors expliquées en tant qu‟activation d‟un geste à un moment inapproprié durant la production de la parole. Cela évoque encore la possibilité pour deux gestes d‟être réalisés simultanément.

Ces observations dépendent de la rapidité et de la nature fluente de l‟élocution. Cette approche gestuelle permet de prédire certains changements linguistiques sur ce même modèle. Le geste est une unité cohésive : la création d‟une constriction est le résultat de l‟action coordonnée d‟un groupe d‟articulateurs qui se déplacent pour la former en respectant aussi bien son degré que sa position. Browman et Goldstein (1990) ont voulu voir quel lien pouvait exister entre les structures gestuelles et les caractéristiques géométriques. Selon ces derniers, il serait utile d‟incorporer les gestes aux traits géométriques. Une telle analyse permet de réorienter la description d‟une structure phonologique. Grâce à cette approche, il devient en effet possible de donner des règles, quant au lieu d‟articulation et au degré de la constriction, pour lesquels des gestes s‟étendent, ou au contraire s‟annulent. La représentation géométrique des gestes se fait sur deux axes différents : le plan temporel et le plan spatial. Cela est particulièrement utile lorsque les gestes ne sont pas simultanés dans une unité phonologique, car l‟influence des traits se révèle de façon plus claire en termes spatiotemporels.

Bien que les gestes proviennent de la description de mouvements articulatoires, ils peuvent néanmoins fournir des constructions utiles à la représentation articulatoire. En effet, ceux-ci constituent une organisation pouvant agir comme unité phonologique. Les ensembles de gestes fournissent une notation utile pour les représentations phonologiques non linéaires. Les gestes peuvent être regroupés en unités de différents niveaux (utilisant associations linéaires ou plans au niveau de la structure prosodique, en tenant compte de la simultanéité, de la succession ou du chevauchement partiel des gestes).

Il est vrai que la Phonologie Articulatoire met l‟accent plutôt sur la dimension motrice de la parole que son aspect acoustique.

Le geste : unité phonologique de base ?

Nous avons donc pu voir, grâce aux travaux de Browman et Goldstein (1990), que les gestes articulatoires, définis comme dynamiques, sont les unités appropriées pour servir d‟unités de base à la représentation phonologique. Les gestes sont des unités naturelles, non seulement parce qu‟ils impliquent les mouvements des articulateurs orientés vers un but, mais aussi parce qu‟il est possible de soutenir l‟idée qu‟ils émergent depuis les unités discrètes pré-linguistiques chez l‟enfant.

En retenant les gestes comme unités de base pour une description phonétique et phonologique d‟une langue, les contraintes, incluant les chevauchements de gestes, deviennent des éléments cruciaux pour la compréhension des changements historiques de la langue. Par leur nature spatio-temporelle, les gestes font ainsi partie des bases d‟une langue données et de ses modifications.

La notation phonologique développée pour l‟approche gestuelle peut être combinée à d‟autres notations. Les cinq composants de cette notation, dérivant de la première version qui

incluait le geste comme unité phonologique primitive, comprennent le degré de constriction (mode articulatoire), la durée, le lieu d‟articulation, la pertinence géométrique et les informations structurelles de l‟ensemble. Ainsi, les gestes peuvent servir tant de caractérisation des mouvements articulatoires que d‟unités de base de la représentation phonologique.

Nous pensons que malgré la pertinence de la notion gestuelle pour la description phonétique et phonologique d‟une langue, la Phonologie Articulatoire reste une théorie incomplète. Elle ne permet pas, par exemple, à partir du simple critère gestuel, et sans évoquer la dimension acoustique, de caractériser la diversité des sons des langues du monde de façon exhaustive.

Le cadre conceptuel de la Phonologie Articulatoire est proche de celui développé pour l‟élaboration de la Théorie Motrice de la Perception (TMP) de Liberman et Mattingly (par ex., 1985). Les deux théories sont issues des Laboratoires Haskins. Nous proposons de parler brièvement de la TMP dans ce qui suit puisque nous n‟avons pas procédé à des tests de perception pour notre thèse.

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